Mali : comment Wagner compte faire main basse sur des mines d’or

En échange du déploiement de ses mercenaires sur le terrain, la société militaire privée russe demande trois gisements situés dans le sud du pays. Ils sont pourtant exploités par des entreprises canadiennes et australiennes. Révélations.

Mis à jour le 7 septembre 2022 à 15:20
 
 
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Des forces de sécurité affiliées à la Russie autour du siège du parti du président Faustin-Archange Touadéra, à Bangui, le 4 janvier 2021. © NACER TALEL/Anadolu Agency via AFP

 

Plus de neuf mois après l’arrivée de ses premiers mercenaires au Mali, en décembre 2021, Wagner n’a pas encore commencé à y exploiter de mines – comme elle le fait en Centrafrique – afin de se rétribuer à la hauteur de ce qui avait été initialement convenu avec les autorités de transition : 10 millions de dollars par mois, contre le déploiement d’environ 1 200 hommes sur le terrain.

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Confrontée aux difficultés de paiement de son client malien jusqu’à la levée des sanctions de la Cedeao à l’encontre de celui-ci, en juillet, la société militaire privée russe entend désormais trouver une solution pérenne et lucrative. Laquelle passe, notamment, par les mines d’or du pays. Selon nos informations, Wagner a chargé deux géologues russes de faire fructifier ses activités minières sur les rives du fleuve Niger.

Montage financier

Il s’agit de Viktor Popov et de Sergueï Laktionov. Ce dernier avait participé aux premières prospections du groupe dans le pays, entre juillet et décembre 2021. Rentré un temps en Russie, il est revenu au Mali en mars. Francophone, il a été chargé de faciliter les discussions avec les autorités maliennes et de gérer le montage financier des activités minières de Wagner.

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Après avoir créé, fin 2021, une première société minière de droit malien, Alpha Development, à travers un prête-nom local, les deux hommes en ont fondé une seconde, Marko Mining, en avril dernier. Au même moment, Sergueï Laktionov a eu plusieurs entretiens avec des responsables, dont le colonel Adama Bakayoko, un intime du général Alou Boï Diarra, chef d’état-major de l’Armée de l’air. Cheville ouvrière du déploiement de Wagner, ce dernier agit dans l’ombre du russophile ministre de la Défense, Sadio Camara.

Négociations en cours

Aux autorités maliennes, Laktionov a demandé de revoir les permis d’exploitation de trois mines d’or prolifiques au profit de Wagner : Fekola, actuellement exploitée par le minier canadien B2Gold ; Loulo-Gounkoto, dont le permis est détenu par un autre minier canadien, Barrick Gold, et enfin Syama, attribuée aux Australiens de Resolute Mining. Les deux premières sont situées dans le sud-ouest du pays, près de la frontière avec le Sénégal, et la troisième dans le sud-est, près de la Côte d’Ivoire.

Depuis, les négociations sont toujours en cours entre les autorités maliennes et les responsables de Wagner. En juin, Lamine Seydou Traoré, ministre des Mines et beau-frère de Sadio Camara, était en Russie pour participer à un forum économique à Saint-Pétersbourg – officiellement.