L'ancien président burkinabè, Thomas Sankara. L'ancien président burkinabè, Thomas Sankara. © AFP

Les autorités de transition burkinabè ont annoncé leur intention de rouvrir l'enquête judiciaire sur l'assassinat de Thomas Sankara. La nouvelle procédure pourrait être transmise à la justice militaire. Explications.

À peine investies, les deux "têtes" du régime de transition, Michel Kafando et le lieutenant-colonel Zida, ont jeté un pavé dans la marre en annonçant leur souhait de faire la lumière sur l'assassinat de Thomas Sankara. À une semaine d'intervalle, le président et le Premier ministre ont affirmé que l'enquête sur la disparition de l'ancien chef d'État révolutionnaire, tué par un commando armé le 15 octobre 1987, allait à nouveau être ouverte. Allant jusqu'à évoquer une expertise ADN et une éventuelle demande d'extradition de Blaise Compaoré au Maroc, ils ont soulevé une vague d'espoir au sein d'une population qui n'a jamais digéré la disparition brutale de l'icône nationale.

Selon plusieurs sources proches du dossier, la procédure judiciaire pourrait prochainement être confiée à la justice militaire. Cette option présente, selon ses partisans, un double avantage : éviter la voie civile, bloquée depuis années, et permettre une procédure rapide, ce que souhaite les autorités de transition. Au ministère de la Justice, on affirme que cette possibilité est bien sur la table, tout en faisant attention à ne pas dire un mot de travers tant l'affaire est sensible et symbolique. De leur côté, les avocats de la famille Sankara y semblent favorables après des années d'errance d'une justice aux ordres.

>> Lire aussi Burkina Faso : les Sankara, une famille à recomposer

Confier l'enquête à la justice militaire permettrait aussi à Yacouba Isaac Zida, également ministre de la Défense, de garder un oeil sur le dossier. Une "concertation" ministérielle doit avoir lieu à Ouagadougou dans les jours à venir pour déterminer la marche à suivre dans cette affaire explosive.

___

Benjamin Roger