Côte d’Ivoire Terminal : Abidjan prêt à se mesurer à Pointe-Noire, Lomé et Tema

Le 1er novembre, le nouveau terminal à conteneurs d’Abidjan va officiellement démarrer ses services. Avec l’ambition de faire rapidement du port ivoirien l’une des principales escales maritimes de la côte ouest-africaine.

Mis à jour le 20 octobre 2022 à 16:38
 

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Le terminal est dimensionné pour pouvoir traiter 2 millions d’EVP par an. © Crédit Bolloré Ports

Le port d’Abidjan s’apprête à recevoir dans quelques semaines son deuxième terminal à conteneurs. Après avoir réalisé deux escales tests, à la fin d’octobre, sur des navires MSC, le Terminal à conteneurs numéro deux (TC2) démarrera officiellement ses opérations le 1er novembre, pour manutentionner dès le lendemain son premier porte-conteneurs, estampillé cette fois CMA CGM, et ses 15 000 équivalents-vingt-pieds (EVP).

Le terminal en profitera pour abandonner le nom de code dont il a été affublé dès l’origine du projet en mars 2013, pour prendre celui, commercialement mieux identifiable, de Côte d’Ivoire Terminal (CIT).

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Développer le transbordement

Il voisinera avec l’ex-TC1, lancé en 2003 et rebaptisé depuis Abidjan Terminal, de plus en plus saturé depuis dix ans, dans la foulée des 12 % de croissance annuelle enregistrés par le port ivoirien sur ses trafics conteneurisés. Tous deux opérés par le même consortium, composé du français Bolloré Africa Logistics (BAL) à 51 %, associé pour le reste au danois APM Terminals, filiale de l’armateur Maersk, les deux terminaux ne se feront pas concurrence et le second ne se contentera pas uniquement d’ajouter des capacités de manutention et de stockage au premier. « Ce nouveau terminal a surtout vocation à développer les activités de transbordement à Abidjan », explique Olivier de Noray, directeur général Ports & Terminaux chez Bolloré Ports.

LE TERMINAL EST DIMENSIONNÉ POUR POUVOIR TRAITER 2 MILLIONS D’EVP CHAQUE ANNÉE

Ce n’est pas un hasard si les premières années de ce vaste chantier se sont exclusivement concentrées sur les travaux de dragage, pour porter le tirant d’eau des futurs quais à – 16 mètres et celui de leur chenal d’accès, dans le canal de Vridi, à – 18 mètres, contre une profondeur de 11,5 mètres pour Abidjan Terminal. « Les navires de 14 000 boîtes, en provenance d’Europe et d’Asie, qui ne pouvaient accoster sur le TC1, pourront désormais faire escale à Abidjan », reprend Olivier de Noray.

Dimensionné pour pouvoir traiter 2 millions d’EVP chaque année, CIT va apporter un peu d’air au terminal voisin, en même temps que les capacités nécessaires pour accompagner les échanges commerciaux de la Côte d’Ivoire et de ses voisins enclavés. Il doit surtout permettre à Abidjan de faire son entrée dans le club des grands ports d’éclatement de la côte ouest-africaine, aux côtés de Pointe-Noire, Lomé et Tema.

L’exemple MSC

Faute d’être positionné sur l’autoroute maritime Est-Ouest comme Tanger, Abidjan va davantage s’inspirer de Singapour et de sa desserte en étoile de l’Asie du Sud-est, en fonction des connexions établies par les trois principaux armateurs, MSC, Maersk et CMA CGM.

« Les compagnies maritimes veulent avoir le choix, avec plusieurs plateformes disponibles », assure Olivier de Noray, qui annonce vouloir transborder 450 000 conteneurs à la fin de 2023. Comme MSC, dont le terminal de Lomé est déjà saturé et qui envoie déjà certains de ses trafics de transbordement sur les installations de Tema gérées par BAL. « L’un des plus beaux terminaux de la sous-région », estime encore le patron de Bolloré Ports, avec bientôt CIT donc, dont la phase de montée en puissance devrait prendre une douzaine de mois.

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Fort d’un accord de concession s’étalant sur 21 ans, le consortium d’opérateurs a investi 450 millions de dollars pour réaliser sa plateforme estampillée « green » selon la nomenclature en cours chez Bolloré. Ses 1 300 mètres de quai lui permettront de manutentionner trois navires simultanément, grâce aux six portiques prévus pour l’équiper à terme.

De quoi pousser les compagnies maritimes à suivre l’exemple de MSC, seul armateur aujourd’hui à envoyer dans la région ses « géants des mers » d’une capacité supérieure à 12 000 EVP en touché direct depuis l’Asie. Un beau cadeau, certainement le dernier, mis par BAL dans la corbeille quelques mois seulement avant la finalisation de son mariage attendue pour le début de 2023 avec MSC. Et que viendra très officiellement inaugurer le président ivoirien Alassane Ouattara, dès que son agenda lui permettra.