Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Qui sont les Frères musulmans ?

Entre institutionnalisation et radicalité

À la suite de la très sévère répression qu’ils subissent dans les années 1940-1950, une partie des Frères musulmans égyptiens se radicalise et opte pour la violence, sous l’influence du penseur Sayyid Qutb (lequel estime que tous les gouvernements non islamiques doivent être renversés par la force). Cette tendance est toutefois rejetée par la direction de la confrérie égyptienne qui choisit plutôt d’intégrer le jeu institutionnel, dans les marges qui lui sont concédées par le régime autoritaire du Caire.

Ailleurs dans le monde, on retrouve cette même tension entre volonté d’intégrer le jeu démocratique et tentation radicale, notamment face à la répression (la confrérie étant par exemple à nouveau interdite en Égypte depuis 2013 ou considérée comme organisation terroriste par l’Arabie saoudite depuis 2014). Pour autant, la majorité des Frères musulmans proclame aujourd’hui son attachement aux libertés politiques et à la démocratie.

Conclusion de l’article de Nicolas Lepoutre, Qui sont les Frères musulmans ?, Orient XXI, 10.05.21

Charles de Foucauld, «un saint de notre temps» – Vatican News

Ce lundi 3 mai, le Pape François a présidé la célébration de l’office de Tierces et un consistoire ordinaire public pour la canonisation de sept bienheureux, parmi lesquels Charles de Foucauld, béatifié en 2005. Retour sur cette figure singulière avec Vincent Feroldi, directeur du Service National pour les Relations avec les Musulmans au sein de la Conférence des évêques de France.
 

Entretien réalisé par Olivier Bonnel – Cité du Vatican 

Le père Vincent Feroldi, directeur du Service National pour les Relations avec les Musulmans au sein de la Conférence des évêques de France, revient sur la figure de Charles de Foucauld et sur son importance pour l’Église de France et la communauté musulmane. Entretien.

Source : Charles de Foucauld, «un saint de notre temps» – Vatican News

Charles de Foucauld et sa relation à l’islam expliquée

On peut affirmer que Charles de Foucauld a construit sa réponse de foi à l’amour de Dieu pour lui, sous le regard et dans la confrontation constante à d’autres croyants et à une autre religion irréductible aux simplifications qu’il pouvait en avoir. Le mot de dialogue serait probablement anachronique. Charles de Foucauld n’est pas dans une démarche de dialogue interreligieux au sens où nous l’entendons aujourd’hui avec ce qu’il suppose de gratuité – il doit être « sans calculs » disait Paul VI –, de parité et de réciprocité, et avec une dimension théologique que traduit l’expression de « dialogue de salut ». Mais comment ne pas reconnaître en Charles de Foucauld que la rencontre des croyants d’une autre religion est un facteur décisif de conversion, lorsqu’en fidélité à sa propre foi, on ne se dérobe pas aux appels reçus de ces autres. Ce fut le cas aussi bien pour l’aménokal Moussa que pour Charles de Foucauld.
 
Charles de Foucauld et sa relation à l’islam expliquée

Et l’islam ?

Charles de Foucauld n’a pas une grande connaissance de l’islam. Sa bibliothèque au moment de sa mort en témoigne : quatre livres sur près de 400 recensés. L’étude objective de cette religion ne fut pas l’objet de sa recherche. A quoi bon ? Il a l’idée naïve, partagée par beaucoup que, moyennant une bonne tactique missionnaire, par le détour des berbères mal arabisés, on peut convertir les musulmans à la foi chrétienne. Il n’a pas de considération positive de la religion musulmane : « Il me semble qu’avec les musulmans, la voie soit de les civiliser d’abord, de les instruire d’abord, d’en faire des gens semblables à nous. Ceci fait, leur conversion sera chose presque faite elle aussi, car l’islamisme ne tient pas devant l’instruction… Il tombe comme le jour devant la nuit. » Cet orgueil colonial et théologique, très répandu à l’époque, a souvent obstrué la compréhension de l’islam et faussé la mission.

Source : Christian Salenson, Charles de Foucauld et sa relation à l’islam expliquée, Saphir News, 03.05.21.

Ramadan 2021 | L’Aïd al-Fitr sera cette année jour férié en France ! Vraiment ? – Saphir News

Cette année, l’Aïd al-Fitr sera férié… enfin presque ! Hasard du calendrier, la fameuse fête qui marque la fin du mois du Ramadan devrait avoir lieu en même temps que le jeudi de l’Ascension, instituée jour férié en France depuis 1801 par Napoléon Bonaparte pour l’une des fêtes les plus importantes du christianisme.

