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« Les abus sexuels de prêtres sur des religieuses naissent d’une relation au départ spirituelle »

La théologienne Geneviève Medevielle accompagne depuis de nombreuses années des religieuses, dont certaines ont été abusées par des clercs.

Sœur Geneviève Medevielle.

Sœur Geneviève Medevielle. / ECF

Sœur Geneviève Medevielle est professeur honoraire de théologie morale à l’Institut Catholique de Paris.

La Croix : Êtes-vous surprise par les témoignages qui sortent sur des religieuses victimes d’abus en Afrique au sein même de l’Église ?

Sœur Geneviève Medevielle : À vrai dire non. Les moralistes et les accompagnatrices spirituelles connaissent malheureusement cette réalité qui aujourd’hui éclate au grand jour. Il serait grave de mettre l’accent uniquement sur ce qui se passe en Afrique, au Chili, en Inde, aux Philippines…

 

À ma propre échelle, je suis témoin de femmes plus âgées que moi, qui ont été abusées par des prêtres dans leur jeunesse ici même, dans notre vieille Europe. Des plus jeunes l’ont été plus récemment dans années 1980, en plein essor de nouvelles communautés, liées soit aux mouvements charismatiques, soit à des courants plus traditionnels.

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Le déficit commun fut un manque de réflexion anthropologique, sociologique, psychanalytique. On n’a pas réfléchi quand, dans les communautés charismatiques, on a mis hommes et femmes ensemble, alors que la vie religieuse les séparait depuis 2000 ans. Quant aux communautés attachées à la tradition, pour elles un cours sur la chasteté à l’ancienne devait suffire à régler tous les problèmes !

Pourquoi cette réalité n’est mise à jour que maintenant ?

Sœur Geneviève Medevielle : Prenons le cas de l’Afrique. Si sœur Maura O’Donohue, médecin à la Caritas, a fait son enquête dans les années 1990, c’était pour aider les Églises à freiner la propagation du sida. Ce ne sont pas les religieuses elles-mêmes qui ont dénoncé les faits dont elles étaient victimes.

Cette année, au Chili, les Sœurs du Bon-Pasteur ont saisi l’occasion de la crise de la pédophilie pour faire des révélations. Et aux États-Unis, c’est à la suite du mouvement #MeToo que la conférence des supérieures majeures américaines a demandé aux sœurs de parler. C’est ce contexte de libération des femmes qui conduit aujourd’hui à révéler, à dénoncer des réalités qui existent depuis longtemps.

Comment décrire le mécanisme qui conduit à de tels abus ?

Sœur Geneviève Medevielle : Une jeune religieuse est en situation de vulnérabilité. Dans son enthousiasme à se donner totalement au Christ, dans son souci de perfection, elle idéalise l’obéissance d’autant qu’on lui apprend à remettre sa vie entre les mains d’autres. Les maîtresses des novices un peu aguerries feront tout pour qu’elle puisse rester autonome. Mais si elle a en face d’elle des gens qui ne permettent pas de vivre une véritable expérience d’obéissance libre, tous les cas d’emprise psychologique, sans tomber pour autant dans des perversions sexuelles, sont possibles.

Les abus sexuels des religieuses par des prêtres ont lieu la plupart du temps dans une relation qui est, au départ, spirituelle. C’est parce qu’il est le confesseur, l’aumônier, l’évêque… Quand un confesseur vient prêcher une retraite dans une communauté, il peut jouer de sa séduction intellectuelle, spirituelle, surtout sur des jeunes encore peu formées. Il s’agit d’abord d’une emprise psychologique ou spirituelle.

La jeune religieuse va également idéaliser le prêtre qu’on lui donne comme accompagnateur spirituel. Si elle tombe sur un prédateur, il prendra le meilleur de la relation spirituelle pour faire d’elle une proie sexuelle. Il lui fera comprendre qu’elle n’est ni belle, ni intelligente, ni donc attirante. Elle se dira alors qu’elle n’est peut-être pas objet du désir et, si elle ne l’est pas, c’est donc de sa responsabilité… Le pervers inverse le processus et laisse croire à la victime que c’est elle qui est responsable.

