Ministres, figures du PNDS, haut gradés… Au Niger, les putschistes multiplient les arrestations

Alors que la Cedeao accentue la pression sur les membres du Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), ces derniers ont procédé à de multiples interpellations pour décourager les tentatives de résistance. Sani Mahamadou Issoufou, ministre et fils de l’ancien président, figure parmi les personnes arrêtées.

Mis à jour le 31 juillet 2023 à 18:27
 

 

 soldats

 

 

Des policiers lors d’un rassemblement de soutien à la junte à Niamey, le 30 juillet 2023. © AFP

 

 

Ce lundi 31 juillet, le Conseil national de sauvegarde de la patrie (CNSP), dirigé par le général Abdourahamane Tiani, a fait procéder en quelques heures à deux arrestations majeures dans les rangs du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, la formation du président Mohamed Bazoum, toujours en détention) à Niamey : celles de Foumakoye Gado et de Sani Mahamadou Issoufou.

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En début de matinée, plusieurs véhicules de la garde présidentielle se sont présentés au domicile du ministre du Pétrole et fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou. Certaines sources estiment que l’objectif de la junte serait de le mettre à l’abri d’éventuelles manifestations hostiles au PNDS, dont les locaux ont été incendiés ce 30 juillet, car son père en est le fondateur et que lui-même fait partie de ses cadres.

Négociations secrètes

Mais Sani Mahamadou Issoufou a surtout pris la parole ces derniers jours en faveur de Mohamed Bazoum, dont il réclamait la « restauration dans ses fonctions » dès le 29 juillet. Son père, l’ancien président Issoufou, affirme quant à lui continuer à négocier avec le général Tiani, dont il était très proche. Le 30 juillet, il a également rencontré le Tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, président de la transition et émissaire de la Cedeao dans la crise nigérienne.

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Foumakoye Gado, haut représentant de Mohamed Bazoum, ancien ministre du Pétrole et, surtout, président du PNDS, a quant à lui été interpellé à son domicile de Niamey sur le coup de 1 heure du matin dans la nuit de dimanche à lundi. Depuis plusieurs jours, il prenait secrètement part aux négociations visant à obtenir la libération et le rétablissement au pouvoir de Mohamed Bazoum, en collaboration avec Mahamadou Issoufou.

Le PNDS en première ligne…

Selon nos sources, Foumakoye Gado était en contact avec Mohamed Bazoum – lequel dispose toujours de son téléphone et parvient à communiquer à intervalles irréguliers avec l’extérieur – mais aussi avec le ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massaoudou, qui a pris la tête d’un gouvernement de résistance civil à Niamey, en collaboration avec Kalla Ankourao, vice-président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du comité exécutif du PNDS.

HASSOUMI MASSAOUDOU S’EST RÉFUGIÉ DANS UN LIEU TENU SECRET

Hassoumi Massaoudou, cofondateur du parti au pouvoir avec Mahamadou Issoufou, Mohamed Bazoum et Foumakoye Gado, s’est réfugié dans un lieu secret dans la capitale nigérienne afin de ne pas être interpellé. Le chef de la diplomatie a tenté de coordonner les efforts des ministres en mission à l’étranger lors du putsch, parmi lesquels celui de l’Énergie, Ibrahim Yacouba, celui de la Défense, Alkassoum Indatou, ou encore celui de l’Action humanitaire, Laouan Magagi.

Hassoumi Massaoudou reste aussi en contact permanent avec le Premier ministre, Ouhoumoudou Mahamadou. Lui aussi cadre historique du PNDS, ce dernier était en visite en Italie quand les hommes du général Tiani ont séquestré le chef de l’État. Il est depuis peu en France, à Paris, d’où il prend part à la résistance organisée par le parti socialiste nigérien.

… comme la Garde nationale

Parmi les personnalités interpellées par la junte ces derniers jours figure un autre ponte du PNDS, Kalla Moutari, ancien ministre de la Défense, détenu depuis le 28 juillet. Plusieurs ministres ont aussi été arrêtés : Kassoum Moctar (Enseignement professionnel), Ousseini Hadizatou Yacouba (Mines) et surtout Hamadou Adamou Souley (Intérieur). Arrêté dès le début du coup d’État, ce dernier, très proche de Mohamed Bazoum, est censé avoir autorité sur la Garde nationale (GN).

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Composante importante des Forces armées nigériennes (FAN), celle-ci pourrait s’opposer au CNSP. Comme le PNDS – qui a toujours entretenu des relations ambiguës avec l’armée –, la GN fait l’objet d’une attention toute particulière des putschistes et du général Tiani.

Si le colonel Ahmed Sidian, haut commandant en second de la Garde nationale, s’est rallié au CNSP, son supérieur, le colonel Midou Guirey, a été mis aux arrêts. Aliou Matani, un autre officier de haut rang de cette force comptant plus de 3­000 hommes, aurait lui aussi été arrêté.