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Mali : Aguelhok, victime collatérale des affrontements entre Minusma et groupes armés

| Par - à Bamako
Mis à jour le 30 juin 2021 à 14h02
Des Casques bleus du contingent de la Minusma à Aguelhok, le 19 janvier 2019.

Des Casques bleus du contingent de la Minusma à Aguelhok, le 19 janvier 2019. © Photo MINUSMA/Marco Dormino

 

Dans le nord du Mali, la proximité du camp de Casques bleus avec des habitations met en danger les populations civiles d’Aguelhok. Des collectifs de ressortissants de cette commune d’éleveurs touareg exigent sa délocalisation.

L’écho s’est propagé des venelles sablonneuses d’Aguelhok jusqu’aux hôtels de la capitale. Depuis plusieurs semaines, le camp de la Minusma situé dans cette localité du nord du Mali est sous le feu des critiques. Des collectifs de ressortissants de cette commune d’éleveurs touareg et leurs soutiens organisent des mobilisations, exigeant « la délocalisation sans délai du camp de la Minusma ». Un sit-in est prévu le 12 juillet devant le siège de la mission onusienne à Bamako.

Venu remplacer un camp des Forces armées maliennes (Fama), celui des Casques bleus d’Aguelhok se dresse à quelques centaines de mètres à peine des habitations, à l’est de la ville. Une proximité qui « met en danger les civils que la Minusma est censée protéger », accuse Malick Ag Eljimit, porte-parole du Collectif des ressortissants d’Aguelhok.

Entre deux feux

En conférence de presse à Bamako le 18 juin, il déroule la longue litanie de maux dont la Minusma est accusée. Il explique que chaque attaque subie par les Casques bleus donnerait lieu à « des dommages collatéraux dont sont victimes les populations civiles prises entre deux feux ». « À chaque attaque, des maisons, des écoles sont touchées, ajoute le porte-parole. Les populations n’en peuvent plus et beaucoup ont déserté la ville. »

Et pour cause : parmi les treize sites onusiens qui accueillent des Casques bleus au Mali, celui d’Aguelhok est la cible privilégiée des groupes armés. Sur quarante attaques subies depuis septembre 2018, dix-neuf ont visé Aguelhok, contre onze pour le camp de Tombouctou ou huit contre celui de Ménaka, selon les chiffres de la Minusma.

Pour se défendre, la mission de l’ONU pointe une « opération de propagande ». « Après le cuisant revers qu’ils ont subi lors de l’attaque du 2 avril, les terroristes tentent de poursuivre la guerre par d’autres moyens. Par la propagande notamment, à travers les réseaux sociaux, afin de discréditer le travail de la Minusma, qui est pourtant appréciée par les populations, affirme une source interne à la Minusma. Nous déplorons le fait qu’un grand nombre de familles, par crainte des groupes terroristes ou parce qu’on les y a forcés, ait quitté la ville. »

Notre interlocuteur reconnaît un climat « délétère » depuis quelques semaines avec les populations d’Aguelhok et souligne qu’« en réalité, à Aguelhok et dans d’autres villes comme Kidal, ce sont les populations qui se sont rapproché des camps. Initialement, le camp d’Aguelhok se trouvait à 400 ou 500 mètres des maisons, mais depuis 2016, de plus en plus de constructions se sont rapprochés du camp sur le côté sud. »

Exactions sur des civils

La Minusma, un des treize sites onusiens du Mali, est installée juste à côté de la ville d’Aguelhok. © SOULEYMANE AG ANARA/AFP

« Il n’y a ni manipulation ni agenda caché, rétorque Malick Ag Eljimit. Le vrai problème, c’est que des populations qui vivent majoritairement de l’élevage ne peuvent plus vaquer librement à leurs activités parce qu’elles se sentent en danger et parce que toutes les entrées de la ville passent par le camp ou les check-points de la Minusma. Nous ne demandons pas le départ de la Minusma, mais sa délocalisation et des enquêtes indépendantes. »

« Il y existe certainement une porosité entre certains ressortissants d’Aguelhok et des membres d’Ansar Eddine ou du GNIM [Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans]. Mais le problème, au-delà du camp de la Minusma, ce sont ses ‘locataires’ », décrypte quant à lui un spécialiste des conflits armés au Mali qui souhaite garder l’anonymat.

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CAPTURÉS PAR LE CONTINGENT TCHADIEN DE LA MINUSMA ET EXÉCUTÉS ALORS QU’ILS ÉTAIENT VENUS CHERCHER DES SOINS

Les « locataires », ce sont les Casques bleus tchadiens, un contingent régulièrement accusé d’exactions sur des civils. Les populations d’Aguelhok leur reprochent ainsi d’avoir exécuté plusieurs civils en représailles après l’attaque du 2 avril. Ce jour-là, leur camp a été pris d’assaut par plus d’une centaine de djihadistes et quatre Casques bleus ont perdu la vie.