Pourquoi ce fléau est-il encore si peu connu ?

Sœur Geneviève Medevielle : Parce que les femmes ne viennent pas en parler facilement. C’est comme dans le cas d’inceste, certaines sœurs parviennent à me parler de faits vécus quand elles étaient petites filles, alors qu’elles ont 40, 60 voire même 80 ans ! Parvenir à la claire conscience qu’on a été abusée est difficile et requiert souvent des outils psychanalytiques. Parler, c’est traverser toute une part d’ombre, surtout si l’abuseur est parvenu à rejeter sa responsabilité sur la victime. Et intellectuellement, c’est la confusion car on cherche sa part de responsabilité sans voir celle de l’institution qui a manqué de prudence.

La religieuse, dans sa honte, peut aussi avoir une haine de son abuseur. Elle va alors se confesser à d’autres personnes sur la haine qu’elle ressent en tant que victime, parce qu’elle ne parvient pas à pardonner.

Que fait l’Église et que faudrait-il faire pour prévenir de tels abus ?

Sœur Geneviève Medevielle : Pour le moment, on en est encore au stade de la sidération devant ces révélations. Des formations sont nécessaires dans les noviciats, dans les séminaires, où les sciences humaines doivent être davantage présentes. Il nous faut aussi dire, sur le plan de la morale sexuelle, comment une maturité psycho-affective se déploie dans une vie.

Il est aussi de la responsabilité des formatrices et des supérieures de savoir à qui elles confient leurs sœurs, de ne pas être naïves face aux phénomènes d’adulation de tels prêtres. De grandes vedettes dans l’Église se sont révélées être des prédateurs.

Reprenons la théologie du peuple de Dieu du concile Vatican II, encore trop peu développée. Le pape dénonce une Église cléricale et nous demande de changer notre image du prêtre, de le sortir du registre du sacré. D’un sacré qui, comme dans les religions antiques, vient d’un ailleurs inconnu, d’un monde auquel on n’a pas accès et qui fait peur, bien loin de la religion de l’incarnation, dont le Dieu s’est fait vulnérable jusqu’à mourir en croix. Le prêtre donne sa vie pour la communion de la communauté chrétienne mais il reste l’un des nôtres.

Recueilli par Christophe de Galzain

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Abus sexuels, des religieuses victimes témoignent

Arte se penche sur le douloureux sujet des agressions sexuelles commises par des prêtres contre des religieuses.

Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église, mardi 5 mars à 20 h 50 sur Arte.

Religieuses abusées, l’autre scandale de l’Église, mardi 5 mars à 20 h 50 sur Arte. / Arte

Depuis quelques mois, grâce au témoignage de femmes courageuses, la question des agressions sexuelles dont sont victimes des religieuses émerge enfin. Fruit de deux années d’une enquête rigoureuse, le documentaire diffusé mardi sur Arte apporte une pierre essentielle à cette libération de la parole. Sa réalisation aurait contribué à une prise de conscience du pape lui-même, ou du moins de son entourage. Il souligne surtout l’étendue d’un problème qui n’est pas cantonné à l’Afrique.

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« Esclavage sexuel »

Le film débute d’ailleurs par les témoignages de Doris Wagner, dont La Croix avait raconté l’histoire en décembre, et de Michèle-France, une carmélite tombée sous la coupe du père Marie-Dominique Philippe, fondateur de la Communauté Saint-Jean, qui a admis à son sujet des « gestes déplacés contraires à la chasteté ».

Les faits évoqués ici, comme pour son frère Thomas Philippe, cofondateur de L’Arche, sont pourtant d’une autre gravité et on comprend pourquoi le pape François, dans l’avion qui le ramenait d’Abou Dhabi, a pu parler d’« esclavage sexuel ».

