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Sénégal : Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou ont été arrêtés

Mis à jour le 10 novembre 2021 à 16:10
 


Barthélémy Dias et Ousmane Sonko. © barthélémy dias et ousmane sonko © DR


Les trois opposants ont été interpellés ce mercredi 10 novembre. Le matin même, Barthélémy Dias, par ailleurs candidat à la mairie de Dakar, était convoqué au tribunal.

À en croire leurs proches, ils s’apprêtaient à « rentrer chez eux » après avoir renoncé à se rendre au tribunal de Dakar. Alliés au sein d’une même coalition dans la perspective des élections locales du 23 janvier 2022, Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou ont été arrêtés, mercredi 10 novembre, et conduits au camp militaire Abdou-Diassé. Un membre du proche entourage de Dias, rencontré sur les lieux, a confirmé l’information à Jeune Afrique.

Alors que, depuis plusieurs jours, Barthélémy Dias et ses alliés appelaient à la mobilisation, le candidat à la mairie de Dakar ne s’est pas présenté à l’audience à laquelle il était convoqué et qui s’est tenue vers 9h30 du matin. Au bout d’une dizaine de minutes, l’affaire a donc été renvoyée au 1er décembre par le juge.

Appel à la résistance

Barthélémy Dias a quitté son domicile peu après avoir appris la nouvelle. Entouré d’un cortège de militants et accompagné des opposants Ousmane Sonko et Malick Gakou, il s’est déplacé jusqu’au quartier de la Médina, à deux pas du tribunal. Il y est resté plus d’une heure, avant de faire demi-tour, escorté cette fois par des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente (BIP) et acclamé par ses partisans.

Le cortège a finalement été dispersé après que la police a tiré des gaz lacrymogènes. C’est à ce moment-là que Barthélémy Dias, Ousmane Sonko et Malick Gakou auraient été arrêtés.

Deux jours plus tôt, l’opposant avait appelé ses militants à « envahir le tribunal ». « J’irai au tribunal pour être jugé. Je vous dis, venez mercredi, vous verrez que je serai seul à la barre », avait-il prévenu devant la presse.

Condamné en 2017 à deux ans de prison pour « coups mortels » après la mort d’un jeune homme lors de l’attaque de sa mairie de Mermoz-Sacré-Cœur en décembre 2011, Barthélémy Dias avait fait appel de la décision – « par principe », explique l’un de ses proches, puisqu’il a déjà purgé sa peine de six mois de prison ferme. L’affaire a été plusieurs fois renvoyée depuis.

CE DOSSIER DOIT ÊTRE CLASSÉ SANS SUITE OU BÉNÉFICIER D’UN NON-LIEU

« J’ai choisi d’aller au tribunal car j’ai demandé à être jugé. Mais que les choses soient claires : je n’accepterai pas un [nouveau] renvoi », avait-il d’ailleurs menacé lundi. En dépit des implications politiques très lourdes que pourraient avoir ses déclarations dans cette période de pré-campagne, l’énergique opposant n’avait pas jugé bon d’assouplir son discours.

« Si je m’étais limité [au verdict] en première instance, je ne serais pas retourné en prison, a insisté Barthélémy Dias ce 8 novembre. Beaucoup de gens disent que j’ai fait appel pour être éligible : c’est faux. Si on me condamnait ne serait-ce qu’à un jour avec sursis, je me pourvoirais en cassation. Ce dossier doit être classé sans suite ou bénéficier d’un non-lieu. »

Spectre des violences

Son mentor, l’ancien maire de la capitale Khalifa Sall, s’était pour sa part déplacé au tribunal, ce mercredi. « Je suis venu encore une fois soutenir “Barth” et témoigner de son innocence. Ce qui se passe aujourd’hui est inacceptable », a-t-il déclaré sur le parvis du bâtiment.

Depuis plusieurs jours, les têtes d’affiche de la coalition Yewwi Askan Wi multipliaient les déclarations pour dénoncer la convocation de Barthélémy Dias, survenue quelques jours seulement après que sa candidature à la mairie de Dakar a été officiellement déposée.

