Pour l’archevêque de Bangui, « nous devons être humbles pour avoir le courage de nous pardonner réciproquement »
« Plus que jamais, les centrafricains ont besoin d’être humbles pour retrouver la force de l’amour » déclare S.Exc. Mgr Dieudonné Nzapalainga, Archevêque de Bangui et Président de la Conférence épiscopale centrafricaine, au cours de l’entretien accordé à l’Agence Fides en marge de la visite Ad Limina des Evêques de Centrafrique. Excellence, quels sont les défis de la réconciliation dans votre pays ? « Les défis lancés par la réconciliation en République centrafricaine concernent les centrafricains qui y vivent et ceux qui sont réfugiés dans les pays limitrophes. Nous avons eu des conflits mais maintenant, est venu le temps de s’asseoir, de se regarder les yeux dans les yeux afin que chacun prennent ses responsabilités et de s’offrir réciproquement la réconciliation et la réparation des torts subis. Il n’est pas possible de vivre dans l’amertume, la haine et la rancœur. Il est en revanche possible de se pardonner pour ouvrir une nouvelle page et guérir de cette situation. Pour ce faire, il faut être humbles et avoir le courage de dire : « j’ai fait du mal à d’autres personnes ». C’est grâce à cette « faiblesse » dérivant de l’humilité que l’on retrouve la puissance de l’amour. Nous avons encore des centrafricains à l’intérieur de notre pays et dans les Etats voisins qui dorment dans les rues ou dans les églises et des centrafricains qui vivent encore dans la peur parce que différents groupes ont conservé leurs armes. Il y a des centrafricains réfugiés au Cameroun, au Soudan, en République démocratique du Congo et au Congo-Brazzaville qui attendent de revenir dans leur pays lorsque les conditions de sécurité le permettront. Si nous qui sommes demeurés en Centrafrique voulons alléger la situation de nos frères qui vivent dans la précarité à l’étranger, nous devons nous mettre d’accord rapidement et leur offrir la possibilité de retourner dans leurs maisons et de dormir comme des hommes et non pas comme des animaux ». Au cours de la guerre civile, vous et d’autres responsables religieux (l’imam Kobin Layana et le pasteur Nguerekoyame Gbangou) avez fondé la table interreligieuse pour la paix afin de dire qu’il ne s’agit pas d’une guerre de religion… « Il ne s’agit pas d’une guerre de religion. L’imam Layana a été mon hôte pendant cinq mois. Nous avons partagé la même table et la même vision de l’état des choses. Nous avons défendu la même cause, celle de défendre l’homme centrafricain, et nous avons aidé ceux qui étaient en difficulté. Lorsque l’on est loin, il est possible de se construire une image faussée de l’autre mais lorsque l’on s’approche, nous découvrons son vrai visage. Nous devons dialoguer avec les musulmans qui sont nos frères parce que nous avons besoin du regard de l’autre. Ici aussi, il faut être modestes parce que les solutions se trouvent avec les autres ». Existe-t-il un danger de pénétration de groupes djihadistes dans votre pays ? « Nous avions été avertis, avant même le déclenchement de la crise, de la possibilité de l’infiltration en Centrafrique du djihadisme. Nous avons dit : Attention, si nous ne sommes pas unis dans notre pays, d’autres problèmes tels que le djihadisme prendront pied près de nous pour détruire et déstabiliser les valeurs de notre peuple. C’est pourquoi, en tant que responsables religieux, nous avons écrit des lettres communes pour affirmer que la crise en Centrafrique n’est pas une question religieuse mais un problème politique. Pensez que, plus nous serons unis et plus ces groupes et ces idéologies provenant de l’étranger, auront des difficultés à s’infiltrer en Centrafrique ». (L.M.) (Agence Fides 18/05/2015)
L’islam radical menace aussi le Bénin
La menace islamiste est bien réelle en Afrique subsaharienne. Le Bénin, limitrophe du Nigéria où sévit le groupe Boko Haram, est lui aussi concerné. Début mai, le secrétaire général de la conférence épiscopale du pays, l’archevêque de Parakou, Mgr Pascal N’Koué, lançait un cri d’alarme sur la pression croissante du fondamentalisme islamique financé depuis l’étranger. Il reconnaissait alors que le « problème est de former un clergé qui soit à la hauteur des défis face auxquels nous nous trouvons ».
