Témoignages

 

Union africaine : l’au revoir inquiet de Nkosazana Dlamini-Zuma

 

La Sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma a prononcé ce mercredi son dernier discours en tant que présidente de la Commission de l'Union africaine, lors de l'ouverture du 30e Conseil exécutif de l'organisation à Addis Abeba. Elle quitte son poste le 2 février.

Les applaudissements, pour son dernier discours d’ouverture d’un Conseil exécutif de l’Union africaine (UA), mercredi 25 janvier à Addis Abeba, n’étaient pas nourris, mais respectueux.

La présidente de la Commission de l’UA, la Sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma, gestuelle limitée et ton monocorde, a d’abord dressé le sombre portrait d’un monde en ébullition, évoquant la remise en cause de « l’unité de l’Union européenne, avec le Brexit, la poussée des partis d’extrême-droite appuyée par l’élection de Donald Trump, et l’approche de nombreuses élections cruciales en Europe ».

Guère optimiste, la présidente, qui doit quitter son poste le 2 février, a poursuivi sur le même ton, mentionnant « les violences extrémistes de toute sorte, les actes de terrorisme, le crime international, les mouvements des populations à travers le monde […], la prolifération des armes, les écarts de richesses qui n’ont jamais été aussi importants, l’évasion fiscale ».

En Afrique, « le chômage des jeunes », « le nombre croissant de protestations », alors que le continent a connu « environ 50 élections » en quatre ans, auxquels s’ajoutent le développement des villes et des campagnes, montrent selon elle un continent qui change « vite ».

Des crises post-électorales évitées

Elle s’est cependant félicitée du fait qu’ « à de rares exceptions, les taux de participation électorale ont avoisiné les 60%, avec une large mobilisation des femmes et des jeunes ». « Dans de nombreux cas, la tête des États a changé, le transfert des pouvoirs s’est fait dans la paix et quand il y a eu des problèmes, le continent a su prévenir les crises. »

« Nous avons fait des progrès, mais il reste encore des challenges et nous devons faire plus. » Charge à son successeur de s’en assurer. Ce dernier doit être élu parmi cinq candidats, lors du 28e sommet des chefs d’État, les 30 et 31 janvier.

L'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon lié aux otages d'Arlit?

Claude Verlon et Ghislaine Dupont (montage photo).
© RFI
 

Un reportage consacré à la libération des otages d’Arlit, en octobre 2013, enlevés au Niger et détenus dans le nord du Mali est diffusé ce jeudi soir 26 janvier dans l’émission Envoyé Spécial, sur France 2. Parmi les révélations de ce reportage, plusieurs éléments accréditent l'hypothèse d'un lien direct entre les sulfureuses négociations ayant abouti à la libération des otages d'Arlit et l'enlèvement puis l'assassinat 4 jours plus tard (le 2 novembre 2013) de nos deux confrères de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon. L'homme qui a revendiqué ce double assassinat est le même que celui qui détenait les otages d'Arlit. Les assassins de Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-il agi par vengeance, après s'être sentis floués dans les négociations autour des otages d'Arlit ?

Il a fallu une année de recherches et de témoignages, une année de pressions et de menaces, pour mener cette enquête. On y découvre la guerre des réseaux que se sont menés les services français en lançant des initiatives parallèles pour négocier la libération des otages d'Arlit. Plusieurs intermédiaires sont mis en concurrence, sollicitent ou esquivent, c’est selon, leurs partenaires maliens ou nigériens.

Résultat : les montants exigés par Aqmi augmentent, et la durée de captivité des otages aussi. Des occasions de libération sont bloquées par le général Puga, à l’Elysée, sans que l’on comprenne pourquoi. Motivations politiques, économiques ?

Vengeance d'Aqmi ?

Plusieurs témoins clés -ancien diplomate du Quai d’Orsay, ancien patron des services français de renseignement, négociateurs déçus- suggèrent des pistes. Tout comme ils établissent un lien avec l’enlèvement et l’assassinat, quatre jours plus tard, à Kidal, de nos collègues Ghislaine Dupont et Claude Verlon.