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Des mots prononcés après le montage du documentaire. On le regrettera d’autant plus que le film s’achève sur un rendez-vous manqué entre François, Doris Wagner et Michèle-Jean. Si le pape rencontre souvent des victimes, il préfère rester hors caméra pour ces entrevues qu’il réserve à l’écoute. Un refus de « se donner en spectacle » pour le Vatican. Une tentative « de reléguer une fois de plus la parole des victimes au secret d’une audience privée », ont estimé les victimes et réalisateurs du documentaire, qui ont refusé de se rendre à l’invitation.

Des femmes qui ont donné leur vie au Christ

Selon nos informations, la porte du pape est pourtant restée ouverte jusqu’au bout – le rendez-vous figurait même à son agenda officiel distribué sous embargo au matin du 6 décembre… Une regrettable incompréhension mutuelle qui ne doit pas faire oublier le propos principal de ce documentaire dur mais passionnant : l’incapacité systémique de l’Église à protéger des femmes qui ont donné leur vie au Christ.

Le père Hans Zollner, un des principaux conseillers du pape, le dit d’ailleurs sans ambages : « La structure de l’Église a quelque chose de fermé qui donne le pouvoir aux mâles de façon absolue, et au-delà de tout ce qui est permis, et je peux affirmer avec conviction que le pape est conscient de ce problème. »

Nicolas Senèze, à Rome

C'est le 6 mars qu'a commencé le temps de carême
pour cette année 2019


Texte Pris sur le site AGENCE Zenit

Carême 2019 : message du Pape François

Carême : « La force de guérison du repentir et du pardon » (texte complet)


Le mystère du salut dans le Christ « est déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre » et il « se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière », déclare le pape François dans son message de carême 2019, en date du 4 octobre 2018, en la fête de saint François d’Assise.

Le message de carême est publié en 7 langues par le Vatican, ce mardi 26 février 2019. Le carême, période de préparation à Pâques, commence mardi prochain 6 mars, et la fête de Pâques est, cette année, le dimanche 21 avril.

Le pape donne ici des orientations pour cette période de quarante jours traditionnellement orientés vers la conversion et la purification, vers une vie meilleure: il souhaite « offrir quelques points de réflexion pour accompagner notre chemin de conversion ».

Et plus précisément, le pape indique que la conversion du chrétien fait aussi « du bien à la création »: « Si l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint et sait reconnaître et mettre en œuvre la loi de Dieu, en commençant par celle qui est inscrite en son cœur et dans la nature, alors il fait également du bien à la Création, en coopérant à sa rédemption. »

Le péché en effet abîme aussi la création: « Le péché qui habite dans le cœur de l’homme (…) conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, sous la motion de cette cupidité insatiable qui considère tout désir comme un droit, et qui tôt ou tard, finira par détruire même celui qui se laisse dominer par elle. »

Au contraire, écrit le pape, « quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – esprit, âme et corps –, ceux-ci deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures, comme le confesse admirablement le «Cantique des créatures» de saint François d’Assise ».

C’est pourquoi le pape insiste sur « la force de guérison du repentir et du pardon » et invite aux exercices spirituels de carême: « En accueillant dans le concret de notre vie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, nous attirerons également sur la création sa force transformante. »

Le message a été présenté en la salle de presse du Saint-Siège, ce 26 février, par le préfet du dicastère romaine pour le Service du développement humain intégral, le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, entouré de Mgr Segundo Tejado Muñoz, sous-secrétaire du même dicastère; et de M. Alberto Piatti, vice-président exécutif d’ « Entreprise responsable et durable » de l’entreprise italienne d’hydrocarbures, ENI.

Voici le texte officiel en français du Message de carême 2019.

 

Message du pape François

«La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu» (Rm 8,19)

Chers Frères et Sœurs,

Chaque année, Dieu, avec le secours de notre Mère l’Eglise, «accorde aux chrétiens de se préparer aux fêtes pascales dans la joie d’un cœur purifié» (Préface de Carême 1) pour qu’ils puissent puiser aux mystères de la rédemption, la plénitude offerte par la vie nouvelle dans le Christ. Ainsi nous pourrons cheminer de Pâques en Pâques jusqu’à la plénitude du salut que nous avons déjà reçue grâce au mystère pascal du Christ: «Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance»(Rm 8,24). Ce mystère de salut, déjà à l’œuvre en nous en cette vie terrestre, se présente comme un processus dynamique qui embrasse également l’Histoire et la création tout entière. Saint Paul le dit:«La création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu» (Rm 8,19). C’est dans cette perspective que je souhaiterais offrir quelques points de réflexion pour accompagner notre chemin de conversion pendant le prochain carême.

