Tchad: les autorités reconnaissent avoir envoyé plus de 600 détenus à Koro Toro
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Trois semaines après les manifestations du 20 octobre et les violences qui ont officiellement fait 50 morts et 300 blessés, le gouvernement tchadien a mobilisé plusieurs ministres pour apporter des éclairages sur la situation et a reconnu pour la première fois avoir incarcéré plus de 600 personnes dans la prison de Koro Toro. Si Ndjamena n’avait jamais nié y avoir envoyé des détenus, le pouvoir n’avait jamais avancé de chiffre. Le Tchad reste tendu, avec des centaines de personnes arrêtées et des partis politiques et organisations suspendues.
Avec notre envoyé spécial à Ndjamena, Sébastien Németh
Cinq ministres sont venus ensemble à ce grand oral, alors que de nombreuses familles sont dans l’expectative concernant le sort de leurs proches arrêtés ou disparus.
Le ministre de la Justice a affirmé qu’une commission judiciaire était en place, avec quatre procureurs saisis à Ndjamena, Moundou, Koumra et Doba. Mahamat Ahmat Alhabo a révélé que 621 personnes avaient été auditionnées à la prison de haute sécurité de Koro Toro, dont 82 mineurs.
401 détenus en situation de flagrant délit ont vu leurs dossiers transmis au parquet de Ndjamena. 137 sont visés par des charges plus lourdes et leurs cas sont confiés aux cabinets d’instruction.
Nous avons connu une insurrection qui a tenté de renverser le régime et qui a malheureusement causé beaucoup de morts et beaucoup d’arrestations. Ces enquêtes devraient ordonner des poursuites à l’encontre de toutes les personnes, civiles et militaires, qui sont impliquées. C’est un travail de longue haleine qui ne se termine pas en quelques jours.
Le principe d’une mission d’enquête internationale a été accepté, « pour montrer notre bonne foi et situer les responsabilités », a indiqué le porte-parole du gouvernement. « Cela n’entame en rien le travail de nos magistrat », a précisé le Garde des sceaux.
Quant à la suspension d’activité qui touche sept partis politiques, le gouvernement menace désormais l’existence légale de ces formations. Le ministre de l’Administration territoriale a indiqué que l’État avait trop souffert de laxisme. Des éléments sont rassemblés pour permette à la Cour suprême d’ordonner « une dissolution pure et simple de certaines formations. On ne peut plus reculer. Nous allons opposer la rigueur de la loi », a déclaré Limane Mahamat.
En parallèle de la fermeté, le gouvernement a voulu montrer une ouverture. « Une large campagne d’échange sera lancée pour retrouver un consensus, car le pays ne doit pas basculer », a indiqué le ministre de la Réconciliation nationale Abderaman Koulamallah.
LE MINISTRE TCHADIEN DE LA RÉCONCILIATION NATIONALE ABDERAMAN KOULAMALLAH AFFIRME QUE LE GOUVERNEMENT VEUT TROUVER «UN CONSENSUS»
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