Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

France: quid de la suite du processus de restitution d’œuvres d’art?

                                   Vue sur les poteaux funéraires malgaches dans l’exposition « Madagascar, arts de la Grande Île » au musée du Quai Branly.
                Vue sur les poteaux funéraires malgaches dans l’exposition « Madagascar, arts de la Grande Île » au musée du Quai Branly. RFI/Siegfried Forster
Texte par :RFISuivre
6 mn

Les députés ont adopté le projet de loi sur les restitutions d’œuvres d’art au Bénin et au Sénégal. Mais est-ce qu’il y aura dans les prochains mois d’autres projets de ce type ? Six pays du continent ont à ce jour formulé des demandes.

PUBLICITÉ

Le gouvernement peut se frotter les mains. Le texte n’a pas simplement été voté par les députés, il a quasiment été adopté à l’unanimité après 2 heures de débat apaisé. Tout le monde ou presque a salué la démarche entreprise. Les sénateurs devraient à leur tour suivre le mouvement début novembre. L’exécutif souhaite que ce texte soit définitivement adopté d’ici la fin de l’année.

10 000 pièces demandées par le Tchad

La France aura alors un an pour remettre les 26 œuvres du trésor de Béhanzin à Cotonou, le sabre dit d’El Hadj Omar Tall ayant déjà été remis au Sénégal sous forme de prêt. Ces restitutions sont une première étape, ne cesse-t-on de répéter au sein de la majorité, quid alors de la suite du processus ?

Six pays du continent ont depuis un an et demi formulé des demandes : le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali réclament plusieurs objets. Le Tchad a demandé à récupérer 10 000 pièces. L’Éthiopie en a listé 3 000 exposés au Quai Branly en février 2019. Ces demandes sont pour l’heure en cours d’instruction.  Il y a tout un travail d’investigation à mener. Et cela va prendre un certain temps surtout pour les pays comme le Tchad qui ont demandé à récupérer un grand nombre d’objets.

Les discussions semblent plus avancées avec Madagascar au sujet de la restitution de la couronne de la reine Ranavalona III. Antananarivo souhaite récupérer l’objet pour la fête de l’indépendance le 26 juin. Paris avait proposé dans un premier temps une convention de prêt comme cela s’est fait en 2019 pour le Sénégal avec le sabre dit d’El Hadj Omar Tall, mais les autorités malgaches ont demandé un transfert immédiat de propriété. Il faudra donc en passer par une loi spécifique, loi qui ne se fera pas dans l’immédiat.

Depuis 1960, des États africains demandent à se voir restituer des pièces de leur patrimoine qui ont été pillés pendant la colonisation. Et c'est la première fois que c'est rendu possible.

Marie-Cécile Zinsou, historienne de l'art: «C'est vraiment très important comme loi parce que c'est une première»

►À écouter aussi : Entretien - Restitution du patrimoine africain: où en sommes-nous ?

France: l'Assemblée nationale approuve la restitution d'œuvres d'art
au Bénin et au Sénégal

                                  Les députés ont adopté le projet de loi sur la restitution d'oeuvre d'art au Bénin et au Sénégal, mardi 6 octobre. (Illustration)
                                             
                                                  Les députés ont adopté le projet de loi sur la restitution d'oeuvre d'art au Bénin et au Sénégal, mardi 6 octobre. 
Texte par :RFISuivre
3 mn

Les députés français ont adopté mardi soir le projet de loi sur les restitutions d’œuvres d’art au Bénin et au Sénégal. Paris entend rendre 26 pièces à Cotonou et le sabre d’El Hadj Omar Tall à Dakar. Le projet de restitution a été voté à l’unanimité par les députés, même les élus de droite l’ont soutenu.

PUBLICITÉ

Il est quasiment minuit dans l’hémicycle lorsque plusieurs députés laissent éclater leur joie à l’annonce des résultats. 49 voix pour, 0 contre. C'est donc à l'unanimité que les députés ont approuvé le projet de loi sur la restitution d'œuvres d'art au Bénin et au Sénégal.

