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Côte d’Ivoire : Bouygues et le gouvernement s’entendent enfin
sur le financement du métro d’Abidjan

| Par - à Abidjan

Deux ans après qu'Alassane Ouattara et Emmanuel Macron ont officiellement lancé les travaux de la ligne 1 du métro d'Abidjan, en 2017, le gouvernement ivoirien et Bouygues, tête de pont du consortium à l'œuvre sur ce chantier structurant, ont enfin signé un accord définitif sur le financement de ce chantier qui doit permettre de désengorger la capitale économique ivoirienne.

Plus de deux ans après le lancement officiel des travaux, inaugurés en grandes pompes par le président ivoirien Alassane Ouattara et son homologue français Emmanuel Macron, en 2017, les travaux du métro urbain d’Abidjan vont, enfin, entrer dans leur phase active. Annoncé en 2017, puis en 2019, la mise en service effective de cette infrastructure clé dans le désengorgement de la capitale économique ivoirienne est désormais prévue en 2022. Mais cette fois, le gouvernement ivoirien assure que les délais seront tenus.

Longtemps bloquées par la question de l’augmentation des coûts, les négociations menées entre l’exécutif et le groupe français Bouygues, tête de pont du consortium, ont finalement abouti à la signature d’un protocole d’accord entre les deux parties, ce mardi 8 octobre, portant sur le démarrage des travaux. La future ligne 1 du métro d’Abidjan, longue de 37 kilomètres, reliera la commune d’Anyama au nord à Port-Bouët dans le sud d’Abidjan en 50 minutes, s’arrêtant à 20 stations.

893,84 milliards F CFA

Amadou Gon Coulibaly, le Premier ministre, Amadou Koné, le ministre des Transports, et Moussa Sanogo, ministre du Budget et du portefeuille de l’État ont signé apposé leurs signatures à côté de celles d’Alain Deschamps, président de la société d’ingénierie Ade Transport, et de Philippe Amequin, président de Bouygues Constructions.

L’investissement, estimé à environ 893,84 milliards FCFA, soit 1,36 milliard d’euros, sera financé intégralement par la France. « Le chantier est d’une grande complexité. Le premier tronçon de 37 kilomètres traverse toute la ville, alors qu’aucune infrastructure n’y existe pour le moment, excepté la ligne de chemin de fer de Sitarail », a précisé à Jeune Afrique, sous couvert d’anonymat, l’un des ingénieurs qui travaillent sur le projet.

Les conditions de Macron

« Le projet a pris quelques retards, parce qu’il y a eu plusieurs ajustements en raison des difficultés techniques sur le terrain. Nous escomptons le démarrage effectif l’an prochain, pour des travaux qui s’étaleront sur quatre ans », a expliqué Sidi Touré, le ministre de la Communication et des médias, porte-parole du gouvernement. Les capacités de transport ont ainsi été revues à la hausse. Initialement prévu pour transporter environ 500 000 personnes par jour, le métro pourra finalement prendre en charge 530 000 Abidjanais.

C’est l’effort le plus important que la France ait jamais réuni au démarrage d’un projet de transport urbain à l’étranger

En juillet dernier, à son retour de Paris, Alassane Ouattara avait insisté en conseil des ministres sur la nécessité d’avancer sur ce projet. Selon une source proche du président ivoirien, l’une des conditions posées par Emmanuel Macron avant d’effectuer une prochaine visite officielle en Côte d’Ivoire étaient la conclusion du chapitre du métro urbain.

Lors de l’inauguration du lancement des travaux, il y a deux ans, le président français avait d’ailleurs tenu à souligner l’importance de l’engagement de son pays sur ce projet : « La France vous a proposé une offre financière sans précédent. Avec 1,4 milliard d’euros, c’est l’effort le plus important que la France ait jamais réuni au démarrage d’un projet de transport urbain à l’étranger », avait-t-il alors déclaré.