Officiellement, le bataillon tchadien a par la suite mené une série d’opérations de ratissage ayant permis de neutraliser une quarantaine de jihadistes. Mais à Aguelhok, on assure que plusieurs civils ont été ciblés. Les habitants de la ville citent Attiyoub Ag Alhousseini, Aklil Ag Issouf ou encore Baye Ag Aklil, « capturés par le contingent tchadien de la Minusma et exécutés au sein même de leur camp alors qu’ils étaient venus chercher des soins ».

Pour faire la lumière sur ces accusations, la Minusma a annoncé l’ouverture de plusieurs enquêtes. « Nous avons notamment pour mission de protéger les civils et nous n’acceptons en aucun cas qu’ils soient ciblés. Nous avons immédiatement ouvert des enquêtes pour établir les faits au sujet de ces allégations de violations de droits de l’homme », tente de rassurer l’une de ses porte-parole.

Concernant les déplacements de population, la Minusma les impute aux attaques successives menées par des groupes armés, qui auraient « apeuré la population ». « La Minusma n’est pas la source de cette insécurité, insiste la porte-parole contactée par Jeune Afrique. Au contraire, elle la combat dans la limite de son mandat et de ses moyens dans cette zone où les forces gouvernementales ne sont pas suffisamment présentes. »

Une frustration légitime

Le mandat de la Minusma, qui se limite au « maintien de la paix » et ne prévoit pas de lutte anti-terroriste, est régulièrement remis en question. « En 2017, des officiers estimaient que 93 % des ressources et effectifs de la Minusma étaient alloués à la protection de la force elle-même plutôt qu’au reste de ses activités, pointe un bon connaisseur des conflits au Sahel. Cela a créé une frustration légitime. » Un chiffre que dément la Minusma, qui estime qu’à ce jour 12,2% seulement des forces autorisées sont dédiées à la protection de la mission onusienne.

Notre source souligne que tous les contingents ne sont pas perçus de la même manière par les populations : « Les patrouilles effectuées par les Casques bleus britanniques dans les cercles de Gao et d’Ansongo sont appréciées, notamment parce qu’elles ont permis de faire reculer le banditisme dans ces zones. »

« La demande de plus de robustesse vient d’un besoin, compréhensible, de résoudre la situation sécuritaire une fois pour toutes. Le mandat actuel est déjà très robuste mais ce n’est pas le rôle de la Minusma que de résoudre tous les problèmes sécuritaires du Mali », tranche-t-on côté onusien. Alors qu’une nouvelle résolution doit être adoptée fin juin, huit ans après le lancement de la mission, une évolution de son mandat n’est pas à l’ordre du jour. Pas même après les récentes annonces d’Emmanuel Macron sur la fin prochaine de l’opération Barkhane dans sa forme actuelle.

Alioune Sarr : « Air Sénégal confortera notre position de hub régional »

| Par - à Dakar
Mis à jour le 28 juin 2021 à 13h10
Le ministre sénégalais du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, à Dakar en juin 2021.
Le ministre sénégalais du Tourisme et des Transports aériens, Alioune Sarr, à Dakar en juin 2021. © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

Après une « annus horribilis » due à la pandémie, le ministre sénégalais du Tourisme et du Transport aérien aligne avec confiance les projets : nouvelles liaisons aériennes à l’international, réfection de treize aéroports nationaux, complexes hôteliers haut de gamme…

Depuis les débuts de la pandémie de Covid-19, en 2020, le ministre Alioune Sarr n’est pas à la fête. N’a-t-il pas la charge de deux secteurs qui ont été frappés de plein fouet par les retombées de ce séisme sanitaire : le tourisme et le transport aérien ?

Dans les semaines qui ont suivi le « lockdown » adopté par le Sénégal en mars 2020, la fréquentation de l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) a brutalement chuté, tandis que les pertes engrangées par la compagnie nationale, Air Sénégal SA, ont, à l’inverse, atteint des sommets.

Quinze mois plus tard, alors que la campagne de vaccination progresse dans les pays connectés au pays de la Teranga, Alioune Sarr peut envisager l’avenir avec davantage de sérénité. Tandis qu’Air Sénégal se prépare à desservir en septembre la côte est des États-Unis, des projets hôteliers ambitieux, portés par Riu ou par le Club Med, avancent à grands pas, tandis que les villes nouvelles promises par l’artiste américain – d’origine sénégalaise – Akon sont censées sortir de terre d’ici à 2023.

De plus, pour asseoir le statut d’Air Sénégal, un ambitieux plan de réfection des aéroports régionaux promet aux Sénégalais des liaisons intérieures à l’horizon de la fin de cette année.

