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Procès Sankara : la ligne de défense de Blaise Compaoré mise à mal par un témoin-clé

Par  - à Ouagadougou
Mis à jour le 29 octobre 2021 à 13:47
 

 

Thomas Sankara, à Paris en février 1986. © PASCAL GEORGE/AFP

 

Blaise Compaoré et Hyacinthe Kafando, absents aux audiences, sont au centre du procès historique des assassins présumés de Thomas Sankara. En une semaine, témoins et accusés se sont succédé à la barre, et l’un d’eux a particulièrement fragilisé la défense de l’ancien président burkinabè en exil à Abidjan.

Cette fois, les choses sérieuses ont commencé. Après une première audience rapidement reportée, lundi 11 octobre, le procès historique qui doit lever le voile sur les circonstances de l’assassinat de Thomas Sankara et de ses compagnons d’infortune, le 15 octobre 1987, est entré depuis une semaine dans le fond du dossier. Et au fil des premières auditions des 12 accusés présents au tribunal militaire, principalement d’anciens soldats du Centre national d’entraînement commando de Pô, la parole se libère et la lumière commence peu à peu à émerger.

Appelé à la barre lundi, Yamba Élysée Ilboudo, 62 ans, premier accusé à comparaître devant le tribunal militaire présidé par le juge Urbain Méda, a expliqué avoir exécuté un ordre de son supérieur hiérarchique. En l’occurrence, l’adjudant-chef Hyacinthe Kafando, l’un des deux grands absents de ce procès, avec l’ancien président Blaise Compaoré, en fuite en Côte d’Ivoire depuis sa chute en 2014. À la barre, le soldat de 1ère classe, se montre beaucoup moins prolixe que lors de l’instruction.

« J’ai oublié, cela fait longtemps »

Celui qui était à l’époque le chauffeur de la sécurité rapprochée de Compoaré avait affirmé, lors de ses auditions devant le juge d’instruction, avoir été présent au Conseil de l’entente, ce jour funeste d’octobre 1987. Il a aussi assuré y avoir aperçu Gilbert Diendéré. Devant le tribunal, cependant, il botte souvent en touche face à la vague de questions à laquelle le soumettent le juge, le procureur et les avocats des parties civiles. « Je ne me souviens pas » ; « J’ai oublié, cela fait longtemps »… Au fil de l’audition, l’ancien soldat, qui plaide non coupable, a pourtant fini par livrer quelques détails sur la manière dont le commando a exécuté le père de la révolution burkinabè.

« Je suis militaire, si le chef dit de faire quelque chose, je le fais », a-t-il notamment déclaré, pointant – sans le nommer – Hyacinthe Kafando. Il confirme que le commando est bien parti du domicile de Blaise Compaoré, situé alors dans le quartier de Koulouba, dans le centre-ville de Ouagadougou. Un témoignage qui vient mettre à mal la ligne de défense de Blaise Compaoré, qui a refusé de comparaître à ce procès dont il est le principal accusé et que ses avocats qualifient de « politique ».

THOMAS SANKARA SORT DE LA SALLE, LES MAINS EN L’AIR… HYACINTHE KAFANDO ET MAÏGA TIRENT SUR LUI.

Arrivé au Conseil de l’entente, celui qui conduisait l’un des deux véhicules transportant les hommes du commando raconte que l’assaut lancé contre Thomas Sankara et ses compagnons a duré « 4 à 5 minutes ». Lui n’y a pas participé, promet-il. À peine les portes franchies, Hyacinthe Kafando descend précipitamment et scinde le commando pour encercler la salle où se tenait la réunion présidée par le « camarade capitaine ».

De gauche à droite : les capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara, avec le commandant Lingani, au lendemain du coup d’État du 4 août 1983.

