Éditorial : Liberté religieuse, chemin vers la paix !

Liberté religieuse, chemin vers la paix, tel est le thème du message que le Pape Benoît XVI a adressé à l'Eglise et aux hommes de bonne volonté, le premier janvier 2011, à l'occasion de la Journée mondiale de la paix. Il est manifeste que l'homme souhaite, aujourd'hui, pouvoir librement professer sa religion, en privé  ou en public. Par sa nature, l'acte de foi est fondamentalement un acte libre et volontaire, puisque l'homme ne peut adhérer à Dieu que s'il lui fait un hommage raisonnable, libre et volontaire de sa foi.

Personne ne peut être amené par contrainte à la foi.

Quand la liberté religieuse est reconnue, la dignité de la personne humaine est respectée à sa racine même. À l'inverse quand la liberté religieuse est niée, quand on essaie d'empêcher de professer sa religion ou sa foi, et de vivre en conformité avec elles, la dignité humaine est  lésée. De cette manière se trouvent menacées la justice et la paix. Toute personne a le droit de professer librement sa foi et de la manifester  individuellement ou de manière communautaire. De même, elle ne devrait pas rencontrer d'obstacles si elle désire éventuellement adhérer à une autre religion ou n'en professer aucune.

La liberté religieuse doit être comprise comme une capacité d'ordonner ses choix selon la vérité. Comme l'affirme notre Pape actuel : " C'est dans la liberté religieuse que se trouve l'expression de la spécificité de la personne humaine, qui peut ainsi ordonner sa vie personnelle et sociale selon Dieu ;  à Sa lumière se comprennent l'identité, le sens et le but de la personne. " (n° 4). Si la liberté religieuse est chemin vers la paix, l'éducation  religieuse, notamment celle dispensée dans la famille, est un chemin privilégié pour donner aux jeunes générations la possibilité de reconnaître en l'autre, un frère et une sœur, avec qui marcher, dans un projet solidaire de construction de la paix.

L'instrumentalisation de la liberté religieuse pour masquer l'accaparement des ressources ou le maintien au pouvoir de la part d'un groupe, peut provoquer d'importants dommages aux sociétés. Malheureusement on observe encore aujourd'hui dans certaines régions, des situations de persécution, de discrimination, d'actes de violence et d'intolérance religieuse. Ce qui est non seulement une offense à Dieu, mais aussi à la dignité humaine. La liberté religieuse est une condition de la recherche de la vérité, et la vérité ne s'impose pas par la violence mais par la force de la vérité même. Les grandes religions, dont le rôle social est manifeste, doivent favoriser ce climat de justice et de paix, afin que leurs adeptes marchent ensemble, sans syncrétisme ni relativisme religieux, sur le chemin de la paix, qui est un don de Dieu et en même temps un projet à mettre en œuvre, jamais complètement achevé. Toute personne humaine a droit à la liberté religieuse.

                             le père Jean BipendoPère Jean Bipendo

 

La liberté religieuse est inscrite à l’article 18 des Droits de l’Homme

Cette liberté fondamentale, inscrite à l'article 18 des Droits de l’homme, est bafouée dans de nombreux pays : Egypte, Iraq,  Turquie, Inde, Pakistan, Chine... 

II y un mois, au Pakistan, Shahbaz Bhatti, ministre des minorités religieuses, a été abattu en pleine rue pour avoir publiquement défendu la chrétienne Asia Bibi (voir “En Chemin” n°24, page 1). Le 13 mars, au Nigéria, lbrahim Abdulahi Bolori, responsable religieux musulman très critiqué par les extrémistes islamistes, a  été abattu devant chez lui par des hommes armés circulant en voiture. Les attentats de Bagdad et Alexandrie en début d'année ont révélé la situation dramatique des             chrétiens d’Orient. Aujourd’hui encore des hommes et des femmes n'ont pas de liberté de pensée, de  conscience et de religion. Des chrétiens catholiques, des protestants, des musulmans, des ahmadis sont persécutés, ou même tués, à cause de leur conviction religieuse.          