Issu de l’Alliance des forces de progrès (AFP), dont le président-fondateur, Moustapha Niasse, annonce sa retraite prochaine, Alioune Sarr – pressenti pour lui succéder à la tête du parti – revient pour Jeune Afrique sur l’annus horribilis traversée par le Sénégal, tout en assurant que la sortie du tunnel est pour bientôt.

Jeune Afrique : Au cours des dix-huit mois écoulés, le tourisme et les transports aériens ont été particulièrement impactés par les retombées de la pandémie. Quelle a été l’ampleur du préjudice subi par le Sénégal ?

Alioune Sarr : Le Covid-19 a eu un impact extrêmement important dans ces deux secteurs. Lorsque nous avons pris la décision de fermer les frontières, le 20 mars 2020, le trafic aérien a subitement chuté de 97 %. Et la compagnie Air Sénégal SA a perdu 19 milliards de F CFA [29 millions d’euros] en l’espace de trois mois.

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UN FONDS DE 50 MILLIARDS DE F CFA POUR ÉPAULER AIR SÉNÉGAL ET L’ENSEMBLE DES STRUCTURES DE L’AÉRONAUTIQUE

Avec la perte des redevances liée à cette situation, l’ensemble des structures qui gèrent l’Aéroport international Blaise Diagne (AIBD) ont vu leurs ressources se tarir, comme l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) et l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna).

C’est ce qui a conduit le président Macky Sall à mettre en place un fonds de résilience économique et sociale d’un montant de 50 milliards de F CFA pour épauler Air Sénégal et l’ensemble des structures de l’aéronautique affectées par cette situation. Une autre ligne de crédit, du même montant, a par ailleurs été mise en œuvre pour soutenir le tourisme, lui aussi frappé de plein fouet.

L’objectif est double : préserver les emplois et les entreprises. Il faut noter que plus de 300 000 Sénégalais travaillent directement ou indirectement dans le secteur du tourisme et qu’ils sont 6 000 dans le transport aérien. Un plan de relance a donc été élaboré pour surmonter cette phase critique.

 

À l’aéroport international Blaise-Diagne (AIBD) de Diass, près de Dakar. © © Sylvain Cherkaoui pour JA

Où en est-on aujourd’hui concernant les restrictions de voyage ?

Le protocole sanitaire n’a pas varié depuis lors. Tout passager pénétrant sur le sol sénégalais doit présenter un test PCR au moment d’embarquer et à son arrivée au Sénégal. Depuis que la campagne de vaccination a débuté, l’idée d’instaurer un passeport vaccinal est en train d’émerger, ce qui nous conduira à aménager ce protocole pour les passagers ayant reçu leurs deux doses de vaccin.

Le Covid-19 nous a posé un double défi : d’un côté, préserver la santé des populations ; de l’autre, préserver notre économie. Toutes les décisions prises jusqu’ici étaient adossées aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce qui nous a permis de canaliser l’ampleur de l’épidémie. L’État sénégalais est resté debout, tout comme le secteur privé.

D’après un audit réalisé par KPMG, il y a eu, au cœur de la crise sanitaire, une chute du trafic aérien de -55,8 % à l’AIBD. Qu’en est-il aujourd’hui ?

L’ensemble des lignes aériennes ont rouvert et la tendance est à l’amélioration de l’activité de l’aéroport.

Depuis le début de l’année 2021, Air Sénégal dessert de nouvelles destinations, comme Lyon et Milan, et vous annoncez pour  le mois de septembre des vols vers New York et Washington…

La ligne Dakar-New York-Washington ouvrira le 2 septembre prochain. C’est une ligne particulièrement importante puisque reliant le Sénégal à la première puissance économique mondiale. Elle l’est aussi sur le plan touristique car nombre d’Africains-Américains éprouvent le besoin de se ressourcer sur le continent, notamment en visitant l’île de Gorée, au large de Dakar. Aussi cette liaison permettra-t-elle de développer le tourisme mémoriel avec nos parents de la diaspora africaine-américaine.

Il s’agira également de conforter la position de hub de l’AIBD en permettant à Air Sénégal de collecter des voyageurs venus de toute la sous-région pour les acheminer (en sept heures) jusqu’à la côte est des États-Unis – avec des connexions possibles vers Montréal en « interline », en partenariat avec Delta Air Lines ou Air Canada.

Par ailleurs, nous avons récemment densifié notre trafic vers l’Afrique centrale – avec des connexions vers Douala et Libreville –, ce qui est important pour les exportations, notamment dans le secteur halieutique. Et nous prévoyons d’ouvrir, au début de 2022, des vols vers Genève et Londres afin de connecter le Sénégal aux principaux marchés émetteurs du tourisme mondial. Ce projet avait dû être reporté à cause de la pandémie.

Le Plan Sénégal émergent (PSE) aspire à faire du transport aérien un des moteurs de la croissance économique du Sénégal. Le fait de disposer d’une compagnie aérienne est-il suffisant pour atteindre cet objectif ?

