Quinze jours après sa réélection et deux jours seulement après l’installation d’un nouveau bureau, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Soumahoro, est absent de son poste. Adama Bictogo, le patron du parti présidentiel, a pris les rênes.
À peine réélu, déjà manquant. Amadou Soumahoro, président de l’Assemblée nationale ivoirienne, reconduit à son poste le 30 mars, est actuellement « en voyage », quelques jours seulement après l’installation d’un nouveau bureau. Une nouvelle absence pour le député de Séguéla sous-préfecture, proche d’Alassane Ouattara, dont l’état de santé a déjà nécessité des déplacements à l’extérieur du pays ces derniers mois et qui était apparu très fatigué lors de sa réélection.
En attendant son retour, c’est sans surprise Adama Bictogo, le directeur exécutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, au pouvoir), très actif pendant la campagne présidentielle, qui a pris les rênes de l’institution. « En cas d’empêchement ou d’absence du président, j’en assure l’intérim et le fonctionnement. C’est le cas en ce moment », explique à Jeune Afrique le député d’Agboville et nouveau vice-président de l’institution.
Plus d’influence et de pouvoirs
Un temps favori pour reprendre le perchoir avec le soutien de nombreux députés, il s’était finalement rangé derrière la décision d’Alassane Ouattara de reconduire Amadou Soumahoro, originaire, comme l’ancien Premier ministre Hamed Bakayoko, de la région du Worodougou, à son poste. Une décision prise non sans l’assurance de compensations.
Selon les informations de Jeune Afrique, Adama Bictogo a accepté d’occuper un poste de vice-président mais avec des prérogatives plus « musclées », beaucoup d’influence et d’importantes délégations de pouvoir accordées par le chef de l’Assemblée.
Depuis 2016 et la suppression du poste de premier vice-président, il n’existe cependant théoriquement plus aucun ordre hiérarchique entre les vice-présidents, et Amadou Soumahoro peut ainsi choisir de déléguer ses pouvoirs à n’importe lequel d’entre eux.
De telles mesures ne sont par ailleurs pas prévues dans le règlement intérieur de l’Assemblée. L’institution prévoit simplement qu’« en cas de vacance de la présidence de l’Assemblée nationale par décès, par démission ou par empêchement absolu, l’intérim du président de l’Assemblée nationale est assuré par le plus âgé des vice-présidents ou à défaut le suivant ». Un « voyage » est-il considéré comme un « empêchement absolu » ? Rien ne le dit.
Composition du bureau
Parmi les vice-présidents, onze au total – dont huit issus du RHDP – on retrouve Mamadou Diawara (RHDP), le doyen d’âge du Parlement, ainsi que l’ancien ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Sidiki Konaté, ou la député RHDP de Treichville, Aminata Toungara. L’opposition compte Maurice Kakou Guikahué, le secrétaire exécutif du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et Georges Armand Ouégnin, le président d’Ensemble pour la démocratie et la souveraineté (EDS).
Ce nouveau bureau, approuvé par 179 députés (12 contre et 55 abstentions) lors d’une séance plénière mercredi, compte également trois questeurs et douze secrétaires.
Albert Mabri Toikeusse de l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (UDPCI), formation politique absente de ces nouvelles instances, a dénoncé « un bureau qui ressemble fort malheureusement au produit d’un règlement de compte, où la haine a toute sa place ». Le Front populaire ivoirien (FPI) de Pascal Affi N’Guessan a aussi été écarté.
Cette session a également été marquée par la présentation des quatre groupes parlementaires. Le RHDP, qui compte 153 membres, sera présidé par Mamadou Diawara, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), 65 membres, par Simon Doho, EDS, 17 membres, par Hubert Oulaye et l’UDPCI, 9 membres, par Pascal Sery.
Ex président Mauritannien
[Exclusif] Mauritanie – Mohamed Ould Abdelaziz : « Prouvez-moi que j’ai détourné un seul ouguiya ! »
Mis en cause pour la gestion des deniers publics durant ses deux mandats (2009-2019), l’ex-président mauritanien se défend pied à pied et nie en bloc. Première partie de l’entretien exclusif qu’il a accordé à « Jeune Afrique ».