Les acteurs du dossier ainsi que des documents confidentiels du renseignement militaire soulèvent des interrogations : l’argent de la rançon, 30 millions d’euros pour les quatre derniers otages, a-t-il été versé intégralement à Aqmi ? Y a-t-il eu des détournements, au sein des services français ou des réseaux jihadistes ?

Les assassins de Ghislaine Dupont et Claude Verlon ont-ils agi par « vengeance », parce qu’ils se sentaient floués ? Ce reportage dense apporte autant d’éléments qu’il pose de questions. Il pourrait surtout inciter certaines langues à se délier enfin.


Une partie de la rançon des otages d'Arlit détournée en amont ?

Le lien entre les otages d'Arlit et l'assassinat de Ghislaine Dupont et Claude Verlon était soupçonné par beaucoup depuis longtemps. Il est aujourd'hui étayé par des éléments-clés.

Il y a d'abord cette note confidentielle des renseignements militaires français. On peut y lire que Baye Ag Bakabo, présenté comme le chef du commando ayant assassiné Ghislaine Dupont et Claude Verlon, aurait « vivement reproché » de n'avoir jamais reçu de somme d'argent en remerciement de son aide apportée dans la « garde d'otages » d'Arlit.

Extrait de la note confidentielle des renseignements militaires français produite dans le document diffusé jeudi 26 janvier dans Envoyé Spécial. © Envoyé Spécial

Vient ensuite, à l'appui, le témoignage d'Alain Juillet, ancien patron des services de renseignements. « Il y a certaines rumeurs qui ont couru au Nord-Mali qui disaient que la somme qui avait été donnée la deuxième fois était incomplète, il manquait de l'argent dedans. Cela a mis en fureur un des lieutenants d'Abou Zeid ».

Relance du journaliste : « Adbelkrim el-Targui ? »

Réponse d'Alain Juillet : « C'est ça. Il faut savoir que dans le désert tout se sait. A des centaines de kilomètres de distance, ils savent ce qui se passe ».

Relance du journaliste : « Mais alors une partie de l'argent a été détournée, mais par qui ? »

Réponse d'Alain Juillet : « Justement, c'est la question. Est-ce qu'elle a été détournée avant ? Est-ce qu'elle a été détournée sur place et ça a mis Abdelkrim en furie ? »

Une partie de l'argent a-t-elle été détournée en amont ? Par qui ? Y a-t-il eu une mauvaise répartition au sein des réseaux jihadistes ? Le reportage ne tranche pas la question, mais livre la version de Pierre-Antoine Lorenzi, le négociateur de la libération d'Arlit. Il accuse les services de renseignement français d'avoir refusé de rémunérer des dizaines d'intermédiaires en complément de la rançon.

Geoffrey Livolsi, l'un des auteurs du reportage : « Il évoque la somme de 3 millions d'euros qui n'aurait pas été versée selon lui par la DGSE et on se demande si le fait que 20 à 25 personnes n'aient pas été payées dans le cadre des négociations, est-ce qu'il y a eu des gens qui se sont sentis dupés et qui ont pu vouloir se venger ? »

Autre révélation extrêmement troublante de ce documentaire édifiant, on apprend que l'ordinateur personnel de Ghislaine Dupont, resté à Paris, était espionné depuis plusieurs semaines, et que le 2 novembre précisément, sa boîte mail avait été vidée et l'ensemble de ses mots de passe modifiés, juste avant l'enlèvement.

« Le 12 octobre, raconte Geoffrey Livolsi, y a des virus espions qui sont installés sur son ordinateur et qui vont aspirer certaines données et surtout le jour de son enlèvement, le 2 novembre 2013, quelqu'un va s'introduire sur l'ordinateur et changer l'ensemble des mots de passe avant l'enlèvement de Ghislaine et Claude. Donc c'est quelque chose qui nous a posé des questions, on ne dit pas que c'est obligatoirement lié, mais c'est étrange. »

Selon Michel Despratx, Geoffrey Livolsi et Cheick Amadou Diouara, les auteurs de ce reportage, personne du côté de l'Etat français n'a répondu à leurs sollicitations, que ce soit le ministre de la Défense, le chef de l'Etat, ou l'actuel patron des services de renseignement. Pressions, menaces, portes closes : l'enquête qui a permis à ce reportage de voir le jour n'a pas été de tout repos. Les deux auteurs déplorent notamment le fait que plusieurs témoins qui avaient prévu de leur parler se sont rétractés après avoir été menacés.