 

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Des gendarmes sénégalais devant le tribunal à Dakar le 10 novembre 2021. © SEYLLOU / AFP)«

 

Dans les démocraties consolidées, la justice s’interdit d’interférer dans les processus électoraux. La date retenue n’est pas innocente et coïncide avec la pré-campagne. C’est une manière de faire pression sur Barthélémy. Ce sera vain », a encore lancé Khalifa Sall. Membre de la même coalition, Ousmane Sonko a quant à lui appelé à la « résistance totale ». « Soyons tous prêts au sacrifice car il en va de l’avenir de ce pays et de celui de nos enfants et petits-enfants », a exhorté le leader du parti Pastef.

Ce mercredi matin, la capitale retenait donc son souffle. Le spectre des violences de mars dernier, qui avaient éclaté dans le sillage de l’arrestation d’Ousmane Sonko alors qu’il se rendait au tribunal dans le cadre de la plainte pour viol déposée contre lui, est encore dans tous les esprits.

Vers un procès ?

Pourquoi Barthélémy Dias ne s’est-il pas présenté à l’audience alors qu’il avait affirmé qu’il le ferait ? « Il a estimé que l’affaire n’était pas en état d’être jugée », relate son conseil, Khoureychi Ba, qui s’attendait à ce renvoi, notamment parce que les co-accusés de l’élu sont aujourd’hui introuvables. « Le prévenu était convoqué à 8h30 et il n’était pas là », précise quant à lui l’avocat de la partie civile, Pape Mor Niang, qui indique que l’affaire a notamment été renvoyée car « un des prévenus a décidé de changer de conseil ».

Véritable « épée de Damoclès » qui plane au-dessus de l’avenir judiciaire de Barthélémy Dias, ce procès en appel pourrait rebattre les cartes du scrutin local du 23 janvier. Mais aura-t-il lieu à la veille des élections ? « Nous ne nous rendrons pas à la convocation de la justice le 1er décembre, affirme le conseiller en communication de l’opposant, Pape Konaré. Il n’est pas question que ce procès soit jugé un mois avant les élections. »

« Ce renvoi était prévisible. Le dossier n’était pas en état d’être jugé par le passé et rien n’a changé, conclut une source proche de l’affaire. Tout ça, c’était beaucoup de bruit pour rien. »

Rapport de la Ciase : à Lourdes, des avancées significatives avant les décisions des évêques

Reportage

La reconnaissance par les évêques, vendredi 5 novembre, de leur responsabilité institutionnelle dans les abus sexuels commis dans l’Église a marqué une étape décisive avant l’annonce, ce lundi, des mesures par lesquelles ils entendent répondre au rapport Sauvé.

  • Céline Hoyeau (envoyée spéciale à Lourdes), 

 

Rapport de la Ciase : à Lourdes, des avancées significatives avant les décisions des évêques
 
Des évêques lors du temps mémoriel et pénitentiel, samedi 6 novembre à Lourdes.VALENTINE CHAPUIS/AFP

→ LES FAITS. Abus sexuels : à Lourdes, l’Église de France reconnaît sa « responsabilité institutionnelle »

Très attendues, ces décisions doivent confirmer l’engagement affiché des évêques qu’ils ont tenu à exprimer dès vendredi midi à travers la reconnaissance publique de leur responsabilité institutionnelle dans ces abus, de leur caractère systémique ainsi que d’une nécessaire réparation.

« Une très bonne nouvelle »

Cette annonce solennelle, faite par Mgr Eric de Moulins-Beaufort, le président de la conférence épiscopale, a été largement saluée. « C’est une très bonne nouvelle, je ne m’y attendais pas si tôt », a confié le père Jean-Luc Souveton, lui-même victime d’un prêtre pédophile, tandis que François Devaux, cofondateur de La parole libérée, saluait une « première étape essentielle ».

Une telle reconnaissance n’était pas acquise il y a encore une semaine. Au terme de l’assemblée extraordinaire qu’ils avaient tenue sur ce sujet en mars, les évêques s’étaient dits prêts à assumer leur responsabilité « pour l’avenir », en luttant pour la prévention de ces abus, mais pas pour le passé et les fautes de leurs prédécesseurs. Le tournant a été franchi jeudi 4 novembre après-midi, lors d’une séance à huis clos durant laquelle ils ont pu partager, sans masques, les émotions et la souffrance que provoquait, en chacun, la découverte du rapport. Une expérience « spirituelle », selon certains, qui a fait tomber une grande partie des dernières résistances et leur a permis une « vraie communion », manifestée le lendemain dans un « vote massif ».