« Un grand merci pour ce vote unanime. Sachez aujourd’hui que l’Assemblée nationale a envoyé un signal exceptionnel vis-à-vis de nos amis africains », se réjouit Franck Riester, l’ancien ministre de la Culture qui a dû remplacer au pied levée Roselyne Bachelot, pour défendre le texte.

Tout au long des deux heures de débat, tous les orateurs, ou presque, ont salué ce projet de restitutions. L’occasion pour le député M’Jid El Guerrab de raconter le moment marquant de la remise sous forme de prêt, l’an passé, du sabre dit d’El Hadj Omar Tall, aux autorités sénégalaises : « Dans la salle, il y avait toutes les confréries soufies sénégalaises qui regardaient le sabre comme un objet d’une puissance qu’aujourd’hui dans l’hémicycle, on n’imagine pas. Mes chers collègues, il faut que chacun en ait conscience, aujourd’hui nous faisons un acte symbolique très fort. »

Quelque peu tiraillée sur cette question des restitutions, la droite soutient finalement le texte et ce malgré le rejet d’un amendement d’une députée Les Républicains sur les conditions d’accueil et de conservation des œuvres à restituer au Bénin. « C’est avec beaucoup de responsabilité que nous avons souhaité apporter notre soutien à ce projet de loi dans la mesure qu’il organise par une dérogation limitée et ciblée un processus de restitution d’un certains nombres d’œuvres », explique Constance Le Grip, députée LR.

La prochaine étape sera l’examen du texte par les sénateurs avant, espère-t-on au sein du gouvernement, une adoption définitive d’ici la fin de l’année.

Tchad : au cœur du cabinet civil du maréchal Idriss Déby Itno

| Par Jeune Afrique
Idriss Déby Itno, à Paris, en novembre 2019.

Idriss Déby Itno, à Paris, en novembre 2019. © Vincent Fournier / JA

Idriss Déby Itno a confié les rênes de son cabinet à l’un de ses fils, Abdelkerim, âgé de moins de trente ans, et à un ex-ministre quadragénaire, Aziz Mahamat Saleh. Voici les raisons qui ont motivé son choix.

Nommé le 22 juillet directeur du cabinet civil du président Idriss Déby Itno (IDI), lequel n’était pas encore maréchal, Aziz Mahamat Saleh se fait discret. Selon nos sources, celui qui fut successivement ministre de l’Économie et de la Santé – deux expériences non négligeables en cette période de pandémie – est toutefois devenu un des principaux atouts du chef de l’État en matière de politique intérieure.

Aziz Mahamat Saleh connaît parfaitement les rouages du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir). Il en a été le numéro deux jusqu’à sa suspension en février par le secrétaire général, Mahamat Zen Bada. Selon nos informations, les deux hommes, qui s’étaient opposés à propos de plusieurs nominations au sein du MPS, sont en conflit ouvert.

Un « quadra » au palais rose…

Cela n’a pas empêché Aziz Mahamat Saleh de faire jouer ses réseaux et de conserver la confiance d’IDI. Proche des milieux d’affaires du Batha, sa région natale, dont il est le principal représentant, il a été pendant cinq ans (de 2004 à 2009) un cadre du ministère des Finances. Il a notamment officié en tant que directeur de la dette lorsque Abbas Mahamat Tolli, l’actuel gouverneur de la BEAC, était ministre.

Ce diplômé en droit de l’économie internationale et des affaires de l’université Paris-Descartes est également un intime de l’ancien ministre de l’Éducation Ahmat Khazali Mahamat Acyl, frère de la Première dame, Hinda Déby Itno. Cet ex-directeur général de la Société des hydrocarbures du Tchad est l’actuel président du conseil d’administration de la Commercial Bank Tchad (CBT).

Aziz Mahamat Saleh est également proche de Hassan Sylla, ancien ministre de la Communication et ex-président du conseil d’administration de l’Agence nationale des titres sécurisés, et de Abba Djida Mamar, député du MPS.

Ancien gouverneur du Chari-Baguirmi et du Moyen-Chari, ce quadragénaire fait contrepoids aux caciques plus âgés de la politique tchadienne, tout en bénéficiant d’un solide carnet d’adresses chez ces derniers.

