Vincent Kiye« Repartir de Mandela pour la renaissance africaine »

La renaissance africaine n’est possible que grâce la fécondation des âmes africaines par les semences d’une humanité authentique comme celle dont a fait preuve Nelson Mandela, ce personnage qui a marqué le monde, et que nous venons de découvrir de façon particulière par ses citations les plus célèbres. Rulihlhahla de son vrai nom, ce qui veut dire, « celui qui secoue les arbres », il deviendra Nelson Mandela, l’homme qui a bougé le monde. Le 11 février 1990, le monde entier a les yeux tournés vers la prison aux abords du Cap. Accusé de sabotage, contre les lois de la nation arc-en-ciel, Nelson Mandela et ses compagnons n’ont comme sort que la mort. Car la peine encourue pour un tel acte était la pendaison. Dans sa cellule, Nelson Mandela rédige le discours qu’il devra prononcer depuis le banc des accusés, lequel discours fait jusqu’à ce jour, figure de testament politique d’un homme qui a chéri l’idéal d’une société libre et où les peuples vivraient dans la paix et dans la concorde. Plutôt que de l’anéantir, la prison fera de lui le politicien accompli qui a sacrifié l’amour de sa vie pour celui de son pays qui avait tant besoin de lui.

S’y référant, s'il est vrai, comme s’interrogeait Albert Nolan, « Des milliards d’hommes, à travers les âges, ont vénéré le nom de Jésus. Qui nous dira ceux qui, parmi eux, l’ont réellement compris, ceux qui ont mis en pratique ce qu’il voulait voir se réaliser? »1, nous pouvons au moins, affirmer qu’il en est un, Nelson Mandela qui a incarné certaines valeurs évangéliques et cela, de manière authentique, sans être un « chrétien pratiquant ». Peut-on alors voir en Mandela, l’incarnation du chrétien anonyme de la thèse de Karl Rahner comme cette âme fécondée par la « semence du Logos2 » de Saint Justin lorsqu’elle s’ouvre de manière authentique à Dieu ?

Jésus-Christ en effet, par sa parole et ses actes, est présenté chez Saint Jean comme le signe de l’amour de Dieu envers les hommes (Mt 4, 19. 48-54 ; 2, 7-10 ; 5, 8-9). Par le témoignage de sa vie toute donnée pour la cause des hommes, Jésus permit aux hommes de son temps de contempler la gloire et l’amour de Dieu au milieu d’eux. Avant de quitter ce monde vers le Père, Il confiera cette même mission à ses disciples tant du hier que d’aujourd’hui que nous sommes, d’être eux aussi des signes de l’amour mieux, de la présence de Dieu parmi les hommes Mt 28, 16-20). C’est la vocation première de tout homme créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26-27) d’être le signe révélateur et réalisateur par excellence de Dieu. Certaines personnes cependant répondent à cette vocation de manière exceptionnelle par le témoignage probant de leur vie, bien au-delà de leurs fragilités anthropologiques. Elles deviennent par ce fait, elles aussi, des signes par excellence de Dieu. Nelson Mandela qui fait objet de cette réflexion s’inscrit dans cette dynamique.

Nelson Mandela, ce héros de la lutte pour la liberté humaine a incarné les valeurs humaines de liberté, du pardon, de la non-violence, de la réconciliation etc, et il mérite d’être salué comme ce signe que Dieu aurait utilisé pour communiquer aux sud-africains, aux Africains en général, la grâce de la bonne gouvernance, de la dignité humaine, de la dépossession du pouvoir, du pardon et de l’amour du prochain surtout des ennemis lorsqu’il dit : « Quand j’ai passé la porte qui me menait à la liberté, je savais que si je n’avais pas laissé mon amertume et ma haine derrière moi je serai encore en prison. » Il peut de nos jours, être source d’inspiration pour ces leaders africains qui s’accrochent au pouvoir oubliant des nombreux Thabombeki et Zuma qui partagent la même humanité qu’eux ; ces Africains égoïstes et dominés par l’esprit de vengeance, de haine etc. Ces intellectuels africains de mauvaise foi, que Mandela évangélise en disant qu’« une bonne tête et un bon cœur sont toujours une combinaison redoutable.» Voilà le type de leader dont l’Afrique a besoin pour son renouveau.

Nelson Mandela a fait de sa vie l’eukaritos, un don pour les autres, pour la nation arc-en-ciel. Son combat pour la liberté est une quête de la vie pleine en Dieu pour les hommes, un réel désir de rendre l’homme plus humain ; le combat d’un homme soucieux du destin et de la dignité des autres lorsqu’il souligne qu’« Etre libre ce n’est pas seulement casser ses chaînes, c’est aussi vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres.» Nelson Mandela a ainsi atteint un degré d'humanité qui mérite d’être salué comme ce modèle digne d’inspirer la marche des Africains vers un avenir radieux. Que de beau et d’excellent que de léguer ce patrimoine historique, d’enseigner sa philosophie partout afin de susciter de l’émulation et créer des nombreux Mandela pour inonder le continent des semences de l’homme nouveau selon le modèle de ce grand homme très recherché en Afrique et unique en son genre depuis le soleil des indépendances des pays africains.

Cette réflexion dont l’horizon dernier est impératif existentiel du devoir, se veut une lecture des grands moments de la vie de Mandela dont le témoignage de vie nous paraît la semence de la renaissance africaine de sorte que tout Africain soucieux du destin de l’Afrique se demanderait en quoi Mandela l'inspire dans son combat pour la renaissance africaine ou de son groupe de vie, de sa communauté, etc.

Fraternellement,

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1 Albert NOLAN, Jésus avant le christianisme, L’évangile de la libération, Paris, Ed. Ouvrières, 1979, p. 15.

2 Cf. Deuxième apologie de Saint Justin (+ 100/110-165)