1. La rédemption de la Création.

La célébration du Triduum pascal de la passion, mort et résurrection du Christ, sommet de l’année liturgique, nous appelle, chaque fois, à nous engager sur un chemin de préparation, conscients que notre conformation au Christ (cf. Rm 8,29) est un don inestimable de la miséricorde de Dieu.

Si l’homme vit comme fils de Dieu, s’il vit comme une personne sauvée qui se laisse guider par l’Esprit Saint (cf. Rm 8,14) et sait reconnaître et mettre en œuvre la loi de Dieu, en commençant par celle qui est inscrite en son cœur et dans la nature, alors il fait également du bien à la Création, en coopérant à sa rédemption. C’est pourquoi la création, nous dit Saint Paul, a comme un désir ardent que les fils de Dieu se manifestent, à savoir que ceux qui jouissent de la grâce du mystère pascal de Jésus vivent pleinement de ses fruits, lesquels sont destinés à atteindre leur pleine maturation dans la rédemption du corps humain. Quand la charité du Christ transfigure la vie des saints – esprit, âme et corps –, ceux-ci deviennent une louange à Dieu et, par la prière, la contemplation et l’art, ils intègrent aussi toutes les autres créatures, comme le confesse admirablement le «Cantique des créatures» de saint François d’Assise (cf. Enc. Laudato Sì, n. 87). En ce monde, cependant, l’harmonie produite par la rédemption, est encore et toujours menacée par la force négative du péché et de la mort.

2. La force destructrice du péché

En effet, lorsque nous ne vivons pas en tant que fils de Dieu, nous mettons souvent en acte des comportements destructeurs envers le prochain et les autres créatures, mais également envers nous-mêmes, en considérant plus ou moins consciemment que nous pouvons les utiliser selon notre bon plaisir. L’intempérance prend alors le dessus et nous conduit à un style de vie qui viole les limites que notre condition humaine et la nature nous demandent de respecter. Nous suivons alors des désirs incontrôlés que le Livre de la Sagesse attribue aux impies, c’est-à-dire à ceux qui n’ont pas Dieu comme référence dans leur agir, et sont dépourvus d’espérance pour l’avenir (cf. 2,1-11). Si nous ne tendons pas continuellement vers la Pâque, vers l’horizon de la Résurrection, il devient clair que la logique du «tout et tout de suite», du «posséder toujours davantage» finit par s’imposer.

La cause de tous les maux, nous le savons, est le péché qui, depuis son apparition au milieu des hommes, a brisé la communion avec Dieu, avec les autres et avec la création à laquelle nous sommes liés avant tout à travers notre corps. La rupture de cette communion avec Dieu a également détérioré les rapports harmonieux entre les êtres humains et l’environnement où ils sont appelés à vivre, de sorte que le jardin s’est transformé en un désert (cf. Gn 3,17-18). Il s’agit là du péché qui pousse l’homme à se tenir pour le dieu de la création, à s’en considérer le chef absolu et à en user non pas pour la finalité voulue par le Créateur mais pour son propre intérêt, au détriment des créatures et des autres.

Quand on abandonne la loi de Dieu, la loi de l’amour, c’est la loi du plus fort sur le plus faible qui finit par s’imposer. Le péché qui habite dans le cœur de l’homme (cf. Mc 7, 20-23) – et se manifeste sous les traits de l’avidité, du désir véhément pour le bien-être excessif, du désintérêt pour le bien d’autrui, et même souvent pour le bien propre – conduit à l’exploitation de la création, des personnes et de l’environnement, sous la motion de cette cupidité insatiable qui considère tout désir comme un droit, et qui tôt ou tard, finira par détruire même celui qui se laisse dominer par elle.

