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Côte d’Ivoire-France : au cœur des préparatifs de la rencontre
entre Ouattara et Macron

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 11 février 2021 à 18h08
Le président français Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara à Saint-Raphaël, dans le sud de la France, le 15 août 2019.

Le président français Emmanuel Macron et son homologue ivoirien Alassane Ouattara à Saint-Raphaël,
dans le sud de la France, le 15 août 2019. © Eric Gaillard/AP/SIPA

 

Le président français recevra très prochainement son homologue ivoirien, qu’il n’a pas revu depuis leur déjeuner, le 4 septembre dernier, et sa réélection pour un troisième mandat. Voici les sujets qu’ils aborderont.

Si la date de cette entrevue n’a pas encore été fixée, elle devrait se tenir « fin février, début mars ». Les équipes des deux chefs d’État ont déjà commencé à plancher sur les sujets de discussions. Initialement très préoccupé par l’élection présidentielle du 31 octobre, Paris s’est « rendu compte que le scénario chaotique craint par certains n’a pas eu lieu », selon nos sources diplomatiques françaises.

Le dégel sur le front politique ivoirien, marqué par la libération des opposants, et la participation des partisans de l’ex-président Laurent Gbagbo aux législatives du 6 mars, après dix ans de boycott, seront abordés.

Troisième phase du C2D

Emmanuel Macron devrait encourager Alassane Ouattara à poursuivre ses efforts de réconciliation et d’apaisement. Les deux homologues échangeront ensuite sur la coopération bilatérale, dont l’épicentre est le Contrat désendettement développement (C2D) portant sur une enveloppe de 1,125 milliard d’euros, dont la troisième phase démarrera prochainement. Paris refuse une annulation sèche du stock de la dette et préfère réinvestir sur place dans divers projets. L’Agence française de développement (AFD) a ainsi engagé 2,1 milliards d’euros dans le pays depuis l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011.

Enfin, ils évoqueront la lutte contre le terrorisme au Sahel. La France et la Côte d’Ivoire sont engagés au Mali pour la stabilisation du pays, et ce d’autant plus après le coup d’État d’août 2020 qui a renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta.

Alassane Ouattara se déplacera avec son trio habituel de collaborateurs, composé de Patrick Achi, le secrétaire général de la présidence, Fidèle Sarassoro, son directeur de cabinet et Masséré Touré, sa directrice de la communication. Maurice Bandaman, l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, devrait se joindre à cette délégation.

Oscars 2021: la surprise de trois films africains dans la liste des films présélectionnés

Kaouther Ben Hania (Tunisie), Anthony Nti (Belgique/Ghana) et Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire) restent en lice pour les Oscars 2021.
Kaouther Ben Hania (Tunisie), Anthony Nti (Belgique/Ghana) et Philippe Lacôte (Côte d’Ivoire) restent en lice pour les Oscars 2021. © Siegfried Forster / RFI
5 mn

«Deux», de Filippo Meneghetti, représentera la France. Le film tunisien «L’homme qui a vendu sa peau» de Kaouther Ben Hania et le long métrage ivoirien «La nuit des rois de Philippe Lacôte ont été également retenus dans la liste des 15 films présélectionnés pour le Meilleur film international. Depuis la pandémie de Covid-19, le Festival de Cannes semble avoir perdu son influence aux Oscars, au profit de la Mostra de Venise et de Netflix. 

La liste des films présélectionnés a été publiée mardi soir 9 février sur le site des Academy Awards. Parmi les 15 films sélectionnés dans la catégorie du Meilleur film international ne se trouvent pas moins que cinq films programmés au Festival international du film de Venise 2020 ! La Mostra se trouve ainsi très renforcée dans son rôle de prescripteur pour les plus importants prix du cinéma au niveau mondial. Le Festival de Cannes, dont la compétition sur place a été annulée et remplacée par un label « Cannes 2020 » décerné à 56 films, doit se contenter d'un seul film présélectionné aux Oscars, Drunk, du Danois Thomas Vinterberg. Même le film envoyé par la France, Deux, de Filippo Meneghetti, l’histoire d’amour passionnée de deux retraitées, ne se retrouvait pas parmi les 21 longs métrages français labellisés « Cannes 2020 ».