On dit de l’amitié qu’elle ne résiste pas à l’exercice du pouvoir. Celle qui unissait depuis plus de trente ans l’ancien président Mohamed Ould Abdelaziz et son successeur Mohamed Ould Ghazouani n’a pas tardé à voler en éclats. Peu après son investiture, en août 2019, ce dernier s’est très vite affirmé comme le véritable chef, faisant taire ceux qui l’imaginaient sous la tutelle de son ami.
À l’Assemblée nationale, les députés ont mis en place une commission d’enquête parlementaire, dont le rapport, remis en juillet 2020, a révélé des irrégularités liées à dix marchés passés durant les deux mandats d’ »Aziz ». Mohamed Ould Ghazouani l’a dit et répété : il n’est jamais intervenu directement dans ce dossier.
En août 2020, Mohamed Ould Abdelaziz, 64 ans, a été placé en résidence surveillée dans sa villa du quartier des Bourses, à Nouakchott. Il ne peut plus quitter la capitale. Ses proches disent de lui qu’il est « comme un lion en cage », lui qui s’échappait chaque week-end dans son campement de Benichab, dans l’Inchiri – ses récentes demandes pour s’y rendre ont toutes été refusées.
En mars 2021, la procédure s’est accélérée : il a été inculpé pour, entre autres, corruption, blanchiment d’argent, enrichissement illicite, dilapidation de biens publics, octroi d’avantages indus et obstruction au déroulement de la justice. L’ancien puissant chef d’État et treize de ses ex-collaborateurs ont l’obligation de se présenter trois fois par semaine au commissariat, sous peine d’être incarcérés. Ses avocats s’apprêtent à saisir l’Union africaine, la Ligue arabe et la Ligue internationale des droits de l’homme.
Aziz a toujours refusé de répondre aux questions des enquêteurs. Dans le premier volet de cet entretien qu’il a accordé mi-avril à Nouakchott à Jeune Afrique, il revient pour la première fois, en détails et sans détour, sur les accusations qui le visent, mais aussi sur son récent retour sur la scène politique. Et dans le second volet, à paraître le 16 avril, il livre en exclusivité sa version du conflit qui l’oppose à Mohamed Ould Ghazouani.
Jeune Afrique :Le 7 avril, vous avez publié une lettre ouverte aux Mauritaniens, très virulente à l’égard du pouvoir, dans laquelle vous les appelez à vous rejoindre au sein du parti Ribat Al Watani, de Saad Ould Louleid. Êtes-vous devenu un opposant ?
Mohamed Ould Abdelaziz : Oui, car je suis totalement en contradiction par rapport à ce qu’il se passe dans mon pays. Par ailleurs, je n’avais jamais pris l’engagement d’arrêter la politique, après tous les efforts que j’ai faits pour tenter d’améliorer les conditions de vie de la population et de sécuriser le pays.
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À CHAQUE FOIS QUE J’AI APPROCHÉ UN PARTI, IL A SUBI DES PRESSIONS OU IL A CRAINT D’ÊTRE INTERDIT
J’avais un parti que j’avais créé moi-même en 2009, mais le gouvernement en place s’en est saisi et me l’a confisqué. J’ai dû l’abandonner et en chercher un autre. J’en avais trouvé un [en août 2020, il s’était rapproché du Parti unioniste démocrate socialiste de Mahfoudh Ould Azizi, ndlr], mais il a été interdit.
Pourquoi avoir choisi cette formation, Ribat Al Watani ?
Car elle était la seule disponible. Chaque fois que j’ai approché un parti, il a subi des pressions ou il a craint d’être interdit. Le président de Ribat Al Watani a eu le courage d’accepter. Je vais en devenir membre et nous allons commencer à travailler dans les jours et semaines à venir pour y faire adhérer l’ensemble de nos soutiens. Nous allons également organiser un congrès, beaucoup de choses vont changer en son sein.
Dans ce même communiqué, vous attaquez toute la classe politique, comme si vous étiez seul contre tous. N’avez-vous donc pas besoin d’alliés ?
En effet, je ne m’attaque pas seulement au pouvoir, mais à une grande majorité de l’opposition. Lorsque j’étais à la tête du pays, je n’ai jamais accepté de la museler. Mais il y a récemment eu tellement de compromissions, que je n’ai en effet pas besoin d’alliés parmi ceux qui ne jouent ni leur rôle d’opposants, ni de partisans. Tout ceci ne peut avoir cours dans une démocratie normale, c’est un complot ourdi contre le peuple mauritanien.
