Tchad: le couvre-feu, instauré après des manifestations sanglantes, est allégé

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Après la répression des manifestations du 20 octobre, le gouvernement a fait un geste en faveur de la population en repoussant l'entrée en vigueur du couvre-feu, à compter du mercredi 26 octobre. Au lieu de 18 heures, il est désormais en vigueur à partir de 22 heures et jusqu’à 6 heures du matin. Une décision espérée, mais les Ndjamenois demandent plus.

Avec notre envoyé spécial à Ndjamena, Yves-Laurent Goma

Sur le marché de Moursal, dans le 6e arrondissement de Ndjamena, un couturier salue l'allégement du couvre-feu qui est, pour ses collègues et lui, une excellente décision. « Nous sommes un peu contents », dit-il, avant de glisser que lui et ses amis veulent surtout que « le couvre-feu soit définitivement enlevé ».

Un autre homme du marché veut que tout redevienne « comme avant ». Avec le couvre-feu à 18 heures, « on était un peu stressés, on avait peur, on regardait toujours notre montre », ajoute un autre Ndjamenois en riant. « Les gens étaient presque séquestrés. À partir de 17 heures, ils fuyaient comme s'ils étaient pourchassés », renchérit un quatrième.

Dans un petit maquis de Chagoua, un quartier du 7e arrondissement, transformé en champ de bataille jeudi dernier, des jeunes se veulent plus intransigeants et en appellent aux autorités. « Ils doivent lever le couvre-feu et également libérer ceux qui sont emprisonnés », estime l'un d'entre eux. « On a perdu nos frères, on a eu des blessés, et certains frères ont été emportés vers des destinations inconnues. Ça fait mal, qu'importe un couvre-feu à 18 heures ou à 22 heures », confie un deuxième. « Il faudrait que l'on s'assoit pour voir qu'est-ce qui n'a pas marché et qu'est-ce qui peut marcher », avance encore un autre. 

Dans les rues de Ndjamena, ils sont aussi nombreux à réclamer le rétablissement d'internet, coupé dans certains quartiers.

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