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Sénégal : discrets mais incontournables, qui sont les fidèles de Macky Sall ?

| Par Jeune Afrique
Mis à jour le 30 novembre 2020 à 09h28
Le président sénégalais Macky Sall.

Le président sénégalais Macky Sall. © Thierry STEFANOPOULOS/REA

 

Moins impulsif qu’Abdoulaye Wade, son prédécesseur, Macky Sall mûrit longuement ses décisions, cloisonne ses réseaux et choisit avec soin les personnes de confiance qui l’entourent. De la politique aux affaires, en passant par sa famille, qui sont les personnalités qui comptent dans son entourage proche ?

« La confiance de Macky Sall ne s’acquiert pas facilement », confie l’un de ses proches. À la tête d’une véritable armée mexicaine d’alliés, de ralliés et de « ministres-conseillers » aux fonctions parfois honorifiques, le président sénégalais, adepte du cloisonnement, se montre sélectif lorsqu’il s’agit de laisser l’un de ses proches gagner en influence.

Lors du récent remaniement, il en a surpris plus d’un en écartant du gouvernement et du Conseil économique, social et environnemental (CESE) plusieurs personnalités de son premier cercle : son ex-Premier ministre puis secrétaire général de la présidence, Mahammed Boun Abdallah Dionne, et quelques ministres qu’on jugeait jusque-là incontournables : Amadou Ba (Affaires étrangères), Aly Ngouille Ndiaye (Intérieur), Mouhamadou Makhtar Cissé (Pétrole et Énergie), Oumar Youm (Infrastructures, Transports terrestres et Désenclavement) ; ou encore l’ancienne Première ministre Aminata Touré, devenue la présidente du CESE après avoir dirigé sa campagne victorieuse au début de 2019.

Dans l’entourage présidentiel, les hommes et femmes de confiance sont discrets, voire secrets, et font rarement la Une des journaux. À l’heure où le chef de l’État vient de lancer une nouvelle OPA sur l’opposition, certains d’entre-eux ont, par leur conseils ou leurs missions de bons offices, aidé « le patron » à consolider son emprise sur la scène politique nationale.

Les conseillers

  • Mahmoud Saleh

Son influence est proportionnelle à sa discrétion. Nommé directeur de cabinet du chef de l’État lors du dernier remaniement, Mahmoud Saleh occupait auparavant la fonction de ministre-conseiller. Surnommé « Raspoutine » par ses détracteurs au sein de l’entourage présidentiel, il a l’oreille du président depuis sa première élection, en 2012. Cet ancien trotskiste a eu un parcours sinueux. Au début des années 2000, après avoir suivi Djibo Leyti Kâ dans sa scission d’avec le Parti socialiste, il a créé à son tour une branche dissidente de l’Union pour le renouveau démocratique (URD) et s’est rapproché du régime d’Abdoulaye Wade, avant de rallier Macky Sall lorsque ce dernier a créé son propre parti, l’Alliance pour la République (APR).

Mahmoud Saleh est aussi, pour le chef de l’État, un missi dominici qui porte des messages au moment opportun et vient sceller les alliances avec les adversaires d’hier. Il aurait ainsi favorisé le rapprochement de Macky Sall avec Oumar Sarr, longtemps numéro 2 du Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition), qui a lui aussi milité à l’extrême gauche dans sa jeunesse.

  • Seydou Guèye
Seydou Gueye gère la communication présidentielle.
Le ministre Seydou Gueye gère la communication présidentielle. © Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA

Cet enfant de la Médina, un quartier populaire de Dakar, passera de longues années en France où il aura comme mentor Michel Rocard. Rentré au Sénégal, il quitte le giron socialiste pour rejoindre Macky Sall à l’Alliance pour la République (APR). Depuis l’élection de ce dernier, en 2012, Seydou Guèye a rang de ministre, sans toutefois détenir de portefeuille. Mais la parole présidentielle passe par lui.

Porte-parole de l’APR, tour à tour porte-parole ou secrétaire général du gouvernement ou de la présidence, ou ministre-conseiller en charge de la communication, il est l’apparatchik dont le président a besoin pour délivrer ses messages aux médias et gérer, quand cela est nécessaire, la communication de crise.

