Témoignages

 

Sur le site du journal "LA CROIX"

Mère Teresa proclamée sainte par le pape François

Le pape François a canonisé dimanche matin 4 septembre sainte Mère Teresa de Calcutta.

Dans son homélie, le pape François a salué en elle un « infatigable artisan de miséricorde (qui) nous aide à comprendre toujours mieux que notre unique critère d’action est l’amour gratuit ».

Cérémonie de canonisation de Mère Teresa, dimanche 4 septembre, à Rome
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Cérémonie de canonisation de Mère Teresa, dimanche 4 septembre, à Rome / ANDREAS SOLARO/AFP

 

Recueilli par Claire Lesegretain, le 04/09/2016 à 9h54

 

Parmi ceux qui ont connu Mère Teresa, tels le Canadien Jean Vanier, l’archevêque de Calcutta Mgr Thomas D’Souza, ou la brahmane Chandda Chakrabonty engagée auprès des femmes handicapées mentales, nombreux sont ceux qui soulignent sa grande liberté d’esprit et de cœur.

Cérémonie de canonisation de Mère Teresa, dimanche 4 septembre, à Rome.
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Cérémonie de canonisation de Mère Teresa, dimanche 4 septembre, à Rome. / ANDREAS SOLARO/AFP

« Elle était sainte depuis sa naissance »

Chandda Chakrabonty, hindoue brahmane, 71 ans

« Mes souvenirs de Mère Teresa sont tous importants et inoubliables. Elle lisait immédiatement en chacun. Elle était inspirée, pleine de compassion et tellement lumineuse qu’on ne pouvait qu’être illuminé par elle.

À son contact, on devenait joyeux, apaisé. Je ne l’ai jamais vue rejeter quelqu’un et chacun sentait que Mère l’aimait beaucoup ! Aujourd’hui encore je lui demande de m’aider et curieusement le problème se résout. Tous ceux qui ont travaillé avec elle font de même.

> Lire aussi : Mère Teresa, si connue, si méconnue

Sa canonisation ne changera rien car je sais qu’elle est sainte. Elle a toujours vécu unie à Dieu. C’était Lui qui la guidait en toutes choses. Si elle n’avait pas été sainte depuis son enfance, jamais elle n’aurait pu tout quitter pour arriver en Inde à 19 ans, tout quitter pour venir dans les slums puis attirer autant à travers le monde.

La lumière de Dieu étant dans son cœur, elle pouvait la voir dans le cœur des misérables abandonnés, des mourants, des orphelins… Et cette lumière, qu’elle portait depuis sa naissance, elle l’apporte maintenant à tous ceux qui sont au paradis ! »

« Sa pauvreté radicale est parfaitement comprise en Inde »

Mgr Thomas D’Souza, archevêque de Calcutta depuis 2011

« C’est un privilège d’abriter, dans ce diocèse, la maison mère des Missionnaires de la Charité et la tombe de Mère Teresa. On vient du monde entier à Calcutta pour elle. Quand Mère a lancé sa congrégation, elle venait souvent consulter mon prédécesseur. Depuis, les relations sont restées très confiantes et chaleureuses : les sœurs viennent ici et j’aime me rendre chez elles pour célébrer les grandes fêtes liturgiques ou les funérailles d’une sœur.

> Lire aussi : « Les sœurs de Mère Teresa ne sont pas une ONG caritative »

La première fois que j’ai rencontré Mère, vers 1980, peu après son prix Nobel, c’était dans le collège de Karimpur dont j’étais le principal : elle était joyeuse, chaleureuse, très simple. Dans mon émotion, je l’ai embrassée sur les mains, et elle m’a dit gentiment : “Père, vous ne pouvez pas faire ça !” Quand elle arrivait quelque part où il y avait un prêtre, ou quand un prêtre arrivait à Mother House, elle venait toujours le saluer, même si elle était occupée.

Dans la culture indienne, plus quelqu’un est détaché de l’argent, du confort, plus il est proche du divin. La pauvreté radicale et exigeante de Mère Teresa est donc parfaitement comprise ici. »

« Une formidable école d’amour et de compassion »

Valentina, Colombienne, 18 ans, bénévole à Calcutta

« C’est après avoir lu, il y a deux ans au lycée, une biographie de Mère Teresa, que j’ai ressenti un appel à servir les plus pauvres des pauvres. J’ai pris une année sabbatique pour me mettre au service des autres : après trois semaines à travers l’Inde, je suis à Calcutta pour trois mois de volontariat. Je travaille avec des enfants handicapés : même si certains comportements des salariées indiennes me choquent, c’est une formidable école d’amour et de compassion.