→ ANALYSE. Abus sexuels : à Lourdes, des laïcs entre craintes et espoirs

« Ils ont brisé l’armure », ont pu constater aussi les laïcs invités à participer à des carrefours avec l’épiscopat, vendredi après-midi et samedi matin. « Nous les avons vus en position de vulnérabilité. Ils ne l’ont pas cachée et cela a ouvert une collaboration très vraie et fraternelle », assure Louis-Etienne de Labarthe, membre de l’Emmanuel associé à Promesses d’Église.

Une grande liberté de ton

Cette reconnaissance a en effet libéré la parole et le travail avec les laïcs. Les échanges ont été marqués par une grande liberté de ton. « On y est allé cash, il n’y avait nulle déférence pseudo-protocolaire », se félicite Arnaud Bouthéon, cofondateur du Congrès Mission. Des invités ont exprimé la colère des fidèles et leurs attentes d’un vrai travail de réparation qui coûte à l’Église. « J’ai clairement dit que je ne comprenais pas que certains évêques n’aient pas remis leur charge au lendemain du rapport Sauvé », témoigne un participant.

« Cela a fait du bien d’entendre la douleur des évêques, leur inquiétude, sans filtre. Ils ont semblé heureux de ne pas se retrouver seuls », reconnaît Clémence Pasquier, 27 ans. Engagée dans la pastorale des jeunes de Lyon, elle ressort toutefois avec des sentiments mêlés, entre espérance et craintes. « La plupart étaient à l’écoute mais n’ont pas réussi à bien communiquer leur intention à notre égard. On manque encore de méthode, de vision, ce qui a entraîné des frustrations. On ne savait pas à quoi allait servir notre parole et on ne le sait pas bien encore. Il nous faut apprendre à collaborer. »

La nécessité de faire appel aux laïcs

Des participants ont aussi regretté que les séances de travail avec les évêques ne soient pas plus longues. Samedi matin, la restitution des nombreuses idées évoquées rapidement la veille au cours d’un atelier dédié aux recommandations de la Ciase a donné l’impression d’un foisonnement dans tous les sens. Est toutefois ressortie la nécessité, pour les évêques, de ne pas rester seuls mais de recourir aux expertises variées des laïcs.

La reconnaissance par les évêques de leur responsabilité institutionnelle a donné de la consistance au temps mémoriel et pénitentiel organisé samedi matin. Sans doute l’un des moments les plus forts de cette Assemblée. « Ô Dieu, pardonne-nous de n’avoir pas compris que le pouvoir que tu nous donnes demande une exemplarité sans faille. Pardonne-nous d’avoir pris ta miséricorde pour une tolérance devant le mal », a lu Mgr Eric de Moulins-Beaufort, à genoux devant la Basilique du Rosaire, au pied d’une grande Croix-Rouge dressée pour l’occasion.

Contrairement à la cérémonie pénitentielle qu’ils avaient organisée en novembre 2016, les évêques n’ont pas demandé pardon aux victimes, cette fois-ci. « Le temps du pardon n’est pas encore venu tant que la réparation n’est pas engagée, explique Brigitte Navail, l’une des victimes avec lesquelles ils ont préparé ce moment pénitentiel, c’est un processus dont cette journée est la première étape ».

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Un prêtre abuseur concélèbre la messe télévisée

Le quotidien Libération a révélé, vendredi 5 novembre, qu’un prêtre condamné pour agressions sexuelles en 2007 avait concélébré la messe télévisée pour l’émission le Jour du Seigneur, sur France 2, dimanche 24 octobre. Le père A., qui ce jour-là a lu une intention de prière pour les victimes de violences sexuelles dans l’Église, avait repris une activité pastorale sous certaines conditions comme vicaire dans le diocèse de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette exposition médiatique a suscité une vive émotion, notamment dans son diocèse d’origine, à Nancy. Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre, lui a retiré tout ministère. Dans le rapport Sauvé, le suivi des prêtres abuseurs est la première des 45 recommandations.

 

Au sommet extraordinaire sur le Mali et la Guinée, la Cédéao cherche à parler d’une même voix

Un sommet extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) s’est ouvert, ce dimanche 7 novembre, à Accra, au Ghana. A l'ordre du jour, la situation politique en Guinée et au Mali, deux pays dirigés par des juntes militaires, suite à un coup d’Etat. Plusieurs dirigeants ouest-africains ont répondu présents à leur homologue ghanéen et président en exercice de la Cédéao, Nana Akufo-Addo et les tractations ont commencé, avant même le début de leur rencontre.