 

De gauche à droite : les capitaines Blaise Compaoré et Thomas Sankara, avec le commandant Lingani, au lendemain du coup d’État du 4 août 1983. © Archives Jeune Afrique

 

Hyacinthe Kafando et l’adjudant Maïga se dirigent vers l’entrée de la salle où sont réunis Thomas Sankara et ses compagnons. « J’ai assisté aux coups de feu depuis le véhicule, qui avait été endommagé après avoir percuté violemment le portail. Je me souviens avoir vu Oualilahi Ouédraogo, un garde de la sécurité de Thomas Sankara, touché par les balles. C’est la première victime », a raconté Yamba Élysée Ilboudo. « Puis, Thomas Sankara sort de la salle, les mains en l’air, en demandant ce qui se passe… Là, Hyacinthe Kafando et Maïga, qui avançaient, tirent sur lui. Il s’effondre, d’abord sur les genoux, avant de tomber sur un côté », poursuit-il, avant d’affirmer : « Je ne sais pas lequel des deux à tirer le coup fatal. »

Quant à la présence de Gilbert Diendéré sur place au moment du massacre, Yamba Élysée Ilboudo change d’abord de version, affirmant ne pas l’y avoir vu. Puis pressé de questions par le président du tribunal, il finit par faire à nouveau volte-face et confirme sa présence sur les lieux, en réunion avec ses soldats. « Pourquoi, quand il s’agit du général Diendéré, vous ne vous souvenez de rien ? Avez-vous peur ? », l’interroge le juge Méda. « Cette question est compliquée », concède le soldat. « Mais oui, j’ai peur ». Après l’assaut, le commando a regagné, à pied, le domicile de Blaise Compaoré.

Dénégations et versions contradictoires

Jeudi, ce fut au tour d’Idrissa Sawadogo de se présenter devant les juges. Aujourd’hui âgé de 59 ans, l’ancien soldat a tenu sa ligne de défense : il affirme ne pas avoir été présent au moment de la tuerie, puisqu’il était resté au domicile de Blaise Compaoré. « C’est de là-bas que j’ai entendu les tirs », a-t-il assuré, affirmant même que Yamba Élysée Ilboudo, dont le témoignage est si accablant pour Blaise Compaoré, n’était pas présent lors de l’attaque, car « malade » le jour des faits. Un témoignage balayé d’un revers de manche par l’accusation. « Nous n’attendons pas grand-chose de l’interrogatoire d’Idrissa Sawadogo, car sa ligne de défense est de tout rejeter », a lâché le substitut du procureur militaire Sidi Becaye Sawadogo.

 

La chambre de première instance du tribunal militaire devant laquelle se tient le procès des assassins présumés de Sankara, le 11 octobre 2021.

 

La chambre de première instance du tribunal militaire devant laquelle se tient le procès des assassins présumés de Sankara, le 11 octobre 2021. © Benjamin Roger pour JA

 

Troisième accusé à comparaître au cours de cette première semaine d’audiences, Nabonswendé Ouédroago qui était, comme Sawadogo, membre de la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré. Et comme lui, également, il s’inscrit en faux vis-à-vis du témoignage de Yamba Élysée Ilboudo. Non, il ne faisait pas parti du commando qui a donné l’assaut, puisque, affirme-t-il, il était en poste à la surveillance de l’entrée du Conseil de l’entente. « Le 15 octobre, entre 15 h 30 et 16 heures, Hyacinthe Kafando – dont le pied à terre est mitoyen de celui de Blaise Compaoré – est passé dans les locaux [du Conseil de l’entente] où j’étais de garde. Il y a embarqué avec lui des éléments qui l’attendaient à la porte. Peu après leur départ, les coups de feu ont retenti », a-t-il raconté au tribunal. Sans vraiment convaincre. Son audition doit reprendre à la réouverture des audiences, prévue ce mardi 2 novembre.

Ce sera ensuite au tour du général Gilbert Diendéré d’être appelé à la barre. La version de ce militaire, qui purge actuellement  une peine de vingt ans pour son implication dans le putsch manqué de septembre 2015, est particulièrement attendu. Il viendra clore la série d’auditions des accusés présents lors de ce procès, ouvrant la voie aux réquisitions et plaidoiries des parties civiles et de la défense.

COP26–Afrique : chefs d’État, VIP… Qui sera présent ?

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 27 octobre 2021 à 11:40
 


Lors de la conférence de la COP25 à Madrid, en Espagne, le 2 décembre 2019. © Susana Vera/REUTERS


De nombreuses personnalités sont attendues à la COP26, qui se tiendra du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow. Voici lesquelles.  

