Difficile peut-être de parler "actualités" alors que ces informrations datent du mois de janvier, Mais elles nous donnent en tous cas des chiffres intéressants sur notre société. Elles ont été publiées très récemment dans notre revue "Petit Echo" qui nous est parvenue le 14 avril 2020 !
La pandémie de coronavirus a obligé les chrétiens de toute la planète à innover pour célébrer Pâques. Inventer de nouvelles manières de se rassembler tout en respectant les règles de distanciation sociale. En Afrique aussi, les innovations se sont multipliées pour permettre aux chrétiens de vivre ce week-end pascal en dépit de la pandémie. Et les fidèles recourent parfois à de nouveaux gestes de piété, qui utilisent les codes du XXIe siècle.
Avec nos correspondants à Douala, Kinshasa, Abidjan, Cotonou et Lomé
Voilà un office de Vendredi saint qui restera dans les mémoires. Les églises ont résonné de la voix des quelques personnes invitées à se rassembler. Ici des religieux. Là des choristes. Partout l’écho de lieux quasiment vides : l’Eglise a demandé aux fidèles de rester chez eux en raison de l’épidémie de coronavirus. Il a fallu appliquer ici aussi la distanciation sociale qui s’impose à tous.
Tout le week-end pascal suivra le même chemin. « Les célébrations sont maintenues, mais sans le peuple, explique Monseigneur Samuel Kleda, archevêque de Douala au Cameroun. Nous prions pour le peuple. J’ai fait la célébration telle que c’est prévu dans la liturgie pour le Vendredi saint. »
Dans certaines paroisses africaines, il ne sera pas possible d’aller au-delà de la « communion de prières ». Mais dans d’autres, l’épidémie à forcer à innover, à mettre sur pied de nouvelles manières de célébrer Pâques.
Les médias confessionnels ont été mis à contribution. Monseigneur Fridolin Ambongo, l’archevêque métropolitain de Kinshasa, annonce ainsi sur son compte Twitter : « je vais célébrer le triduum Pascal en union de prière avec vous ainsi que le Dimanche de Pâques à la Cathédrale Notre-Dame du Congo en direct à travers la Télévision catholique Elikya, la radio Elikya, la radio Maria et dans Youtube archikin tv ». La présence des fidèles a été réduite au maximum sur les bancs de la cathédrale Notre-Dame du Congo pour la messe maintenue ce samedi à 18 heures.
Un des responsables laïcs de la paroisse explique que seule une vingtaine de personnes choisies parmi les responsables locaux de l’Eglise seront physiquement présentes. Sur les réseaux sociaux, une catholique laisse éclater sa déception, mais fait contre mauvaise fortune bon cœur : « Quand je pense que j’aurais été baptisée ce dimanche et la situation dans laquelle nous nous retrouvons, ça me fend le cœur, écrit-elle. Nous allons vous suivre devant nos écrans. Dieu nous garde tous. »
Une piété numérique ?
Dakar. Un ordinateur portable. Ce vendredi soir, une voix chante le Kyrie Eleison sur une nappe électronique. Le streaming du chemin de croix est sur le point de commencer sur Youtube. L’office diocésain de l’information et de la communication (OFICOM), a déployé ses moyens techniques pour diffuser sur les réseaux sociaux la célébration, retransmise depuis la Cathédrale du Souvenir Africain. « Il reste important de célébrer cette fête avec faste, malgré la situation », explique le chargé de communication de l’archidiocèse de Dakar, l’abbé Mbaye Remi.
Ce sont alors des signes religieux du XXIe siècle qui se déploient. Un « chat » a été mis en place, pour permettre aux fidèles d’interagir pendant le chemin de croix. Certains reprennent sur leur clavier les prières chantées dans la cathédrale. Le recueillement s’exprime aussi avec les émoticônes de mains jointes « Toutes les personnes que la maladie a emportées, une pensée pieuse pour eux », lance un fidèle connecté. Le compte d’une chorale universitaire de Dakar reprend -en chœur- la dernière phrase du chant qui conclue le chemin de croix. Deux notes de musique laissent imaginer les voix qui s’élèvent à distance devant un écran.
Bénin. Cathédrale Notre-Dame de Cotonou. L’archevêque de Cotonou, Mgr Roger Houngbedji célèbre lui aussi la messe du Vendredi saint sans avoir face à lui un grand nombre de fidèles. Mais ici aussi, l’office de la passion est diffusé en streaming. Depuis l’interdiction des célébrations en public, le clergé béninois a créé un site internet et informé ses fidèles par WhatsApp qu’ils peuvent y suivre en direct les messes de la semaine sainte et de Pâques. Une interface sur le site permet de demander en ligne à ce qu’une messe soit dite, ce qui est également possible par SMS. Le paiement se fait alors par transfert d’argent tout comme les offrandes. Ailleurs, on a instauré des échanges de prière du matin via WhatsApp. Dimanche à 10 heures, la messe de Pâques célébrée par l’archevêque de Cotonou sera retransmise en direct.