 

Avec notre envoyé spécial à Accra, Serge Daniel

Avant même le huis clos des chefs d’État qui a démarré à la mi-journée, les tractations avaient déjà commencé   pour probablement faire avancer les choses et coordonner. Les présidents ivoirien, sénégalais et nigérien ont par exemple échangé sur la situation en Guinée et au Mali, avec, non loin d’eux, le président de la Guinée-Bissau.

Sur le Mali et la Guinée, l’idée qui se dégage d’ici est de parler d’une même voix. La Guinée et le Mali ont des envoyés spéciaux, ici au sommet, mais au rang ministériel. Ces envoyés tentent de convaincre mais « ce n’est pas gagné d’avance », a confié un membre d’une délégation qui participe au sommet.

Le président du Ghana - président en exercice de la Cédéao - a dit, dans son bref discours d’ouverture de la rencontre, avant le huis clos, que la situation dans ces deux pays préoccupe. 

« Il faut des élections »

Dans les couloirs de la rencontre, il est clair qu’on ne peut pas donner l’impression de laisser les transitions politiques au Mali et en Guinée s’éterniser. « Il faut des élections », rappelle-t-on ici. 

Deux rapports seront déterminants pour la suite de la rencontre. Il y a un rapport qui sera fait sur la situation au Mali, par l’ancien président du Nigeria, Goodluck Jonathan, médiateur de la crise pour le Mali.

Ensuite, les chefs d’État à huis clos vont écouter un mémorandum du président de la commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou, sur la Guinée, parce qu’il s’est rendu à Conakry.

Et c’est après ces deux rapports que les chefs d’État prendront les décisions qu’ils voudront bien vouloir, probablement, annoncer publiquement. 

« Maintenant il faut réparer », l’appel des chefs d’État africains à la COP26

Par  - envoyée spéciale à Glasgow
Mis à jour le 2 novembre 2021 à 12:40
 

 

A Glasgow, le 31 octobre 2021, dans le cadre de la COP26, ont débuté deux semaines de négociations internationales autour de l’urgence climatique. © DR

 


Le président nigérien Mohamed Bazoum et son homologue du Malawi se sont démarqués lors de l’ouverture du Sommet des chefs d’État et de gouvernement à la COP26. Faure Gnassingbé, Félix Tshisekedi et Umaro Sissoco Embaló doivent prendre la parole aujourd’hui.

Les coups ne sont pas venus de là où on les attendait. Parmi les chefs d’État et de gouvernement africains qui ont exprimé leur « national statements » (déclaration nationale) en ouverture de la COP26, la conférence internationale sur le climat, les plus petits pays en termes de produit intérieur brut (PIB) ou de superficie ont en effet tapé du poing sur la table plus fort que les autres.

Ainsi du président du Malawi, Lazarus McCarthy Chakwera, qui a directement pointé du doigt la responsabilité historique des pays développés dans le mauvais score de l’Afrique australe en matière d’émissions de carbone. L’Afrique du Sud est le plus grand émetteur de CO2 du continent et parmi les plus gros contributeurs mondiaux, avec près de 1,5 % des émissions mondiales.

NOUS NE DEMANDONS PAS DES DONS MAIS UNE TAXE DE NETTOYAGE

« Qui a laissé les pays africains sans aucun ustensile pour cuisiner ? Qui nous a laissés sans autre source d’électricité que le charbon pour s’éclairer ? », a-t-il demandé, faisant référence à l’embargo international lié au régime d’apartheid qui a conduit les autorités sud-africaines à transformer le charbon présent dans son sol en carburant et en combustible. « Maintenant, il faut réparer ! », s’est exclamé le président malawien. Avant de conclure : « Nous ne demandons pas des dons mais une taxe de nettoyage. »

Dans un autre registre, le président nigérien Mohamed Bazoum a, quant à lui, profité de la tribune de dix minutes qui lui était offerte pour appeler la « communauté internationale à constituer un fonds de soutien financier aux pays du Sahel dont les populations pastorales et les terres agricoles sont menacées par les sables ».