3. La force de guérison du repentir et du pardon

C’est pourquoi la création a un urgent besoin que se révèlent les fils de Dieu, ceux qui sont devenus “une nouvelle création” : «Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né» (2 Co5,17). En effet, grâce à leur manifestation, la création peut elle aussi «vivre» la Pâque: s’ouvrir aux cieux nouveaux et à la terre nouvelle (cf. Ap 21,1). Le chemin vers Pâques nous appelle justement à renouveler notre visage et notre cœur de chrétiens à travers le repentir, la conversion et le pardon afin de pouvoir vivre toute la richesse de la grâce du mystère pascal.

Cette“impatience”, cette attente de la création, s’achèvera lors de la manifestation des fils de Dieu, à savoir quand les chrétiens et tous les hommes entreront de façon décisive dans ce “labeur” qu’est la conversion. Toute la création est appelée, avec nous, à sortir «de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu» (Rm 8,21). Le carême est un signe sacramentel de cette conversion. Elle appelle les chrétiens à incarner de façon plus intense et concrète le mystère pascal dans leur vie personnelle, familiale et sociale en particulier en pratiquant le jeûne, la prière et l’aumône.

Jeûner, c’est-à-dire apprendre à changer d’attitude à l’égard des autres et des créatures: de la tentation de tout “dévorer” pour assouvir notre cupidité, à la capacité de souffrir par amour, laquelle est capable de combler le vide de notre cœur. Prier afin de savoir renoncer à l’idolâtrie et à l’autosuffisance de notre moi, et reconnaître qu’on a besoin du Seigneur et de sa miséricorde. Pratiquer l’aumône pour se libérer de la sottise de vivre en accumulant toute chose pour soi dans l’illusion de s’assurer un avenir qui ne nous appartient pas. Il s’agit ainsi de retrouver la joie du dessein de Dieu sur la création et sur notre cœur, celui de L’aimer, d’aimer nos frères et le monde entier, et de trouver dans cet amour le vrai bonheur.

Chers frères et sœurs, le «carême» du Fils de Dieu a consisté à entrer dans le désert de la création pour qu’il redevienne le jardin de la communion avec Dieu, celui qui existait avant le péché originel (cf. Mc 1,12-13; Is 51,3). Que notre Carême puisse reparcourir le même chemin pour porter aussi l’espérance du Christ à la création, afin qu’«elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, puisse connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu» (cf. Rm 8,21). Ne laissons pas passer en vain ce temps favorable! Demandons à Dieu de nous aider à mettre en œuvre un chemin de vraie conversion. Abandonnons l’égoïsme, le regard centré sur nous-mêmes et tournons-nous vers la Pâque de Jésus: faisons-nous proches de nos frères et sœurs en difficulté en partageant avec eux nos biens spirituels et matériels. Ainsi, en accueillant dans le concret de notre vie la victoire du Christ sur le péché et sur la mort, nous attirerons également sur la création sa force transformante.

Du Vatican, le 4 octobre 2018

Fête de Saint François d’Assise.

FRANÇOIS

Fespaco: «Mémoire en fuite», le Burkina Faso
entre en compétition

media Le réalisateur burkinabè Issiaka Konate entouré de son équipe lors de la présentation de «Hakilitan, mémoire en fuite» au Ciné Burkina, au 26e Fespaco. Siegfried Forster / RFI

Avec « Mémoire en fuite », le premier de trois films du Burkina Faso est entré en compétition au Festival panafricain du cinéma (Fespaco). La fiction du Burkinabè Issiaka Konate évoque l'inondastrion catastrophique des archives de la Cinémathèque Africaine de Ouagadougou en 2009. « Hakilitan » a vécu sa première lundi 25 février au soir au Ciné Burkina, sous l’applaudissement du président et du public. Entretien avec le réalisateur.

 

RFI : Hakilitan, mémoire en fuite, est-ce le cri d’un cinéaste ?

