Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

L'ex-président mauritanien Abdel Aziz dénonce sa mise à l'écart de l'UPR

Mohamed Ould Abdel Aziz, le 1er août 2019, à Nouakchott.
© AFP

En Mauritanie, le fossé ne cesse de se creuser entre le nouveau président Mohamed Ould Ghazouani et son prédécesseur Mohamed Ould Abdel Aziz. Dans une conférence donnée ce 20 décembre, l’ex-chef de l’État a qualifié de folie et de « satanique » la décision prise le 21 novembre dernier par les députés et les conseils municipaux et régionaux, réaffirmant que le président Ghazouani est l’unique référence du parti au pouvoir, l’Union pour la République. Pour Ould Abdel Aziz, la Constitution interdit au chef de l’État de diriger ou de contrôler l’UPR.

L'ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a organisé une conférence de presse au milieu de la nuit, à son domicile. Plusieurs hôtels avaient en effet refusé de l'accueillir, selon son entourage. Les médias officiels mauritaniens n'y ont pas assisté. Entouré seulement de deux des 27 membres d'une commission qui assure la gestion de l'UPR, le parti qu'il a fondé il y a 10 ans, il a dénoncé sa mise a l'écart de la scène politique.

Mohamed Ould Abdel Aziz estime que l'UPR lui tourne le dos : « Certains groupes parmi les acteurs politiques dans notre pays se sont délibérément inscrits dans une dynamique de piétinement et de violation des lois de la République en créant un nouveau concept qui ferait du président de la République en exercice LA référence du parti. Le président ne doit pas avoir la mainmise sur le parti. C’est une conception de folie, satanique, une conception irresponsable. »

Le « ménage » de Mohamed Ould Ghazouani

Pour l'ex-président, « ces groupes politiques sont en train de détruire ce que nous avons bâti ces dix dernières années en termes de promotion de la démocratie. Quand j’étais au pouvoir, je n’ai jamais accepté de personnaliser la gestion de l’UPR. Les responsables politiques qui travaillent aujourd’hui à la violation de la Constitution, sont les mêmes qui avaient fait campagne pour que je fasse un troisième mandat. Ce que j’ai refusé dans l’intérêt de la Mauritanie. »

L'élection d'une nouvelle direction de l'UPR est prévu lors d'un Congrès les 28 et 29 décembre. En août dernier, l'ancien chef de l'État mauritanien avait manifesté sa volonté de rester actif en politique en gardant le contrôle de l'UPR. Mais depuis, le nouveau président Mohamed Ould Ghazouani a fait le ménage. Il a limogé l'ancienne garde présidentielle et n'a conservé que six des anciens ministres dans son gouvernement. Il a également mis la main sur l'UPR.

 

Migrations et frontières |Josefa Foundation

 

Qui fixe les règles ? Y aurait-il un « super pouvoir » qui déciderait du crédit des uns ou du débit des autres quant à une comptabilité migratoire ? Et surtout de quel ordre de migrations parlons-nous

Ainsi, contrairement à ce que certains rares prophètes préconisent : sortie de la société close, migration intérieure comme extérieure, voyage vers la demeure éternelle…, la plupart des prêcheurs actuels fussent-ils politiques, sociaux, économiques, médiatiques, culturels ou confessionnels semblent décider de ce qui est bon pour « les autres » : les fameux « migrants » qui devraient s’enquérir de « s’intégrer » à l’image et à la ressemblance de « nous ». Vous avez franchi une frontière : il vous faut maintenant en franchir une autre, celle de l’« intégration » ; quels jeux de frontières bien stériles !

Alors que précisément, aucun de ces décideurs (pour compte d’autrui) ne semble bien à même de dire de quoi il retourne en termes de « définition ». Certes, des instances internationales (UNESCO, OIM) ou des associations diverses souvent nationales (pour le compte de qui ?) énoncent quelques approches quantitatives voir statistiques : mais que fondent qualitativement ces « définitions » ? Qui peut s’octroyer le droit « durable » de jeter un titre sur autrui : « tu seras dorénavant ‘un migrant’ qui doit ‘s’intégrer’ » (quel paradoxe !). Jusqu’à quel terme et pourquoi ? Bien difficile alors de répondre, n’est-ce pas ?