Plusieurs chefs d’État du continent feront le déplacement à Glasgow, en Écosse, pour assister à la Conférence des Nations unies sur le changement climatique (COP26), l’un des premiers grands rendez-vous en présentiel depuis la crise liée au Covid-19.

Cinquième édition du sommet mondial depuis la COP21, qui avait donné lieu à la signature historique de l’Accord de Paris sur le climat – n’ayant pas pu se tenir en 2020 en raison de la pandémie –, la conférence de Glasgow se promet d’être l’édition qui rend des comptes, dresse un bilan et revoit ses objectifs à la hausse.

Tshisekedi, Bongo…

Selon nos informations, se déplaceront – sauf changement de dernière minute –, Félix Tshisekedi (RDC), Mohamed Bazoum (Niger), Denis Sassou Nguesso (Congo), Ali Bongo Ondimba (Gabon), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Faure Essozimna Gnassingbé (Togo), João Lourenço (Angola), Faustin-Archange Touadéra (Centrafrique), Andry Rajoelina (Madagascar), Azali Assoumani (Comores) et Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau).

L’Afrique anglophone devrait également être représentée grâce à la venue d’Uhuru Kenyatta (Kenya), George Weah (Liberia), Muhammadu Buhari (Nigeria), Abdel Fattah al-Sissi (Égypte), Julius Maada Bio (Sierra Leone) ou encore Hage Geingob (Namibie). La Tanzanienne Samia Suluhu Hassan et le Malawite Lazarus Chakwera seront également des leurs. Sans oublier Nana Akufo-Addo,du Ghana, et Emmerson Mnangagwa, du Zimbabwe.

D’autres présidents ont préféré envoyer leurs ministres de l’Environnement, comme Macky Sall (Sénégal), Paul Kagame (Rwanda, qui devrait également mandater son Premier ministre, Édouard Ngirente), Kaïs Saïed (Tunisie), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso, qui dépêchera lui aussi son Premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré), Patrice Talon (Bénin) et Prithvirajsing Roopun (Maurice). Le chef de l’État tunisien missionnera pour sa part son ministre des Affaires étrangères, Othman Jarandi, tout comme Abdelmadjid Tebboune, qui va envoyer Ramtane Lamamra. Le roi Mohammed VI sera représenté par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, et sa ministre de la Transition énergétique et du développement durable, Leila Benali. Enfin, le président guinéen, Mamadi Doumbouya, a lui choisi son Premier ministre, Mohamed Béavogui, dont ce sera la première sortie internationale.

Bailleurs internationaux

Du côté des institutionnels, les représentants des principaux bailleurs internationaux rejoindront également la cité écossaise. C’est le cas du président du Groupe de la Banque mondiale (BM), David Malpass, qui a notamment prévu de s’exprimer sur le rôle du climat par rapport à l’offre et à la demande d’énergie dans le monde. Les présences du Sénégalais Makhtar Diop, qui a pris le 1er mars dernier les rênes d’IFC, la principale filiale de la BM consacrée au secteur privé, et de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, sont également confirmées.

Leurs homologues du continent sont également attendus, même si des critères d’accès drastiques liés à la pandémie de Covid-19 (types de vaccins spécifiques, mesures de quarantaine pour certains pays situés en « zone rouge »…) ont conduit à réduire la taille des délégations africaines.

En ce qui concerne le volet institutions publiques de financement en tout cas, le président de la Banque africaine de développement (BAD), le Nigérian Akinwumi Adesina, a confirmé qu’il se montrerait bien à Glasgow, tout comme l’Équato-Guinéen Fortunato-Ofa Mbo Nchama, président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC).

Des fonds privés ou nationaux, ainsi que des fondations panafricaines, seront également du voyage, comme le Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS), représenté par le Gabonais Akim Daouda, la Fondation Brazzaville, par Richard Amalvy, ancien vice-président de la conférence des ONG des Nations unies, ou encore la Fondation Rockefeller, par Joseph Nganga.