Issiaka Konate : Je dirais oui. Quand la cinémathèque a été inondée, c’était très dramatique. D’où ce film sur la mémoire. Ensuite, ce film vient aussi de nous en tant qu’êtres humains. Comment peut-on aujourd’hui transmettre la mémoire ? Aujourd’hui, c’est aussi ça, le vrai drame.

Quand vous titrez Mémoire en fuite, de quelle fuite parlez-vous ?

Ce film est à la limite de notre mémoire qui, par moments, peut être aussi incohérente. La mémoire joue à un moment un rôle biologique sur notre évolution. Mais, on voit aussi, avec les technologies, qu’il y a une nouvelle mémoire à l’œuvre. Aujourd’hui, avec les nouvelles technologies, on confie cela à des appareils hors de nos têtes – à des téléphones, à des ordinateurs, des disques durs, etc. Cela fait que cette nouvelle génération est plus extérieure. Ces outils technologiques sont devenus des organes biologiques chez eux. C’est en quelque sorte notre évolution. C’est aussi ça l’idée dans le film de partir de l’homme du marais, primordial, qui se trouve dans ce marais de l’inconnaissance. Après, petit à petit, il va acheminer vers la lumière…

 

Mémoire et l’avenir du cinéma africain est le thème de cette 26e édition du Fespaco. Est-ce aussi le thème de votre film ?

Absolument, mais moi, j’avais déjà commencé depuis neuf ans ! Il y en a eu trois Fespaco qui sont passés. Quand j'ai terminé le film, c’est tombé sur cette édition avec exactement le même thème.

Votre film, un mélange entre documentaire et fiction, arrive aussi à un moment où le Fespaco va pour la première fois valoriser le genre du documentaire avec un Étalon d’or de Yennenga, donc à la même hauteur que la fiction.

Oui, j’ai déjà élargi le genre. J’aborde la création et la création reste entière, je ne distingue pas entre toutes les aides. J’ai commencé comme un documentaire. Je me suis filmé d’abord, mais, petit à petit, la fiction est venue, parce que le chantier autour du siège a repris, donc je voulais inclure le chantier. Ensuite, je me suis dit : il serait bien d’avoir un personnage qui se réveille amnésique et qui ne sait pas pourquoi sa vie remonte comme ça, par morceau. Cela est devenu la stature du film. Il y a aussi l’incohérence de notre mémoire. J’ai pris cette structure de l’incohérence comme structure pour raconter mon histoire.

Le genre du documentaire, devient-il de plus en plus important au Burkina Faso ?

Oui et c’est très bien. Je me réjouis qu’on ait installé des Étalons dans le genre des documentaires, un genre qu’on avait tout le temps méprisé. On a toujours valorisé la fiction, mais le documentaire, c’est du vrai cinéma.

Vous êtes né en 1959, dix ans avant le premier Festival panafricain du cinéma. À l’époque, il n’y avait pratiquement pas de films burkinabè (ou voltaïque). Aujourd’hui, il y en a trois en lice pour l’Étalon d’or. Une bonne nouvelle pour le cinéma burkinabè ?

Il y a une évolution. Et c’est aussi incontestable que le Burkina héberge la capitale du cinéma à Ouagadougou. C’est un pays qui fait beaucoup d’efforts par rapport à cela. Aujourd’hui, on célèbre le cinquantenaire du Fespaco et je pense que cela est un tournant très important, avec pas mal de films burkinabè en compétition ou présent au Festival. Mon film Hakilitan est un nouveau point de départ d’une autre approche cinématographique. Jusqu’ici, les professionnels et le public sont habitués à un certain type de cinéma. Aujourd’hui, on est en rupture par rapport à cela. Pour ceux qui ont une culture cinématographique, je ne me fais pas de soucis, mais pour le public, il va falloir que les critiques de cinéma fassent un travail envers le public. On doit être patient et prêt à vivre une expérience cinématographique ou personnelle avec ce film.

Comment avez-vous vécu la « rupture » aujourd’hui avec le public dans la salle ?

Moi, je trouve que dans la salle cela était bien accueilli. Je me réjouis fortement de cela. Cela veut dire quelque part que c’est un film qui va cheminer.

