Franc CFA : au sommet de la Cemac, les chefs d’État optent pour le statu quo
Lors du sommet de Yaoundé du 17 mars, les dirigeants des six États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale ont recommandé un élargissement, au niveau ministériel, de la réflexion entamée par la banque centrale régionale et la Commission de la Cemac.
Le président camerounais Paul Biya arrive au sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à Yaoundé, le 22 novembre 2019. © COLIN DELFOSSE / AFP
Des mesures fortes étaient attendues pour réformer le franc CFA d’Afrique centrale. Les présidents du Cameroun, du Tchad, du Gabon, de Centrafrique, du Congo et de la Guinée équatoriale ont décidé de ne pas décider.
Et ce, en dépit du rapport d’experts porté à leur attention par le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) et le président sortant de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).
Des sujets remis à plus tard
En définitive, lors du sommet qui s’est tenu le 17 mars au palais d’Etoudi, à Yaoundé, les dirigeants d’Afrique centrale ont préconisé l’élargissement de la réflexion aux ministres chargés des Finances et de l’Économie, assortie d’un calendrier de mise en œuvre des conclusions qui seront arrêtées.
Ainsi, le changement de nom de la monnaie commune, la clôture du compte d’opérations, le retrait éventuel des représentants de la France des organes de décision et de contrôle de la banque centrale régionale sont des questions remises à plus tard.
« Une bonne nouvelle pour la BEAC », s’enthousiasme un cadre de la banque centrale, qui y voit une opportunité de revenus pour au moins une année supplémentaire à travers le compte d’opérations. Avec un taux d’intérêt plancher fixé à 0,75 % depuis la révision, en 2014, de la convention portant sur ce compte, la BEAC a engrangé un gain de 12,4 milliards de F CFA (18,9 millions d’euros) en 2021, contre 14,7 milliards une année plus tôt.
Touadéra, nouveau président
Au moment où la Centrafrique engage la révision de sa loi sur la cryptomonnaie, Faustin-Archange Touadéra, son dirigeant, et ses pairs réaffirment leur attachement au franc CFA en tant que monnaie unique ayant cours légal et force libératoire dans la zone, confortant ainsi la position de la banque centrale. Nouveau président de la conférence des chefs d’État de la Cemac, le dirigeant centrafricain compte dévoiler sa feuille de route le 18 mars, avant de quitter la capitale camerounaise.
En outre, et si le communiqué final lu par le président sortant de la Commission, le Gabonais Daniel Ona Ondo, reste muet sur la question de la rotation des postes à la tête des institutions sous-régionales, c’est parce que les chefs d’État en ont renvoyé l’évaluation sine die. Une décennie après son instauration et les déséquilibres qu’il crée entre les États en termes de représentation. Les observateurs ne se faisaient guère d’illusions depuis que le conseil des ministres avait décidé, deux jours plus tôt, de ne pas aborder la question, en préconisant, dans un flou artistique, que « […] la problématique soulevée soit traitée en termes de formulation dans le communiqué final de la conférence ».