A cette occasion, les chrétiens célèbrent, 40 jours après Pâques, l’élévation au ciel de Jésus vers Dieu après sa résurrection, non sans avoir chargé au préalable ses onze apôtres de propager la Bonne Nouvelle (l’Evangile). Cette fête est célébrée cette année jeudi 13 mai, la date plus que probable à laquelle tombe l’Aïd al-Fitr. Une heureuse coïncidence qui donnera l’occasion aux salariés de confession musulmane de ne pas avoir à demander un jour de congé en vue de ce jour de fête tant attendu ! Mais si, cette année, les négociations avec votre patron ne seront pas à l’ordre du jour, quid de la marche à suivre en temps normal ?

Lire l’article : Myriam Attaf, Ramadan 2021 | L’Aïd al-Fitr sera cette année jour férié en France ! Vraiment ?, Saphir News, 07.05.21

Bonnes feuilles : « La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIᵉ siècle»

Cette guerre peut-elle se terminer un jour ? La question s’impose plus que jamais aujourd’hui, près de vingt ans après que des avions de ligne se sont écrasés sur le World Trade Center et Le Pentagone. Depuis, le terrorisme djihadiste, s’il n’a plus réussi d’opérations d’aussi grande ampleur, a continué d’endeuiller aussi bien les pays occidentaux que le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie, prenant de multiples formes et suscitant des réponses variées et diversement efficaces de la part des États ciblés. Marc Hecker et Élie Tenenbaum, chercheurs à l’Institut français des relations internationales (Ifri) et enseignants à Sciences Po, livrent avec La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIᵉ siècle _qui vient de paraître aux Éditions Robert Laffont le fruit d’une longue enquête de terrain sur cette tragédie inachevée qu’ils divisent en cinq actes majeurs.

Marc HeckerSciences Po and Élie TenenbaumSciences Po


La lutte contre le terrorisme a déjà fait couler beaucoup d’encre. Certains auteurs se sont intéressés aux djihadistes, leurs doctrines, leurs pratiques, leur sociologie ou encore leur psychologie. Toute une discipline, la « djihadologie », a émergé, traversée depuis par des débats fiévreux entre spécialistes sur le sens à donner au phénomène. D’autres chercheurs se sont penchés sur le champ des « contre- » : contre-terrorisme, contre-insurrection, contre-discours. Discuté tantôt par des « experts » relayant le discours des autorités, tantôt par des critiques plus ou moins virulents des politiques sécuritaires, ce champ aussi est marqué par une forte polarisation des points de vue.

Chacune de ces approches est nécessaire, mais aucune n’est suffisante. Adopter un point de vue stratégique suppose de s’intéresser aux différentes parties d’un conflit. La guerre, comme l’écrit Clausewitz, est une « action violente [où] chacun des adversaires impose sa loi à l’autre ». Prolongeant cette idée, André Beaufre la décrivait comme le produit d’une dialectique des volontés, une escrime où il faut savoir « attaquer, menacer, surprendre, feindre, tromper, forcer, fatiguer, parer, riposter, esquiver, rompre ». L’ambition de ce livre est d’essayer de comprendre la chaîne d’actions et de réactions ayant conduit à prolonger la guerre contre le terrorisme pendant deux décennies, sans qu’on en voie véritablement la fin.

Revenons à la tragédie. En 1935 Louis Jouvet faisait donner au théâtre de l’Athénée La guerre de Troie n’aura pas lieu de Jean Giraudoux, plaidoyer pacifiste sur le caractère évitable des conflits à la veille d’une nouvelle conflagration mondiale. Un demi-siècle plus tard, Jean Baudrillard publiait en clin d’œil La guerre du Golfe n’a pas eu lieu. Dans cet essai paru après la défaite de Saddam Hussein en 1991, le philosophe affirmait que le résultat de la confrontation était connu d’avance, tant la supériorité des États-Unis et de leurs alliés était nette. L’événement qui s’était déroulé à cette époque au Koweït et en Irak ne pouvait même pas être qualifié de guerre car le choc des deux armées n’avait pas véritablement eu lieu. Les forces américaines s’étaient contentées d’écraser à distance, en 42 jours, un adversaire technologiquement dépassé et incapable de réagir.