Le politique

  • Moustapha Niasse

Si Macky Sall a été élu en 2012, puis réélu sept ans plus tard, et s’il a remporté haut la main les législatives à deux reprises, c’est grâce à eux : Ousmane Tanor Dieng, qui dirigeait le parti socialiste depuis 1996 et jusqu’à son décès en juillet 2019, et Moustapha Niasse, 81 ans, fondateur et président de l’Alliance des forces de progrès (AFP), qui occupe depuis 2012 le perchoir de l’Assemblée nationale.

Le pacte scellé par les trois hommes a conduit Niasse et Tanor à mettre leur parti au service de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar (BBY), quitte à s’abstenir de présenter une candidature autonome à la présidentielle de 2019. Et ce, au prix de plusieurs exclusions dans leurs propres rangs, lorsque des frondeurs se faisaient entendre pour critiquer cette stratégie d’allégeance.

Depuis le décès d’Ousmane Tanor Dieng, l’ancienne ministre Aminata Mbengue Ndiaye a repris le flambeau au PS, tout en héritant de la fonction de Tanor à la tête du Haut commissariat aux collectivités territoriales (HCCT), troisième institution de l’État dans l’ordre protocolaire.

Les hommes d’affaires

  • Harouna Dia
Le milliardaire Harouna Dia est un soutien de la première heure de Macky Sall.
Le milliardaire Harouna Dia est un soutien de la première heure de Macky Sall. © Ahmed Ouoba pour JA

Macky Sall compte parmi ses proches le patron des patrons sénégalais, Baïdy Agne, tout à la fois président du Conseil national du patronat (CNP), président du Syndicat des entreprises de manutention des ports du Sénégal (Sempos) et PDG de plusieurs entreprises dans les secteurs de la manutention, de la construction, de l’extraction de minerais, du tourisme et du transport.

Il entretient également des relations suivies avec Mamadou Diagna Ndiaye, un homme de réseaux qui était déjà un conseiller influent de l’ex-président Abdou Diouf. Nommé en 2013 ministre-conseiller du président en charge des investissements et du comité stratégique, Diagna Ndiaye est un pilier du groupe Mimran, qui détient notamment la Compagnie sucrière du Sénégal (CSS). Homme d’affaires fortuné et cosmopolite, au carrefour de nombreux secteurs industriels et commerciaux, il est un « ouvreur de portes » au carnet d’adresses très fourni.

Mais dans l’entourage présidentiel, nul représentant du monde des affaires n’égale Harouna Dia. Cet enfant du Fouta, halpulaar tout comme Macky Sall, fut un soutien de la première heure à qui ce dernier doit beaucoup. Financier de l’Alliance pour la République (APR) depuis sa création en décembre 2008, ce milliardaire a offert au futur parti présidentiel les moyens de ses ambitions… en pleine traversée du désert.

Peu connu au Sénégal, si ce n’est dans la vallée du fleuve, il l’est davantage au Burkina Faso, où il s’est installé en 1986 avant de faire fortune dans le commerce de poisson surgelé. « Macky lui voue un grand respect, explique un proche. Pas seulement pour ce qu’il a fait pour lui, mais aussi pour ce qu’il représente. » Si Harouna Dia, le « roi du poisson », n’occupe aucune fonction officielle – il a décliné un portefeuille ministériel au lendemain de l’élection de 2012 -, il est un homme écouté par le chef de l’État, à qui il apporte son carnet d’adresses, sa connaissance du monde des affaires et son influence dans le Fouta ainsi qu’en Afrique de l’Ouest.

Le journaliste

  • Madiambal Diagne
Le patron de presse Madiambal Diagne est un confident privilégié du chef de l'Etat.
Le patron de presse Madiambal Diagne est un confident privilégié du chef de l'Etat. © Sylvain Cherkaoui/Cosmos pour JA

Leur complicité s’est scellée peu après la disgrâce de Macky Sall, en 2008, après avoir été le principal homme de confiance d’Abdoulaye Wade. Madiambal Diagne – journaliste trublion, brièvement incarcéré sous Wade – lui détaille alors ce que le régime, dont il fut l’un des piliers, lui avait fait subir. Il l’incite aussi à ne pas laisser le champ libre au président vieillissant, qui entend briguer un troisième mandat.

Après la victoire de Macky Sall, en 2012, Madiambal Diagne, directeur général du groupe Avenir Communication – et président de l’Union internationale de la presse francophone depuis 2014 -, devient un confident privilégié du chef de l’État, qui teste auprès de lui certaines de ses futures décisions et sollicite son point de vue sur les sujets du moment. Si son nom a plusieurs fois circulé comme un possible ministrable, lui-même préfère rester dans cet entre-deux, entre conseiller informel et confident privilégié.

