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Côte d’Ivoire: Guillaume Soro quitte
la présidence de l’Assemblée nationale

Guillaume Soro lors de l'annonce de sa démission du perchoir de l'Assemblée nationale ivoirienne, le 8 février 2019.
© REUTERS/Thierry Gouegnon
 

Dans un discours solennel, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne a déclaré ce vendredi qu’il quittait son poste. Une démission attendue et qui avait été annoncée il y a une dizaine de jours par le chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Les deux hommes auraient trouvé un terrain d'entente sur ce point après le refus du président de l'Assemblée nationale d'adhérer à son nouveau parti et alors qu’on lui prête des ambitions présidentielles pour 2020.

Habitué aux cortèges d’énormes 4X4 noirs aux vitres fumées inhérents à sa fonction, c’est dans sa petite citadine italienne personnelle que Guillaume Soro a quitté vers 12h30, heure ivoirienne, l’Assemblée nationale. Comme attendu, il venait alors d’annoncer sa démission aux quelque 245 députés présents. Guillaume Soro a été largement applaudi au terme d’un discours d’une dizaine de minutes au cours duquel il a expliqué avoir eu deux tête-à-tête avec Alassane Ouattara sur son « positionnement idéologique par rapport au RHDP ».

Guillaume Soro, président de l’Assemblée nationale depuis près de sept ans, était pressé de toute part par le RHDP ces derniers mois de « rendre le tabouret » s’il refusait d’adhérer au nouveau parti. « J’ai choisi de ne pas m’engager au sein du RHDP », s’est-il expliqué ce vendredi matin. « Je suis homme à croire davantage au jugement de l’histoire qu’au jugement des hommes », a-t-il ajouté, expliquant avoir accepté de laisser le perchoir pour éviter une crise institutionnelle majeure, et quitter ce poste pour « l’aventure de mes convictions ».

Je veux laisser le souvenir d'un « homme de conviction »

« Je veux que mes concitoyens retiennent de moi le souvenir d’un homme de conviction. Debout, je rends ma démission de président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. J’ai sacrifié mon poste pour la paix en Côte d’Ivoire. Me voilà ancien président de l’Assemblée nationale, simple député, et vice-président élu de l’Union parlementaire de la Francophonie », a encore déclaré l’ancien chef de la rébellion.

Maintenant que sa position est clarifiée, Guillaume Soro va devoir battre le rappel de ses troupes en vue de la présidentielle de 2020 pour laquelle tout le monde lui prête des ambitions même si l’intéressé garde le silence.

Présidentielle en Algérie : comment expliquer
l’éternel retour des mêmes figures

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La liste des candidats probables à la présidentielle d’avril souligne de manière criante le non-renouvellement de la classe politique. Enquête sur une absence de relève qui a exacerbé le divorce entre l’élite dirigeante et la population.

Comme une impression de « déjà-vu »… Le terme, inventé en 1916 par le philosophe Émile Boirac, né à Guelma, en Algérie, n’a jamais été autant d’actualité. Mouloud Hamrouche, ancien chef du gouvernement, livre dans une interview un diagnostic cruel de l’État et de la gouvernance. À l’unisson, un autre ex-Premier ministre, Sid Ahmed Ghozali, brocarde les élections à venir, « un non-événement ».

Le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, réserve, lui, sa réponse quant à une nouvelle candidature. Ses opposants, toujours les mêmes, le pressent de renoncer, brandissent la menace d’un boycott, tandis que ses partisans, toujours les mêmes, le prient de sacrifier sa santé – une fois de plus – pour « parachever son œuvre à la tête de l’État ». La présidentielle de 2019 promet ainsi d’être un fidèle remake de celle de 2014 : même scénario, mêmes dialogues, mêmes acteurs. Un constat invariable depuis des lustres.


>>> À LIRE – Présidentielle en Algérie : les soutiens se multiplient autour d’un 5e mandat d’Abdelaziz Bouteflika


Idriss, cadre à la retraite, se souvient de sa remise de diplôme en 1965, au lycée Amara-Rachid d’Alger. Un certain Abdelaziz Bouteflika, 28 ans, fringant ministre des Affaires étrangères, était venu décorer les élèves ayant réussi l’examen de la sixième. « Depuis, j’ai terminé mes études, décroché mon bac, obtenu une licence et un doctorat, s’amuse Idriss. J’ai travaillé pendant trente ans, pris ma retraite, et mes enfants sont aujourd’hui des universitaires. J’ai connu quatre présidents après Ben Bella, assisté à la disparition du parti unique et vécu la chute du mur de Berlin. Cinquante-quatre ans après cette cérémonie au lycée, Bouteflika est toujours là. L’Algérie a changé, pas lui. »