Fils de Mahamat Saleh Ahmat Tibek (ancien ambassadeur aux États-Unis, plusieurs fois ministre et ex-conseiller d’IDI, décédé en 2017), il a été directeur de cabinet adjoint puis conseiller économique d’Emmanuel Nadingar à la primature. Il a ensuite conseillé le Premier ministre Kalzeubé Pahimi Deubet, qu’il a retrouvé au palais présidentiel, où celui-ci occupe actuellement le poste de secrétaire général de la présidence.

… et un fils Déby Itno pour la diplomatie

Au sein du cabinet du président, Aziz Mahamat Saleh travaille aux côtés d’Abkelkerim Idriss Déby, qui est officiellement son numéro deux. Ce fils du chef de l’État, qui n’a pas encore trente ans, a en effet été nommé en juillet 2019 directeur de cabinet adjoint, aux côtés du « dircab » de l’époque, le technocrate Abdoulaye Sabre Fadoul, ancien ministre des Finances et de la Santé.

Il fait aujourd’hui figure de pilier auprès de son père, lequel a tenu à l’associer à un homme rompu aux rouages de la politique intérieure.

Selon nos sources, c’est à Abdelkerim qu’IDI confie une partie de ses dossiers sensibles sur le plan des affaires et de la diplomatie. Le « dircab » adjoint est ainsi l’ordonnateur du rapprochement du Tchad avec Israël – sur lequel il travaillait initialement avec l’homme d’affaires Philippe Hababou Solomon.

Proche des milieux d’affaires et ancien chargé des affaires militaires au ministère des Affaires étrangères, il a aussi pris part ces deux dernières années à des missions à Moscou (où il s’était entretenu avec le ministre adjoint des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov), à Paris, ou encore au Nigeria, où il a eu une entrevue en janvier dernier avec le président Muhammadu Buhari.

Personnes condamnées pour infractions à caractère terroriste :
est-ce vraiment possible de les surveiller ? |The Conversation

L’attaque à l’arme blanche du vendredi 25 septembre dans une rue proche des anciens locaux de Charlie Hebdo relance la question difficile de la surveillance de personnes non connues des services de police. Pour celles ayant déjà un passif pénal pour faits de terrorisme, le droit se heurte également aux mesures de surveillance.

Driss Aït YoussefPôle Léonard de Vinci – UGEI

Fin juillet, sénateurs et députés avaient voté en faveur d’une loi instaurant des mesures de sûreté à l’encontre des auteurs d’infractions terroristes à l’issue de leur peine. Cette loi permettrait de surveiller les faits et gestes de ces personnes, voire de leur interdire certains contacts ou lieux. Or, cette loi a été censurée par le Conseil constitutionnel, le 7 août dernier.

La loi du 17 juillet 2020 devait organiser la surveillance judiciaire de détenus condamnés pour des faits de terrorisme afin d’éviter la récidive. Selon le Conseil constitutionnel en charge de contrôler la conformité des lois avec la Constitution, ces dispositions n’assurent pas un bon équilibre entre les droits et libertés des individus et la sécurité.

De quelles mesures s’agit-il ?

Selon le ministère de la Justice, environ 150 détenus condamnés pour terrorisme (TIS) devraient sortir de prison entre 2020 et 2022. Il faut prendre également en compte les autres détenus de droits communs radicalisés pendant leur incarcération qui, selon le renseignement pénitentiaire, représente 850 personnes.

Les mesures de cette loi avaient ainsi à la fois pour objectif la prévention – risque de récidive par des mesures de contrôle judiciaire, interdire le contact avec certaines personnes ou lieux désignés – et l’information sur les allées et venues de la personne concernée (répondre aux convocations du juge de l’application des peines ou du service pénitentiaire d’insertion et de probation, prévenir le service pénitentiaire d’insertion et de probation de ses changements d’emploi ou de résidence…).

Enfin, la loi statuait aussi sur la prise en charge sanitaire, sociale, éducative ou psychologique des détenus.

Ces mesures pouvaient être décidées pour une période allant d’un an à dix ans et cinq lorsque le condamné est mineur.