Beaucoup de vos anciens fidèles vous ont également quitté…
Alors que nous sommes en pleine pandémie, ils ont triplé, voire quadruplé le budget de la présidence, en 2020 et 2021. Celui de l’Assemblée nationale a également été augmenté. Non seulement ils ont cherché à soudoyer tous les sites d’information mais, à la veille du vote, ils ont donné 300 millions d’anciens ouguiyas [soit près de 700 000 euros, les anciens ouguiyas ayant été remplacés par les nouveaux ouguiyas en 2018] aux parlementaires pour qu’ils approuvent la création de la Commission d’enquête.
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JE NE VEUX PAS ME BARRICADER DERRIÈRE L’ARTICLE 93 DE LA CONSTITUTION [QUI PRÉVOIT L’IMMUNITÉ PRÉSIDENTIELLE]
Avez-vous des preuves de ce que vous avancez ?
Des enregistrements, qui ont été diffusés en Mauritanie le prouvent. Le vice-président de l’Assemblée nationale a reconnu que les députés ont reçu 300 millions pour acheter du mobilier, c’est illégal. On gaspille l’argent public au moment où les populations en ont le plus besoin.
Et qu’ont-ils fait pour ceux qui vivent dans une misère endémique ? Ils ont fermé toutes les boutiques de distribution du programme alimentaire Emel, subventionnées par l’État afin de permettre aux plus démunis de s’approvisionner en réduisant de 40% les prix des produits de première nécessité. Dans le même temps, ils ont augmenté les salaires des députés de près d’un demi-million en deux ans. On engraisse les plus riches et on tourne le dos aux plus misérables. Je le dis car c’est une situation choquante et l’opposition n’en parle pas.
Vous ne vous êtes pas exprimé sur ce qui vous est reproché. Pourquoi ?
C’est vrai que je n’ai pas accepté de répondre à des injonctions. On ne peut pas se réveiller un beau matin et vouloir créer une commission d’enquête, car tel pays a la sienne. Alors que la mise en place d’une telle commission n’est pas prévue par notre Constitution, ils se sont appuyés sur le règlement intérieur de l’Assemblée nationale.
De plus, une telle enquête doit porter sur la gestion d’une année en cours. Or, avant mon départ, tous les comptes ont été passés au crible par la Cour des comptes. Il y a eu des erreurs de gestion, mais tout a été apuré par cette institution, seule habilitée à mener des audits. Je refuse d’entrer dans ce débat juridique, j’ai horreur de parler de l’article 93 de la Constitution [qui prévoit l’immunité présidentielle]. Je ne veux pas me barricader derrière.
Vous l’avez pourtant fait à plusieurs reprises.
Oui et je ne m’en glorifie pas. Mais la Constitution d’aujourd’hui est ainsi. Je ne reconnais aux enquêteurs aucun droit sur moi, car aucune loi ne m’oblige à leur parler. J’ai été inculpé pour, entre autres, corruption, détournement et blanchiment d’argent. D’accord, je suis prêt, démontrez-moi que j’ai pris un seul ouguiya, que ce soit au Trésor public, à la Banque centrale ou dans un autre établissement public. C’est le défi que je lance à tous les Mauritaniens, au gouvernement et aux ministres. S’il y a eu des détournements, ils ont été sanctionnés, mais le président Mohamed Ould Abdelaziz n’a jamais été impliqué.
Pouvez-vous prouver que les caisses de l’État ont bel et bien été auditées lorsque vous avez quitté le pouvoir ?
Oui, car la Cour des comptes a fait son travail chaque année, elle a tout vérifié. Concernant les revenus du pétrole par exemple, elle n’a pas trouvé un seul cent détourné. Je le répète, le budget a toujours été apuré par la Cour des comptes. Il y a eu des irrégularités effectivement, comme dans tous les pays du monde, mais les responsables ont été sanctionnés. J’ai été un président parfait et modèle lors de ma sortie.
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IL Y A EU DES IRRÉGULARITÉS EFFECTIVEMENT, COMME DANS TOUS LES PAYS DU MONDE, MAIS LES RESPONSABLES ONT ÉTÉ SANCTIONNÉS
Vous êtes également inculpé pour corruption et blanchiment d’argent, votre responsabilité pénale personnelle pourrait être engagée.
