Par Edmond D'Almeida - envoyé spécial à Tsévié
Site de Jeune Afrique
Sur le fond, l'inflexion est notable. Washington menaçait de mettre son veto au mois de juin dernier si l'ONU finançait cette force du G5 Sahel. Quatre mois plus tard, l'annonce de cette aide de 60 millions de dollars prouve que les Américains reconnaissent l'urgence de rétablir la sécurité dans la région et cela d'autant plus qu'ils ont perdu quatre hommes des forces spéciales début octobre.
Mais c'est sur la forme que Washington s'oppose à l'ensemble de ses partenaires du Conseil de sécurité et des pays membres du G5 Sahel. Les Américains refusent que cet argent soit investi dans le circuit onusien. Washington préfère donner une aide directe sans préciser comment ces fonds seront divisés entre le Mali, le Burkina Faso, la Mauritanie, le Niger et le Tchad.
Au sortir de la réunion, Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères français, a tout de même estimé qu'une porte restait ouverte pour aboutir à un compromis. Il a annoncé que Paris travaillerait à une nouvelle résolution pour permettre à la Minusma, la mission de l'ONU au Mali, d'aider logistiquement et opérationnellement le G5, notamment à travers des évacuations médicales ou du réapprovisionnement en fuel.
On est bien loin des recommandations du secrétaire général de l’ONU qui appelait les Etats membres à être ambitieux et qui préconisait la création d'un bureau régional des Nations unies pour le Sahel.
Batangafo se trouve aux confins de territoires contrôlés par l'ex-Seleka et les anti-balaka sur la fameuse ligne rouge qui a coupé pendant plusieurs années le pays en deux. Depuis des mois, la zone est un foyer de tensions qui ont culminé fin juillet par de violents affrontements à Batangafo avant une relative accalmie mi-septembre.
Cette fois les affrontements se déroulent hors de la ville. Il y a deux semaines, des groupes d'autodéfense auraient délogés les combattants ex-Seleka de positions qu'ils occupaient sur deux axes qui partent de Batangafo en direction du Tchad vers l'ouest, et le nord-ouest.
Mardi, les ex-Seleka auraient repris une de ces positions, le village de Saragba. La zone des combats est très difficile d'accès, barrée par une rivière qu'on ne peut traverser qu'en pirogue. Pour cette raison, de nombreux blessés ne peuvent parvenir jusqu'à l'hôpital en ville explique dans un communiqué MSF qui gère l'hôpital de Batangafo. « Nous demandons de nouveau que la sécurité de nos équipes et l'impartialité de notre travail soit respectées à Batangafo » ajoute l'ONG.
Comme souvent ce regain de tension a provoqué la fuite de nombreux habitants et déplacés en brousse en attendant que la situation se calme. La fin de la saison des pluies et la reprise de la transhumance en provenance du Tchad et du Cameroun marque chaque année un moment de tensions armées dans le nord de la Centrafrique.
Des pneus brûlés autour des différents carrefours, la police qui jette des gaz lacrymogènes et qui sillonne la ville à grande vitesse, les manifestants n’ont pu atteindre l’Assemblée nationale.
La manifestation a dégénéré lorsqu’un groupe de protestataires s’est dirigé malgré les interdictions vers la place de la Concertation, en face du Parlement, qui sert habituellement de point de chute aux manifestations.
Joint par RFI, Abass Abdoul Aziz, président de l’Association de défense des droits des consommateurs des technologies de l’information, de la communication et de l’énergie (Actice), et l’un des organisateurs de la marche, précise que « l’itinéraire a été préalablement défini » et que les gens n’étaient pas d’accord pour le modifier car c’était « une marche pacifique qui a été autorisée », a-t-il insisté.
Abass Abdoul Aziz souligne, par ailleurs, que cette nouvelle loi de Finances va « étouffer » le peuple nigérien.
Au coeur du conflit : 9000 hectares de plantations de cacao situés dans la forêt classée de Goin-Débé et autrefois contrôlés par le redouté chef d'un groupe de burkinabè du nom de Salam Yaméogo.
A partir des années 1970, et particulièrement pendant la crise dès le début des années 2000, différentes populations se sont installées dans cette forêt, théoriquement protégée, pour notamment y faire fructifier cette culture de rente.
C'est à la suite de l'arrestation et de l'incarcération fin 2014 de Salam Yaméogo, que des rivalités ont émergé pour le contrôle de ces terres entre des autochtones wê et des baoulés, originaires du centre du pays.