Pour entrer dans le champ de la mesure, le condamné doit avoir fait l’objet d’une condamnation pour des faits de terrorisme – à l’exception de deux dispositions relatives à l’apologie du terrorisme et la diffusion de données faisant l’apologie du terrorisme – et d’une peine d’une durée supérieure ou égale à cinq ans.

Par ailleurs, le condamné doit présenter un comportement d’une particulière dangerosité du fait d’une adhésion persistante à une idéologie ou à des thèses incitant à la commission d’actes de terrorisme.

Les services de sécurité confrontés à la transparence

Il existe déjà dans l’arsenal juridique de prévention et de lutte contre le terrorisme des mesures individuelles de contrôle administratif et de surveillance (MICAS) instaurées par la loi du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme.

Ces mesures d’une durée maximale d’un an avec un renouvellement tous les 3 mois restent subordonnées à l’existence d’éléments nouveaux ou complémentaires produits par la puissance publique.

En effet, le rapport sur le suivi de la loi n° 2017-1510 du 30 octobre 2017 renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme montre que :

« un nombre important de MICAS a été prononcé à l’encontre d’individus sortant de détention, soit condamnés pour des faits de nature terroriste, soit condamnés pour des faits de droit commun mais présentant des signes forts de radicalisation. »

Les MICAS représentent, aujourd’hui, 57 % des mesures prononcées.

Toutefois, le rapporteur de la commission indique que les MICAS n’offrent qu’une possibilité de surveillance limitée de douze mois… une durée jugée trop courte.

Par ailleurs, l’exigence de transparence rend la motivation des mesures de surveillance judiciaire difficile. La demande de renouvellement pose le dilemme de l’équilibre entre les droits et libertés de la personne surveillée et la préservation d’informations sensibles pouvant compromettre une enquête. Ainsi lors d’un renouvellement de demande, la personne concernée par la mesure peut comprendre qu’une enquête le concerne est en cours.

L’examen de personnalité au cœur du problème

Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a justifié cette censure par la personnalité et le suivi des détenus.

En 2008, le Conseil constitutionnel avait admis la possibilité d’une rétention de sûreté pour une personne déclaré irresponsable pour trouble mental si elle présentait :

« une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive parce qu’elle souffre d’un trouble grave de la personnalité. »

Il revient à la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté, composée notamment d’experts en psychiatrie, d’évaluer le degré de dangerosité d’un individu reconnu irresponsable pénalement afin de proposer une mesure de rétention de sûreté.

En matière terroriste, la réévaluation périodique de la personnalité reste un vrai défi ce qui a, certainement incité le législateur à se passer de cette étape importante aux yeux des juges constitutionnels. Cet examen de personnalité est particulièrement difficile quand on sait que des terroristes pratiquent la technique de la dissimulation appelée dans le cas du terrorisme islamiste, taquiya.

C’était le cas de Mohamed Merah, auteur des attentats de Toulouse et de Montauban, de Sid Ahmed Ghlam le meurtrier d’Aurélie Châtelain, d’Amedy Coulibaly, le preneur d’otages de l’Hyper Casher ou encore de Salah Abdeslam auteur présumé des attentats du 13 novembre.

La décision du Conseil constitutionnel du 7 août pointe également dans son paragraphe 18 que le texte voté ne comportait pas de dispositif montrant une prise en charge et suivi psycho-social des individus qui feraient objets des mesures post-détention.

Le suivi psy, une histoire ancienne

Cette nécessité de suivi était déjà un point mentionné lors d’une autre décision du Conseil constitutionnel datant du 21 février 2008. La décision souligne qu’il incombe à la juridiction en charge de l’exécution de la mesure de s’assurer que :

« la personne condamnée a effectivement été mise en mesure de bénéficier, pendant l’exécution de sa peine, de la prise en charge de soins adaptés au trouble de la personnalité dont elle souffre. »

Certes, l’analyse est plus simple pour une personne souffrant de trouble mental que pour un terroriste qui dissimule ses projets. Néanmoins, le Conseil constitutionnel avait donc déjà rendu des conclusions sur ce sujet que les parlementaires n’ont pas su ou voulu emprunter.

