À la Une: le Mali, un an après la prise de pouvoir d’Assimi Goïta
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« Que retenir d’un an de gestion ? », s’interroge L’Alternance à Bamako. « Le Mali a célébré, mardi dernier, le premier anniversaire de la mise à l’écart de la première équipe de la transition dirigée par le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane. »
Eh bien un an après, tout va bien, estime le journal malien : « le colonel Assimi Goïta a marqué des points, malgré des conditions difficiles antérieures à son accession à Koulouba. (…) Il a consacré la libération du Mali vis-à-vis de la domination impérialiste. Il a fait de l’équipement de l’Armée une priorité. Il a œuvré pour la cohésion sociale et la paix en organisant les Assises Nationales de la Refondation. (…) En un an seulement, le bilan des colonels est satisfaisant, affirme encore L’Alternance, et il sera plus glorieux quand ils auront plus de temps. »
L’armée malienne au top ?
L’Aube, toujours à Bamako, insiste sur « la montée en puissance de l’armée malienne » : « Dans le domaine de la défense et de la sécurité, les nouvelles autorités se sont fixées pour objectifs fondamentaux la reconquête du territoire national avec l’intensification des opérations miliaires, notamment au centre du pays. L’équipement de l’armée, par la diversification du partenariat entre le Mali et d’autres pays, particulièrement la Russie, le recrutement massif au sein des différents corps, l’amélioration des conditions des hommes… ce sont là les priorités des nouvelles autorités. Objectif : reconquérir le territoire national et sécuriser les populations. »
Quelques ratés ?
Le Témoin , autre publication malienne, se permet quelques nuances… Si on note « une amélioration évidente au plan sécuritaire, due au changement drastique d’orientation en matière de coopération militaire, reste que bon nombre d’incertitudes demeurent, relève le journal malien. La lutte implacable contre la corruption et le népotisme du début du règne d’Assimi Goïta s’est décrédibilisée par la colonelisation à grande échelle de l’administration, les scandales liés à l’attribution des logements sociaux et de certains recrutements, etc. A ces déconvenues, poursuit Le Témoin, s’ajoutent celles en rapport avec la violation de la charte de la transition ainsi des procédures judiciaires controversées, notamment le cas très parlant de l’ex-feu Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Toutes choses qui prouvent que les questions de justice et d’équité sociale, de conformité à la légalité, de lutte contre la corruption, entre autres, ne viendront pas d’un coup de baguette magique ou par des discours démagogues et populistes mais plutôt par une sincère conjonction d’efforts entre gouvernants et gouvernés pour l’intérêt suprême de la patrie. »
Propagande ?
Voilà pour la presse malienne. Un discours de propagande ? Oui, largement, répond Le Pays au Burkina Faso.
« Toutes les voix discordantes ont été étouffées aujourd’hui à Bamako », affirme le quotidien burkinabé. Toutes, sauf une, peut-être, celle de l’imam Dicko : récemment, rapporte Le Pays, « le leader religieux n’a pas eu besoin de porter des gants pour qualifier publiquement d’ 'arrogantes' les autorités de la transition. Embouchant la même trompette, l’un de ses proches a martelé ceci : 'Nous avons constaté, ces derniers temps, l’installation d’une atmosphère défavorable à la liberté d’expression'. Il n’en fallait pas plus pour que les activistes aux ordres de la junte leur tombent dessus à bras raccourcis. Sur la toile en effet, le guide religieux a été traité de tous les noms d’oiseaux. »
Par ailleurs, les succès militaires annoncés par Bamako sont à relativiser… Plus de 800 cas de violations et atteintes aux droits de l’homme et au droit international humanitaire ont été recensées lors des trois premiers mois de cette année, selon un dernier rapport de la mission des Nations unies au Mali. C’est ce que détaille WakatSéra. Et le site burkinabé constate que l’armée malienne est particulièrement pointée du doigt.
Objectif : se maintenir au pouvoir ?
Enfin, ce point de vue de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo publié dans Le Point Afrique : il met dans le même sac les dirigeants en treillis du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso… « Tout comme leurs prédécesseurs, ces putschistes ne visent qu’un seul but, écrit-il : régner le plus longtemps possible et dans les conditions les plus opaques. Je crains que nous ne soyons devant des dictatures militaires en gestation, s’exclame encore Tierno Monénembo, et qui, devenues bientôt pures et dures, feront encore pire que Bokassa et Mobutu réunis. D’évidence, ces gens ne sont pas pressés d’organiser des élections et aucun des arguments qu’ils soulèvent ne réussira à convaincre. »