Le passé qui ne passe pas

Comment expliquer le non-renouvellement de la classe politique, y compris dans l’opposition ? « La légitimité politique est passéiste, c’est-à-dire qu’elle repose sur de prétendues constantes nationales », explique Mohamed Hennad, professeur de sciences politiques à l’université d’Alger. Car si la longévité d’Abdelaziz Bouteflika est exceptionnelle, elle n’en symbolise pas moins le monopole du pouvoir exercé par la génération de Novembre 1954 – dont il est l’une des dernières figures. Les hommes qui ont libéré l’Algérie du joug colonial exercent une sorte de droit de préemption sur le pouvoir, pour ne le rendre qu’une fois disparus.

Près de cinquante-sept ans après l’indépendance, la révolution de 1954 reste la seule source de légitimité. Jusque dans la Constitution, qui édicte les critères d’éligibilité au poste de président de la République et révèle le poids écrasant de l’héritage révolutionnaire. Pour accéder à la magistrature suprême, le prétendant doit justifier de sa participation à la guerre d’indépendance s’il est né avant juillet 1942 (et donc en âge de s’être engagé) ou justifier de la non-­implication de ses parents dans des actes hostiles à la révolution.

Une sorte de gérontocratie empêche le temps de passer, empêche la transmission du pouvoir aux générations présentes

Écrivain et journaliste de renommée internationale, Kamel Daoud, 49 ans, voit dans les générations nées bien après l’indépendance des enfants du désenchantement. « Après la libération, il y a eu des déceptions, […] des confiscations, des prises en otage de nos espoirs, raconte-t-il dans un entretien à Jeune Afrique. Une sorte de gérontocratie empêche le temps de passer, empêche la transmission du pouvoir aux générations présentes. »

La loi fondamentale écarte aussi des postes à responsabilités la frange la plus jeune de la population. Un candidat à la présidentielle ne peut avoir moins de 40 ans le jour de l’élection. Un comble dans un pays où 54 % de la population – plus de 23 millions d’habitants – a moins de 30 ans. Au gouvernement, la moyenne d’âge est de 61 ans quand les personnes de plus de 60 ans ne représentent que 9 % des 43 millions d’Algériens. Un fossé générationnel sépare le personnel dirigeant du reste de la société.

Le pouvoir en semble conscient. En mai 2012, devant un parterre de jeunes réunis à Sétif, Abdelaziz Bouteflika sonnait la fin de la légitimité par les armes. « Cinquante ans après [la révolution], le rôle de la famille révolutionnaire est terminé dans la gestion des affaires du pays, tonne-t-il ce jour-là. Jili, Tab jnanou, Tab jnanou, Tab jnanou ! [“ma génération est arrivée à terme”]. » C’était son dernier discours public. Sept ans plus tard, cette profession de foi n’a été suivie d’aucun effet. Ni dans la majorité ni même dans l’opposition. Responsable bancaire et secrétaire national du parti d’opposition Jil Jadid, Zoheir Rouis, 49 ans, reconnaît que les formations politiques dans leur ensemble ne sont pas représentatives des générations nées après l’ouverture démocratique de 1989.

De la défiance à l’indifférence

« Dans les partis nés à la faveur des émeutes d’octobre 1988, les mêmes chefs empêchent l’émergence de nouvelles têtes sous le couvert de la suspicion ou de l’infiltration par le régime, décrypte Rouis. On y retrouve une propension au zaïmisme [culte de la personnalité]. Le parti est vu comme un projet personnel pour obtenir des avantages matériels ou immatériels. Ces comportements bloquent les nouvelles générations, qui finissent par désespérer de leur classe dirigeante, juge le sociologue Nacer Djabi. Les formations politiques toutes tendances confondues sont devenues des coquilles vides et ne reflètent pas la transformation de la société. Le nombre insignifiant de femmes, d’étudiants, de cadres et d’intellectuels y est symptomatique de la dévitalisation de la scène politique. »

Le taux d’abstention stratosphérique aux dernières élections illustre le passage de la défiance à l’indifférence. À l’engagement politique, la nouvelle génération d’Algériens, biberonnée à YouTube, Facebook, Instagram, Tik Tok ou Twitter, préfère l’expression politisée 2.0. En témoigne le succès phénoménal de clips pour appeler au boycott des urnes, se plaindre de la « mal-vie » ou dénoncer l’élite dirigeante. De quoi donner des sueurs froides aux décideurs. Le ministre de l’Intérieur, Noureddine Bedoui, a accusé Internet d’inciter les jeunes à la harga [immigration clandestine] quand Nouria Benghebrit, ministre de l’Éducation, a adressé aux wilayas un guide du « bon usage des réseaux sociaux » à diffuser dans les établissements scolaires.