La tension est récemment montée d'un cran. Le 2 octobre, des affrontements ont fait deux morts. Cinq autres personnes ont perdu la vie trois semaines plus tard. Le confit a en outre fait une vingtaine de blessés et de nombreux déplacés.
Depuis plusieurs semaines, autorités locales et nationales multiplient les appels au calme et tentent à tout prix d'éviter que les tensions communautaires ne s'enveniment et ne se propagent.
Quoi qu'il arrive, estime un journaliste en poste dans la zone, « tant que les forêts classées de la région seront illégalement occupées, les conflits de ce type ne cesseront pas ».
► A (RE)ECOUTER: Les industriels du chocolat mis en cause dans la déforestation en Côte d'Ivoire.
Le premier congrès statutaire du parti Union pour la République (Unir), au pouvoir, a pris fin dimanche à Tsévié, à 30 kilomètres au nord de Lomé. Sans surprise le président Faure Gnassingbé a été reconduit à la tête d’un bureau fortement remanié.
Les rideaux sont tombés le 29 octobre sur un congrès attendu depuis cinq ans par les militants et sympathisants d’Union pour la République (Unir), parti fondé par Faure Gnassingbé en avril 2012. À retenir de ce congrès, l’allocution du chef de l’État à l’ouverture et sa confirmation à la tête du parti, l’apparition de nouvelles figures dans le bureau exécutif et la volonté des militants de resserrer les rangs face à la crise politique que traverse le pays.
Représentant le président du parti à la clôture du congrès, le « militant Premier ministre » Komi Sélom Klassou s’est félicité des résultats des deux jours de travaux qui « répondent aux préoccupations exprimées » et qui doivent « imprimer une marque innovante à l’approche de la gouvernance au sein du parti UNIR ».
Faure Gnassingbé n’est pas apparu dimanche soir sur le podium de l’immense chapiteau dressé dans le stade Docteur Kaolo de Tsévié. Mais le message délivré la veille à l’ouverture du congrès est resté en tête des congressistes pendant les 48 heures de travaux. « Notre nation traverse des difficultés. Nous en avons connu d’autres et nous en connaîtrons d’autres. Mais à chaque fois il faut faire preuve de courage, de patience et de force pour surmonter l’épreuve et je sais que nous en sommes capables », a lancé le président du parti à l’endroit de ses militants. S’exprimant sur la crise que traverse le pays, Faure Gnassingbé a estimé qu’« une bonne partie des solutions se trouve au sein du parti ». Une phrase qui selon certains observateurs laisse présager du rôle stratégique que devraient jouer les nouveaux responsables de la formation politique pour la reconquête de l’opinion dans l’optique des futures échéances électorales.
Le bureau provisoire qui a dirigé le parti depuis sa création en 2012 a donc cédé la place à une nouvelle structure composée de vice-présidents régionaux, d’un secrétaire exécutif et d’une trésorière générale. Il s’agit essentiellement de militants historiques d’Unir qui pour certains n’avaient jamais occupé de poste politique par le passé mais ont été très impliqué dans la vie du parti ces dernières années. « Ce ne sont pas vraiment de nouvelles têtes mais on peut leur reconnaître le mérite d’être assez consensuels », commente un responsable de l’opposition.
À titre d’exemple, Affoh Atcha Dedji et Emmanuel Kodjo Adedze, respectivement vice-présidents des régions Centrale et Maritime, étaient jusqu’alors des cadres très discrets d’Unir. Le premier est le directeur général de l’opérateur de téléphonie Togo cellulaire et le second dirige par intérim l’Office togolais des recettes (OTR). « Leur ascension dans l’organigramme du parti, saluée par des salves d’applaudissements, traduit un certain soulagement de voir Unir repris en main par des cadres jugés fiables et qui rassurent la base », explique un congressiste.
Le nouveau poste de secrétaire exécutif échoit à Aklesso Atchole, ancien préfet de Blitta et actuel directeur de cabinet du ministère de l’Administration territoriale. Ce dernier est selon les témoignages un « homme de confiance du président, bon connaisseur du terrain », jusque là à l’abri des projecteurs. Avec les autres dirigeants élus, Tahirou Bagbiegue (vice-président de la région des Savanes), Yaovi Attigbé Ihou (vice-président de la région des Plateaux), Mémounatou Ibrahima (vice-présidente d’Agoè) et Yawa Djigbodi Tsegan (Trésorière générale), il aura la charge de redonner un nouveau souffle au parti au pouvoir dans cette période de tension politique dans le pays.