C’est à nous de découvrir quel langage ces enfants peuvent comprendre, ce qui suppose d’être très attentif à toutes leurs expressions. Les sœurs m’ont proposé de travailler aussi à l’accueil des volontaires. Cela me permet de recueillir des témoignages très forts et de réfléchir à mes études, à mon orientation de vie, à ma foi chrétienne. Même si ma famille, très catholique pourtant, ne comprend pas bien mon choix, je suis très heureuse d’être ici ! »

« Elle était très ouverte à l’interreligieux »

Jean Vanier, fondateur de l’Arche

« Le charisme de Mère Teresa était extraordinaire surtout auprès des mourants. Elle était la consolatrice des plus blessés. Son œuvre avait commencé de manière très œcuménique et interreligieuse. Un jour, Mère Teresa qui me parlait parfois de ses projets, me confie que des hindoues, qui venaient travailler avec les sœurs, désiraient devenir Missionnaires de la Charité tout en gardant leur appartenance religieuse.

Quelque temps plus tard, elle avait finalement obtenu la permission de Rome de créer une branche pour des hindoues. Des années après, la croisant à Rome, j’ai appris que ces femmes étaient toutes devenues catholiques. Cela m’a attristé, et je regrette un peu également que les Missionnaires de la Charité aujourd’hui ne soient pas aussi ouverts que Mère Teresa l’était. »

Recueilli par Claire Lesegretain

 

 

Dans le numéro 111 de Voix d'Afrique, les 4 dernières personnes qui ont été citées comme "saints et bienheureux".

 

Bienheureux Benedict Daswa
Un opposant à la sorcellerie

L’église d’Afrique du Sud est heureuse de voir un de ses fils élevé sur les autels avec la béatification de Benedict Daswa du diocèse de Tzaneen, à l’est de Pretoria.

Samuel Benedict Daswa est né le 16 juin 1946 dans le village de Mbahe, province de Limpopo, dans le diocèse de Tzaneen. Il est baptisé le 21 avril 1953 par le Père Augustin O Brien à l’âge de 17 ans. Il était l’aîné d’une famille de 5 enfants : il avait 3 frères et une sœur plus jeunes que lui. Il a été confirmé à l’âge de 17 ans, le 21 juillet 1963. Il fit ses études dans la province de Venda et devint professeur dans une école primaire à Vungwa puis dans une école secondaire à Mhaphuli. Son père mourut assez jeune et Benedict s’occupa de l’éducation de ses frères et sa sœur. Il a été grandement influencé par son catéchiste Benedict Risimati, et il a fait sienne la devise de St Benoît : “Prie et travaille’’. Et il a été un exemple de bien des aspects de la vie chrétienne. Il était connu pour son honnêteté, sa droiture et son intégrité. Il est devenu rapidement un apôtre zélé pour témoigner de sa foi, et s’est engagé dans bien des activités de la communauté chrétienne.

Il a été assassiné, alors qu’il refusait de participer à une campagne qui l’obligeait à consulter un sorcier. En 1989, de violents orages s’abattent sur la région de Thohoyandou, et la foudre détruit plusieurs maisons. Les villageois décident alors de consulter un Sangoma, un guérisseur traditionnel, pour trouver le responsable, mais Benedict Daswa s’oppose à cette démarche au nom de sa foi catholique.

Le 2 février 1990 Daswa conduisait sa belle-sœur dont l’enfant était malade chez un docteur ; en route il prit avec lui un homme qui portait un sac de farine et le reconduisit chez lui ; alors qu’il revenait chez lui, il trouva la route bloquée par des arbres et entreprit de dégager la route. C’est alors qu’un groupe d’hommes assez jeunes l’attaquèrent.
Lapidé par des villageois


Il fut béatifié le 13 septembre 2015 par le cardinal Angelo Amato en présence de 35 000 personnes.

Comme il saignait car ses attaquants avaient commencé à lui jeter des pierres, il laissa sa voiture endommagée, il alla se réfugier dans une hutte voisine chez une vieille dame qui fut menacée de mort si elle ne révélait pas où était Daswa. Lorsque les assaillants le trouvèrent, ils le battirent à mort et versèrent même de l’eau bouillante sur lui pour s’assurer qu’il était bien mort. Avant de mourir Daswa avait prié ainsi : « Entre tes mains Seigneur je remets mon esprit. »

La maman de Benedict se convertit et fut baptisée ; elle économisa sur sa pension pour construire une tombe pour son fils assassiné. Cette tombe fut bénie en 2000. Le 24 août 2015 ses restes furent transférés dans l’église de L’Assomption de Nweli et le cercueil était porté par les enfants de Benedict. Le 10 juin 2008, la cause de béatification fut introduite et en 2010 Daswa fut déclaré serviteur de Dieu. Et le 22 janvier 2015 il fut reconnu comme martyr. Il fut béatifié le 13 septembre 2015 par le cardinal Angelo Amato en présence de 35 000 personnes.

