Voix d'Afrique N°106.

Youssou N’Dour

Youssou N’Dour naît le 1er octobre 1959 dans le quartier de la médina de Dakar. Son père, d’origine sérère, est ouvrier, sa mère est une griotte toucouleur. Musulman, il est membre de la confrérie mouride. Dès son plus jeune âge, il préfère la musique à ses études. Mais ses parents n’ont qu’un désir : le voir réussir. Pourtant, à onze ans, il décide d’intégrer une troupe théâtrale et il est très vite remarqué par un musicien du Dounia Orchestra.

De 75 à 79, Youssou N’dour travaille avec l’orchestre, le Miami. Il monte alors, avec un autre chanteur, le groupe l’Étoile de Dakar. En 81, après une dispute, il quitte le groupe et en forme un autre, le Super Étoile. Il est l’incontestable n°1 des hit-parades dans le genre mbalax. Mais sa grande réussite vient de l’invention d’une nouvelle danse qui fait fureur dans les clubs de Dakar, le “ventilateur”. Il devient alors le nouvel ambassadeur de la musique sénégalaise. A 24 ans, il est déjà un homme d’affaires avisé, à la tête d’une véritable entreprise qui emploie musiciens, managers, secrétaires… Il soigne son image, celle d’un bon musulman qui ne boit pas ni ne fume. Fils exemplaire, il vit avec ses parents.

En 1984, il fait ses débuts à Paris et triomphe à l’Espace Ballard dans un concert de trois heures. Suit une longue tournée dans les pays d’Europe. En 1985, il est au Festival du Printemps de Bourges, puis joue en première partie du chanteur Jacques Higelin avec le Guinéen Mory Kanté à Bercy du 12 septembre au 12 octobre à Paris.

Il participe au disque “Tam Tam pour l’Ethiopie”, à l’initiative de Manu Dibango, pour le soutien à la lutte contre la famine dans ce pays. Il s’investira aussi dans des concerts pour Amnesty International.

En 1989, il sort son premier disque pour le marché international, “The lion” (“Gaiendé” en wolof). En novembre 90, il est à l’Olympia, à Paris, alors que vient de sortir, en octobre, son deuxième album, “Set”. Son groupe, Super Étoile de Dakar, forme le noyau central des musiciens. En avril 91, Youssou enregistre son nouvel album “Eyes Open” dans ses propres studios à Dakar. L’année suivante il marque un grand coup en montant son spectacle “Africa Opera” à l’Opéra Garnier, fresque autour de l’identité africaine avec la participation d’Aïcha Kone, Angélique Kidjo, et Djanka Diabaté.

Mais Youssou estime que sa musique tarde à s’imposer à l’international. Pourtant avec le simple “Seven Seconds” chanté en duo avec Neneh Cherry mais sans consonance africaine, il se fait connaître du grand public. Avec ses 1.500.000 exemplaires vendus, il entre dans le domaine de la variété internationale.

En 1996, il chante avec Yandé Codou Sène, grande personnalité de la scène sénégalaise sur un album “Voices of the Heart of Africa”. Ce disque lui permet de décrocher avec Papa Wemba, le prix du “meilleur artiste africain” des premiers Trophées de la musique africaine organisés en Afrique du Sud.

En 1998, Youssou N’dour est l’artiste pour la Coupe du Monde 98 de football en France avec son titre “la Cour des grands” retenu comme hymne par Michel Platini, responsable de l’organisation de cette grande manifestation.

Devenu star, chacun de ses disques est attendu avec beaucoup d’intérêt. C’est le cas de “Joko” (From Village to town) qui après de long mois de maturation voit enfin le jour en février 2000. Chanteur et musicien remarquable, homme d’affaires avisé,

You N’Dour multiplie les activités et semble vouloir occuper tous les terrains de la création musicale. S’il produit d’autres artistes, c’est pour favoriser le mouvement artistique africain.

Février 2001, il s’associe au HCR (Haut Commissariat des nations unies pour les Réfugiés) pour enregistrer un album au profit de l’éducation des enfants réfugiés.

En octobre 2002 sort l’album “Nothing’s in Vain” qui rend hommage à sa terre sénégalaise et à sa langue natale, le wolof. Les instruments traditionnels ne sont pas oubliés dans cet opus feutré où l’on retrouve les sonorités de la kora, du balafon ou du xalam. Il y chante avec Pascal Obispo.

En 2004, il transforme sa cassette “Sant Allah” qui devient le CD « “Allah-Egypte“. Musulman soufi, Youssou prouve ainsi son attachement à ses racines. Ce CD remporte un grand succès : plus de 400.000 exemplaires vendus. Le 13 février 2005, Youssou remporte une grande distinction, un Grammy Award pour cet album consacré meilleur album de world music contemporaine de l’année.

Artiste toujours engagé, il co-organise Africa Live, un grand concert contre le paludisme, qui réunit à Dakar plusieurs grands noms de la musique africaine : Tiken Jah Fakoly, Corneille, Manu Dibango ou Orchestra Baobab. On comptabilise près de 50.000 spectateurs.

 


En février 2008, il lance un projet qui lui tient à cœur : une société de microcrédit nommée Birima et dotée de 200 millions de FCFA (plus de 300.000 euros) afin d’aider ses compatriotes à développer une activité économique.

En mars 2010, il sort son nouvel album “Dakar-Kingston” et le 19 juin de cette même année, l’année de ses cinquante ans, le chanteur fête les dix ans de son désormais célèbre Grand bal africain à Paris, à Bercy, devant 17.000 spectateurs. Puis le 1er septembre, il lance sa chaîne de télévision, Télévision Futurs Médias, après avoir reçu l’autorisation officielle d’émettre.

Le 25 janvier 2012, Youssou N’Dour dépose au Conseil constitutionnel sa candidature à l’élection présidentielle du Sénégal, face au président sortant Wade Abdoulaye, dont le premier tour est prévu le 26 février. C’est un peu une gageure : les Sénégalais aiment Youssou N’Dour le chanteur, mais voteront-ils pour Youssou N’Dour le candidat ? Outre son inexpérience, un autre obstacle se dresse devant lui. Le chanteur appartient à la caste des griots, une barrière invisible de la société sénégalaise, la division de la société entre «castés» - liés symboliquement à des métiers considérés comme inférieurs - et «non-castés».

L’engagement de Youssou N’Dour pour servir la cause des « sans voix » n’est plus à démontrer, tant au Sénégal que dans le reste du Monde. A travers sa musique, il tente de restaurer l’image « écorchée » de l’Afrique et ainsi de redonner espoir à toute une génération d’Africains.

Sa candidature ayant été rejetée, son mouvement se met au service de Macky Sall en organisant des rassemblements populaires de soutien. Sall devient président le 25 mars 2012. N’Dour est nommé ministre de la Culture et du Tourisme le 4 avril 2012, puis délesté de la Culture, il ne gardera que le Tourisme. Il sortira du gouvernement le 1er septembre 2013. Apparemment Youssou est mal à l’aise dans des habits ministériels trop grands pour lui. Youssou n’aurait jamais dû siéger dans un gouvernement.

Youssou N’Dour perd son portefeuille mais est nommé conseiller à la présidence, avec rang de ministre et mission de promouvoir l’image du Sénégal à l’étranger.

De sources diverses

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