Dans ce contexte, des manifestations de foi surprenantes se produisent parfois. Le père Augustin Obrou, le responsable de la communication à l'archevêché d'Abidjan raconte : « La fête de Pâques étant la fête par excellence pour les chrétiens catholiques, nous avons décidé, au niveau de plusieurs paroisses de créer des web TV. Les fidèles suivent la messe en direct, à partir des liens que nous leur avons donnés. Il y a une femme qui me disait qu’elle a tendu la main quand je donnais la communion pendant la diffusion de la messe. Il y a quelque chose, un magnétisme qui se fait. Surtout quand c’est en direct. »
« Les chrétiens sont de la société, explique de son côté Mgr Nicodème Barrigah, l’archevêque de Lomé au Togo. Ils ne peuvent pas s’opposer aux mesures de prévention adoptées par le gouvernement. » A ses prêtres, l’archevêque recommande, le jour de Pâques, d’écrire le nom de certains fidèles sur des feuilles de papier à coller sur les bancs des églises. Une façon de matérialiser leur présence.
Mali : Amadou Kolossi, médiateur pour la libération de Soumaïla Cissé, pris à son tour en otage
10 avril 2020 à 16h39 |Par Jeune Afrique
Alors que Soumaïla Cissé est entre les mains des jihadistes de la Katiba Macina depuis le 25 mars, Amadou Kolossi, le maire de Koumaïra, qui négociait sa libération, a lui aussi été kidnappé.
Selon nos informations, Amadou Kolossi, le maire de la petite commune de Koumaïra, est lui aussi devenu l’otage des jihadistes de la Katiba Macina d’Amadou Koufa. Il était le principal médiateur dans les négociations pour la libération de Soumaïla Cissé, enlevé le 25 mars dans le cercle de Niafunké, dans la région de Tombouctou.
Kolossi avait invité le chef de l’opposition malienne à venir battre campagne pour les élections législatives dans sa commune. « Il avait reçu l’autorisation d’un groupe de jihadistes pour que Soumaïla Cissé puisse venir à Koumaira, mais sous deux conditions, confie une source bien introduite. D’abord, qu’il n’y ait pas de musique lors du meeting, pour qu’il n’y ait pas de regroupement mixte entre hommes et femmes. » Mais, en cours de route, un autre groupe jihadiste a tendu une embuscade au convoi. Toute l’équipe de campagne a finalement été libérée, sauf Cissé.
« Amadou Kolossi s’est alors rendu auprès des jihadistes, quelques jours après l’enlèvement de Soumaïla Cissé, et c’est là qu’il a été lui-même pris en otage pour l’avoir invité », ajoute la même source. Bamako gère désormais les négociations. Contacté par Jeune Afrique, l’ancien Premier ministre malien Ousmane Issoufi Maïga, qui dirige la cellule de crise gouvernementale, confirme que ses « équipes sont sur le terrain et travaillent en toute discrétion. » Selon Demba Traoré, secrétaire chargé de la communication de l’Union pour la République et la démocratie (URD), le parti de Soumaïla Cissé, les ravisseurs n’ont jusqu’ici émis aucune condition officielle à la libération du chef de file de l’opposition.
Deux semaines après son enlèvement, toujours aucune nouvelle de Soumaïla Cissé. Le chef de file de l’opposition a été kidnappé le mercredi 25 mars au cours de sa tournée électorale, en vue des législatives du 29 mars, dans sa région natale de Niafunké, près de Tombouctou, dans le nord du pays. Onze membres de sa délégation, également kidnappés, ont eux été libérés.
Deux semaines après son enlèvement, seul Soumaïla Cissé reste encore entre les mains de ses ravisseurs. « Il n’y pas de preuve de vie officielle mais nous sommes sûrs qu’il est en bonne santé », assure un cadre de l’URD, le parti politique du chef de file de l’opposition. « Les négociations sont en cours », poursuit-il. Des négociations qui restent discrètes, pour un enlèvement qui ne fait plus la Une des journaux. « L’URD est en contact avec des chefs religieux, coutumier ou des prêcheurs de la région », conclut ce cadre.
De son côté, le gouvernement a monté une cellule de crise une semaine après l’enlèvement du leader de l’opposition et après le premier tour des élections législatives, qui avaient été finalement maintenues.
Selon le ministre des Affaires étrangères Tiébilé Dramé, « plusieurs indices laissent croire que Soumaïla Cissé a été enlevé par des individus proches de la katiba Macina ». Les auteurs n’ont pas revendiqué le kidnapping. La katiba Macina dirigée par Amadou Koufa, affiliée à al-Qaïda, est également citée par d’autres sources sécuritaires.