Tchad : pourquoi le bras droit de Mahamat Idriss Déby Itno est entre les mains de l’ANS

Le 23 juin, Idriss Youssouf Boy a été limogé de son poste de secrétaire particulier du chef de l’État. Il est soupçonné d’avoir pris part à un réseau de détournement des fonds du pétrole tchadien. L’enquête se poursuit.

Mis à jour le 29 juin 2022 à 15:41
 

 

Idriss Youssouf Boy a été limogé de son poste de secrétaire particulier du chef de l’État. © DR

 

Jusqu’à il y a peu, beaucoup le considéraient comme intouchable. Plus proche collaborateur de Mahamat Idriss Déby ItnoIdriss Youssouf Boy a été arrêté par l’Agence nationale de sécurité (ANS) le 23 juin. Le désormais ex-secrétaire particulier du président de la transition est, depuis, incarcéré et interrogé dans les locaux des renseignements, sous la supervision du directeur adjoint, Beguera Mahamat Charfadine.

Ce dernier, en l’absence de son patron, Ahmed Kogri – très occupé par les travaux du pré-dialogue tchadien en cours au Qatar –, dirige l’enquête qui s’intéresse aux présumés faits de détournements à la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT). Idriss Youssouf Boy est en effet soupçonné d’avoir participé à un réseau de captation des revenus pétroliers du pays. Selon nos informations, il aurait d’abord choisi de ne pas répondre aux questions des enquêteurs.

Des ministres en ligne de mire ?

Toujours selon nos sources, les investigations sont ouvertes depuis au minimum cinq mois et portent sur des détournements qui auraient eu lieu entre janvier et juin de cette année. Quelque 13 milliards de francs CFA (19,8 millions d’euros) – retirés d’un compte ouvert à Orabank à N’Djamena et envolés – sont évoqués. Mais d’autres sources parlent de sommes s’élevant au total à 32 milliards de francs CFA. Mamadou Bass, le directeur général d’Orabank au Tchad, a lui aussi été interpellé par les agents de l’ANS.

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Questionné dans leurs locaux, il y est lui aussi incarcéré. Son audition avait pour but de recouper plusieurs autres témoignages et interrogatoires, notamment ceux de Boayam Michel et Tahir Issa Ali Souleymane, limogés de leurs postes respectifs de directeur général et directeur adjoint de la SHT et arrêtés le 17 juin dernier. Deux ministres pourraient aussi être interrogés : celui des Finances, Tahir Hamid Nguilin, et celui du pétrole, Djerassem Le Bemadjiel.

Ennemis puissants

Lui-même ancien numéro deux de l’ANS, Idriss Youssouf Boy a été remplacé au poste de secrétaire particulier par le colonel Ismaël Souleymane Lony. Officier de l’armée et ex-deuxième aide de camp du maréchal Idriss Déby Itno, ce dernier avait été écarté en 2015 puis incarcéré quelques mois après une altercation avec l’ex-aide de camp Khoudar Mahamat Acyl, par ailleurs frère de Hinda Déby Itno, l’ancienne Première dame. Il était revenu à la présidence en janvier en tant que conseiller spécial.

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S’il bénéficiait de la confiance du chef de l’État, qui la lui a retirée à la lecture du dossier de l’ANS, Idriss Youssouf Boy s’était fait quelques ennemis puissants au palais présidentiel, et notamment parmi les membres du Conseil militaire du transition. Selon une source proche de la présidence, l’affaire n’est « pas politique », mais l’inimitié vouée à Idriss Youssouf Boy par certains généraux de la vieille garde n’ont guère joué en sa faveur.