 1 homme sur 2 vit dans un pays où la liberté religieuse n'est pas respectée. 75 % des victimes de la persécution pour motifs religieux sont des chrétiens. 200 millions de chrétiens sont discriminés dans le monde.

Les Droits de l’Homme en Afrique 

La culture des Droits de l’Homme est inscrite dans le continent africain non seulement dans des constructions (cosmogoniques et des pratiques culturelles interac tives mais également dans des traités et documents écrits anciens comme la Charte du Mandé, datant de 1222 - 567  ans avant la Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen. Récemment, cette Déclaration a été mise à jour. La vision de l'homme, proclamée en ouverture, déclare  : “Toute vie est une vie” n°1. La problématique de l’incitation à la haine nationale, raciale ou relIgieuse, s’inscrit donc en Afrique sur un terrain historique et culturel, mais également  par une culture humaniste des droits de l’homme, de nature à favoriser le respect de l’interdiction de l'incitation à la haine.

Cette tension structure la législation, la jurisprudence et les politiques nationales, relatives à l’interdiction de l’incitation à la haine, nationale, raciale ou religieuse.

(Site : www2ohchr.org-Haut Commissariat aux Droits de l'Homme.)

 

Les conférences du centre

Trois conférences ont été proposées par le Centre au cours du second trimestre 2011. La première, à la veille du dimanche des Rameaux, abordait la question de la paix et de la tolérance. La seconde, en mai, a permis d’approcher le monde des médias en leur demandant s’ils communiquaient aussi la foi. Enfin, la troisième, en juin, a soulevé le voile sur le monde des rêves...

 Monsieur Hamidou Magassa avait déjà, en novembre 2010, animé une conférence sur le thème de la Tabaski. Il est revenu au Centre, le 16 avril, pour aborder les questions de paix et de tolérance chez les croyants. Après avoir souligné que la tolérance religieuse fait corps avec le Coran révélé à Mohammed, Monsieur Magassa a invité l’assemblée à se poser la question : “Qu'en est-t-il aujourd'hui des principes de promotion de la paix, de la sécurité et du développement économique et social dans le cas de l'islamisation croissante à travers le monde ? La dernière religion révélée est-elle compatible avec le développement, la démocratie, la bonne gouvernance, l'État de droit, la mondialisation et la lutte contre le terrorisme, national et international ?“ On comptait dans l’assemblée, plusieurs personnalités, dont Monsieur Nuhum Ali Diallo, ancien président de l’Assemblée Nationale du Mali.

 Le samedi 21 mai, ce sont deux conférenciers qui ont tenu en haleine ceux et celles qui avaient répondu à l’invitation du Centre : Monsieur l’Abbé Zunfo Alexis Dembélé, de l’Université catholique du Mali et Monsieur El Hadj Tiégoum Boubèye Maïga, du journal : “la Nouvelle République”. Tous les deux ont abordé le thème des Médias, en se demandant s’ils sont au service de la communication de la foi. Ils ont surtout insisté sur l’actualisation du langage.

 Le samedi 16 juin, Monsieur Mamadou Fanta Simaga a abordé le thème des rêves et des songes.

 

(Rappelons que l’on peut se procurer ces conférences au Centre, dans la version intégrale, ou résumée dans un dépliant )

 

Le dossier :

« Vous avez dit  « liberté de conscience » ? »

Il est essentiel d'indiquer, en préambule, que les libertés ne peuvent jamais être "absolues", conformément à l'article 4 de la Déclaration des Droits de l'Homme qui indique : "La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui. Ainsi l'exercice des droits naturels de chaque Homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits. Ces normes ne peuvent être déterminées que par la Loi”. II ne peut donc exister de liberté sans limites, ces limites étant fixées par la Loi...