Les juges de la rue Montpensier ont aussi réitéré la nécessité d’un équilibre en soulignant que les mesures proposées par le législateur ne sont pas des sanctions mais des dispositions de nature à prévenir des atteintes graves à l’ordre public en s’intéressant, cette fois, à la dangerosité de l’individu.

Cette exigence d’équilibre est d’autant plus forte que les mesures de sûreté peuvent s’exercer pendant 10 ans alors même que l’individu a exécuté l’intégralité de sa peine.

Quel équilibre possible ?

La solution serait, aujourd’hui, de permettre au juge judiciaire de prononcer en sus de la peine d’emprisonnement une mesure de surveillance pouvant aller jusqu’à son maintien en détention si le condamné ne se désolidarise pas de cette idéologie et en engageant un projet de réinsertion durant sa détention.

En attendant, la puissance publique dispose toujours de la capacité d’exercer des surveillances judiciaire ou administrative sur les individus dangereux. Toutefois, le nombre de personnes – environ 10 100 – à prendre en charge reste élevé. Or les moyens sont limités.

C’est aussi le constat dressé par un rapport de la Cour des Comptes récemment paru. Pour les magistrats financiers, les crédits alloués au Plan de lutte antiterroriste demeurent insuffisants, malgré une hausse notable des effectifs « depuis 2014, à hauteur de 5,3 % pour la police nationale (évolution 2014-2018) et de 4,2 % pour la gendarmerie (entre 2014 et 2019) ». La Cour pointe également des disparités entre services avec un manque d’adéquation entre effectifs, formation et équipements.

Cette situation peut conduire le parquet antiterroriste à revoir les modalités de surveillance d’individus représentant une menace particulièrement grave pour l’ordre public en proposant d’autres dispositifs de surveillance.

Comment considérer ces mesures ?

Certains considèrent que la loi proposée est un moyen pour le législateur de contourner des peines qu’il estime peut-être comme trop clémentes.

En instaurant, des mesures de sûreté qui sont des mesures de surveillance judiciaire, les parlementaires entendent maintenir ces individus dangereux sous-main de justice et sous pression afin d’éviter une réitération.

Il serait cependant utile de s’interroger sur la réelle efficacité de ces dispositions. En imposant ces mesures, il n’est pas acquis que l’individu surveillé évitera la récidive.

Adel Kermiche, 19 ans, avait tenté à deux reprises de se rendre en Syrie. Il a été emprisonné avant d’être libéré et placé sous surveillance. Le 26 juillet 2016 il a assassiné le Père Jacques Hamel à l’église Saint-Étienne-du-Rouvray, un bracelet électronique attaché à sa cheville.

Driss Aït Youssef, Docteur en droit public, chargé de cours, président de l’Institut Léonard de Vinci, Pôle Léonard de Vinci – UGEI

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

Attaque à Paris : le comportement héroïque de l’homme pris pour le «deuxième suspect» salué |SaphirNews

Youssef avait un temps été présenté comme le « deuxième suspect » de l’attaque perpétrée devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Paris, avant d’être lavé de tout soupçon et libéré sans charge dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 septembre. Et pour cause : cet ouvrier algérien âgé de 33 ans, qui avait été pris à tort pour un éventuel complice de l’attaque à l’arme blanche, a fait de son mieux pour tenter d’arrêter l’assaillant.

« Je voulais être un héros et je me suis retrouvé derrière les barreaux », a raconté Youssef au Monde le lendemain de sa libération.

« Youssef était au niveau du boulevard Richard-Lenoir, il entend le cri d’une femme, puis d’un homme et voit quelqu’un partir avec un couteau et qui fait tomber ce couteau à l’entrée de la bouche de métro. Mon client, qui a fait cela plusieurs fois dans sa vie, se met à lui courir après pour l’arrêter. Il se dit qu’il a dû agresser une femme, sans se douter du caractère terroriste de l’affaire », a déclaré son avocate, Me Lucie Simon, qui a salué le « comportement héroïque » de son client. Lire la suite: Attaque à Paris : le comportement héroïque de l’homme pris pour le «deuxième suspect» salué, Lina Farelli, SaphirNews, 27.02.20