Financiers

Concernée par les conséquences des négociations pour le continent africain, l’un de ses principaux théâtres d’opération, la banque de développement britannique CDC Group enverra une forte délégation, dopée par l’organisation de la conférence internationale sur son territoire. Celle-ci est emmenée par Amal-Lee Amin, chargée de la Stratégie climat à CDC et senior advisor pour la COP26. Son pendant français, l’Agence française de développement (AFD), très mobilisée lors de l’organisation de la COP à Paris en 2015, sera incarnée par son patron, Rémy Rioux.

La Française Odile Renaud-Basso, ancienne directrice générale du Trésor français, viendra au nom de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) les 1er et 2 novembre prochains, à l’occasion des deux journées de négociations réservées aux chefs d’État et de gouvernement, ainsi qu’aux leaders mondiaux du sommet. Une journée spéciale, le 3 novembre, est quant à elle réservée au volet finance des négociations, lors duquel les représentants de ces institutions devraient s’exprimer et rechercher un accord.

Le président de la Banque européenne d’investissement (BEI), Werner Hoyer, prendra également part au sommet. Il sera, entre autres, accompagné d’Ambroise Fayolle, le vice-président de la BEI en charge de l’action climatique.

Du côté des entreprises et de la société civile africaine, les délégations tardent à confirmer leur présence effective à la conférence internationale. Mais, d’après nos informations, certains groupes bancaires ou cabinets de conseil ont prévu d’y envoyer des représentants. Ainsi en est-il des leaders bancaires marocain BCP, et sud-africain Standard Group ou encore du cabinet de conseil international EY.

Conseil économique et social : Bonaventure D. Ouédraogo prend officiellement les rênes

Accueil > Actualités > Politique • Lefaso.net • jeudi 21 octobre 2021 à 22h55min 
 
Conseil économique et social : Bonaventure D. Ouédraogo prend officiellement les rênes

 

Bonaventure D. Ouédraogo (à droite), succède ainsi à Moïse Napon.

Cette nomination et de l’installation viennent tourner la page de la crise à la Commission électorale nationale indépendante (CENI) où nommé pour le compte de la chefferie coutumière, Bonaventure D. Ouédraogo avait fait l’objet d’une récusation par le Chef de file de l’opposition politique au Burkina Faso, qui le soupçonnait d’être militant du parti au pouvoir (le Mouvement du peuple pour le progrès, MPP).

Organe à caractère consultatif, le CES fait donc des délibérations qui ne sont pas contraignantes vis-à-vis des destinataires (notamment le gouvernement). Fort de 90 conseillers, il tient chaque année, deux sessions ordinaires sur des sujets d’intérêt national.

Les Conseillers, au nombre de 90, sont des représentants des structures socio-professionnelles du pays. D’autres Conseillers sont nommés es-qualité. Voici les différents secteurs socioprofessionnels représentés au CES. L’institution se compose de membres es-qualité ; de représentants des secteurs de l’agriculture, de l’élevage et assimilés ; représentants du secteur commercial ; représentants des secteurs financier, bancaire, des assurances et du système financier décentralisé ;

représentants des secteurs du bâtiment, des travaux publics, de l’urbanisme et assimiles ; représentants des secteurs des transports et du tourisme ; représentants des secteurs de la presse et de la communication ; représentant de la chambre de commerce ; représentants de l’administration économique et financière ;

représentants de l’administration générale ; représentants0 de l’administration du travail ; représentants des secteurs de l’environnement, de l’hydraulique et du cadre de vie ; représentants des secteurs de l’éducation et de la formation ; représentants des secteurs de la santé et de l’action sociale ; représentants des professions libérales ; représentants du secteur de la recherche scientifique ; représentants des organisations d’employeurs ; représentants des syndicats de travailleurs ;

représentants des associations culturelles ; représentants des artistes, écrivains et cinéastes ; représentants des organisations non gouvernementales ; représentants des associations de promotion des droits humains et de la démocratie ; représentants des associations sportives ; représentants du secteur des pme/pmi ; représentants du secteur informel ; représentants des structures et associations de jeunesse ; représentantes des structures et associations de femmes ; représentant des associations des retraites ; représentants des autorités traditionnelles, coutumières et religieuses ; représentants des associations des parents d’élevés.