Dans son éditorial du lundi, dans les colonnes du Quotidien, Madiambal Diagne alterne prises de position pro-domo ou plus critiques à l’égard de la mouvance présidentielle. Son ex-confrère Abdou Latif Coulibaly, dont les investigations choc sur le régime Wade ont défrayé la chronique au cours des années 2000, a quant à lui opté pour une reconversion assumée dans les arcanes du gouvernement ou de la présidence, où il occupe des fonctions depuis le début du premier mandat de Macky Sall.

La famille

  • Aliou Sall, Marième Faye Sall, Mansour Faye
La Première dame Marième Faye Sall joue un rôle essentiel auprès de son époux.
La Première dame Marième Faye Sall joue un rôle essentiel auprès de son époux. © Xaume Olleros/AP/SIPA

Abdoulaye Wade avait un fils, dont le rôle auprès de lui aura alimenté la polémique de longues années durant. Pour Macky Sall, les accusations de gestion népotique ont trois têtes : son frère cadet, Aliou Sall ; son épouse, Marième Faye Sall ; et le frère de cette dernière, Mansour Faye.

Entravé dans ses ambitions professionnelles du fait de leur lien de sang, Aliou Sall est, selon les jours, un atout ou un handicap pour son aîné. Quand il se lance dans le privé, en 2012, dans l’exploration gazière offshore, l’affaire finit par provoquer une polémique retentissante qui rejaillit sur le chef de l’État et contraint in fine l’intéressé à démissionner en 2019 de son poste de président de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), deux ans après y avoir été nommé.

Mais Aliou Sall, ancien journaliste issu de l’extrême gauche, puis diplômé de l’ENA avant de diriger le bureau économique de l’ambassade du Sénégal en Chine à la fin du règne d’Abdoulaye Wade, est aussi depuis 2014 le maire de Guédiawaye, un bastion électoral clé de la banlieue dakaroise. Il est également le président de l’Association des maires du Sénégal.

Simple et discrète, Marième Faye Sall joue un rôle essentiel auprès de son époux, en se gardant bien d’interférer avec ses décisions. Son rôle est essentiellement social mais, au Sénégal, rapprochements et ralliements se scellent le plus souvent lors des funérailles, des mariages ou des baptêmes.

En vraie Sénégalaise, la First Lady effectue donc des missions discrètes tous azimuts : pour consoler des militants de l’APR en souffrance, représenter le couple présidentiel dans les cérémonies familiales, et surtout pour nouer discrètement les rapprochements avec certains opposants – un processus au cœur de la stratégie du chef de l’État.

Selon nos sources, Marième Faye Sall aurait ainsi été à la manœuvre pour initier la réconciliation – hautement symbolique – entre le président et son ancien mentor, Abdoulaye Wade, qui s’est concrétisée en septembre 2019 à la mosquée dakaroise Massalikoul Djinane. De même, elle aurait joué les éclaireuses pour favoriser le ralliement récent d’Idrissa Seck, frère ennemi de Macky Sall au sein de la famille libérale, à la mouvance présidentielle.

Mansour Faye est un soutien de la première heure de son beau-frère Macky Sall.
Mansour Faye est un soutien de la première heure de son beau-frère Macky Sall. © LUDOVIC MARIN/AFP

Son frère, Mansour Faye, n’est pas en reste. Entré au gouvernement en juillet 2014, après avoir remporté de justesse la mairie de Saint-Louis, il a survécu depuis à tous les remaniements. Soutien de la première heure de son beau-frère Macky Sall, dont il a aidé à implanter le parti tout juste créé, il bénéficie de la confiance du « patron », qui lui confie notamment des missions discrètes en vue d’élargir la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar. Afin, comme il le dévoilait sans faux semblant en avril 2015, de « réduire l’opposition à sa plus simple expression ».

Présidentielle au Burkina Faso: pourquoi un électeur sur deux n'a pas voté

 
                                    À Ouagadougou, dans un bureau de vote, des agents vérifient l'identité des personnes lors du scrutin présidentiel du 22 novembre 2020.

À Ouagadougou, dans un bureau de vote, des agents vérifient l'identité des personnes lors du scrutin présidentiel du 22 novembre 2020.
 AP - Sophie Garcia
Texte par :RFISuivre
3 mn

Le taux de participation de l'élection présidentielle du 22 novembre, qui a vu Roch Marc Christian Kaboré être reconduit, s'établit à 50,79%. Un électeur sur deux n'a donc pas voté, sans compter les Burkinabè qui n'étaient pas inscrits. RFI leur donne la parole.