Cette ambition repose sur trois grands piliers. Premièrement : disposer avec l’AIBD d’un aéroport de rang international, mais aussi construire ou réhabiliter treize aéroports au niveau régional.

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FAIRE D’AIR SÉNÉGAL UNE COMPAGNIE NATIONALE FORTE

Deuxièmement, il s’agit de faire d’Air Sénégal une compagnie nationale forte, ce qui est essentiel pour rendre viable ce hub aérien et en faire un lieu de collecte des passagers au niveau régional. La compagnie doit donc à la fois connecter le Sénégal avec les marchés du monde entier en matière de tourisme et avec nos principaux partenaires économiques.

Troisièmement, il est nécessaire de développer tout l’écosystème autour du transport aérien : l’aviation civile, afin d’avoir un espace aérien sécurisé, le fret, la logistique et la maintenance… C’est pourquoi un centre de maintenance et un centre de formation aux métiers de l’aéronautique verront le jour à l’AIBD.

Le président Macky Sall a effectué en juin une visite dans le Fouta, au nord du pays, où il a notamment été question de l’aéroport de Matam-Ourossogui. Quelles sont les échéances avant de pouvoir relier plusieurs « capitales » régionales à Dakar et au réseau international d’Air Sénégal ?

À l’heure où je vous parle, l’aéroport de Saint-Louis a été complètement reconstruit et il est opérationnel à 95 %. Il devrait être réceptionné à la fin de l’année 2021 et aura le statut d’aéroport international, directement accessible depuis l’étranger. Le deuxième aéroport à entrer en service sera celui de Matam-Ourossogui, qui doit être livré le 5 avril 2022.

Puis nous devrions enchaîner avec l’aéroport de Kédougou, une ville située dans l’une des plus belles régions du Sénégal, ce qui permettra de l’ouvrir au tourisme à travers cette connexion aérienne. Ensuite viendront les aéroports de Tambacounda et Ziguinchor. Ces cinq aéroports s’inscrivent dans la première phase du Programme de reconstruction des aéroports du Sénégal (PRAS).

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À TERME, PAS MOINS DE TREIZE AÉROPORTS AURONT DONC ÉTÉ RECONSTRUITS OU RÉNOVÉS

Dans une deuxième phase, ce sont huit autres aéroports qui deviendront opérationnels : Kolda, Cap Skirring, Simenti, Linguère, Bakel… À terme, pas moins de treize aéroports auront donc été reconstruits ou rénovés. Et Air Sénégal s’est vu assigner l’objectif d’aligner son plan d’action sur cette nouvelle donne.

Cela nécessitera d’accroître la flotte de la compagnie. Le trafic sera-t-il suffisant pour rendre viable cette volonté politique de développer le trafic aérien intérieur, en marge des vols internationaux ?

Aujourd’hui, un Sénégalais qui veut rejoindre Matam depuis Dakar doit compter environ cinq heures de route – un délai qui a été amélioré du fait des nouvelles infrastructures autoroutières. En avion, il lui faudrait moins d’une heure de vol. Et cette amélioration se répercutera sur l’acheminement des productions agricoles ou horticoles, sans parler des opportunités touristiques.

Aujourd’hui, la ville de Saint-Louis, le pays bassari [sud-est du Sénégal], le site de Ranérou [nord-est] ou encore le site mégalithique de Sine Ngayène [centre] sont classés au patrimoine mondial de l’Unesco. Il est donc essentiel, d’un point de vue touristique, d’améliorer la connectivité aérienne entre Dakar et ces régions.

 
Vue d’Andyel, village en pays Bandafassi au sud-est du Sénégal. © Carsten ten Brink/Flickr/Licence C

 

Où en est le projet de ville nouvelle « Akon City », dont on parle beaucoup depuis quelques années mais dont la concrétisation reste virtuelle ?

Le chanteur Alioune Badara Thiam, alias Akon, a soumis à l’État du Sénégal un projet constitué de deux volets : un « village Akon », à l’image de l’Afrique, sur une superficie de 5 hectares ; et une ville nouvelle, « Akon City », avec des hôtels, des tours, des restaurants, sur une superficie de 50 hectares.

Akon a signé un bail avec l’État à travers la Société d’aménagement et de promotion des côtes et zones touristiques du Sénégal (Sapco), elle-même rattachée au ministère du Tourisme. Au Sénégal, le foncier est attribué pour une durée de deux ans, puis on évalue si les investissements annoncés ont été réalisés ou non. Nous en sommes encore à cette phase.

Ce projet mobilise des investissements très importants et il s’inscrit dans le PSE, qui prévoit de faire du tourisme un moteur de la croissance du pays, notamment à travers les « villes intégrées », destinées à promouvoir un tourisme à forte valeur ajoutée. Le Sénégal vise un tourisme haut de gamme, ce qui nécessite des investissements structurels.