► À lire aussi : Les nouvelles frontières numériques du Festival de Cannes 2020

Même Netflix fait mieux, avec deux longs métrages dans la catégorie Meilleur film étranger : I’m no longer here, du Mexicain Fernando Frias, mettant en scène une bande d’adolescents fans de musique cumbia, et le drame taïwanais A Sun, de Mong-Hong Chung.

Les Oscars 2021, quand la Mostra et Netflix doublent le Festival de Cannes

Mis sous pression par l’ascension fulgurante des plateformes et la fermeture des salles de cinéma, le Festival de Cannes (qui a déjà reporté son édition 2021 en juillet) semble avoir perdu son rang depuis le début de la crise provoquée par le coronavirus. Il faut se rappeler que l’année dernière, Parasite, la Palme d’or du Festival de Cannes, avait réalisé un exploit historique en raflant aux Oscars pas seulement le trophée du Meilleur film étranger, mais aussi celui du Meilleur film.

► À lire aussi : Le «miracle» de la Mostra de Venise 2020: de très bons films et de l’espoir

Depuis l’avènement de la pandémie, au niveau des festivals de cinéma, le Festival de Venise semble avoir inversé le rapport de force. Parmi les films de la sélection officielle de la Mostra en septembre 2020, cinq se retrouvent parmi les 15 candidats restants pour le Meilleur film international aux Oscars et un autre est bien positionné pour le Meilleur film documentaire, Nocturne, de Francesco Rosi.

Kaouther Ben Hania (Tunisie) et Philippe Lacôte (Côte d'Ivoire)

L’homme qui a vendu sa peau, de la Tunisienne Kaouther Ben Hania, dont l’acteur Yahya Mahayni avait décroché à Venise le prix de la Meilleure interprétation masculine, se retrouve aussi dans la dernière ligne droite pour la course aux Oscars. C’est aussi le cas de La nuit des rois (Côte d’Ivoire), de Philippe Lacôte, une mise en scène époustouflante dotée d’une écriture cinématographique novatrice et ambitieuse pour raconter une histoire insensée se déroulant dans l’une des prisons les plus surpeuplées d’Afrique de l’Ouest, la Maca.

Quo Vadis, Aïda ?, de Jasmila Zbanic, repartie bredouille de la Mostra 2020, représente la Bosnie-Herzégovine. Les enfants du Soleil, film de Majid Majidi, dont l’enfant de rue devenu acteur, Rouhollah Zamani, couronné à Venise par le Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune interprète, a été également sélectionné sur la liste.

Les membres de la prestigieuse Académie des Oscars n’ont pas non plus oublié Dear Comrades !. À la Mostra, le Russe Andreï Kontchalovski avait remporté le Prix spécial du jury. Mais la grande surprise reste l’absence du Lion d’or 2020, Nomadland, de la réalisatrice sino-américaine Chloé Zhao, longtemps considérée comme grande favorite pour les Oscars.

► À lire aussi : «Da Yie», d’Anthony Nti, «un étranger au Ghana»

Parmi les 174 films qualifiés pour la catégorie du Meilleur court métrage, dix ont été retenus, dont La Voix humaine, de Pedro Almodovar, également présenté à Venise, mais aussi Da Yie, réalisé par le réalisateur belge Anthony Nti, né au Ghana et lauréat du Grand Prix international du Festival du court métrage de Clermont-Ferrand 2020 pour son histoire étrange d’un étranger dans son pays natal.

Suite à la pandémie, l’Académie américaine des sciences et des arts du cinéma a choisi de faire figurer non plus dix, mais quinze longs métrages dans sa présélection pour l’Oscar du Meilleur film étranger. La prochaine étape aura lieu le 15 mars : seuls cinq films seront alors sélectionnés pour la liste finale avant l’attribution des Oscars le 25 avril.

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[Chronique] Quand Joe Biden l’« afrophile » parle aux Africains

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Par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Damien Glez

Dans un message vidéo adressé à l’Union africaine, le nouveau président américain a promis respect, dialogue et cohérence. Et peut-être même une visite au prochain sommet de l’institution panafricaine.

Featuring de luxe au 34e sommet de l’Union africaine, qui s’est achevé ce dimanche : par visioconférence, le tombeur de l’acariâtre Donald Trump s’est adressé au gratin politique du continent noir. L’administration étasunienne fraîche émoulue avait déjà donné le « la » africaniste. C’est désormais la propre voix du commandant en chef, Joe Biden, qui porte le nouveau ton de la politique prévisionnelle des États-Unis en Afrique.