Burkina Faso : Ouagadougou accueille la première biennale de la sculpture du continent

| Par

Créée à l'initiative du photographe burkinabè Léon Nyaba Ouedraogo et du responsable des ventes d'art contemporain de la maison Piasa, Christophe Person, la première édition de la Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou (BISO) a lieu jusqu'au 15 novembre.

Un peu plus de deux semaines après la naissance de la Biennale d’art contemporain de Rabat (Maroc), le continent est fier de vous annoncer la naissance de la première Biennale internationale de sculpture de Ouagadougou (BISO), au Burkina-Faso. Ouverte par le ministre de la Culture Abdoul Karim Sango le 8 octobre au sein de l’Institut français, elle fermera ses portes le 15 novembre prochain.

Si le président d’honneur de cette première édition est le sculpteur burkinabé Siriki Ky, maître du bois, du métal et du bronze, les deux hommes à l’origine de cette initiative sont le photographe burkinabé Nyaba Léon Ouedraogo et le responsable des ventes d’art contemporain africain au sein de la maison Piasa, le Français Christophe Person.

Amitié

Tout a donc commencé avec la naissance d’une amitié, il y a un peu plus de deux ans. « Cela a été un processus assez long, se souvient Léon Nyaba Ouedraogo. Nous avons longuement discuté, avec Christophe, autour de l’idée de “faire quelque chose” en Afrique. Il y avait déjà la biennale de Dakar, bien entendu, les Rencontres de la photo de Bamako, et puis nous nous sommes dit “Pourquoi pas la sculpture ?” ».

Pour l’un comme pour l’autre, il s’agissait de sortir de sa zone de confort et de s’attaquer à un média qui, s’il a une longue tradition en Afrique, reste compliqué à exposer (fragilité des œuvres, coûts de transport, etc.).

Leur idée bien arrêtée, Ouedraogo et Person ont mobilisé leurs réseaux amicaux et professionnels et obtenu très vite des soutiens de poids. « En Martinique, lors du vernissage d’une exposition organisé par la Fondation Clément avec la fondation Dapper, j’ai discuté avec Barthélémy Toguo et Soly Cissé et tous deux m’ont dit : “Frère, je viens !” » .

L’art des autres nous permet d’envoyer au monde un message qui dit : voilà qui nous sommes

De fait, le plasticien camerounais et le peintre sénégalais sont aujourd’hui membres du jury de la biennale, aux côtés de l’artiste malien Abdoulaye Konaté, du galeriste Félix Frachon et de la collectionneuse Gervanne Leridon.

Un projet politique et sociétal

Comme ces artistes de renommée internationale qui parrainent la jeune biennale, Nyaba Leon Ouedraogo entend faire œuvre de transmission : « Aujourd’hui, je peux utiliser mon nom pour lancer des projets, déclare-t-il. L’art des autres me nourrit, nous nourrit et nous permet d’envoyer au monde un message qui dit  : “voilà qui nous sommes” . Il faut abandonner les vieilles cassettes et le refrain qui dit que “c’est la faute de l’Europe”, que “l’Afrique doit se prendre en main”. BISO, c’est un projet politique et sociétal. »

On peut aujourd’hui dire que les choses sont en train de se faire en Afrique, à Ségou, à Ouagadougou, à Kinshasa

Barthélémy Toguo, lui-même à l’origine du centre d’art Bandjoun Station, au Cameroun, dresse le même constat : « La création est belle et elle est là. On peut aujourd’hui dire que les choses sont en train de se faire en Afrique, à Ségou, à Ouagadougou, à Kinshasa. Il y a des révélations dans cette biennale et il était important pour nous, Cissé, Konaté et moi, d’être présents pour faire le lien avec la jeunesse et de l’encourager à monter des projets. »

Comme d’autres, Léon Nyaba Ouedraogo rappelle que « Bisso », qui fait écho à l’acronyme BISO désignant la biennale, signifie en lingala « Entre nous ».