On sait que la liberté de conscience, qui signifie la liberté de faire un choix, dans le cadre de la loi, mais en conscience et sans influence d'un dogme, qu'il soit religieux extrémiste ou laïciste, a pris un tout autre sens dans certains débats actuels.

La liberté, acte d'un sujet libre !

En latin, liber signifie libre, sans chaînes, sans entraves. On dit que la liberté est l'acte d’un sujet libre, capable de choisir, de décréter par sa raison ou sa foi, les lois auxquelles il obéira. Cette liberté, si elle doit s'exercer dans le cadre de la loi collective, ne devrait pas être contrôlée ou réprimée pour d'autres raisons que l'intérêt collectif (comme la lutte contre la criminalité).

Il est pourtant évident aujourd'hui que chacun se bat pour une idée de l'intérêt collectif qui s'éloigne beaucoup de la liberté de conscience, telle que définie plus haut, et que cela réduit considérablement les libertés individuelles.

il est sans doute intéressant de noter que la notion de "conscience" est marquée par l'origine latine du mot, co (cum) scientia, qui signifie : "connaissance partagée", voire confidence ou complicité. Cette étymologie met en évidence la valeur partagée de l'acte moral, ainsi considéré dans la conception classique. Ce dernier n'est pas subjectif et privé, mais objectif et collectif. La notion est donc ambivalente: elle correspond à la fois à la connaissance intime que le "moi" a de son propre état, de ses idées, de ses impressions, et à la faculté de discernement du bien et du mal, ainsi qu'à l'appréciation de la valeur morale des actes et des situations. Dans les deux cas, la conscience désigne un "lieu" intérieur (source de l'identité personnelle, ce que les juristes appellent "le for intérieur", lieu où l'on juge et déci- de "en son âme et conscience"). Alors que la "connaissance" articule les relations mentales avec le monde, la "conscience" dans la réflexivité, caractérise le sujet face à l'objet: l'être humain en tant que siège d'un savoir sur lui-même.

 La notion de liberté de conscience et de liberté religieuse.

La notion de " liberté de conscience est souvent mal comprise en étant réduite au for interne, simple fait de penser ce qu'on veut sans l'exprimer publiquement. C'est évidemment insuffisant, car personne ne peut savoir ce qui "se passe dans la tête" d'une autre personne. L'important est bien la liberté publique de conscience.

La "liberté religieuse"découle de cette liberté de conscience. Ce sont les libertés de religion qui font partie des libertés publiques garanties par l'État. La liberté de religion désigne le droit subjectif fondamental des personnes de choisir et de pratiquer une religion donnée et l'évaluation du respect de ce droit. Par extension, elle fait référence aux textes de droit, déclarations, pactes, conventions, lois, textes constitutionnels divers qui permettent d'affirmer, défendre, étendre ou limiter ce droit. La liberté de religion est un aspect de la liberté de conscience. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut faire l'objet d'autres restrictions que celles qui, prévues par la loi, constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité publique, à la protection de l'ordre, de la santé ou de la morale publiques, ou à la protection des droits et libertés d'autrui. 

                                              

 

Père Alain Fontaine.

 

 L’espace de Prière

 Apprends-moi à dire merci pour la liberté que tu nous donnes

Apprends-moi, Seigneur à dire merci...

Merci pour le pain, le vent, la terre et l'eau.

Merci pour la musique et pour le silence.

Merci pour le miracle de chaque nouveau jour.

Merci pour les gestes et les mots de tendresse.

Merci pour les rires et les sourires.

Merci pour tout ce qui m'aide à vivre

Malgré les souffrances et les détresses.

Merci à tous ceux que j'aime et qui m'aiment.

Merci pour ton amour sans limite.

Merci pour la paix qui vient de Toi.

Merci pour la liberté que Tu nous donnes.

Dieu bon et miséricordieux,

que ton nom soit béni à jamais.

                           Jean-Pierre Dubois-Dumée.