Tchad: la question-clé de la réforme de l'armée peu évoquée au dialogue national

 

Au Tchad, les mouvements politico-militaires qui ont participé au pré-dialogue de Doha n’avaient cessé d’exiger que la question sensible de l’« indispensable » réforme de l’armée tchadienne, accusée d'être régionale, soit abordée avec Ndjamena. Renvoyée au dialogue national inclusif, qui s’est clôturé il y a deux jours à Ndjamena, une partie des politico-militaires et de l’opposition estime qu’elle a finalement été discrètement évacuée, même si elle est évoquée sur le papier. 

À Doha, les politico-militaires s’étaient heurtés, pendant cinq mois, à un « non » ferme de l’équipe gouvernementale. Motif invoqué : ce sujet intéresse toute la nation tchadienne. L’équipe avait alors promis qu’il serait sur la table des discussions lors du Dialogue national inclusif à Ndjamena. Et pour rassurer les rebelles, cela avait été inscrit dans l’Accord de paix signé le 8 août dernier au Qatar.

Pour de nombreux Tchadiens, les corps de défense et de sécurité sont au cœur de toutes les crises que le pays a traversées depuis son indépendance. La plénière a d’ailleurs reconnu que, « la réorganisation de ces corps engagés après la Conférence nationale souveraine de 1993, n’a pas permis d’en faire une armée véritablement républicaine ».

Après un mois et demi de dialogue national, l’opposition et les mouvements politico-militaires tchadiens regrettent le fait que ces sujets ont été rapidement évacués. « La question de la réforme de ces corps a été citée lors de ce Dialogue, oui, mais elle n’a pas été discutée au fond, alors qu’elle est centrale », pointe Assileck Hallata Mahamat, le porte-parole de l’UFDD. 

« C’est un sujet sensible, presque tabou car les gens ont peur d’en parler », a renchéri un opposant sous anonymat, qui assure « qu’il n’y aura pas de véritable démocratie au Tchad, sans réforme de l’armée ».

Les nombreux soutiens de l’armée tchadienne ont surtout mis en avant, eux, ses « nombreux exploits militaires », qui ont fait du Tchad « un havre de paix ».

Selon des sources officielles, le président du comité militaire de transition, Mahamat Irdriss Deby Itno, devrait prêter serment en tant que président de transition lundi à Ndjamena au cours d’une cérémonie officielle, dans la foulée de la clôture officielle du dialogue nationale inclusif et souverain samedi.

Des invitations ont déjà été envoyées à plusieurs chefs d’État africains, certains ont confirmé, selon une de ces sources.

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