Au cœur de la région sahélienne, le Niger subit, du fait des changements climatiques grandissants provoqués principalement par les émissions de CO2 des pays développés, une désertification accrue de ses surfaces arables. Un phénomène qui « favorise le terrorisme dans la région », rappelle le président nigérien.

Gnassingbé, Tshisekedi et Embaló attendus

Ces interventions ont fait partie des sorties les plus marquantes du Sommet des quelque 120 chefs d’État et de gouvernement qui, réunis au Scottish Event Campus de Glasgow pour le début de la COP26, ont ainsi lancé deux semaines de négociations internationales.

Ali Bongo, Denis Sassou-Nguesso, Faustin-Archange Touadéra, Uhuru Kenyatta, Abdel Fattah al-Sissi, George Weah et Hakainde Hichilema se sont également exprimés lors de la première journée.

Ce mardi 2 novembre, on attend les interventions de Faure Gnassingbé, Nana Akufo-Addo, Félix Tshisekedi, Umaro Sissoco Embaló, Andry Rajoelina, João Lourenço ou encore Emmerson Mnangagwa.

L’enjeu des discussions : déterminer si l’ensemble des pays, développés et en développement, peuvent enfin mener à bien les actions urgentes nécessaires pour limiter les effets du changement climatique en cours.

Si les premiers débats en séance ou à l’occasion d’événements parallèles ont fait la part belle à la question du financement de ces actions ainsi qu’à l’adaptation des mesures aux différents pays, les interventions ne se sont pas envolées. Le contexte reste globalement pessimiste depuis la publication, en août, du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (Giec).

« Alerte rouge le G20 ! »

Le constat de ce rapport est sans appel : une température mondiale qui devrait augmenter de 1,5°C dix ans plus tôt que prévu, un réchauffement qui pourrait atteindre, selon les pays et les hypothèses, entre 3,3 à 5,7°C et une concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère à son niveau le plus haut jamais atteint…

Ce tableau sombre a conduit, plus tôt dans la matinée, la Première ministre de l’insulaire Barbade, Mia Mottley, à déclarer : « Alerte rouge le G7, alerte rouge le G20 ! Si nous ne limitons pas le réchauffement en deçà des 2°C, ce sera la disparition pure et simple de plusieurs pays de la surface du globe. »

Alger accuse le Maroc d’avoir « assassiné » trois civils algériens

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 3 novembre 2021 à 19:49
 


Depuis un an et l’opération de Guerguerate, les relations entre les deux voisins connaissent un fort regain de tension. © RYAD KRAMDI/AFP


Les tambours de la guerre résonnent entre l’Algérie et le Maroc. Après une année émaillée de déclarations incendiaires de part et d’autre, Alger accuse Rabat d’avoir bombardé, le 1er novembre, trois camions civils algériens.

La présidence algérienne a, via un communiqué, dénoncé ce 3 novembre « l’assassinat de trois ressortissants algériens », victimes, selon elle, d’un bombardement, le 1er novembre, « alors qu’ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla » à bord de leurs camions.

« Plusieurs facteurs désignent les forces d’occupation marocaines au Sahara occidental comme ayant commis avec un armement sophistiqué ce lâche assassinat à travers cette nouvelle manifestation d’agressivité brutale qui est caractéristique d’une politique connue d’expansion territoriale et de terreur », indique le communiqué d’El Mouradia.

L’événement a d’abord été rapporté le 2 novembre par le site très suivi menadefense.net du journaliste algérien Akram Kharief. « L’incident a eu lieu entre Aïn Bentili et Bir Lahlou [soit dans la zone contrôlée par le Polisario, NDLR] par où passe la route entre l’Algérie et la Mauritanie », explique l’article de menadefense.

LES RELATIONS ENTRE LES DEUX VOISINS CONNAISSENT UN FORT REGAIN DE TENSION DEPUIS UN AN

Selon le journaliste, contacté par JA, les trois camions revenaient de Nouakchott (Mauritanie) où ils ont livré des cargaisons de ciment avant de prendre le chemin du retour, à vide. En fait de route, il s’agit plutôt d’une piste non asphaltée.

Potentiel casus belli

Akram Kharief soutient que les plaques des trois camions sont bien algériennes, que l’un des véhicules est tombé en panne, forçant les deux autres à s’arrêter à leur tour pour lui prêter assistance. Ce serait à ce moment, aux alentours de 13h00, le 1er novembre, que les camions auraient été pris pour cible, causant la mort des routiers, tous trois algériens – l’un est originaire de Laghouat, les deux autres de Ouargla.

