Ouattara, Gbagbo, Drogba… À Abidjan, les rues « ivoirisées »
À l’issue d’une vaste opération d’adressage lancée par le gouvernement, les rues, avenues et boulevards du district d’Abidjan ont été rebaptisés au nom de célèbres personnalités ivoiriennes.
Le plateau, quartier des affaires d’Abidjan. © Guillaume Binet pour JA.
Abla Pokou, Marie Koré, Félix Houphouët-Boigny ou Marie-Thérèse Houphouët-Boigny… À Abidjan, plusieurs boulevards et avenues portent désormais les noms d’illustres Ivoiriennes et Ivoiriens. Dans le cadre du Projet d’adressage des voies et lieux publics du district d’Abidjan (Pada), piloté par le ministère de la Construction, du Logement et de l’Urbanisme, 32 boulevards, 211 avenues et plus de 14 000 rues ont été recensés et, pour nombre d’entre eux, renommés.
Mis en œuvre par le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), ce projet a pour objectif de mettre en place un système d’adressage complet garantissant la localisation et le référencement sur le réseau routier du district d’Abidjan.
La dénomination, étape importante dans ce processus d’adressage, a longtemps fait débat dans la sphère politique et civile ivoirienne. Pour trouver des noms de rues acceptés de tous, le BNETD s’est associé avec les chercheurs de la Cellule d’analyse de la politique économique (Capec) du Centre ivoirien de recherches économique et sociale (Cires), affiliés à l’université Félix-Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Démarche participative et inclusive
« Nous avons rassemblé des propositions de noms dans une démarche participative et inclusive, explique Germain Kramo, chercheur au Capec. Nous avons soumis un questionnaire à 939 ménages, ainsi qu’à 14 212 usagers du réseau routier, afin de définir des critères qui nous ont permis de rédiger une charte de toponymie. »
Un socle sur lequel le BNETD, la Capec et la Commission nationale de toponymie se sont appuyés pour nommer les artères du district d’Abidjan. « Cette charte est née de la classification des voies en voies primaires, secondaires et tertiaires, poursuit le chercheur. Il a ensuite fallu collecter les noms proposés aux municipalités du district. Et enfin, parcourir les livres historiques et les archives d’État afin de valider ces noms choisis. »
Plus grande est la voie, plus la personnalité choisie doit être d’envergure. Les boulevards recevront ainsi les noms de présidents ou de vice-présidents de la République ivoirienne, comme Félix Houphouët-Boigny, ou de dates charnières dans l’histoire de la Côte d’Ivoire, comme celle de son indépendance (le 7 août 1960). Des concepts fondateurs de la nation – la paix, le dialogue, ou encore l’unité nationale… – ont aussi été retenus.
Dominique Ouattara pour remplacer Mitterand
Ainsi, le boulevard Valéry-Giscard d’Estaing est rebaptisé boulevard Félix-Houphouët-Boigny, le boulevard Est-Ouest devient le boulevard Robert-Gueï, le boulevard du 4e pont devient le boulevard Laurent Gbagbo, et l’avenue Percée-Reboul devient le boulevard Alassane Ouattara. Le boulevard Mitterrand est désormais le boulevard Dominique Ouattara, quant au boulevard de France, il est rebaptisé boulevard Marie-Thérèse Houphouët-Boigny.
Viennent ensuite les avenues, reprenant les noms d’anciens ministres, présidents d’institution, gouverneurs, ambassadeurs, Premières dames… Abla Pokou donne ainsi son nom à une avenue de la commune de Treichville, et Marie Koré dans celle de Port-Bouet.
L’ANCIEN INTERNATIONAL DIDIER DROGBA VOIT SON NOM ATTRIBUER À UNE AVENUE DE BINGERVILLE
Des contributeurs à l’économie nationale, mais aussi des personnalités étrangères remarquables ont aussi été choisis, tout comme des personnalités non-politiques qui ont marqué leur époque, notamment des musiciens et des sportifs. À défaut d’avoir été élu à la tête de la Fédération ivoirienne de football, l’ancien international Didier Drogba voit son nom attribuer à une avenue de Bingerville.
Enfin, les rues des quartiers recevront le nom de personnalités locales, de dates marquantes de la commune, de domaines d’activités dominantes dans la zone, d’édifices culturels, voire d’éléments naturels. Après cette première liste de dénominations divulguée, « la mission continue », garantit Germain Kramo.