De même, quid des frontières ? Certes, là encore, l’Histoire, entre autres dans ces moments de violence, de guerre, de conquêtes, a semblé, de-ci, de-là, s’enquérir de la construction de frontières aux fondements naturels, culturels ? Qui sait ce qui convient à autrui quand moi, ma tribu, ma communauté, ma nation décide de s’emparer de ses terres et donc de fixer ses nouvelles frontières (terrestres ou célestes) ? Qui pourrait avoir le cœur honnête pour nous indiquer ce qui fonde « les frontières » ? Bien sûr, il ne s’agit pas là de manquer de réalisme « politique » ou « historique » (au sens de vouloir abattre les frontières au nom de quelque « justice dite migratoire ») mais bien plutôt de questionner l’absence d’une réalité consensuelle et définitivement pacifiante au travers des générations, des espaces et des temps (si tant est que ce soit possible) de ces dites frontières. En fait, de quelles frontières est-il question pour quels territoires (mot aujourd’hui fort usité comme celui de transition ou de durabilité : mais par qui et pour qui ?) ?

Deux remarques complémentaires : que nous disent à ce sujet les traditions spirituelles ou religieuses ? Que nous évoquent l’invasion de la technique et des médias, voire de la finance ou des économies entre autres monétaires ou supra-monétaires, en nos jours bien « post-humains » ?

Alors, y aurait-il encore un possible espace-territoire vide d’un exercice de pouvoir prédéfini où peut se penser calmement l’enjeu d’humanité qui unit mes frontières à ma migration au sens où nous sommes tous migrants et surtout que nous vivons tous de frontières mais pas uniquement de celles que certains décideurs (pour autrui) voudraient rendre infranchissables (excepté pour eux).

Bref, bienvenue à Josefa pour penser autrement nos frontières et nos migrations, aussi bien temporelles que spirituelles, naturelles que culturelles ; si tant est que ces catégories ne posent pas elles-mêmes des frontières à nos migrations.

Source : Josefa Foundation – Migrations et frontières

Mauritanie: rassemblement pour exiger le retour des exilés politiques

Nouakchott, la capitale mauritanienne.
© Laminesall96 / Wikimedia Commons

En Mauritanie, près d’un millier de personnes ont participé à un « sit-in », ce jeudi matin, devant la présidence de la République pour exiger le retour des exilés politiques du régime de l’ancien chef de l’État Mohamed Ould Abdel Aziz. Parmi ces exilés, des journalistes, des blogueurs, des artistes et des hommes d’affaires.

L’ancien régime les avait accusés de crimes économiques et d’atteinte à la sureté de l’État avant d’engager des poursuites judiciaires contre eux en 2017. Accusations sans fondement selon leurs familles et avocats qui ont toujours dénoncé un acharnement politique et ont demandé la levée des poursuites judiciaires.

« Je suis venu à cinq heures du matin pour participer activement à cette manifestation contre l’injustice. Nous voulons que nos frères rejoignent la patrie sans délai. Ils sont arbitrairement contraints à l’exil du fait d’un régime qui n’est plus là. Aucun d’eux n’a tué ou volé. Cela doit être réparé », estime Naji, un manifestant.

Pas d’ouverture sans retour d’exil pour les manifestants

La demande de Naji est reprise par l’artiste et ancienne sénatrice Malouma Mint El Meidah. Elle interpelle le nouveau président mauritanien : « Ce président aujourd’hui, Mohamed Ould Ghazouani, il a commencé de faire une ouverture à tout le monde, il veut que tout le monde soit content et cette ouverture là, ça n’existe pas tant que les citoyens sont exilés. »

À l'origine de cette série d'accusations, on retrouve le dossier Bouhamatou, du nom de l'homme d'affaires accusé par l'ancien pouvoir d'avoir orchestré à partir de l'étranger une campagne contre le référendum de 2017.

 

Admon, Monika et Soumaila, histoires d’intégration | Vatican News

Des milliers de citoyens étrangers se sont installés en Italie, après être arrivés par des couloirs humanitaires, sur des canots pneumatiques ou avec leurs proches, apportant une contribution essentielle à la vie du pays. Ils sont parfois nos voisins de la porte d’en face.