Le projet d’Akon doit s’intégrer à la zone touristique de Mbodiène [sur la côte, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Dakar, ndlr]. D’autres projets du même type sont prévus à Pointe-Sarène [90 km au sud de Dakar], au Cap Skirring ou à Toubacouta [au sud-ouest], où nous disposons de sites réservés.

Quel intérêt le Sénégal a-t-il de voir une ville nouvelle émerger sous l’égide d’un opérateur privé, musicien qui plus est ?

Notre objectif est de promouvoir un tourisme de très grand standing. Avec des hôtels, des terrains de golf… Le tourisme haut de gamme crée des richesses, des emplois, et la seule condition que nous imposons à ces partenaires est le respect des lois et règlements du Sénégal. La Sapco dispose d’un « masterplan », autrement dit d’un cahier des charges que ces partenaires se doivent de respecter.



Modélisation d’Akon City. © Hussein Bakri/BAD Consultant

Akon n’est pas le seul interlocuteur à promouvoir un projet touristique ambitieux. Le groupe touristique espagnol Riu ou le français Club Med sont eux aussi sur les rangs…

Le groupe Riu doit livrer à la fin de l’année 2021 un hôtel de 535 chambres à Pointe-Sarène. J’ai visité les infrastructures et le projet est très avancé. À Mbodiène, des investisseurs allemands ont eux aussi un projet hôtelier très ambitieux dont les travaux pourraient commencer au début de 2022.

Quant à Club Med, ils avaient déjà un hôtel au Cap Skirring, en Casamance. Et sur la Petite côte,  ils sont en train de finaliser un tour de table pour faire aboutir un projet sur le terrain de l’ancien Domaine de Nianing. Mais l’État n’est pas directement concerné, il s’agit de projets privés.

Notre rôle est avant tout d’offrir les meilleures conditions possibles aux investisseurs. Et aussi de positionner le Sénégal dans le tourisme événementiel et le tourisme d’affaires, avec, par exemple, le Dakar Arena ou le Centre international de conférences, à Diamniadio. En 2022, nous comptons entrer dans une nouvelle ère en termes de promotion de la destination Sénégal.

En marge de votre fonction ministérielle, vous êtes aussi un cadre important de l’Alliance des forces de progrès (AFP), dont le fondateur, Moustapha Niasse, président de l’Assemblée nationale, devrait prendre prochainement sa retraite politique. Votre nom est avancé pour lui succéder. Le confirmez-vous?

Depuis une vingtaine d’années, je suis au service de mon parti, de ma famille politique et de mon pays. Nous appartenons à la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), emmenée par le président Macky Sall, qui représente une chance pour le Sénégal.

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À PARTIR DE 2023, NOUS SERONS CONFRONTÉS AUX DÉFIS POSÉS PAR L’EXPLOITATION DU PÉTROLE ET DU GAZ

D’une part, car dans l’histoire de notre pays cette coalition est celle qui a connu la plus grande longévité ; et d’autre part, car elle a permis nombre de réalisations concrètes, comme le démontrent les investissements consentis dans les secteurs du tourisme et du transport aérien que je viens d’évoquer. À partir de 2023, nous serons par ailleurs confrontés aux défis posés par l’exploitation du pétrole et du gaz.

Je fais partie de ceux qui pensent que nous devons dépasser les clivages politiques afin de relever ces défis. Autrement dit, parvenir à des consensus forts sur les sujets essentiels. Nous ne pourrons pas nous substituer à Moustapha Niasse, qui a été successivement directeur de cabinet du président de la République, ministre des Affaires étrangères pendant plus de onze ans, deux fois Premier ministre, président de l’Assemblée nationale pendant dix ans…

À défaut de l’égaler, on peut tout de même lui succéder. Mais depuis 2012, l’AFP – tout comme le parti socialiste – ne s’est-elle pas dissoute dans la coalition BBY au profit du parti présidentiel, l’Alliance pour la République (APR) ?

L’AFP a signé un pacte avec le président Macky Sall lors de la présidentielle de 2012. L’engagement mutuel était de gagner ensemble puis de gouverner ensemble. La réalité politique, c’est que Macky Sall a gagné la présidentielle. Mais notre parti est dignement représenté au gouvernement et dans les 45 départements du Sénégal.

Par ailleurs, le bilan de Moustapha Niasse à la présidence de l’Assemblée nationale est palpable. D’abord, à travers la stabilité de l’institution sans laquelle aucun gouvernement ne saurait gouverner. Et nous avons aussi apporté notre contribution au gouvernement. Les sensibilités politiques de l’électorat sont aujourd’hui éclatées, il est donc préférable d’aller à une élection au sein d’une coalition.