Promesses et généralités

Si « cohérente » se veut la nouvelle diplomatie « made in US », raccord fut le discours pixellisé avec l’ambiance classique de sommets de chefs d’État emphatiques : « dialogue dans un respect mutuel », « partenariats à reconstruire avec les institutions internationales », « promotion d’une vision commune d’un avenir meilleur », « commerce et investissements croissants », « santé », « sécurité », « climat »…

Les généralités qui n’engagent que peu, à ce stade, et le prêche d’autoproclamés convaincus ont été les deux piliers de cette adresse au continent sur une politique dont les deux mamelles, seront, selon Biden, la « prospérité » et la « paix ». C’est un engrenage vertueux entre partenariat économique et fin des insécurités que le président américain entend enclencher, par l’entremise de l’amélioration des niveaux sociaux.

À l’Ouest, rien de nouveau, donc. Surtout si l’on considère que cette intervention au sommet de l’UA n’était que la déclinaison d’un discours de la vieille sur la politique étrangère des États-Unis. Après tout, les gratins réchauffés ont encore meilleurs goûts, dit-on. Et nul n’est dupe d’un mot afro-personnalisé, sinon le comité qui avait bombardé Barack Obama prix Nobel de la Paix à la moindre écoute d’un « Salam aleikum » cairote.

Et maintenant ?

Ne pas susciter systématiquement une référence à l’un de ses prédécesseurs devrait d’ailleurs être une gageure pour Biden. N’être que « mieux que Trump qui insultait les présumés shithole countries » serait un peu court. N’être que le prolongement d’Obama –qui, rappelons-le, est tout de même son « petit frère » – ne lui permettrait pas non plus de marquer l’histoire. Déjà, ces derniers jours, la presse africaine s’est surtout fait l’écho de messages subliminaux dénichés dans une interview récente d’Obama à la radio France Inter, piques supposées à certains dirigeants africains qui refusent de quitter leur trône.

Les actes concrets de Biden en faveur de l’Afrique étant encore peu nombreux, il reste la symbolique et les sempiternels grains de sable. Côté symbolique afrophile, après un casting gouvernemental métissé, le nouveau président a fait un succès évident en souhaitant assister « en personne » au prochain sommet de l’UA.

Côté grains de sables, il faudra bien que son multilatéralisme glorifié se frotte aux relations bilatérales parfois conflictuelles et que sa promotion, par exemple, des « droits humains des personnes LGBTQ » s’attende à quelques réticences. Retour en Afrique ou néoingérence ? Chacun verra midi américain à sa porte africaine. Le discours : c’est fait. Et maintenant ?

[Série] Covid-19 : la diplomatie vaccinale des « amis » de l’Afrique (2/5)

| Par et 
JA 

 Face aux grands laboratoires occidentaux dont les doses sont déjà réservées, Russes, Chinois et Indiens se posent en solution idéale.

D’abord, il y a eu Covax, vaste dispositif international censé garantir l’accès équitable de tous les pays aux vaccins anti-Covid. Mais très vite, le chacun pour soi et le « nationalisme vaccinal » ont repris le dessus et chacun a compris qu’il lui faudrait se débrouiller. L’Afrique a alors vu arriver ses « amis » chinois, russes et indiens, prêts à lui venir en aide.

Russe, Chinois et Indiens

L’industrie pharmaceutique occidentale n’étant ni en mesure ni vraiment désireuse de fournir des vaccins aux pays africains, d’autres intervenants ont pris le relais. « Les Russes et les Chinois sont de nouveaux entrants sur les marchés internationaux, signale la chercheuse française Nathalie Ernoult, responsable des bureaux régionaux pour la campagne d’accès aux médicaments essentiels au sein de MSF. Pékin produit beaucoup de vaccins depuis longtemps mais en exportait peu. La situation des Indiens est différente : ils ont toujours été là, ils produisent de très grandes quantités et sont présents sur le marché. Enfin, il ne faut pas oublier le Brésil. »

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LES RUSSES COMPARENT LEUR SPOUTNIK-V AUX KALACHNIKOV : « SIMPLE MAIS EFFICACE »