Plus de 2,5 millions de migrants travaillent en Italie, principalement dans l’hôtellerie et la restauration, l’agriculture et la construction, ou encore les services à la personne. Histoires d’intégration, histoires d’une contribution constante et précieuse à la vie du pays. Pourtant, beaucoup d’Italiens ne perçoivent pas la valeur que ces personnes apportent à la vie du pays. Leur présence est très répandue, et parfois ils sont aussi «la personne d’à-côté».

À lire sur : Admon, Monika et Soumaila, histoires d’intégration – Vatican News, Alessandro Guarasci, 20.11.19.

Daech, un écran de fumée idéologique sur un business très rentable |The Conversation

Le 27 octobre 2019, le président américain Donald Trump a annoncé sur Twitter la mort du chef de Daech, Abou Bakr al-Baghdadi, lors d’une opération militaire américaine menée dans le nord-ouest de la Syrie. Cet événement constitue le point d’orgue des opérations militaires de la coalition internationale antijihadiste menée par les États-Unis et clos l’offensive menée en février 2019 par la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) pour liquider territorialement l’État islamique.

Laurence Frank, Groupe ESC Clermont

 

                            
                                       Les puits de pétrole controlés par l’État islamique, qui lui assuraient 25% de des ses ressources en 2015, ont été détruits lorsque ses combattants ont battu en retraite. Odd Andersen / AFP

La mort d’al-Baghdadi marquera-t-elle la fin de Daech ? Rien n’est moins sûr. L’organisation est devenue en quelques années le groupe le plus puissant et le plus attractif de toutes les formations djihadistes. Si les frappes des Occidentaux ont réduit le territoire occupé, Daech conserve une capacité de mobilisation idéologique dans de nombreuses régions du monde, en Occident, au Sahel, aux Philippines ou encore en Somalie.

Daech a bâti, grâce à l’assise territoriale, un système économique autosuffisant et diversifié qui repose sur un large éventail d’activités industrielles et commerciales, de ressources naturelles et de matières premières, du pétrole aux denrées agricoles en passant par les minerais.

Selon les dernières données disponibles issues de l’analyse de 26 rapports parlementaires, la valeur théorique des actifs sous le contrôle de l’État islamique (réserves de pétrole, réserves gazières, minerais, actifs monétaires) était estimée à 2 260 milliards dollars fin 2015, date de l’apogée de l’organisation.

Et si le califat n’était qu’un écran destiné à masquer un business model extrêmement lucratif ? Le califat ne serait donc ni un projet de société, ni une terre promise, ni la réminiscence d’un modèle de cité islamique de l’âge d’or, mais une stratégie d’affaires savamment élaborée, fondée sur le pillage, pour accumuler des richesses en un temps record.

Une ingénierie financière redoutable

Le pillage de la banque de Mossoul a rapporté près de 400 millions de dollars à Daech en 2014, ce qui lui a permis de changer de dimension et de verser, dans la durée, des salaires aux combattants, de fidéliser des soutiens et d’acheter des armes.

Daech a contrôlé jusqu’à une vingtaine de puits de pétrole en Syrie et en Irak, captant 60% de la production irakienne. 10% du PIB de l’Irak aurait été aux mains de Daech, soit 40 milliards de dollars. Les revenus de la vente/contrebande du pétrole auraient oscillé selon les estimations entre 500 000 et un million de dollars par jour.

   
Centre d’analyse du terrorisme

En 2015, le pétrole a rapporté 600 millions de dollars au mouvement, l’exploitation du phosphate 250 millions de dollars, la production de gaz près de 60 millions, le ciment 400 millions et l’agriculture 200 millions. L’extorsion, qui constituait la première source de financement sous la forme de diverses taxes, amendes, redevances et confiscations, a rapporté près de 800 millions. Le montant des dons atteignait lui environ 50 millions.

Daech affiche une grande maîtrise des canaux de financement possibles en combinant diverses sources :

  • Le système de revenus physiques : recettes locales, fiscalité, amendes et droits de douanes, commerce des ressources naturelles, racket des citoyens et des entreprises, confiscations de biens, commerce des otages, pillages d’antiquités, trafics d’êtres humains, de matériel de guerre et d’œuvres d’art ;
  • Le système de revenus dématérialisés : systèmes financiers virtualisés, contrôle de succursales bancaires, nouvelle monnaie indexée sur le cours de l’or convertible en Turquie, crypto-actif (monnaies virtuelles), financement participatif (crowdfunding), dons en provenance de pays sympathisants comme la Turquie, l’Arabie saoudite et le Qatar.