Lefaso.net

Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Vous êtes devant les hommes, mais il y a Dieu qui vous attend » (Me Mamadou Sombié)

Accueil > Actualités > DOSSIERS > Procès Thomas Sankara • Lefaso.net • mercredi 27 octobre 2021 à 22h50min 
 
Procès « Thomas Sankara et douze autres » : « Vous êtes devant les hommes, mais il y a Dieu qui vous attend » (Me Mamadou Sombié)


Après le rejet par la chambre de la requête de Me Eliane Kaboré demandant une expertise sur la santé psychique de son client Yamba Élysée Ilboudo, l’audience de l’accusé s’est poursuivie cet après-midi.

Répondant aux questions de son avocate, Yamba Élysée Ilboudo a déclaré n’avoir pas tué Thomas Sankara et ses compagnons. Pour Me Eliane Kaboré, il plaide donc non coupable. Pourtant la veille, il avait reconnu les faits à lui reprochés. N’a-t-il pas fait de confusion entre « reconnaître les faits » et « reconnaître avoir été au conseil de l’Entente », ce jour fatidique du 15 octobre 1987 ? Selon l’avocate il ne sait ni lire ni écrire. Il n’a pas été à l’école hormis les cours du soir qu’il a payés de sa poche mais qu’il n’a pas poursuivis.

Poursuivant son interrogatoire avec son client, Me Eliane Kaboré fera remarquer que Yamba Élysée Ilboudo n’a reçu aucune gratification de la part du pouvoir qui a succédé à celui du Conseil national de la révolution puisque qu’il a fait ses premiers pas dans l’armée en tant que soldat de première classe et a été admis à la retraite en 2004 avec le même grade.

Après, c’était au tour de Me Mamadou Sombié de "cuisiner" l’accusé. Ce dernier a déclaré lors de l’instruction que son client Nabonsseouindé Ouédraogo faisait partie des trois militaires qui ont embarqué à l’arrière de son véhicule pour aller au conseil de l’Entente sur instruction de l’adjudant Hyacinthe Kafando. En revenant, sur les causes de l’accident dont Yamba Élysée Ilboudo a été victime en 1989, accident qui s’est déroulé de retour d’une mission de « Fada N’Gourma ou Tenkodogo », l’avocat a soutenu que le traumatisme crânien qu’a subi l’accusé n’a pas été relevé par l’instruction.


Pour Me Mamadou Sombié, contrairement aux déclarations de Yamba Élysée Ilboudo pendant l’instruction et à cette barre, son client Nabonsseouindé Ouédraogo lui maintient qu’il était en tenue de sport au pied-à-terre de Blaise Compaoré, prêt à se rendre à la séance de Sport de masse, instituée le 24 septembre 1984, par le Conseil national de la révolution.

A la décharge de son client, Me Sombié citera les noms de deux soldats de la garde rapprochée de Blaise Compaoré qui étaient eux aussi en tenue de sport prêts à prendre part à cette activité sportive. Malheureusement, ces deux soldats ne sont plus de ce monde. « Vous êtes devant les hommes, devant le tribunal mais il y a Dieu qui vous attend », a déclaré Me Mamadou Sombié avant de lancer à l’accusé « Vous êtes atteint d’un problème mental parce que vous variez dans vos déclarations. Mon client ne vous en veut pas. En 2015 et en 2016 j’ai attiré son attention sur votre déposition. Il m’a dit que vous être entre griffe ’’fou’’ ».

Les propos de l’avocat ont choqué le parquet qui dit ignorer que Me Sombié avait des qualités de médecin psychiatre. « Il dit que l’accusé est atteint d’un problème mental. Je crois, Monsieur le président, que vous avez rejeté la demande d’expertise sur la santé psychique de l’accusé. Mais on tente toujours de nous faire croire qu’il est malade. L’accusé n’est pas malade ». Et le procureur militaire de soutenir : « Il est bien cohérent. Même si on nous demande ce que nous avons fait avant-hier, nous allons oublier des détails. Mais ce n’est pas pour autant que l’on est atteint de démence. »

LeFaso.net

Fespaco : « La Femme du fossoyeur », du Somalien Khadar Ayderus, déjoue les pronostics

Mis à jour le 25 octobre 2021 à 12:54
 

 

"La femme du fossoyeur" était un outsider dans la course à l’Étalon d’or. © Lasse Lecklin/Bufo 2021

 

Le réalisateur somalien a remporté l’étalon d’or de Yennega devant « Freda », de Gessica Geneus (argent), et « Une histoire d’amour et de désir », de Leyla Bouzid (bronze). Une surprise, alors que « La Nuit des rois », de l’Ivoirien Philippe Lacôte, et « Lingui », du Tchadien Mahamat Saleh-Haroun, semblaient favoris.