Parmi ces défis, figure donc « l’infiltration d’un islam qui n’est plus celui traditionnel et africain pour lequel musulmans et non-musulmans peuvent vivre tranquillement au sein d’une même famille ». La cohabitation est devenue plus difficile « parce qu’il y a des groupes arabisés qui viennent de l’étranger, et qui sont bien financés. Ceux-là, sous les habits d’ONG qui se consacrent à l’aide aux plus pauvres, commencent à introduire des discours toujours plus violents envers les chrétiens. »
Ce que confirme au micro de Jean-Baptiste Sourou, Michel Alokpo, chargé de mission au ministère de l’Intérieur du Bénin et Secrétaire du Cadre de Concertation des Mouvements Religieux au Bénin sur la présence d’un islam radical au Bénin. (Source: Radio Vaticana/ 01/06/2015 17:05)
Albert Tévoédjrè : “il faut dialoguer avec Boko Haram”
Du 26 au 28 mai, Albert Tévoédjrè, ancien médiateur de la république du Bénin, a invité du beau monde à Cotonou pour parler de dialogue interreligieux, qu’il entend mettre au centre de la résolution des conflits dans le monde. Religieux, anciens chefs d’État, franc-maçons, prêtres animistes, ont contribué à la rédaction d’un manifeste qui sera remis aux cénacles de la gouvernance mondiale. Interview.
À 86 ans, ce vétéran de la médiation des conflits, ancien séminariste, auteur prolifique, enseignant retraité des plus prestigieuses universités, est particulièrement qualifié par l’expérience pour évoquer les vertus du dialogue et l’éducation à la paix. Choqué par les atrocités commises par Boko Haram, les attentats du 11 janvier à Paris et le massacre des migrants éthiopiens en Libye, il veut agir pour que cela cesse.
Jeune Afrique : Pourquoi croyez-vous urgent d’instaurer partout, tout de suite, un dialogue interreligieux ?
Albert Tévoedjre: Parce qu’on ne peut pas mettre un soldat derrière chaque citoyen pour garantir sa sécurité. Au regard de tous les périls qui nous menacent, il n’y a qu’un chemin de salut : apprendre à vivre ensemble. C’est notre boussole pendant nos travaux. Il faut plus d’éducation à la paix et au développement par un dialogue interreligieux et interculturel. Ce faisant, l’une des particularités du symposium c’est s’assurer que le développement est vraiment le nouveau nom de la paix. Et pour cela, il faut arriver à faire que dans chaque village et chaque ville, on mette ensemble les responsables religieux autour d’un projet de développement. C’est pourquoi, dans le manifeste que nous allons rendre public, j’ai tenu à inciter les parlementaires à s’impliquer. Parce qu’il faut ancrer tout cela dans une réalité institutionnelle. Dans nos États, la loi des finances devrait dorénavant intégrer chaque année une rubrique relative à l’éducation à la paix par le dialogue interreligieux et interculturel sur la base des projets qui seront conçus, promus, planifiés et gérés ensemble. C’est un mécanisme nouveau, une initiative africaine. Nous la proposons à tous, pour que dans tous les programmes qui existent, il soit prévu une approche interreligieuse dans un souci commun de développement. (Source:Jeune Afrique/01.06.15/Par Georges Dougueli, envoyé spécial à Cotonou)
Comment le salafisme a pu prospérer au Niger
Ancien directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à EHESS à Marseille, ex-maoïste de la Gauche prolétarienne, il a passé l’essentiel de son temps au Niger et en a même obtenu la nationalité. Il collabore désormais au LASDEL, un laboratoire nigérien de sciences sociales, et a publié en 2014 aux editions Karthala, avec Valéry Ridde, Une politique publique de santé et ses contradictions. La gratuité des soins au Burkina Faso, au Mali et au Niger.
Peu de chercheurs français connaissent aussi bien le Niger que l’anthropologue Jean-Pierre Olivier de Sardan. Installé à Niamey depuis 1973, celui-ci livre son analyse sur les récentes manifestations “anti-Charlie Hebdo” qui ont embrasé le pays. Pour lui, le “succès de l’idéologie salafiste” dans ce pays s’explique notamment par “le double rejet radical de l’Occident et de l’Etat moderne”. Il pointe “le jeu très dangereux des partis de l’opposition nigérienne” et note que “les musulmans extrémistes n’ont pas vraiment de combattants face à eux. Ils sont devenus quasi intouchables”. (Source: MarianneAgora/21.01.15/Jean-Pierre Olivier de Sardan)
Burkina-Faso : le cardinal Ouédraogo promeut le dialogue interreligieux
De retour de Cotonou au Bénin où il a pris part au Symposium International qui a célébré le dialogue interreligieux et interculturel, le cardinal Philippe Ouédraogo a partagé avec les fidèles chrétiens, le contenu de sa communication y donnée, au cours de la deuxième catéchèse de l’année. C’était dans la cathédrale de l’Immaculée conception de Ouagadougou, le samedi 5 juin à 18h. La séance a été modérée par le Père Jean-Paul Sagadou des religieux assomptionnistes. La participation des fidèles chrétiens s’est montrée plus enrichissante surtout par les questions posées au cardinal à la fin de son exposée. Le Symposium International sur le dialogue interreligieux et interculturel s’est notamment tenu du 26 au 28 mai dernier. Son témoignage s´est porté sur trois aspects du dialogue interreligieux inspirés de l´expérience de Burkina Faso dans ce domaine: « le dialogue comme hospitalité réciproque, le dialogue de la solidarité agissante et l’engagement commun au service de la paix. » (Source: Radio Vaticana/10.06.15)
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