► Lire aussi : Fespaco 2019: la voix du cinéma africain fête ses 50 ans, rfi, 22/2/2019

Fespaco 2019 : La liste des films africains en lice pour l’Etalon de Yennenga
Fespaco 2019 : Qu’attendez-vous du cinquantenaire ?

Côte d'Ivoire: Guillaume Soro rencontre
Henri Konan Bédié à Daoukro

Guillaume Soro n'a pas encore précisé ses intentions pour la présidentielle de 2020.
© ISSOUF SANOGO / AFP
 

Guillaume Soro a rencontré samedi 23 février Henri Konan Bédié dans son fief de Daoukro. L’ex-président de l’Assemblée nationale, qui n'a pas encore précisé ses intentions pour la présidentielle de 2020, va participer avec le leader du PDCI à la mise en place d’une plateforme devant réunir plusieurs forces politiques d'opposition du pays, laissant planer l'idée d'une alliance pour la conquête du pouvoir l'an prochain.

Contrairement à sa précédente visite à Daoukro le 17 décembre dernier, Guillaume Soro longe d’un pas lent la haie d’honneur que lui a dressé la population, prenant le temps de serrer le plus de mains possible. Désormais, ce n’est plus le président de l’Assemblée nationale, mais le député de Ferkéssedougou et nouveau membre de l’opposition, que reçoit Henri Konan Bédié.

Après une visite aux chefs traditionnels, les deux hommes se sont entretenus en privé, avant d’annoncer dans un bref communiqué leur volonté de collaborer au lancement de la fameuse plateforme politique censée réunir les adversaires du président Alassane Ouattara autour d’un objectif : l’alternance en 2020.

Il y a une semaine, Guillaume Soro annonçait la création d’un « comité politique », objet politique non identifié aux contours flous, devant permettre à l’élu de participer au débat national. Il a entamé ce jeudi une tournée à l’intérieur du pays pour présenter localement les missions de son comité.

L’ex-président du Parlement, auparavant très avare en paroles, se sent désormais libre de dire ce qu’il pense. Mais toujours rien au sujet d’une éventuelle candidature à la présidentielle. Guillaume Soro et Henri Konan Bédié, ex-alliés du président Alassane Ouattara, ont juste annoncé une concertation décisive dans les jours à venir.

Présidentielle au Sénégal : forte affluence
à l’ouverture des bureaux de vote

| Par Jeune Afrique avec AFP

Après trois semaines de campagne animée, plus de six millions de Sénégalais sont attendus aux urnes dimanche pour départager le président sortant Macky Sall de ses quatre autres adversaires : Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Madické Niang et Issa Sall.

À Grand-Yoff, bastion du maire déchu de Dakar, Khalifa Sall, dissident du Parti socialiste (PS), écarté de la course en raison d’une condamnation pour détournement de fonds publics, une foule d’électeurs attendaient encore le début du vote peu après 8h.


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“Je veux rentrer le plus vite possible chez moi”, a confié à l’AFP d’une voix nerveuse Fatoumata Sall, 25 ans, drapée dans un grand boubou doré, venue avec une demi-heure d’avance. “J’ai peur des violences le jour de l’élection”, a-t-elle expliqué.

Important dispositif de sécurité

Les autorités ont annoncé le déploiement de 8 000 policiers et gendarmes en tenue dans les agglomérations urbaines le jour du vote, ainsi qu’un nombre indéterminé d’agents en civil. Des affrontements ont fait deux morts le 11 février à Tambacounda, à 420 km à l’est de Dakar, entre des partisans de Macky Sall et d’Issa Sall.

Selon le ministère de l’Intérieur, quelque 5 000 observateurs, dont près de 900 de missions étrangères, surveillent le bon déroulement des opérations.

Les premiers résultats sont attendus dès la fermeture des bureaux à 18h, mais ne deviendront officiels qu’à partir du 25 ou du 26 février. Un éventuel second tour, compte tenu des délais légaux de proclamation, de possibles contestations et de la nouvelle campagne, se tiendrait vraisemblablement le 24 mars.