La plupart de ces fournisseurs fabriquent des vaccins à « virus atténué », la technologie la plus ancienne, mais aussi la plus éprouvée, et si quelques doutes ont pu émerger à propos de « vaccins au rabais », ils semblent aujourd’hui balayés. Les produits de Gamaleya, Sinovac ou Sinopharm sont a priori efficaces et sûrs. Les Russes comparent d’ailleurs leur Spoutnik-V aux fusils kalachnikov : « simple mais efficace »…

« Ils ont surtout un avantage sur les grands laboratoires occidentaux, renchérit Achal Prabhala, coordinateur en Inde du projet international de mise à disposition de médicaments AccessIbsa : ils veulent vendre leur vaccin aux pays pauvres, et ils sont capables de produire les quantités nécessaires. »

Seuls l’américain Novavax et les anglo-suédois d’AstraZeneca/Oxford ont « promis, dès le début, de réserver une partie de leur production aux pays à faibles revenus, poursuit Achal Prabhala. Ils ont ainsi autorisé plusieurs industriels dans le monde, dont le Serum Institute of India (SII), à produire un total de 2 milliards de doses en 2021 et 2022, à destination des pays pauvres ».

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LA POLÉMIQUE ENFLE AUTOUR DU MANQUE SUPPOSÉ D’EFFICACITÉ DU VACCIN D’ASTRAZENECA

Le premier stock de vaccins mis à disposition dans le cadre du dispositif international Covax comprend d’ailleurs une écrasante majorité de doses AstraZeneca fabriquées en Inde et en Corée du Sud. Mais, alors que la polémique enfle autour du manque supposé d’efficacité de ce vaccin – dont l’Afrique du Sud vient de suspendre l’utilisation et sur lequel l’OMS devait se pencher en urgence ce lundi 8 février –, l’idée selon laquelle les pays aux revenus faibles se voient offrir des produits de « second choix » risque de refaire son apparition.

« Diplomatie vaccinale »

« Les pays africains seront parmi les premiers bénéficiaires d’un vaccin fabriqué en Chine », assurait Xi Jinping le 17 juin, lors d’un sommet entre son pays et le continent. Sept mois plus tard, le président est bien décidé à tenir ses promesses. Dès le début de la pandémie, les laboratoires de l’empire du Milieu ont été parmi les premiers à se lancer dans la course aux vaccins.

Pour accélérer la dernière phase de tests, ils ont noué des partenariats avec plusieurs pays fortement touchés par le virus, dont le Maroc et l’Égypte. En acceptant de participer à des essais cliniques, ces deux pays ont bénéficié d’un accès prioritaire à plusieurs millions de doses du vaccin Sinopharm. L’Égypte a déjà reçu 50 000 premières doses offertes par les Émirats arabes unis, qui ont eux aussi misé sur le vaccin chinois et des doses sont attendues (ou parfois déjà livrées) en Tunisie, aux Seychelles, au Nigeria, en Algérie…).

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POUR PÉKIN, LES VACCINS SONT UN OUTIL SUPPLÉMENTAIRE POUR POURSUIVRE SON IMPLANTATION EN AFRIQUE

Avec cette « diplomatie vaccinale », le pays, où la pandémie a débuté, veut se présenter comme une solution à la crise. Déjà, en mars, le richissime fondateur d’Alibaba, Jack Ma, avait fait don de millions de masques et de matériel médical au continent, devenant ainsi le visage de l’aide de Pékin en Afrique. « Pour la Chine, les vaccins sont un outil supplémentaire pour poursuivre son implantation en Afrique et rétablir la balance entre elle, l’Europe et les États-Unis », explique l’épidémiologiste Yap Boum.

Autre symbole du « soft power » grandissant de Pékin sur le continent : la construction du siège de l’Africa CDC à Addis-Abeba, en Éthiopie, lancée en décembre dernier. « L’Afrique est ouverte à tous les partenariats avec les pays qui pourraient nous venir en aide », assure John N. Nkengasong, son directeur.

Si l’agence de presse Chine Nouvelle assurait en octobre que Pékin ne « transformera pas les vaccins en arme géopolitique », le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, a effectué ses premiers voyages officiels de 2021 en Afrique : au Nigeria, en RDC, au Botswana, en Tanzanie et aux Seychelles, premier pays du continent à avoir démarré sa campagne de vaccination… avec Sinopharm.