Benedict a été une inspiration sur bien des aspects de la vie chrétienne. Bien vite il s’est aperçu que toute la question de la sorcellerie, qui a été la cause de la mort de bien des personnes complètement innocentes, était absolument contraire à l’enseignement du Christ. À partir de ce moment, et dans sa vie privée et en public, il s’est opposé ouvertement contre ce mal. Benedict avait compris que la communauté chrétienne devait être libérée des effets paralysants de la sorcellerie, et aider la communauté à devenir adulte. C’est sa prise de position qui a été la cause de son assassinat dans la communauté locale.

P. Didier Michon, M. Afr.

Pour plus voir: http://www.mafrome.org/fides259.htm

 

 

Bienheureux Cyprien Michaël Tansi
Moine cistercien Nigérian

Iwene Tansi est baptisé à 9 ans: il reçoit le prénom de 'Michael'. Il travaille comme professeur et catéchiste avant d'entrer au petit séminaire. Il est ordonné prêtre en 1937. Toutefois, il ressentait un appel croissant à la vie monastique. En 1950, il part en Angleterre au monastère trappiste du Mt Saint Bernard, à Leicester. Là, il reçut le nom de Cyprien. En 1953 il prononce ses premiers vœux, mais il ne put pas retourner dans son pays afin d'y implanter une communauté monastique comme il en avait l'intention (il en avait été nommé maître des novices), sa santé était défaillante.

Lors de la béatification du Père Tansi, le 22 mars 1998, le Pape Jean-Paul II disait de lui : « Il fut avant tout un homme de Dieu : les longues heures passées devant le Très Saint Sacrement remplissaient son cœur d'un amour généreux et courageux. Ceux qui l'ont connu témoignent de son grand amour pour Dieu. Ceux qui l'ont rencontré sont restés frappés de sa bonté personnelle. Il fut aussi un homme du peuple : il a toujours placé les autres avant lui-même et il fut particulièrement attentif aux besoins pastoraux des familles. Il fit tout ce qui était en son pouvoir pour que les couples soient bien préparés au sacrement de mariage et il prêcha l'importance de la chasteté. Il s'efforça de toute manière de promouvoir la dignité des femmes. En particulier, il considérait que l'éducation des jeunes était une chose précieuse ».

 

 

 

 

Bienheureux Ghebre-Michaël
Martyr d’Éthiopie

Il a été béatifié le 31 octobre 1926 et sa fête est célébrée le 14 juillet. Né à Dibo (Godjam, au nord de l’Éthiopie), en 1791. C'est dans le monastère de Mertule Maryam, en 1816, qu'il fit sa profession, comme moine orthodoxe. (1841-1842). Après avoir longuement réfléchi et prié Ghébré-Michaël prit, en 1844, la décision de passer au catholicisme et de s'unir à la petite communauté de Mgr de Jacobis. Il enseigna dans les séminaires de Guala et d'Alitena. Le 1er janvier 1851, il fut ordonné prêtre par Mgr de Jacobis.

Lorsqu'éclata la persécution contre les catholiques, Ghébré-Michaël refusa de se cacher ou de fuir. Il fut arrêté, emprisonné à Gondar, en mai 1854, et soumis à de grands tourments : jeûne, flagellations, guend (tronc d’olivier plein d’aiguilles) et humiliations de toutes sortes. En mars 1855, il fut conduit au camp militaire de Théodoros, à Ghébba-Tarara. Ayant refusé de changer d'avis, il fut de nouveau fouetté pendant des heures et laissé pour mort. Mais le jour suivant, ses blessures s’étaient fermées miraculeusement. Ensuite il fut obligé de marcher enchaîné, derrière l'armée.

Déçu dans son espoir de le voir abjurer, l'empereur décida d'en finir avec lui. Les mains liées, debout devant le peloton d'exécution, Ghébré-Michaël répétait : "Gloire au Père, au Fils, au Saint Esprit…" Il expira le soir, sereinement, après treize mois et quatorze jours de souffrance. C'était à Liguama, dans la province de Wollo, le 28 août 1855, fête de saint Georges pour l'Église d’Éthiopie. On croit qu'il a été enterré à Were Ilu, à 80 km sud-ouest de Desie. Il est le Patron des prêtres diocésains.