Au Sénégal, les élections présidentielles et législatives se tiennent conformément au calendrier prévu. Il en va autrement des élections locales, dont les dernières sont attendues depuis 2019 et sans cesse reportées. Comment l’expliquez-vous ?

Il y a eu des discussions, concernant les élections locales, dans le cadre du dialogue politique. Et ce scrutin pouvait difficilement se tenir tant que les conditions préalables évoquées lors de ce dialogue n’étaient pas réglées. Par exemple, l’audit du fichier électoral, qui est une revendication de l’opposition.

Les recommandations d’experts indépendants ont été formulées, puis adressées au ministre de l’Intérieur. Et les aménagements qui en sont issus doivent désormais conduire à des refontes du code électoral qui seront elles-mêmes soumises aux députés. Dans une vieille démocratie comme le Sénégal, mieux vaut une longue concertation avant le scrutin qu’une contestation après.

 

Massacre de Solhan: entre le GSIM et l'EI, l'enjeu de la réputation

Bâtiments détruits dans le village de Solhan, victime d'une attaque dans la nuit du 4 au 5 juin 2021. Photo prise le 7 juin 2021.
Bâtiments détruits dans le village de Solhan, victime d'une attaque dans la nuit du 4 au 5 juin 2021. Photo prise le 7 juin 2021. © via REUTERS - PRIME MINISTER'S PRESS SERVICE

Trois semaines après le massacre de Solhan, au Burkina Faso, le gouvernement burkinabè a attribué l'attaque au Groupe de soutien à l’islam
et aux musulmans, lié à al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce que le GSIM dément. À présent, ce sont leurs rivaux du groupe État islamique
µqui communiquent sur le sujet.

Dans sa dernière revue de propagande Al-Naba, le groupe État islamique accuse le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de
« fuir ses responsabilités ». Pour l’EI, c’est bien le groupe rival dirigé par Iyad ag Ghali et lié à al-Qaïda au Maghreb islamique 
qui a sauvagement attaqué Solhan. Et ce en dépit du démenti apporté par le GSIM à peine trois jours après le massacre d'au moins
132 personnes dans ce village du Sahel.

L’enjeu de cette inhabituelle guerre des communiqués, c’est l’image offerte aux populations. Les combattants de l’État islamique au Grand Sahara,
auteurs de plusieurs attaques massives, sont généralement considérés comme plus cruels que leurs rivaux du GSIM,
lesquels ne se privent d’ailleurs pas de se présenter auprès des populations comme plus mesurés, et à l’écoute des problèmes quotidiens,
comme les conflits fonciers, qu’ils contribuent même parfois à régler. « Jusqu’ici, c’est le GSIM qui s’efforçait de discréditer l’EIGS en pointant
ses excès contre les civils
 », explique Héni Nsaibia, chercheur qui scrute les mouvements des groupes jihadistes au Sahel au sein du projet Acled.
« À présent, poursuit-il, on a un aperçu de ce qu'ils peuvent faire eux-mêmes. »

Divisions 

Ce que précise le chercheur, c’est que l’attaque de Solhan aurait en fait suscité des divisions au sein même du groupe lié à Aqmi.
La katiba Mujaïd al-Qaïda, littéralement « les combattants de l’islam d’al-Qaïda », à laquelle les autorités burkinabè attribuent le massacre de Solhan,
n’est connue d’aucun spécialiste de la zone – et RFI en a interrogé beaucoup –, mais les termes correspondent en fait à la manière habituelle
qu’ont les combattants d’Aqmi de se désigner. Selon Héni Nsaibia, c’est bien un sous-groupe du GSIM qui a mené cette attaque,
dont « la direction a choisi de se désolidariser par une communication purement stratégique. »

Le chercheur évoque, outre ses propres sources d’information, le modus operandi de l’attaque, et notamment l’utilisation d’engins explosifs laissés
à Solhan pour en interdire l’accès à l’armée nationale. Une manière de faire « typique » du GSIM, selon Héni Nsaibia, davantage que du groupe
État islamique au Grand Sahara. Et qui, selon lui, rend également « douteuse » l’information communiquée par Ouagadougou selon laquelle
la majorité des assaillants étaient âgés de 12 à 14 ans.« Cela semble assez exagéré », estime Héni Nsaibia, qui rappelle l’ampleur de l’attaque
et son niveau d’organisation, avec des engins explosifs improvisés, préparés et plantés en avance, ou encore du matériel pré-caché.

Sénégal: tensions à l’Assemblée sur des projets de modification de la législation

Vue de l'Assemblée nationale sénégalaise à Dakar. (Image d'illustration)
Vue de l'Assemblée nationale sénégalaise à Dakar. (Image d'illustration) RFI/Guillaume Thibault

Au Sénégal, un important dispositif sécuritaire a été déployé ce vendredi 25 juin aux abords de l’Assemblée nationale où des projets de modification du Code pénal et du Code de procédure pénale doivent être examinés par les députés. La majorité assure qu’il s’agit de « renforcer la lutte contre le terrorisme ». L’opposition dénonce des textes « liberticides » à l’encontre du droit à manifester. 