À la lecture de la liste des films sélectionnés pour le Fespaco 2021 – qui se tenait exceptionnellement en octobre cette année pour cause de Covid-19 –, on pouvait imaginer qui, sauf surprise, allait être primé à Ouagadougou. Dans la catégorie reine des longs-métrages de fiction, le cinéaste tchadien Mahamat Saleh-Haroun, maintes fois récompensé dans les plus grands festivals comme la Mostra de Venise ou Cannes mais n’ayant jamais obtenu l’Étalon d’or de Yennenga, faisait figure de favori.

À défaut, se disait-on, si, malgré l’accueil très chaleureux reçu par son dernier film Lingui en juillet sur la Croisette, cette grande figure du cinéma du continent était négligé par le jury présidé par Abderrahmane Sissako, l’Ivoirien Philippe Lacôte pouvait devenir un favori de substitution avec La Nuit des rois, ce récit très original ayant pour cadre la plus grande prison d’Abidjan, déjà sorti dans plusieurs pays et loué par toute la critique.

Côté documentaire, ensuite, En route pour le milliard, le remarquable film du Congolais Dieudo Hamadi sur les victimes de la « guerre des six jours » de juin 2000 à Kisangani paraissait de nature à séduire les jurés. Tout comme le premier film d’Aïssa Maïga, Marcher sur l’eau, évoquant la lutte déterminée des femmes d’un village du Niger pour améliorer leur accès à l’eau grâce à un nouveau forage.

Sobre et prenant

À l’heure du palmarès, au soir du samedi 23 octobre, on a dû convenir que les pronostiqueurs avaient failli. Les films qui ont été couronnés étaient incontestablement des œuvres de grande qualité, mais pas ceux attendus. Certes, les Étalons d’argent et de bronze de Yennenga, attribués respectivement à l’Haïtienne Gessica Geneus pour Freda et à la Tunisienne Leyla Bouzid pour Une Histoire d’amour et de désir, sont venus récompenser des longs-métrages déjà plébiscités par le public et la presse.

Mais, bien que déjà sélectionné lors de la Semaine de la critique à Cannes en juillet dernier, La Femme du fossoyeur du Somalien Khadar Ayderus Ahmed, qui vit en Finlande depuis l’adolescence, était un outsider dans la course à l’Étalon d’or. Il a finalement remporté le prix, à l’unanimité du jury, a tenu à préciser Abderrahmane Sissako.

Remarquablement maitrisé pour un premier long-métrage, à la fois sobre et prenant, La Femme du fossoyeur réussit à célébrer l’amour et la vie tout en parlant d’un bout à l’autre de la mort. Guled est sans arrêt à la recherche de décédés à enterrer pour faire vivre les siens, à savoir sa femme adorée Nasra et son fils rebelle Mahad. Mais quand il est devenu clair que son épouse, très malade d’un rein, est pratiquement condamnée à mourir si elle n’est pas opérée, il recherche en vain les moyens de réunir les 5000 euros nécessaires pour la sauver.

Seule solution : partir de Djibouti où il vit en exil et retourner dans son village natal en Somalie récupérer de gré ou de force un troupeau qu’il estime lui appartenir afin de le vendre. Un voyage épique qui se passera mal mais qui n’ôte pas au film sa capacité à porter un message positif. Car le récit n’est jamais misérabiliste et entend démontrer que, pour les vrais amoureux, l’espoir est sans limite.

Filmés pendant plusieurs années

La remise de l’Étalon d’or du documentaire à Garderie nocturne du Burkinabè Moumouni Sarou était moins inattendue, peut-être, après sa projection remarquée au festival de Berlin. Ce prix récompense un long-métrage abordant un sujet difficile avec délicatesse. Il raconte comment, chaque soir, les bébés ou les jeunes enfants de prostituées de Bobo-Dioulasso sont accueillis par une octogénaire, Mme Coda, qui les garde jusqu’au petit matin.