130 000 euros de budget

Pour une première édition montée en deux ans avec « les moyens du bord », l’événement a reçu le soutien du Ministère de la culture burkinabè, de l’Union européenne, de l’Institut français, de l’association Solidarité laïque, d’African Artist for Dévelopment, d’Oryx, ou encore de BZZ. Nyaba Leon Ouedraogo évalue à environ 130 000 euros son budget final, inférieur à la somme que Christophe Person et lui espéraient récolter (280 000 euros), mais tous deux évoquent déjà de la seconde édition, dont le parrain sera le sculpteur congolais Freddy Tsimba, « papa machette » pour les Kinois.

Chacun espère que, d’ici là, la situation sécuritaire du pays se sera améliorée. Pour l’heure, malgré l’existence d’un « off » dans quelques espaces de la ville, l’exposition internationale a trouvé refuge dans les locaux de l’Institut français, l’un des rares espaces offrant à la fois les conditions de sécurité et les infrastructures nécessaires pour un tel événement.

17 artistes sélectionnés

C’est donc dans la vaste pièce circulaire de l’Institut qu’ont été installées les œuvres des 17 artistes sélectionnés pour cette édition. Sans rigidité excessive, Christophe Person et Léon Nyaba Ouedraogo se sont appliqués à chercher des équilibres en invitant des hommes et des femmes, des francophones et des anglophones, des Africains du Nord, des Subsahariens et des artistes de la diaspora.

Le résultat ? 17 propositions qui se répondent et illustrent des tendances de la création africaine.

Contestataire, critique, analytique, sensuelle, la sculpture qui se crée en Afrique a beaucoup à dire

Plusieurs artistes s’interrogent ainsi sur l’avenir de notre planète : le Burkinabè Issouf Diero crée des sculptures monumentales à partir de pneus et de chambres à air récupérés dans la rue, l’Ougandais Donald Wasswa crée une installation envahissante à partir de déchets récoltés, eux aussi, dans la rue, tandis que la Franco-Camerounaise Beya Gille nous montre un enfant au corps couvert de perles bleues protégeant de son corps une jeune plante.

Motifs ancestraux

D’autres s’interrogent sur la tradition même de la sculpture en Afrique en retravaillant et questionnant des motifs ancestraux – statuettes, masques, reliquaires – souvent détournés de leur fonction première lors de la colonisation. Soudeur autodidacte, le Burkinabé Issiaka Savadogo introduit des rouages mécaniques dans des sculptures d’inspiration classique quand le Belgo-Malien Thiemoko Diarra répare et soigne à sa manière des statuettes conçues pour des touristes blancs mais blessées dans le transport et rendues invendables.

Enfin, Dimitri Fagbohoun, né au Bénin, propose une vaste installation interrogeant les rapports entre l’art dit « africain » et les maîtres occidentaux. En faisant réaliser par des bronziers burkinabè une figure rappelant à la fois La muse de Constantin Brancusi et Noire et blanche de Man Ray, il rend à César ce qui appartient à César puisque ces deux artistes s’inspirèrent de créations africaines.

Contestataire, critique, analytique, sensuelle, la sculpture qui se crée en Afrique a beaucoup à dire, parfois même trop tant le poids du monde est parfois lourd à porter. Mais avec BISO, elle dispose désormais d’une plateforme d’où elle pourra faire entendre sa parole et ses coups de gueule.

Franc CFA : les conseils de Kako Nubukpo au CPA d’Emmanuel Macron

| Par Jeune Afrique

Le Conseil présidentiel pour l'Afrique (CPA) du président français Emmanuel Macron va organiser une série de débats afin de recueillir des propositions de réforme du franc CFA.

Le 27 septembre, le Conseil présidentiel pour l’Afrique (CPA), créé en 2017 par Emmanuel Macron, a auditionné à huis clos l’économiste togolais Kako Nubukpo, grand pourfendeur du franc CFA, dans les locaux de l’Agence française de développement (AFD), à Paris.

Participation de Lionel Zinsou

Le coordonnateur du CPA, le Béninois Wilfrid Lauriano do Rego, nommé en juillet, ainsi que son équipe souhaitent organiser une série de conférences-débats sur l’avenir de cette monnaie. Objectif : recueillir des propositions de réforme.

