Côte d’Ivoire : au PDCI, un congrès pour resserrer les rangs

Après maints reports, le bureau politique de l’ancien parti unique doit se réunir le 29 septembre à Daoukro. Un seul point à l’ordre du jour : la date et les thèmes du prochain congrès ordinaire du parti, le premier depuis 2013.

Mis à jour le 3 septembre 2022 à 10:03
 
 pdci

 

 

L’ancien président Henri Konan Bedie au meeting de son parti, le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), à Daoukro, en Côte d’Ivoire, le 15 octobre 2018. © Luc Gnago/REUTERS

 

Dans moins d’un mois, le 29 septembre, Daoukro, à plus de 200 kilomètres au nord-est d’Abidjan, accueillera les plus hauts cadres du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et son comité des sages pour un bureau politique dont l’issue est attendue avec impatience – et une certaine appréhension – par les militants de la formation politique présidée, depuis trois décennies, par Henri Konan Bédié.

Maintes fois repoussée, cette rencontre doit déterminer la date et les thèmes qui seront débattus lors du prochain congrès ordinaire, au cours duquel doit théoriquement se tenir l’élection du président du parti. Ce sera d’ailleurs l’unique point à l’ordre du jour. Et c’est à son secrétaire exécutif adjoint, Georges Philippe Ezaley, qu’Henri Konan Bédié a confié l’organisation « pratique » de ce bureau.

À LIRECôte d’Ivoire : au PDCI, Henri Konan Bédié face à la grogne de jeunes militants

L’ancien maire de Grand-Bassam se trouve actuellement à Daoukro, où il a été reçu par l’ancien président, dans sa résidence, et où il s’attelle à prendre « les dispositions logistiques et sécuritaires » pour la tenue de l’événement. Un comité de pilotage et un comité scientifique ont également été constitués pour organiser cette journée, un temps prévue fin mai mais repoussée en raison de l’organisation des obsèques du frère ainé d’Henri Konan Bédié, puis annoncée pour le 15 septembre et de nouveau décalée, cette fois pour cause… de rentrée scolaire.

« Un congrès en 2022 ! »

Le temps presse, avertissent certains cadres déçus par la stratégie adoptée lors de la dernière présidentielle d’octobre 2020 et inquiets des dissentions internes qui pèsent sur la vie du parti, malgré des ajustements dans l’organigramme. « Nous attendons que le congrès se tienne en 2022. Il le faut. Nous devons être en ordre de marche pour les élections locales de 2023 et choisir un chef derrière qui se ranger », confie un jeune militant très actif.

À LIRECôte d’Ivoire : bienvenue à Pepressou, le village de Bédié, là où le temps s’est arrêté

En mai, plusieurs représentants de la jeunesse de l’ancien parti unique s’étaient inquiétés publiquement de la capacité de leur président de 88 ans à mobiliser ses troupes pour les prochaines échéances électorales, et dénonçaient un parti imperméable à l’auto-critique après l’échec de 2020. Au PDCI, le mois de décembre 2022 est évoqué pour la tenue du congrès. « Trois mois pour l’organiser ? On verra, mais ça risque d’être compliqué », craignent déjà certains.

Le dernier congrès ordinaire du PDCI, le douzième, remonte à 2013. Après une modification des textes sur la limite d’âge pour se présenter, Henri Konan Bédié avait été réélu pour une durée de cinq ans avec plus de 93 % des suffrages exprimés, face à l’actuel ministre de la Réconciliation Kouadio Konan Bertin (KKB) et à l’ancien secrétaire général du parti, Alphonse Djédjé Mady.

« Un parti profondément paternaliste »

Le dernier congrès, extraordinaire celui-là, sur le thème de « la stabilité et la clarification », avait eu lieu en 2018 après la rupture avec l’ancien allié, le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie (RHDP, parti présidentiel). Il avait acté la reconduction d’Henri Konan Bédié à son poste de président, dans l’attente d’une nouvelle élection promise après 2020. Ce devait être lors d’un prochain congrès ordinaire. Reste donc à en connaitre la date. Réponse le 29 septembre.

Pour autant, « le parti reste profondément paternaliste et très peu sont ceux qui imaginent le PDCI sans Henri Konan Bédié à sa tête, note un observateur. Le véritable enjeu dans cet esprit de volonté de renouvellement qui est cependant bien présent, se jouera lors de la convention avant la présidentielle de 2025. Et la question sera alors celle de l’identité du candidat du PDCI . »