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Avec notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Carine Frenk

Selon des sources concordantes, le Burkina Faso devrait compter environ 10 millions d’électeurs, et pas seulement 6,5 millions. Parce qu’ils n’ont pas leur carte nationale d’identité, parce qu’ils n’ont pas pu s’enrôler à cause de l’insécurité, ou bien parce qu’ils ne voient pas l’intérêt de voter, ou pour toutes ces raisons à la fois, de nombreux citoyens restent au bord de la route. Le vote pour la présidentielle du 22 novembre s'est fait sans eux.

C’est le cas de Bibi, un petit commerçant du centre-ville. Il n’a jamais voté et il s’en porte bien. Car il n'en voit pas l'intérêt : « Je ne voterai jamais. Je n'ai jamais voté. J'ai 38 ans et je ne sais pas comment on vote. Je ne suis pas prêt pour voter. »

► À lire aussi : Burkina Faso: après l’élection, la quête de la réconciliation nationale

 

« Je ne crois pas en leurs promesses »

Clara tient un kiosque à journaux. Elle aurait pu voter à Fada, mais comme elle était à Ouadadougou le jour des élections, elle s’est donc abstenue : « Ça ne m'a pas gênée. Parce que parmi les 13 candidats, je ne savais pas qui choisir. Personne ne dit la vérité dans son programme. D'autres ont promis des choses qu'ils ne peuvent pas faire. Ils ont fait tout ça seulement pour avoir le fauteuil. Je ne crois pas en leurs promesses. »

Le taux de participation s’établit à 50,79%. Il est même de 46% si l’on se réfère aux 6,5 millions d’électeurs inscrits. 600 000 électeurs ont, en effet, été exclus de la base de calcul par la Céni, leur bureau de vote n’ayant pas pu ouvrir en raison de l'insécurité.

Réélu président dès le premier tour, Roch Marc Christian Kaboré a reçu les félicitations de plusieurs opposants, vendredi 27 novembre. Parmi eux, Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition, mais aussi Tahirou Barry, Ablassé Ouedraogo, Monique Kam Yeli, Gilbert Noel Ouedraogo, le professeur Augustin Loada, président du Mouvement Patriotique pour le Salut, ou encore Do Pascal Sessouma.

Le président Kaboré a salué cette démarche qui, selon lui, témoigne de la maturité de la démocratie au Burkina Faso. On attend désormais les résultats provisoires des législatives. Le Conseil Constitutionnel proclamera les résultats définitifs.

L’Avent au jour le jour

L’Avent au jour le jour
 

Attente, confiance, joie, inattendu. Ce sont ces quatre mots que l’équipe de Croire a retenus cette année pour rythmer les quatre semaines du temps liturgique de l'Avent, qui s'ouvre ce dimanche 29 novembre, avec pour chaque jour un témoignage, une figure biblique ou spirituelle, des textes et des musiques pour soutenir la prière…

Quatre mots qui se conjuguent pour nous préparer intérieurement à l'événement de Noël : attente de l'inattendu, inattendu de la joie, joie de la confiance, confiance de l'attente…

Quatre mots qui, au-delà de la période de l'Avent, disent la disposition intérieure du disciple du Christ, qui vit « non pas d'attente, mais en attente » pour parler comme le pape François. Tendu vers la promesse d'un avenir qui surpassera toujours ses espérances, le chrétien ne cesse en effet de s'émerveiller de la passion que Dieu manifeste pour l'humanité, depuis la promesse faite à Abraham, jusqu'à l'Incarnation du Fils.

Quatre mots qui sont une invitation à accueillir la surprise d'un Dieu qui vient jusqu'à nous, pour partager notre vie et nous inviter à partager la sienne.

Bon chemin d'Avent.

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Qui est le nouveau chef d’Aqmi, Abou Obeida Yousouf al-Annabi ?

 | Par - à Alger
Le nouveau chef d'Aqmi, Abou Obeida Yousouf al-Annabi.

Le nouveau chef d'Aqmi, Abou Obeida Yousouf al-Annabi. © AFP

 

Après la mort en juin 2020 d’Abdelmalek Droukdel, le nouvel émir d’AQMI prend la tête d’une organisation terroriste affaiblie. Les détails sur son parcours.