Avec notre correspondante à DakarCharlotte Idrac

« Nous ne sommes pas des terroristes », c’est l’un des slogans des opposants à ces projets de modification sur « la définition d’association de malfaiteurs » et « la définition des actes terroristes ». Pour l'opposition parlementaire, ces modifications assimilent le trouble à l'ordre public au terrorisme. « Inacceptable », selon elle et le M2D, le mouvement de défense de la démocratie qui soutient Ousmane Sonko. Ils ont lancé l’alerte dès jeudi après-midi, en appelant à manifester devant l’Assemblée. Pour eux, « le concept de terrorisme ne doit pas servir de prétexte pour bloquer les opposants politiques ».

« Faux », répond la majorité qui accuse de son côté l’opposition de faire « de la désinformation systématique ». Pour le groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, ces projets de loi visent plutôt à lutter plus efficacement contre le terrorisme « qui s’est complexifié dans son organisation, dans ses outils ». Il fallait donc compléter l’arsenal législatif. Au-delà des points qui font polémique, les textes portent notamment sur le financement du terrorisme ou encore la piraterie maritime.

 

Cette nouvelle confrontation intervient après les violentes émeutes du mois de mars et deux jours après l’anniversaire du Mouvement du 23 juin 2011. Ce mouvement de contestation populaire qui avait conduit le président de l’époque Abdoulaye Wade à renoncer à son projet de réforme constitutionnelle.

 

Côte d’Ivoire – Kandia Camara : « Notre objectif est de créer une nation »

| Par 
Mis à jour le 21 juin 2021 à 14h41
Kandia Camara a été nommée ministre des Affaires étrangères en avril dernier, après dix années à l’Éducation.

Kandia Camara a été nommée ministre des Affaires étrangères en avril dernier, après dix années à l’Éducation. © MAE COTE D’IVOIRE

La première femme ministre des Affaires étrangères en Côte d’Ivoire est une fidèle du président Alassane Ouattara. Pour « Jeune Afrique », elle dresse le bilan des dernières législatives et se positionne résolument en faveur de la réconciliation et du pardon.

À la fin de mai, à l’occasion du sommet des chefs d’États de la Cedeao consacré à la crise malienne, Kandia Camara a fait ses premiers pas sur la scène continentale en accompagnant Alassane Ouattara à Accra. Nommée ministre des Affaires étrangères il y a moins de trois mois, cette fidèle du chef de l’État est la première femme à diriger la diplomatie ivoirienne. Un domaine qu’elle découvre et où elle demeure un soutien pour le président, s’exprimant plus volontiers sur les projets de la majorité que sur les dossiers internationaux.

Active en politique depuis trente ans, Kandia Camara est l’une des figures du parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), dont elle est membre du conseil politique et du directoire.

Jeune Afrique : Quel bilan votre famille politique, le RHDP, tire-t-elle des législatives de mars ?

Kandia Camara : Le bilan est très satisfaisant, car le RHDP a la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Il l’est aussi parce que, depuis près de vingt ans, c’est la première fois que tous les principaux partis politiques de Côte d’Ivoire participent à une élection.

Aujourd’hui, toutes les institutions de la République sont en marche. Le président de l’Assemblée nationale a été élu. Le président de la République, Alassane Ouattara, a été réélu en octobre 2020, le Conseil économique et social est aussi en place. La Côte d’Ivoire démontre qu’elle est un pays démocratique et stable.

Huit ministres, sur environ trente, n’ont tout de même pas réussi à se faire élire députés…

C’est la preuve de la vitalité de notre démocratie. Les élections se sont déroulées en toute transparence. Que des ministres en poste perdent des élections, j’en ai personnellement ressenti une certaine tristesse, car ce sont des collègues qui ont toujours été aux côtés de leurs administrés et qui ont beaucoup travaillé sur le terrain. Mais les électeurs ont fait d’autres choix. Et nous les respectons.

Quels sont les prochains chantiers de la majorité ?

Le président de la République et le gouvernement ont une grande ambition pour la Côte d’Ivoire. Beaucoup de chantiers ont été lancés et réalisés depuis 2011. Nous avons mené des actions de développement en matière d’infrastructures routières, scolaires et sanitaires. Malgré cela, nous estimons que beaucoup reste à faire. Il existe un vaste programme d’adduction d’eau potable dont bénéficieront les populations et un programme d’électrification de tous les villages de plus de 500 habitants.

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LA CHOSE LA PLUS IMPORTANTE EST D’AMÉLIORER LES CONDITIONS DE VIE ET DE TRAVAIL DE NOS CONCITOYENS.