J’ai été à couteaux tirés pendant dix ans avec les hommes d’affaires de ce pays. Ils ne peuvent pas prouver que j’ai perçu un seul ouguiya frauduleusement. Et, pour qu’il y ait blanchiment d’argent, il faut qu’il y ait de l’argent sale. Or il ne peut provenir que du détournement ou de la corruption ce qui, encore une fois, n’est pas le cas.
Avez-vous déclaré votre patrimoine, comme vous l’aviez promis en 2009 ?
Oui, en arrivant et en partant.
Le procureur a annoncé avoir déjà récupéré 41 milliards d’anciens ouguiyas (94,8 millions d’euros) grâce aux saisies opérées sur les personnalités inculpées, dont 29 milliards auprès de vous et de votre gendre. Qu’est-ce qui vous a été confisqué ?
Il s’agit de maisons, qui appartiennent aussi à de tierces personnes, comme mes petits-fils ou d’autres parents. Juridiquement, aucune de ces propriétés ne porte mon nom, sauf celles que j’ai déclarées moi-même. Il y aurait également des véhicules surestimés mais aussi des chèvres, des moutons, trente gazelles à 40 000 ouguiyas ou encore 650 chameaux… mais je n’en possède pas autant ! C’est vraiment n’importe quoi. C’est la raison pour laquelle ils ne peuvent pas nous donner accès au dossier.
Le rapport de la Commission d’enquête, long de 900 pages, est très détaillé. Plus de 300 personnes ont été auditionnées, dont vos anciens ministres, qui ont reconnu des irrégularités voire des malversations et assuré avoir agi sous vos ordres.
Écoutez, il n’y a eu aucune irrégularité. Par exemple, on m’a balancé à la figure la vente des biens. Or, les terrains qui ont été vendus abritent des écoles qui ne sont plus fonctionnelles, ou encore, de vieux bâtiments qu’on appelait les « blocs ». Ceux-ci s’étendent sur 100 hectares et ont été vendus à 600 dollars le mètre carré ! Toutes les décisions ont été prises en Conseil des ministres et dans l’intérêt du pays. Alors, un Premier ministre qui dit qu’il a reçu des ordres du président, de qui allait-il les recevoir, si ce n’est de moi ? Encore une fois, prouvez-moi que ces ordres étaient irréguliers.
Dix dossiers jugés suspects ont été passés au crible, dont l’attribution du terminal à conteneurs du port de Nouakchott à la société Arise Mauritania (joint-venture entre Arise, du singapourien Olam, et le fonds Meridiam du Français Thierry Déau). Pourquoi ce marché a-t-il été passé au détriment des intérêts mauritaniens ?
Tout ce qui a été dit à ce sujet est faux. Aucun intérêt n’a été bafoué et il n’y a eu aucune corruption. Ce dossier est passé plus de dix fois en Conseil des ministres et à chaque fois il a été perfectionné. Je l’avais d’ailleurs complètement rejeté car cette société s’était engagée à créer 3000 à 4000 emplois et cette promesse ne figurait plus dans sa dernière proposition. Le même soir, le ministre des Finances, qui était chargé de coordonner les pourparlers avec cette entreprise, m’a appelé. Il m’a dit qu’elle avait finalement tout accepté. Et c’est tout.
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JE VAIS VOUS FAIRE UNE RÉVÉLATION : EN PARTANT DE NOUAKCHOTT, JE N’AI MÊME PAS EMPORTÉ UN DOLLAR
Autre exemple : la gestion de la Société nationale industrielle et minière de Mauritanie (SNIM). Cette entreprise publique est-elle exempte de tout reproche ?
Il n’y a jamais eu de problème à la SNIM. Des directeurs sont là, il n’y a jamais eu d’intervention ni d’interférence dans les ventes, gérées par une direction commerciale autonome installée à Paris. Par ailleurs, les enquêteurs m’ont demandé pourquoi j’ai dit au ministre des Finances de prendre 40 % de la société des assurances de la SNIM. Mais je n’ai pas répondu à cette idiotie ! J’ai personnellement eu l’idée de créer cette société parce qu’on perdait beaucoup d’argent avec les assurances des sociétés étrangères. Quand j’ai vu qu’elle commençait à gagner beaucoup d’argent, j’ai dit au ministre de prendre 40 % des parts, pour réduire un peu le pourcentage de la SNIM. Mais pour l’Etat, pas pour moi ! Je ne vois pas d’irrégularités dans tout cela, mais un acharnement politique.