Le mouvement bénéficie de complicités bancaires à l’échelle internationale. De gros soupçons pèsent sur la porosité de l’infrastructure bancaire du Liban, de Chypre, de Malaisie, d’Indonésie ou encore de la Turquie. Des prête-noms et des sociétés-écrans émettent de faussent factures et enregistrent des transactions fictives. L’importante trésorerie disponible a d’ailleurs permis de corrompre des fonctionnaires de plusieurs pays, dont des Syriens opposés au régime de Bachar al-Assad.

Daech paye à prix d’or des intelligences bancaires pour ouvrir des comptes, via des sociétés-écrans, reproduisant en quelque sorte « le modèle supranational d’al-Qaïda », explique Dawod Hosham chercheur au CNRS. Il faut transférer du cash pour assurer aux têtes pensantes du groupe un moyen de se mettre à l’abri, y compris les proches et familles, mais aussi pour permettre aux cellules de se projeter vers de nouvelles opérations terroristes.

Daech dans la guerre des talents

Daech a capté l’immense potentiel qu’offrent les nouvelles technologies pour créer une organisation résiliente et pérenne. Derrière les images moyenâgeuses de combattants du désert se cache un système d’affaires des plus actuels. Le progrès offre à Daech une couverture globale de l’idéologie qui permet à tout sympathisant, où qu’il soit dans le monde, de rallier le mouvement. En plus de la presse écrite (Dabiq, Dar al-Islam), Daech aurait produit près de 15 000 documents de propagande, dont 800 vidéos et une vingtaine de revues traduites en 11 langues, dont le mandarin.

Entre 2011 et 2017, la propagande a permis de construire un bataillon de 20 000 à 50 000 hommes avec des prisonniers libérés et des transfuges d’Al-Qaïda. Les troupes comprenaient en 2017, 4 000 Saoudiens, 2 000 Tunisiens, 450 Allemands, 200 Belges, 300 britanniques, 1 432 Français et des combattants d’Afghanistan, de Somalie, de Bosnie, de Tchétchénie, du Waziristan (nord-ouest du Pakistan), du Mali, du Liban, du Maroc et de l’Algérie, selon les données issues des différents rapports des commissions d’enquête parlementaires.

Le mythe de l’adhésion de personnes peu instruites et en situation de désarroi a été largement déconstruit. Daech recrute des cerveaux et cible des intellectuels, des financiers et des hauts diplômés tels que des médecins et des ingénieurs pour conduire des opérations internationales d’une grande complexité. Ces professionnels perçoivent des salaires plus élevés que ceux du marché local.

Structure 2.0.

La stratégie de recrutement de Daech s’est avérée efficace et peu coûteuse. L’État islamique est ainsi devenu l’organisation terroriste la plus riche et le mouvement le plus violent du monde. La rentabilité de ce business model induit aujourd’hui un risque de « franchisage ». Le modèle opérationnel extrêmement lucratif, pourrait en effet le devenir encore davantage s’il était vendu à d’autres groupes terroristes en échange de redevances (royalties).

                                             
                                     
                                    La franchise, nouvel axe de développement ? Musaib Mushtaq / Shutterstock

Mais la grande force du modèle se situe dans la capacité du mouvement à s’approprier et à combiner des pratiques issues du crime organisé, du terrorisme, des sectes, du domaine militaire, de la société civile, du monde de l’entreprise et de l’administration publique. La structure de type 2.0., immatérielle et mondialisée, permet de poursuivre l’expansion du mouvement sans territoire physique, ce qui amène de nouvelles difficultés à lui appliquer un cadre juridique et à exercer une surveillance internationale qui permettrait de contrer sa propagation.


Cet article est extrait de l’étude plus détaillée « L’État Islamique/Daech : Business model et terrorisme 2.0 » (à paraître) qui reconstitue le modèle économique et la configuration organisationnelle de Daech rédigée en collaboration avec Alain Bauer, professeur de criminologie au CNAM de Paris.

Laurence Frank, Professeure de management stratégique, Groupe ESC Clermont

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.