« Les deux camions étaient à l’arrêt lorsqu’ils ont été touchés par des tirs d’artillerie provenant du mur de séparation marocain se trouvant à plus de 25 kilomètres des lieux », affirme l’article de notre confrère. Qui hésite sur le type d’armement employé – artillerie, chasseur Mirage, F-16 ou drone Hermes.

Des organes proches du Polisario, qui ont publié des vidéos non authentifiées de camions calcinés, affirment, quant à eux, que l’attaque aurait eu lieu sur le sol mauritanien. Une information rapidement démentie par l’état-major mauritanien : « Afin d’éclairer l’opinion publique et de corriger les informations diffusées, la direction de la communication et des relations publiques de l’état-major général des armées dément toute attaque à l’intérieur du territoire national. »

La Mauritanie conteste donc le lieu de l’attaque, mais pas l’attaque elle-même. Contactées par nos soins, les autorités mauritaniennes n’ont pas souhaité en dire plus. Pour l’instant, Rabat n’a pas officiellement réagi à ce communiqué de presse. L’Agence France Presse (AFP) rapporte les propos d’une source marocaine informée, qui dément les accusations « gratuites » de la présidence algérienne : « Si l’Algérie veut la guerre, le Maroc n’en veut pas. Le Maroc ne sera jamais entraîné dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale. Si l’Algérie souhaite entraîner la région dans la guerre, à coups de provocations et de menaces, le Maroc ne suivra pas. Le Maroc n’a jamais ciblé et ne ciblera jamais des citoyens algériens, quelles que soient les circonstances et les provocations. »

Accusations répétées

Contacté par JA, un ex-membre du Polisario estime qu’il « y a beaucoup trop d’informations contradictoires en circulation » à ce stade et avance l’hypothèse de « camions incendiés volontairement ».

Ce n’est pas la première fois que le Royaume fait face à de telles accusations. Le 19 août, le Polisario affirmait que l’armée marocaine avait « lancé des raids sur des civils sahraouis non armés en territoires sahraouis libérés ».

Des bombardements qui auraient visé un camion et un véhicule utilitaire. Sur les réseaux sociaux, plusieurs comptes avaient partagé les photos et les vidéos d’un camion en feu dans le désert. À l’époque, un ancien membre du Polisario avait émis l’hypothèse que l’organisation sahraouie était elle-même à l’origine de l’incendie pour terroriser les populations maintenues dans les camps et attiser les tensions avec le Maroc.

Les relations entre les deux voisins connaissent un fort regain de tension depuis un an, et l’opération de Guerguerate menée par l’armée marocaine en novembre 2020 contre des éléments du Polisario qui bloquaient le point de passage entre le Maroc et la Mauritanie.

LA PRÉSIDENCE ALGÉRIENNE ASSURE QUE « L’ASSASSINAT NE RESTERA PAS IMPUNI »

La reconnaissance américaine, un mois plus tard, de la marocanité du Sahara, l’établissement de relations diplomatiques entre le Royaume et Israël ou encore l’affaire Pegasus ont provoqué tout au long de l’année passes d’armes et déclarations incendiaires entre les responsables des deux pays, jusqu’au rappel de l’ambassadeur algérien à Rabat le 18 juillet.

Risques « sérieux » d’escalade

« Nous sommes face à une situation de guerre et il faut reconnaître que les risques d’escalade sont sérieux », a déclaré l’envoyé spécial algérien pour le Maghreb et le Sahara occidental, Amar Belani, le 22 octobre.

La présidence algérienne, qui évoque une enquête sur cet « acte ignoble en vue d’élucider les circonstances », semble déjà convaincue de la culpabilité marocaine et promet que « l’assassinat [des trois chauffeurs routiers, NDLR] ne restera pas impuni ».

Les deux voisins ont déjà connu un conflit ouvert sur la question du Sahara lors de la Guerre des Sables (entre 1963 et 1964). En vigueur depuis 1991, le cessez-le-feu entre le Royaume et le Polisario a pris fin après l’opération de Guerguerate, la presse proche du groupe indépendantiste rapportant chaque semaine des attaques contre le mur de défense marocain, sans que leur véracité soit formellement établie.