S’il y a un procès, parlerez-vous au juge ?
Oui, je parlerai devant la justice. Il faudra bien que je m’explique et eux aussi.
Cela peut se vérifier. D’abord, si j’avais voulu détourner le budget de la présidence je l’aurais augmenté, or pendant dix ans, je n’ai fait que le diminuer, jusqu’aux factures d’électricité. Les fonds spéciaux de la présidence, je ne les ai jamais consommés. Je vais vous faire une révélation : en partant de Nouakchott, je n’ai même pas emporté un dollar. J’ai commis l’erreur de voyager sans le sou, tellement j’étais pressé de laisser le nouveau président s’occuper de son pays et former son gouvernement.
Et les valises remplies d’argent ?
On a en effet parlé de 25 valises. Ils n’ont qu’à prouver tout ça !
Vaccin pour pèlerinage
Au Niger, les centres de vaccinations pris d'assaut pour le petit pèlerinage à la Mecque
Le ramadan vient de commencer et le temps de la oumra aussi. Mais cette année, pour pouvoir faire le petit pèlerinage à La Mecque, il faut se faire vacciner contre le Covid-19. Les autorités saoudiennes l'exigent : seules les personnes ayant reçu deux doses de vaccin, ou une seule depuis au moins quatorze jours, peuvent se rendre dans la ville sainte. Au Niger, certains centres de vaccinations sont pris d'assaut par les pèlerins.
A l'hôpital général de référence de Niamey, le professeur Souleymane Brah enchaîne les vaccinations. « Ces trois derniers jours, on a un changement des profils des personnes, parce que la politique de La Mecque exige la vaccination pour aller sur le territoire saoudien. Si je prends l'exemple d'aujourd'hui, actuellement on est à 65 personnes vaccinées, les 50 sont des voyageurs qui vont à la oumra. »
Hinoussa Salifou fait partie de ces voyageurs. Sans cette obligation de vaccination, il n'aurait peut-être pas pris une première dose. « Avec les effets secondaires qu'on est en train d'avoir sur ce vaccin-là, il va de soi que ça créé un certain doute. Mais nous sommes obligés de nous conformer. Mais autrement, j'aurais vachement hésité. »
Face à ce nouvel engouement pour la vaccination, le professeur Brah s'inquiète. Il craint une pénurie de doses ces prochaines semaines. « Au Niger, quand le ramadan approche, le nombre de personnes qui voyagent pour le petit pèlerinage est vraiment important. Au Niger on a que 400000 doses. Je pense que les autorités doivent rétablir ce côté-là. Ça ne pourra pas suffire effectivement. »
Depuis le début de la campagne de vaccination, 1 366 personnes se sont faites vacciner à l'hôpital général de Niamey.
La hausse du prix des engrais depuis le début de l’année met l’accent sur les difficultés des systèmes d’approvisionnement en Afrique de l’Ouest.
De 350 dollars la tonne en décembre à près de 550 dollars ces derniers jours. C’est le bond effectué par le prix du DAP, un type d’engrais phosphaté largement utilisé en Afrique de l’Ouest. Cet exemple illustre la hausse générale des prix des engrais sur le marché mondial depuis la fin de 2020, portée par une forte demande et l’envolée des cours des matières premières, dont l’azote et le phosphate.
Une situation – à laquelle s’ajoute le renchérissement du fret maritime provoqué par la pandémie de Covid-19 – qui complique l’approvisionnement de plusieurs pays ouest-africains et met en avant les failles, connues mais persistantes, des appels d’offres publics.
Même si c’est un marché modeste, le cas de la Mauritanie est significatif. Le Commissariat à la sécurité alimentaire (CSA), organisme public chargé de la fourniture d’intrants agricoles dans le pays, a ainsi peiné à conclure son appel d’offres pour l’achat de 7 800 tonnes de DAP et de 15 000 tonnes d’urée.