Pour ce qui est du soutien aux femmes, la première dame, Dominique Ouattara, à travers le fonds Fafci (Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire) a permis à plus de 200 000 femmes de sortir de la précarité et de mener des activités génératrices de revenu. Nous comptons poursuivre ces chantiers. Le gouvernement a aussi décidé d’accorder la priorité au secteur privé, moteur de la croissance du pays. Il est le plus grand pourvoyeur d’emplois pour les jeunes et les femmes. La chose la plus importante est d’améliorer les conditions de vie et de travail de nos concitoyens.

Quels sont les équilibres au sein du RHDP ?

Dans ce parti majoritaire qu’est le RHDP, il y a des militants issus de plusieurs mouvements politiques : RDR, FPI, PDCI, UDPCI, MFA, UPCI, UDCI… Mais le RHDP n’est plus une coalition, c’est un seul parti. Nous faisons en sorte que tout le monde se fonde dans un seul et unique moule.

Prenez par exemple le gouvernement, toute la Côte d’Ivoire y est représentée, au-delà des étiquettes politiques. Vous avez des Ivoiriens de différentes obédiences politiques, provenant de pratiquement toutes les régions, de presque tous les grands groupes ethniques et de toutes les grandes religions… Le président Ouattara s’inscrit dans la même vision que le président Houphouët-Boigny. Notre objectif est de créer une nation.

C’est avec cette même volonté que le président tend la main chaque jour à l’opposition. Les Ivoiriens n’ont pas oublié la crise de 2010. Mais le président leur a demandé de pardonner. Après cette crise, il y a eu des arrestations, notamment de personnes de l’opposition qui étaient fortement impliquées dans les événements. Mais il a gracié dans un premier temps plus de 800 personnes, dont Simone Ehivet Gbagbo.

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C’EST DANS LES ACTES QUE L’ON VOIT SI QUELQU’UN EST PRÊT À LA RÉCONCILIATION.

Récemment, le président a donné des instructions afin de faciliter le retour de dizaines de milliers d’Ivoiriens qui étaient en exil. La quasi-totalité d’entre eux est rentrée. Je viens de signer des laissez-passer pour des exilés qui arrivent d’Accra. Le gouvernement et l’opposition ont organisé régulièrement des réunions pour préparer le retour de l’ancien président Laurent Gbagbo [celui-ci est finalement rentré le 17 juin]. Pour consolider la paix et aller à la réconciliation, tout le monde doit se mettre autour de la table.

Comment se réconcilier sans justice ?

On a coutume de dire qu’il ne peut y avoir de réconciliation sans justice. C’est la raison pour laquelle il y a eu des procès et des condamnations. Certains ont été arrêtés et ont purgé leur peine. D’autres ont bénéficié de la grâce présidentielle… Tout cela illustre la volonté du président d’ouvrir une nouvelle page pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens, afin que le pays s’installe définitivement dans la stabilité et la paix. C’est une condition sine qua non du développement.

Quel rôle peut encore jouer Laurent Gbagbo après son retour ? Doit-il se retirer de la politique ?

Cette question lui revient. Mais la crise postélectorale a engendré 3 000 morts et fait beaucoup de blessés. De nombreux Ivoiriens ont perdu des biens. Des milliers de victimes sont encore là. C’est pour cela que nous disons que tout le monde doit garder le profil bas et ne pas remuer le couteau dans la plaie. Le président Houphouët-Boigny disait : “La paix n’est pas un vain mot, c’est un comportement”.

Pour le paraphraser, je dirai que la réconciliation n’est pas un vain mot. C’est dans les actes que l’on voit si une personne est prête à la réconciliation. Ayons une attitude qui favorise la réconciliation et le pardon.

Face à la crise sécuritaire, la Côte d’Ivoire doit-elle rejoindre le G5 Sahel ?

La Côte d’Ivoire est très préoccupée par la question sécuritaire, dans notre pays et dans la sous-région. Nous nous associons à toute initiative visant à assurer la sécurité des populations vivant dans notre espace géographique. La Côte d’Ivoire est un pays ouvert à toutes les initiatives. Récemment, le ministre de la Défense a entrepris une tournée au Burkina, au Mali, et se rendra prochainement dans d’autres pays.

Au niveau diplomatique, nous sommes également à la manœuvre. Nous échangeons avec nos collègues. Que ce soit dans le cadre de l’Union africaine, de la Cedeao, de l’Uemoa ou dans celui du G5 Sahel, partout où les questions sécuritaires seront évoquées, la Côte d’Ivoire répondra présent. Nous avons intérêt à mutualiser nos capacités pour être efficaces. C’est ce qui justifie l’inauguration de l’Académie internationale de lutte contre le terrorisme, à Jacqueville, le 10 juin.

Où en est la réforme du franc CFA ?

Le passage du franc CFA à l’eco est une décision prise par nos chefs d’État. Les discussions se poursuivent à leur niveau.