L’état-major de l'armée burkinabè a demandé à la France et aux autres pays intervenant dans le pays, de l’informer désormais de tout déplacement d’aéronefs, faute de quoi ceux-ci seraient considérés comme « ennemis ».
« Des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d’opération. (…) Désormais, des instructions ont été données aux unités déployées pour qu’ils soient considérés comme ennemis et traités comme tel », a écrit le chef d’état-major général des armées du Burkina Faso, le général de brigade Moïse Miningou, dans un courrier adressé le 15 novembre à l’attaché de défense de l’ambassade de France à Ouagadougou.
« Par conséquent, nous vous prions de bien vouloir nous informer 48 heures à l’avance, de tout déplacement de vos aéronefs dans ces zones et en coordination avec l’Armée de l’Air et l’État major général des armées », assène le général. Le texte, qui a fuité sur les réseaux sociaux, a enflammé la toile burkinabè, sur fond de montée d’un sentiment anti-français dans un Sahel où la situation sécuritaire s’aggrave
La cause de la colère de l’état-major burkinabè est le survol régulier de troupes au sol par des drones, précise une source sécuritaire contactée par Jeune Afrique. Un haut gradé de l’armée burkinabè confie, sous couvert de l’anonymat, que ces survols sont « un problème signalé depuis longtemps par la plupart de nos détachements depuis longtemps à la hiérarchie ».
Et notre source de préciser que le courrier, s’il n’était pas destiné à une diffusion restreinte, n’en demeure pas moins « une note interne, destinée à une autorité militaire étrangère et dont la diffusion est encadrée ».
Si l’état-major de l’armée burkinabè n’a pour l’instant pas officiellement réagi à la diffusion en ligne de ce courrier, une source en son sein a confié à Jeune Afrique qu’une enquête était en cours pour « chercher à situer les responsabilités sur comment ce document, qui a été envoyé à tous les attachés de défense présents au Burkina, a pu se retrouver sur les réseaux sociaux ». « Les relations sont très bonnes entre la France et le Burkina », insiste notre source.
Opération Bourgou 4
La diffusion de ce courrier n’a pas non plus provoqué de réaction officielle, côté français. Mais elle intervient alors que, le 5 novembre, la ministre française des armées Florence Parly, en visite à Ouagadougou, avait annoncé le lancement de Bourgou 4, une opération menée par la force antijihadiste française Barkhane aux côtés des armées locales dans la région dite des trois frontières, Mali-Niger-Burkina Faso. Cette visite officielle a eu lieu près d’un an après la signature, en décembre 2018, à Paris, d’un « accord intergouvernemental de défense » pour renforcer la coopération entre la France et le Burkina Faso.
L’armée Burkinabè a annoncé avoir tué 32 « terroristes » lors de deux opérations dans le nord les vendredi 15 et samedi 16 novembre. Le pays a fait face ces dernières semaines à une recrudescence des attaques, dont une visant un convoi d’une société minière canadienne dans l’est du pays. 37 personnes ont perdu la vie le 6 novembre dans une embuscade.
Suite à cette attaque, « il y a eu des rencontres entre les acteurs du secteur minier et les forces de défense et de sécurité. Un audit et une analyse de ce qui s’est passé sont en cours pour trouver des solutions de sécurisation des convois miniers. Des décisions allant dans ce sens seront prises dans les jours à venir », assure Rémy Fulgence Dandjinou, porte-parole du gouvernement.