>>> À LIRE – Présidentielle en Algérie : quand les déclarations de candidature tournent à la farce politique


« On est arrivé au bout d’un cycle », tempère Soufiane Djilali, coordonnateur du mouvement Mouwatana, qui croit à un renouvellement générationnel inéluctable : « Les figures que vous évoquez ont pris de l’âge et risquent d’être balayées assez vite. Elles tentent peut-être le coup une dernière fois, cette année. » Le même veut croire qu’il est possible de réconcilier les Algériens avec la politique : « Cette élection peut laisser présager une ouverture plus grande tant le nouveau infiltre l’ancien et peut le faire exploser. »

À condition que le scrutin ne soit entaché d’aucune irrégularité. « La fraude décourage le militantisme, l’engagement et la participation. C’est toute la représentation nationale qui s’en trouve faussée, voire illégitime, met en garde Nacer Djabi. Car les citoyens s’interrogent sur l’utilité des programmes, des meetings, du militantisme et même du vote puisque les urnes sont bourrées, et nos voix détournées. »


« Les élections donnent l’illusion d’un changement »

Trois questions à Nacer Djabi, professeur de sociologie à l’université d’Alger.

Jeune Afrique : De quoi l’Algérie a-t-elle le plus besoin aujourd’hui ?

Nacer Djabi : De remplacer toute une génération de politiciens par une autre, plus jeune, plus dynamique, porteuse de renouveau et de projets neufs. Ailleurs, les élections sont un processus cyclique d’alternance et de régénération de la classe dirigeante. En Algérie, elles donnent l’illusion du changement, mais sont en réalité perçues comme une opération de diversion à laquelle ne participe qu’une élite intégrée et intéressée par ce système.

Comment expliquez-vous le non-renouvellement de cette classe dirigeante ?

Depuis l’indépendance, les élections – la présidentielle, notamment – ne remplissent pas leur rôle de compétition pour résoudre les conflits ou renouveler l’élite politique. Aussi, les dirigeants qui ont accaparé le pouvoir au nom de la révolution restent en place. La conséquence, c’est que le discours politique ne passe plus. Seulement 1 % de la jeunesse est encartée dans un parti, et seuls 2 % des Algériens s’impliquent dans une activité partisane. Des chiffres effarants !

Dans l’armée pourtant, la vieille garde a laissé place ces vingt dernières années à une nouvelle génération, à tous les niveaux de commandement. Le changement serait-il possible chez les militaires, mais pas chez les civils ?

L’armée a toujours été proche des mutations sociales du pays. On y retrouve l’ensemble du tissu social de l’Algérie. C’est probablement aussi la structure où il y a le plus de cohésion nationale, bien plus en tout cas que dans certains secteurs de l’économie étatique, où prévaut un fort substrat régionaliste. Ces dernières années, beaucoup de promotions ont été faites sur des bases objectives, jusqu’au sommet de la hiérarchie.

Comme l’armée israélienne, l’armée algérienne pourrait contribuer à produire une nouvelle élite politique

Cela en a fait un véritable reflet de la société et un représentant fidèle de la population, à l’opposé de ce qu’incarne l’élite politique et partisane. La démocratisation de l’éducation a eu un fort impact sur le niveau intellectuel des militaires. De ce fait, l’armée est qualifiée pour s’intéresser à la chose politique. Comme l’armée israélienne, elle pourrait contribuer à produire une nouvelle élite politique. Pourquoi pas via des officiers à la retraite ? Ali Ghediri [général-major à la retraite] serait un candidat sérieux à la présidentielle de 2019.

Burkina: quatre soldats tués dans l'attaque
d'un poste militaire à Nassoumbou

Des militaires burkinabè lors d'un entraînement en avril 2018 (image d'illustration).
© ISSOUF SANOGO / AFP

Au moins quatre soldats burkinabè ont été tués ce 28 janvier dans une attaque à Nassoumbou, dans le nord du Burkina. Un groupe d’individus a lancé une attaque contre le poste militaire de Nassoumbou, dans la province du Soum, à une trentaine de kilomètres de la frontière malienne tôt ce lundi 28 janvier.

L’assaut contre le détachement des forces anti-terroristes burkinabè a été lancé tôt lundi matin, entre 4h et 5h selon des sources sécuritaires. Les assaillants venus sur plusieurs motocyclettes et véhicules ont attaqué à la roquette la position du GFAT.