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LE BÉNIN A BIEN GÉRÉ LA SITUATION EN RÉALISANT SES ACHATS AVANT LA HAUSSE DES PRIX
Lancé en novembre, le processus démarre pourtant bien : alors qu’un seul candidat s’était manifesté l’année précédente pour le DAP, six concurrents – dont le groupe marocain OCP et les Industries chimiques du Sénégal (ICS, détenu par le groupe basé à Singapour Indorama) – déposent cette fois-ci une offre. Sauf que le CSA met deux mois à donner sa réponse. Entre-temps, la tonne de DAP a augmenté de près de 200 dollars, compliquant l’entente avec les fournisseurs.
Âpres négociations
Résultat, il faut relancer la procédure et ce n’est qu’après la présentation de nouvelles offres – au nouveau prix du marché donc défavorable à CSA – que l’affaire est conclue. OCP Sénégal, filiale du groupe marocain dirigé par Mostafa Terrab, remporte le contrat DAP, et le groupe suisse Ameropa celui sur l’urée pour un montant global de 12 millions de dollars.
Outre la Mauritanie, d’autres pays expérimentent des difficultés. « Si le Bénin a bien géré la situation en réalisant ses achats avant la hausse des prix, le Mali et le Burkina Faso pâtissent de la tendance haussière quand l’approvisionnement au Ghana pourrait aussi être fragilisé », note Mounir Halim, directeur général d’Afriqom, cabinet de conseil spécialisé dans le marché des engrais en Afrique, qui vient de publier une carte 2021 du secteur.
Au Mali, alors que la saison cotonnière s’annonce déjà difficile, la crise politique née du coup d’État d’août 2020 a entraîné un décalage du lancement de l’appel d’offres pour la fourniture d’engrais, mené en février au lieu d’août-septembre habituellement. Conséquence, la Compagnie malienne pour le développement des textiles (CMDT) vient de dévoiler les résultats de l’appel d’offres pour 90 000 tonnes d’engrais (NPK et urée perlée), attribué au prix actuel du marché n’ayant pu obtenir mieux malgré d’âpres négociations.
« On est sur un marché où la validité du prix d’une offre peut être de deux heures et où les autres acteurs – Européens, Brésiliens, Américains – prennent des décisions rapidement, à l’opposé de certains processus d’appel d’offres ouest-africains », souligne Mounir Halim.
Outre la lenteur de la prise de décision, qui coûte cher aux États en cas de marché haussier comme actuellement, plusieurs observateurs pointent également le manque de transparence des processus et la trop faible agilité des acteurs, une qualité pourtant indispensable sur un marché connu pour sa volatilité.
Opposant nigérien malade
Niger : l'opposant Hama Amadou en France pour des contrôles médicaux
L'opposant nigérien Hama Amadou est en soins en France pour quelques jours. Incarcéré depuis l'annonce des résultats du premier tour de la présidentielle en février dernier, il a été autorisé par la justice du Niger à sortir de prison pour prendre l'avion pour Paris. Hama Amadou est arrivé en France mercredi matin, nous a confirmé son entourage vendredi 9 avril, pour y subir une série de contrôles médicaux à l'hôpital américain de Paris.
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Selon le conseiller en communication d'Hama Amadou, Abdou Rafa, ce contrôle médical était prévu de longue date. L'ancien Premier ministre fait l'objet d'un suivi depuis plusieurs années, et dois effectuer ces contrôles tous les trois mois. Mais il ne s'y était pas rendu depuis avril 2020.
C'est à ce titre qu'une demande a été déposée en début de semaine pour une durée de quinze jours, renouvelable une fois. Selon son entourage, il est probable que son séjour soit effectivement prolongé, en raison de son état de fatigue avancé.
En mars 2016, Hama Amadou avait déjà bénéficié d'une telle autorisation de soins par la justice nigérienne, alors qu'il était emprisonné préventivement dans une affaire de trafic de bébé. À l'époque il était resté plus de 3 ans en France, puis au Bénin, avant de retourner dans son pays en novembre 2019 pour purger la peine à laquelle il avait été condamné entre-temps.
Cette fois, pas question d'exil, explique son entourage et son conseiller, Hama Amadou regagnera de lui-même sa prison à l'issue de ses soins. Mais en attendant, nous a-t-on expliqué, et s'il le souhaite, une demande de liberté provisoire pourrait être déposée.