Parce qu’il ne porte aucun jugement et dresse un portrait digne de tous les personnages, enfants et adultes, ce film apparemment simple capte tout du long l’attention du spectateur. Afin de gagner leur confiance, le réalisateur les a suivis et filmés pendant plusieurs années. Un beau travail et un plaidoyer pour la tolérance.

 

Fespaco : le Somalien Ahmed Khadar remporte l’Étalon d’or

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 24 octobre 2021 à 11:41
 

 

Lors de la cérémonie du clôture du Fespaco, le 23 octobre 2021 à Ouagadougou, au Burkina Faso. © AFP

 

Le réalisateur somalien Ahmed Khadar a remporté samedi 23 octobre l’Étalon d’Or de Yennenga du 27e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) pour son premier long-métrage, « La femme du fossoyeur ».

Le jeune réalisateur de 40 ans, également de nationalité finlandaise et dont le film est tourné à Djibouti en version originale somali, n’a pas pris part à la cérémonie de clôture du festival dans la capitale burkinabè.

Le président du jury qui lui a décerné le prix, le Mauritanien Abderrahmane Sissako, a déclaré que « pour tout cinéaste africain c’est le plus beau prix qu’on puisse avoir, c’est toute une fierté ».

Né à Mogadiscio, Ahmed Khadar, également écrivain, immigre en Finlande à l’âge de 16 ans avec sa famille et obtient un statut de réfugié. Il réalise son premier court métrage, Me ei vietetä joulua, en 2014, puis deux autres en 2017, Yövaras, et 2018, The Killing of Cahceravga.

Histoire d’amour

Présenté en juillet au festival de Cannes dans le cadre de la Semaine internationale de la critique, « La femme du fossoyeur » avait reçu un bon accueil. Le film traite de l’histoire d’amour d’un couple vivant avec leurs fils dans un quartier pauvre de Djibouti.

Lorsque Nasra, l’épouse – interprétée par la mannequin canadienne née en Somalie Yasmin Warsame – est atteinte d’une grave maladie rénale et doit se faire opérer d’urgence, l’équilibre familial est menacé et son mari Guled, fossoyeur, doit trouver l’argent pour payer la coûteuse opération. Le film a également remporté le prix de la meilleure musique.

L’Étalon d’argent a récompensé « Freda« , de la Haïtienne Gessica Geneus et l’Étalon de bronze va à « Une histoire d’amour et de désir » de la Tunisienne Leyla Bouzid.

Le prix d’interprétation féminine est revenu à la Britannique d’origine sierra-léonaise Zainab Jah pour son rôle dans « Farewell Amor » de Ekwa Msangi (Tanzanie), tandis que chez les hommes Alassane Sy s’est illustré pour son rôle dans « Baamum Nafi » du Sénégalais Mamadou Dia.

Avec son film « Serbi » (Les tissus blancs) qui traite de la dignité de la femme dans une société patriarcale, le Sénégalais Moly Kane remporte le poulain d’or dans la section fiction court métrage. « Amani » de la Rwandaise Alliah Fafin et « Zalissa » de la Burkinabè Carine Bado reçoivent respectivement l’argent et le bronze.

Un festival « malgré l’adversité »

Les trophées ont été remis au Palais des sports de Ouaga 2000 par les présidents burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et sénégalais Macky Sall, dont le pays était l’invité d’honneur de 27è Fespaco.

Se réjouissant d’avoir réussi au cours du festival la projection de « 500 œuvres au profit de 150 000 festivaliers » venus de 64 pays, « malgré l’adversité liée à l’« insécurité et à la Covid-19 », le délégué général du Fespaco Moussa Alex Sawadogo, a donné rendez-vous du 25 février au 4 mars 2023 à Ouagadougou pour la 28e édition du festival.

Un « mini Fespaco » itinérant doit avoir lieu dans le nord du Burkina Faso, région la plus touchée par les attaques jihadistes qui, en six ans, ont fait environ 2 000 morts et 1,4 millions de déplacés.