Les éleveurs transhumants du Sahel de plus en plus coincés dans les zones péri-urbaines
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Au Sahel, l’hivernage touche à sa fin et la transhumance devrait reprendre pour les bergers sahéliens qui vont chercher les pâturages dans les pays côtiers. Mais les restrictions dues à l’insécurité et à la pandémie de Covid-19 empêchent la mobilité des éleveurs pasteurs. Fait nouveau : du fait de l’insécurité, beaucoup se retrouvent coincés, avec leurs troupeaux, dans les banlieues des villes où ils ont cherché refuge.
Selon le réseau d’éleveurs Billital Maroobé, près de 63 000 pasteurs et 1,5 million d’animaux sont aujourd’hui coincés en zones péri-urbaines. C’est notamment le cas, dans la région de Gao, dans l’est du Mali. Abdulaziz Agalwali est le coordinateur de l’organisation d’éleveurs Tassa au Mali :
La forte concentration fait que les quelques pâturages disponibles au niveau de ces zones péri-urbaines de Gao, de Sango et de Ménaka s’épuisent assez rapidement. Ensuite, cela crée des problèmes de promiscuité, qui engendrent des risques de maladie assez élevés, ainsi que de fortes tensions entre les autres et ceux qui se sont déplacés avec leurs troupeaux.
Les éleveurs de la région du Sahel au Burkina, comme ceux de Tahoua, Maradi et Tillabéri au Niger, connaissent le même sort : beaucoup doivent vendre leurs animaux pour survivre, à prix bradé.
Oumarou Dioffo est l’administrateur de l'Association pour la rédynamisation de l'élevage au Niger :
Le bélier maintenant vaut 35 000 ou 40 000, avec 25 000 tu as une bonne brebis. Aujourd’hui, cela impose une autre façon de vivre pour les éleveurs transhumants. Il y a en d’autres qui se lancent dans le commerce, auquel ils ne sont pas habitués, et pour beaucoup c’est des échecs.
Le réseau Billital Maroobé estime que cette crise a entraîné une baisse du prix du bétail de 10 % à 20 %.
« Le mode de vie pastoral est menacé »
Si l’insécurité pose de plus en plus de difficultés aux éleveurs transhumants au Sahel, elle n'en est pas la seule cause : des décisions politiques prises par les pays côtiers ont beaucoup nui ces dernières années à la mobilité pastorale. Selon Dodo Boureima, le président du Réseau d’éleveurs Bilital Maroobé, « les mauvaises politiques menacent le mode de vie pastoral » et les éleveurs « ont aujourd’hui plus peur des forces de défense que des terroristes ».
Les éleveurs-pasteurs vivent des situations extrêmement difficiles qui mettent en péril leur mode de vie...
SELON DODO BOUREIMA, LE PRÉSIDENT DU RÉSEAU D’ÉLEVEURS BILITAL MAROOBÉ, «LES MAUVAISES POLITIQUES MENACENT LE MODE DE VIE PASTORAL»
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