Plus de cinq mois après l’élimination d’Abdelmalek Droukdel, chef suprême d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique, l’organisation a fini par choisir son successeur. Il s’agit de Yazid Mebarek alias Abou Obeida Yousouf al-Annabi.

Ce n’est pas une surprise. Le nouveau chef de l’organisation terroriste est un compagnon de longue date de son fondateur Abdelmalek Droukdel, avec qui il a créé le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en 1998 et participé à la transformation du groupe en franchise d’Al-Qaïda en janvier 2007 après une prestation d’allégeance officialisant la création d’AQMI.

Militant actif du FIS

Yazid Mebarek est né en Algérie, en 1970, dans la ville d’Annaba, à 500 kilomètres à l’est de la capitale. À 19 ans, il devient militant actif du Front islamique du salut (FIS), parti islamiste crée en 1989 et dont Annaba et plus généralement l’Est algérien est alors un véritable bastion.

Le parti se structure après sa victoire aux élections communales de 1990. Le jeune Mebarek, alors étudiant en sciences économique à l’université de Constantine, côtoie d’autres leaders de ce mouvement ainsi que de futurs dirigeants des organisations terroristes qui naîtront après l’arrêt du processus électoral en janvier 1992.

C’est d’ailleurs à cette période, en 1993, que Mebarek, son diplôme en poche, rejoint les rangs de l’Armée islamique du salut (AIS), puis ceux du GIA où il fait la rencontre d’Abdelmalek Droukdel en 1996.

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IL MONTE EN GRADE EN PARTICIPANT À LA CRÉATION DU GSPC EN 1998

Il monte en grade en participant à la création du GSPC en 1998 et aura son premier poste de responsabilité au sein de l’organisation en devenant son commissaire politique, poste qu’il conservera après la création d’AQMI.

Mebarek était contre la régionalisation du combat et son extension vers d’autres pays, et estimait qu’il fallait se concentrer sur l’Algérie. Il n’était pas très favorable à l’adhésion du GSPC à la nébuleuse Al-Qaïda à cause du risque de s’attirer l’inimitié d’autres États.

La troisième voie

Al-Annabi représente alors, avec un petit groupe de cadres du GSPC, une troisième voie, entre celle de Hassan Hattab, fondateur de l’organisation qui croyait au dialogue et à la réconciliation nationale proposée par l’Algérie, et celle d’Abdelmalek Droukdel, qui voulait coûte que coûte faire du GSPC le bras d’Al-Qaïda sur l’ensemble du continent. Il en résultera des tensions entre lui et Droukdel qui dureront plusieurs années.

En 2009, alors qu’AQMI est acculée dans les maquis de Kabylie, une branche s’allie à Mokhtar Belmokhtar et s’étend au Sahel pour y vivre de prises d’otages et de trafic de drogue. En novembre de la même année, Abou Obeida Yousouf al-Annabi manque de perdre la vie en tombant dans une embuscade tendue par l’armée algérienne dans le maquis d’Imsouhel, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Il en sortira gravement blessé et perdra l’usage d’une jambe.

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IL DEVIENDRA PAR LA SUITE LE CHEF DU COMITÉ DES SAGES ET MEMBRE DU MAJLISS AL-CHOURA

Cette blessure le cantonnera à un rôle moins opérationnel, mais plus idéologique et administratif au sein de l’organisation terroriste. Il deviendra par la suite le chef du comité des sages, groupe de référents religieux et idéologiques, et membre du majliss al-choura, conseil consultatif d’AQMI.

C’est à ce titre qu’il est choisi par Droukdel pour le remplacer progressivement derrière le micro et signer les communiqués d’AQMI, à partir de fin 2018, à un moment où le chef d’AQMI est très affaibli par sa maladie.

Abou Obeida saisira l’opportunité du déclenchement du Hirak en Algérie après février 2019 pour lancer des communiqués de soutien et déclarer que son organisation s’abstiendra de s’attaquer au peuple. Dans la foulée, en mai, il accorde une interview à la chaîne d’information France 24 où il sera présenté comme numéro deux de l’organisation.

C’est donc tout naturellement qu’il est propulsé chef d’AQMI par le majliss al-choura le 21 novembre dernier, très peu de cadres pouvant se targuer de son ancienneté. En devenant le patron d’AQMI, Abou Obeida Yousouf al-Annabi va peut-être entériner le divorce entre son organisation et la confédération terroriste sahélienne du Groupe pour le soutien de l’islam et des musulmans (JNIM/GISM).