 

 

Bienheureux Raphaël Rafiringa
Frère des Écoles Chrétiennes à Madagascar

Frère Raphaël Louis Rafiringa est né à Tananarive (Madagascar) le 1er mai 1856. À l'âge de dix ans, Rafiringa rencontre trois missionnaires venus christianiser l'île. Ceux-çi appartiennent à la communauté des Frères des écoles Chrétiennes. Le 24 octobre 1869, il reçoit le baptême et prend le nom de Raphaël. En 1876, il demande à rejoindre la communauté des Frères. Il y est reçu, et trois ans plus tard, en 1879, il prononce ses premiers vœux religieux.

En 1883, les religieux étrangers sont expulsés de Madagascar, et il devient alors le chef des catholiques de tout Madagascar. En 1902, il est nommé membre de l'académie de Madagascar et l'année d'après il reçoit la médaille du Mérite Civil pour son œuvre de pacification entre la France et Madagascar. Il meurt le 19 mai 1919. Le 7 juin 2009, le pape Benoît XVI le place au rang des bienheureux, ce qui en fait le deuxième malgache après Victoire Rasoamanarivo.


* 22 septembre 2016 : Retour au Seigneur du Père Xavier Boinot à Billère (France).
* 22nd of September 2016 : Return to the Lord of Father Xavier Boinot at Billère (France).


* 5 août 2016 : Retour au Seigneur du Père Luc Blancquaert à Avondrust-Varsenare (Belgique).
* 5th August 2016 : Return to the Lord of Father Luc Blancquaert in Avondrust-Varsenare (Belgium).


* 28 Juin 2016 :
Retour au Seigneur du Père Guy Freu à Pontoise (France).
* 28th June 2016 : Return to the Lord of Father Guy Freu at Pontoise (France).

 

Voix d'Afrique N°111.

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Une femme missionnaire,
humble et remarquable


 

 

Sœur Marguerite Laporte est l’une des figures marquantes chez les Sœurs Blanches
pour les responsabilités qu’elle a eues au Conseil général de la congrégation
puis pour ses dons artistiques au service de l’artisanat du pays.
Oui, ce fut une femme missionnaire remarquable, mais qui sut rester humble.

 

Née le 9 décembre 1900 dans une famille chrétienne du sud-est de la France, Marguerite Laporte frappe à la porte des smnda en octobre 1923. Elle revêt la robe et la pèlerine noires, ainsi que le bonnet de tulle, bien faits pour décourager toute prétention esthétique !

En 1924 à Alger Saint Charles (berceau de la congrégation), Marguerite reçoit l’habit blanc et quitte son joli nom de fleur, pour celui de l’humble bergère de Pibrac : Germaine. Au noviciat, c’est une agréable compagne, organisatrice et artiste, qui jamais ne se fait valoir.

Après sa profession en 1925, elle est envoyée à Alger-Marengo pour suivre un cours d’infirmière. Munie de son diplôme c’est à Ouargla qu’elle est nommée. Pendant 14 ans, elle soigne de son mieux tous ceux qui viennent au dispensaire. Avec les soins, il y a toujours la parole d’encouragement et de sympathie.

En octobre 1944, elle est nommée Supérieure Régionale du Sahara. Pendant 3 ans, elle sillonne la région par tous les temps et les moyens de locomotion possibles. On la sent libre, même dans sa façon de vivre la Règle, qu’elle est chargée de faire respecter. Pourtant, elle n’est pas toujours comprise, et parfois même critiquée plus ou moins ouvertement. C’est le lot de ceux qui secouent le ronron rassurant.

Quelques années plus tard, notre sœur va connaître une autre responsabilité non moins lourde : son élection au Conseil Général la bouleverse et elle pleure devant la respectable assemblée…

Sans perdre de temps, elle se met au travail. Avec la secrétaire générale, elle aide à mettre sur pied une « Documentation » accessible à toutes les sœurs, et elle prépare le Directoire qui paraît en 1953. Pour la première fois, les vœux y sont présentés sous leur forme positive, et non seulement sous leur aspect juridique et restrictif.

Suivent alors les visites dans les divers postes de la congrégation, visites qui élargissent ses horizons et facilitent sa compréhension des différentes provinces.

En mai 1959, Mère Germaine-Marie, est élue Assistante générale.
En mai 1965, elle termine son mandat de 6 ans, mais elle reste encore trois ans à la Maison généralice. Ce sont des années de ressourcement, de prière et de travail dans l’ombre.