Sollicité par RFI mercredi avant la diffusion, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a refusé de répondre aux questions soulevées par ce reportage d'Envoye Spécial et a seulement rappelé qu'une enquête était ouverte.

Le Seigneur des tribus – L’Islam de Mahomet par J. Chabbi (recension)

 

Seigneur des Tribus

Jacqueline Chabbi : « Le Seigneur des tribus – L’Islam de Mahomet »

 Nouvelle Édition : CNRS Collection Biblia 2013 (Rappel: 1ère édition, Paris 1997)

 ISBN 978-2-271-07891-9

En édition de poche : 2016 – 726 pages – 12€

Ce livre est ainsi divisé : p. 7–27 : Préface et Avertissement. Annexes : Tableau des Sourates (p.415-465) – Notes et Commentaires (466 –655) – Glossaire (633–655) – Bibliographie commentée (657–681) – Index (687–726)

            Jacqueline Chabbi est une universitaire reconnue. Nous avons déjà présenté sur notre site son dernier livre : «Les trois piliers de l’Islam – Lecture anthropologique du Coran». Aujourd’hui, elle republie, en édition de poche, son ouvrage de 1997, le rendant ainsi disponible à un plus ample lectorat. L’auteure est une historienne qui cherche à mettre en évidence ce que Mahomet a pu être, ce qu’il a pu dire ou faire, avant que l’ensemble soit réécrit ou transformée par la foi des croyants bien après sa mort en 632. C’est en fonction de ses recherches qu’elle peut écrire que « l’Islam primitif ne fut guère musulman. » (p.9) et elle conclura que ce sont « les sociétés califales qui ont construit la religion musulmane. » (p.313). Cet ouvrage met en évidence la tension qui peut exister entre la réalité historique ou scientifique et la réalité religieuse. Avec ce livre, on pourrait conclure que la foi musulmane est mise à mal par la rigueur de l’histoire scientifique. Il nous faut alors mener de front l’histoire et l’histoire sacrée (p.20), tout en sachant bien que si l’histoire profane s’affirme à côté de la certitude religieuse, elle ne va pas forcément l’entamer. L’histoire des religions n’est pas une contre-religion ni un succédané de religion. (p. 14/15 Préface d’André Caquot)

             L’ouvrage nous offre des pages assez denses mais abordables pour tout lecteur intéressé par l’Islam et l’interreligieux. Par ce livre, nous faisons un retour historique sur bien des éléments fondamentaux de l’Islam. Le premier d’entre eux est le Coran qui est, à ses débuts, une parole avant d’être un livre matérialisé (p.61) ; une Parole qui a emprunté ou s’est approprié des traditions déjà existantes de l’époque biblique (p.59, 61, 128) ; essentiellement, cette Parole reste «une parole proclamatoire» (p.71). On nous parle aussi de l’Hégire qui fut très probablement beaucoup plus un départ sous la contrainte qu’une décision volontaire (p.264). Notre auteure soulève donc encore ce problème de la relation entre l’Islam primitif et la tradition biblique ; toutes les deux issues du même terroir moyen orientale. On ressent aisément la nécessité d’une présentation plus approfondie de ces relations complexes afin d’éviter toute ambiguïté (voir pages 396 à 408).

                Ce livre est un ouvrage scientifique qui trouvera sa place dans toute bibliothèque. Il peut devenir un ouvrage de référence en tout débat sur l’Islam des origines avant qu’il devienne une religion promue en tant que tel par les musulmans des premiers siècles.

* Janvier 2017 : Nouvelles du Père Gérard Chabanon à Kampala en Uganda

* Opérateurs pastoraux tués au cours de l’année 2016
http://peres-blancs.cef.fr/fides20.htm

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)