Son chef, Iyad Ag Ghaly, n’a toujours pas présenté ses condoléances pour la mort de Droukdel, pas plus qu’il n’a publié de communiqué félicitant Al-Annabi pour sa nomination.

Au final, cette nomination sera peut-être celle du dernier émir d’une AQMI en déclin en Algérie et en Tunisie, et dont il ne subsiste que peu de traces au Sahel.

La journée du Cardinal 2020


A dix jours de la fête de la Société (8 décembree) l’anniversaire de la mort du Cardinal Lavigerie est toujours un moment privilégié pour remettre la première place à celui qui a eu la vision pour notre Mission. Le père André-Léon Simonart nous a donné l’homélie lors de la messe solennelle de la fête du cardinal.

 


 

Comme le dit Qohélet, il y a un temps pour toute chose sous le ciel. Nous avons vécu le temps des préparations de notre jubilé, puis le temps des célébrations et nous voilà rendus au temps des chantiers. Chantiers qui sont les engagements de nos Instituts missionnaires dynamisés par les célébrations du 150e anniversaire. Un dynamisme qui s’articule autour du charisme et des interpellations aujourd’hui venant particulièrement d’Afrique.

Tel un veilleur, je distingue trois chantiers. Le premier se situe au niveau de la planète, de « notre maison commune », comme l’appelle le pape François. Il concerne un projet étalé sur sept ans en vue de la réalisation au niveau planétaire d’une écologie intégrale. Chantier où nous œuvrons avec toute l’Église et avec toutes les personnes de bonne volonté, tous prenant part à la campagne « Laudato sí’ en action » dont Andreas et le Conseil nous ont parlé.

Le second chantier est déjà en bonne voie de réalisation, car les premières Sœurs Blanches et les premiers confrères se mettent en route ces jours-ci. Ce chantier concerne le projet que nos Instituts ont voulu. Ils l’ont choisi pour marquer, de façon apostolique et durable, le jubilé des 150 ans de notre fondation. Un projet aux périphéries, auprès de réfugiés dans le nord de l’Ouganda.

Le troisième chantier, particulier à chacun de nos deux Instituts, concerne l’appropriation du charisme que le cardinal Lavigerie nous a légué.

Au cours du Conseil plénier, en novembre dernier, à Kampala, le Frère Réginald, Xavérien, nous a fait un exposé magistral sur le charisme. En fin de journée, il a posé 4 questions :

    • La première concerne la spiritualité. Quelles sont les spiritualités qui ont marqué les intuitions spirituelles du cardinal Lavigerie ?
    • La seconde fait référence aux dispositions intérieures. Selon le cardinal Lavigerie quelles doivent être les dispositions de ceux qui veulent suivre le Christ comme Missionnaires d’Afrique ?
    • La troisième concerne la relation du missionnaire au Christ, « son unique et seul amour ». Selon le cardinal Lavigerie qu’est le Missionnaire d’Afrique face au Christ ?
    • La dernière découle des trois précédentes. Comment le Missionnaire d’Afrique ordonne-t-il sa vie, son quotidien ? Quel est son style de vie ?

En cette journée du Cardinal, reprenons l’une ou l’autre de ces questions. Il est vrai que notre mission est un peu spéciale. Nous sommes, ici à Rome, soit pour faire des études et peut-être pour nous préparer à un nouveau service, soit nous sommes pour des tâches dans l’administration générale de nos Instituts. Mais la mission, nous la vivons tous.

Rappelons-nous donc notre identité de missionnaires et d’apôtres comme l’a voulue notre Fondateur. La question n’est plus celle que Jésus a posée à Pierre, « Qui suis-je pour vous ? » mais qui suis-je face au Christ ? qui suis-je pour le Christ ? Ensuite, nous pouvons voir avec quelles dispositions intérieures, dans quel esprit nous assumons les tâches et responsabilités qui sont les nôtres maintenant.

L’évangile choisi pour aujourd’hui (Mt 28, 16-20) nous aide à nous souvenir de qui nous sommes pour le Christ ; la première lecture (1 Co 9, 16-23) nous rappelle le « tout à tous », cet idéal apostolique de Saint Paul sur lequel le cardinal est revenu si souvent et que lui-même a vécu si généreusement. Demandons-lui aujourd’hui de nous obtenir cette grâce.

Amen.