Après une heure de tirs nourris, notamment à l’arme lourde, selon des sources sécuritaires, le groupe d’hommes armés a pris le contrôle du camp, abandonné par les soldats burkinabè.

Le bilan officiel de l’attaque est de quatre militaires tués et cinq blessés. Plusieurs militaires qui manquaient à l’appel ont rejoint le reste du groupe après le départ des assaillants. Les terroristes sont partis avec du matériel militaire, armes et véhicules précisément. Ils ont mis le feu au reste du matériel laissé sur place. Après l’attaque les assaillants ont pris la direction de la frontière malienne.

Dans un communiqué, l’état-major général des armées burkinabè écrit que de nombreux assaillants ont été neutralisés. Les opérations aériennes et terrestres se poursuivent pour « mettre en déroute les assaillants ».

Cette nouvelle attaque contre ce poste avancé du détachement des forces anti-terroristes burkinabè intervient quelques heures après la mort de dix personnes, abattues par des hommes armés dans le village de Sikiré.

Burkina Faso : l’économiste Christophe Dabiré
nommé Premier ministre

| Par - à Ouagadougou

Christophe Dabiré a été nommé Premier ministre par le président Roch Marc Christian Kaboré. Il prend la suite de Paul Kaba Thieba, qui a récemment présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement. L'économiste aura la lourde tâche de conduire un exécutif confronté à un contexte sécuritaire et économique délicat.

Roch Marc Christian Kaboré aura déjoué tous les pronostics. Après plusieurs jours de rumeurs sur les réseaux sociaux, l’identité du successeur de Paul Kaba Thieba – qui a présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement le 18 janvier – a été dévoilée sur la télévision nationale, le 21 janvier. À la surprise générale, le chef de l’État a choisi un économiste expérimenté pour conduire l’action gouvernementale : Christophe Joseph Marie Dabiré.

« J’ai confié à Christophe Dabiré la mission de conduire le gouvernement », a écrit Roch Marc Christian Kaboré sur Twitter, lui adressant par ailleurs « tous [ses] vœux de succès dans ses fonctions de Premier ministre ».

Un profil « intéressant »

Plusieurs fois ministre sous Blaise Compaoré, le nouveau Premier ministre sexagénaire avait notamment été commis au département de la Santé (de 1992 à 1997) et de l’Enseignement supérieur. Élu député sous la bannière du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) alors au pouvoir (1997-2002), puis également de 2002 à 2007, il avait été promu Commissaire chargé du Commerce de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) jusqu’en 2017.

Sa nomination incarne l’espoir d’un renouveau pour l’intérêt du Burkina Faso

« C’est un économiste d’un certain âge qui a l’avantage de la connaissance du terrain et de la sagesse. Sa nomination incarne l’espoir d’un renouveau pour l’intérêt du Burkina Faso », décrypte un cadre du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti au pouvoir.

« Le profil du nouveau Premier ministre est intéressant et prouve que le président veut continuer dans la gestion économique. Il faut maintenant voir quelles nominations politiques suivront dans la composition du gouvernement », glisse un proche du chef de l’État.

Des défis sécuritaire et économique

La nomination de Christophe Dabiré intervient trois jours après la démission de Paul Kaba Thieba, ainsi que celle de son gouvernement, acceptée par le président Roch Marc Christian Kaboré. Décrit par ses compagnons comme un homme politique averti et un technocrate modéré, il aura fort à faire à la tête du gouvernement. Relance économique, grogne des fonctionnaires et surtout lutte contre le terrorisme feront partie des priorités de la nouvelle équipe.

Depuis l’élection de Kaboré en novembre 2015, la question sécuritaire a rapidement été primordiale avec la première attaque jihadiste à Ouagadougou (30 morts), peu après sa nomination. Les attaques, présentes dans le nord du pays début 2015, se sont étendues à une large partie du territoire, devenant de plus en plus fréquentes et meurtrières.

Au total, les attaques contre les forces de sécurité et de défense ont fait près de 300 victimes. En dépit des critiques virulentes de l’opposition et même d’une frange de la majorité présidentielle, Paul Kaba Thieba avait cependant été reconduit deux fois à la tête du gouvernement après des précédents remaniements.

Dans un contexte d’explosion de la masse salariale – qui a bondi de 334,36 milliards de francs CFA en 2013 à plus de 700 milliards de F CFA l’an dernier -, le gouvernement de Christophe Dabiré devra également relancer l’économie et maîtriser l’équilibre budget. À commencer par l’investissement public, qui accuse une baisse de 5% à 258,725 milliards de F CFA dans le budget 2019.

La revue semestrielle AET Ségou du mois de janvier vient de nous parvenir.
Nous la proposons à votre lecture

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