Janvier 1970 : c’est le retour en Algérie. Elle peut enfin déployer d’une façon inattendue, ses dons artistiques et ses connaissances. Nommée par la congrégation pour suivre l’artisanat et son évolution dans nos ouvroirs en Algérie, elle est bien vite embauchée par la Direction de la Tutelle des S. A .P. (Sociétés Agricoles de Prévoyance). Elle doit constituer un Bureau de Recherche sur les tissages, les broderies, les poteries… tout un trésor qui va se perdre et qu’il faut garder, améliorer, moderniser. Elle y travaille d’arrache-pied.

À la demande du Ministère de l’Agriculture et de la Réforme agraire d’Algérie, Sr Marguerite (elle a repris son nom de baptême, comme la plupart des sœurs après le chapitre de 1969), participe à une étude sur les origines et l’avenir des arts traditionnels dans ce pays. Pays qu’elle parcourt pendant plusieurs années à la recherche d’un artisanat local, en tissage, broderie, poterie et vannerie. Quand on voit les magnifiques albums que le Ministère de l’Agriculture a édités grâce à elle, se doute-t-on de la somme d’efforts persévérants qu’ils lui ont coûtés ? « Jeux de trame en Algérie » 1975 – « Pour un renouveau des Arts populaires en Algérie » 1977 – « À la rencontre de la poterie modelée » 1982.

Seules les personnes qui ont vécu avec elle peuvent mesurer la quantité de travail, de patience, d’humilité aussi, qu’elle a dû déployer pour réaliser ce travail colossal.

En Kabylie, elle va chez une potière, et à partir de l’argile, elle apprend de cette femme, tout le processus de préparation de la poterie.

Sœur Marguerite sait écouter et observer les femmes algériennes, pour s’initier à tous les rouages de cet art traditionnel. Celles-ci d’ailleurs sont à la fois nos maîtres et nos collaboratrices, sans lesquelles le développement assez extraordinaire des ouvroirs, n’aurait pas été possible. Car l’objectif premier des ouvroirs, est la promotion de la femme dans la famille et la société. Le respect du droit des femmes, est indispensable à la reconnaissance de leur dignité, et de leur rôle social.

Certes, la formation et le soutien assurés aux artisans, par le Ministère de l’Agriculture et de la réforme agraire, relèvent d’une politique de promotion socio-culturelle des ruraux. Sœur Marguerite l’a compris depuis longtemps, dans l’attention qu’elle porte à la qualité technique et artistique des produits. Elle veut mettre en valeur le patrimoine national algérien, et lui assurer une audience internationale.

17 années durant, jusqu’a son retour définitif en France, Sr Marguerite se donne « corps et âme », dans ce travail de recherche, d’exploitation et de mise en valeur de l’héritage culturel algérien. C’est à force de démarches pour aller à la rencontre – jusque dans les endroits les plus reculés – de l’art ancestral, qu’elle arrive à faire naître la conscience de la nécessité de la sauvegarde et de la continuité de ce patrimoine.

Elle est très exigeante dans une recherche constante de qualité et d’authenticité, selon le génie propre à l’Algérie, et dans les normes de ses traditions culturelles les meilleures.

Si ce travail de grande envergure qu’elle entreprend, a pour but premier de sauvegarder le patrimoine national algérien, il permet en même temps aux artisan(e)s de travailler à leur propre promotion sociale.

Il faut noter que si l’inventaire de l’art du tissage comme celui de la poterie ou de la broderie, remonte dans le passé pour retrouver les cheminements d’une forme de culture très ancienne, son but est en définitive d’aider à enraciner les créations naissantes, dans un humus authentiquement maghrébin.

C’est vraiment là, peut-on dire, le sens profond de l’œuvre de sœur Marguerite. Et le Ministre de l’Agriculture, Tayebi Larbi, l’a fort justement exprimé dans l’hommage qu’il a rendu à ce travail : « Il nous amène à une connaissance toujours meilleure de l’Algérie et de ses valeurs profondes, celles du lointain passé, et celles d’un avenir qui se tisse au rythme des efforts du présent ».


Sr Huguette Régennass

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Les informations sur nos maisons de formation datent de quelques années, et nous avons demandé aux responsables de ces maisons de nous donner des nouvelles plus récentes.
La première réponse reçue vient de Samagan, le noviciat près de Bobo-Dioulasso (lire la suite)

 

La deuxième réponse nous a été donnée par la "Maison Lavigerie", notre maison de formation à la périphérie de Ouagadougou, où les candidats ont leurs trois premières années de formation (lire la suite)