Le premier rendez-vous se tiendra à Sciences-Po Paris le 14 octobre, avec la participation de Lionel Zinsou, l’ancien Premier ministre béninois, et de Kako Nubukpo. Lauriano do Rego envisage de délocaliser par la suite ce débat dans plusieurs pays du continent.

Mali: au moins 25 soldats maliens et 15 jihadistes présumés tués au combat

Patrouille de l'armée malienne à Anderamboukane, dans la région de Menaka, le 22 mars 2019.
© Agnes COUDURIER / AFP

Selon un communiqué officiel, 25 militaires maliens ont été tués lors des affrontements dans la nuit de dimanche à lundi, qui se sont poursuivis ce mardi entre l'armée malienne et de présumés jihadistes. Ces derniers ont brièvement occupé des positions de l'armée malienne. 60 autres militaires maliens seraient portés disparus.

Les intenses combats qui se sont étalés sur deux jours dans la localité de Boulkessi n’ont pas encore livré tous leurs secrets. Pour le moment, le gouvernement malien est seul à communiquer officiellement.

Selon son porte-parole, le bataillon malien, sous commandement de la force conjointe G5, a perdu 25 hommes, selon un bilan provisoire. Une soixantaine d’autres soldats maliens sont pour le moment portés disparus, et l’armée a essuyé de lourdes pertes en matériels.

Du côté des présumés jihadistes, le bilan s’élèverait à 15 morts, selon le ministre de la communication Yaya Sangaré, qui ajoute que l’armée régulière est parvenue ce mardi à reprendre et conserver ses positions.

Ce détail est important. Il confirme que les assaillants ont bel et bien, à un moment, pris contrôle des positions des forces sous commandement G5. Puis, pour faire face à l’ennemi, les partenaires du Mali sur le terrain, c’est-à-dire les Français de l’opération Barkhane et les envoyés de l’ONU, sont militairement intervenus à Boulkessi.

►À lire : Mali: attaque de deux camps de l'armée dans le centre du pays

C

Mali: une commission intercommunautaire
pour ramener le calme à Tombouctou

Vue de Tombouctou, au Mali. (Photo d'illustration)
© Peter Langer/Getty Images

Après plusieurs semaines de tensions intercommunautaires, qui ont culminé par des affrontements ayant fait deux victimes le 19 septembre dernier, une commission de bons offices a été mise en place à Tombouctou, dans le nord du Mali.

Composée de 30 sages issus des communautés songhaï, arabe et touareg, la commission de bons offices a adopté le 27 septembre des recommandations pour rétablir l'ordre à Tombouctou et permettre aux familles qui ont fui la ville, de revenir à Tombouctou. « Ce texte est un appel pour plus de sécurité. On souffre tous de la criminalité », explique Drissi Zouda Hama Salem, un notable arabo-berbère de Tombouctou.

Anciens rebelles, nouveaux bandits

Dans ses recommandations, la commission des bons offices demande notamment la mise en place d'une unité d'intervention rapide pour la poursuite des coupeurs de route et des bandits, l'opérationnalisation de la zone de défense de la région de Taoudéni. Elle réclame aussi l'interdiction des armes dans la ville ou encore la mise en oeuvre immédiate du Mécanisme opérationnel de coopération (MOC), ces bataillons qui rassemblent les soldats de l'armée régulière et les anciens combattants de groupes armés signataires de l'accord de paix.

« Le retard de la mise en oeuvre de l'accord de paix, crée aussi de l'insécurité poursuit Drissi Zouda Hama Salem. Fatigués d'attendre, certains anciens rebelles ont fini par quitter les rangs de leurs groupes pour rejoindre les bandits ».

Ces recommandations ont été présentées au Haut représentant du chef de l'État pour la mise en oeuvre de l'Accord de paix la semaine passée, qui doit à son tour les remettre au président dans les jours à venir. « Le retour de la sécurité relève de l'État. Il doit s'en donner les moyens », conclut Aboubacrine Cissé, maire de Tombouctou.

►À lire aussi : Mali: violences sporadiques à Tombouctou, deux enfants tués