Sénégal : l’État très optimiste sur ses futures recettes pétro-gazières

Prenant le contre-pied des estimations, Dakar table sur 888 milliards de F CFA de recettes publiques issues de l’exploitation des gisements gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA) et pétrolier de Sangomar.

Mis à jour le 12 juillet 2022 à 17:50
 

 

Construction d’une digue de 1 200 mètres au large du Sénégal et de la Mauritanie dans le cadre du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA). © Eiffage

 

Futur pays exportateur d’hydrocarbures en Afrique, le Sénégal table sur des recettes avoisinant les 888 milliards F CFA sur la période 2023-2025 grâce à deux gisements très prometteurs, selon une note récemment publiée par le ministère sénégalais des Finances et du Budget. Cette projection représente près de 20 % du budget de l’État pour l’année 2022, établi à plus de 5 000 milliards de F CFA.

À LIREMamadou Fall Kane : « Grâce à son gaz, le Sénégal peut faire ce qu’aucun pays africain n’a encore réalisé »

En décembre dernier, le Natural Resource Governance Institute (NRGI) avait quant à lui évalué les recettes issues de la commercialisation de ces ressources pétro-gazières à 1,5 % du PIB ou 6 % des recettes publiques pendant 25 ans. Se basant sur les données du FMI selon lesquelles, en moyenne, les recettes de l’industrie extractive dans les pays africains ont représenté environ 15 % du PIB sur la période 2006-2014.

2,5 millions de tonnes de GNL par an

Depuis 2014, d’importantes découvertes d’hydrocarbures ont été opérées au large des côtes sénégalaises. Le gisement gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA), situé sur la frontière maritime sénégalo-mauritanienne en fait partie. Estimées à 1 400 milliards de mètres cube de gaz, les réserves qui s’y trouvent font partie des plus importantes en Afrique.

À LIREGaz : le Sénégal prêt à fournir l’Europe en GNL

Le projet est développé par BP, Kosmos Energy (qui a découvert le site de production en 2015), SMHPM et Société des Pétroles du Sénégal (Petrosen). D’après Sokhna Thioye Sakho, responsable du projet GTA à Petrosen, « le gaz extrait sera acheminé via des conduites et traité à bord d’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), avant d’être envoyé vers le hub-terminal localisé à environ dix kilomètres des côtes ». Selon ses explications, une fraction du gaz sera liquéfiée par le biais d’une unité flottante de liquéfaction, pour ensuite être acheminée sur le marché international. Le reste sera consacré à l’usage domestique.

À LIREAvec Sangomar, le russe Lukoil s’offre une place de choix dans l’offshore sénégalais

La production de gaz naturel liquéfié (GNL) et de gaz naturel pour le marché sénégalais débutera en 2023. Pendant la première phase d’exploitation, et selon les informations partagées par Petrosen sur son site web, ce gisement gazier devrait produire 2,5 millions de tonnes de GNL par an et 35 millions de pieds cubes de gaz naturel par jour.

560 millions de barils de pétrole

Le champ pétrolier de Sangomar découvert en 2014, et situé à 100 kilomètres au sud de Dakar contient du pétrole et du gaz.  Il est géré par la joint-venture Rufisque Offshore, Sangomar Offshore et Sangomar Offshore Profond constituée de Woodside (opérateur, fournisseur d’énergie qui produit 6 % de l’approvisionnement mondial en GNL) et la Petrosen. Ce champ devrait produire près de 560 millions de barils de pétrole et 2,4 trillions pieds cubes de gaz naturel par an. Selon l’État sénégalais, le pays enregistrera des recettes avoisinant les 60 milliards de F CFA, un revenu qui devrait augmenter au fur et à mesure. Rien que pour 2024, une percée des revenus de +500 % des revenus est prévue.