La guerre contre le terrorisme dure, elle, depuis plus de 7 000 jours. La supériorité technologique et militaire des Occidentaux face aux djihadistes est encore plus flagrante qu’en 1991 face à l’armée irakienne. Et pourtant, les djihadistes ne sont pas demeurés spectateurs de leur défaite. Ils ont ingénieusement pratiqué l’escrime de la stratégie et appris à esquiver, fatiguer, feindre et rompre autant qu’à attaquer et menacer. Ils ne sont pas pour autant parvenus à rééditer un attentat aussi spectaculaire que celui du 11-Septembre, ni à conserver plus de quelques années une assise territoriale comparable à celle dont ils bénéficiaient en Afghanistan avant 2001. L’État islamique en Irak et au Levant n’est plus qu’une chimère et le califat universel est redevenu une utopie, ou plutôt une dystopie à l’aune des atrocités de Daech. https://www.youtube.com/embed/2_zvTH-w224?wmode=transparent&start=0

Il n’y aura ni unité de temps, ni unité de lieu, ni unité d’action dans les pages qui suivent. La guerre de vingt ans n’est pas une pièce de théâtre mais un drame bien réel, non linéaire, qui a charrié son lot de victimes des contreforts de l’Hindou Kouch aux plaines de Mésopotamie, en passant par les sables du Sahara et les métropoles de la vieille Europe. Seule concession faite aux règles de la dramaturgie classique : cinq actes se succèderont.

Le premier, de 2001 à 2006, est celui de l’hyperterrorisme et des guerres post-11-Septembre. Suivant toujours le schéma de la tragédie grecque, la némésis ne manque pas de succéder à l’hubris. On pense ici au péché d’orgueil d’Oussama Ben Laden qui croyait être en capacité de mettre l’Amérique à genoux, mais aussi à celui de George W. Bush qui s’est engagé dans le projet prométhéen d’imposer la démocratie par la force à travers le « grand Moyen-Orient ».

Le deuxième acte, de 2006 à 2011, correspond à l’ère de la contre-insurrection. Au début de cette période, les États-Unis et leurs alliés paraissent s’enliser dans les guerres en Afghanistan et en Irak. Ils finissent par adapter leurs méthodes de combat aux conflits asymétriques et lorsqu’Oussama Ben Laden est tué en mai 2011, al-Qaïda semble aux abois.

Le troisième acte, de 2011 à 2014, voit la mouvance djihadiste se relancer à la faveur des révoltes qui secouent le monde arabe. La Syrie devient progressivement le nouveau centre névralgique du djihadisme international. C’est aussi pendant cette période que la France cède aux sirènes de la guerre contre le terrorisme. Alors que les dirigeants français rejetaient jusque-là ce concept, ils finissent par l’endosser en se lançant dans leur propre guerre au Mali.

Au quatrième acte, de 2014 à 2017, le leadership d’al-Qaïda au sein de la nébuleuse djihadiste est contesté par Daech. Ce dernier ébranle le Moyen-Orient en y créant un État terroriste qui provoque le monde entier par sa férocité. Alors qu’une coalition internationale se forme pour s’y opposer, le groupe conduit ou inspire des attentats dans de nombreux pays. La France, notamment, est durement frappée et développe en réponse un nouvel arsenal antiterroriste.

Ce texte est issu de La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIᵉ siècle qui vient de paraître aux éditions Robert Laffont. Éditions Robert Laffont

Le cinquième acte commence en 2017 avec la reprise de Mossoul aux combattants de l’État islamique (EI) et perdure jusqu’à aujourd’hui. Le califat s’effondre sous les coups de boutoir de ses nombreux en-nemis mais Daech survit pour mieux renaître de ses cendres. La mouvance djihadiste est affaiblie sans être vaincue. Du Sahel à la Corne de l’Afrique en passant par la péninsule arabique et l’Asie centrale, ses combattants poursuivent le combat. De guerre lasse, les Occidentaux, eux, souhaitent réduire leur engagement, alors que de nouveaux défis frappent à la porte de l’Histoire. La guerre contre le terrorisme entre dans sa troisième décennie et tous se demandent quand, enfin, le rideau retombera.

Marc Hecker, Enseignant à Sciences Po, Sciences Po and Élie Tenenbaum, Directeur du Centre des Études de Sécurité de l’IFRI, enseignant à Sciences Po, Sciences Po

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

La persécution des chrétiens ex-musulmans en France

Après plusieurs semaines d’enquête, l’ECLJ rend public ce mardi 30 mars 2021 un rapport et un reportage faisant état de la persécution que subissent en France les personnes issues d’un milieu musulman à la suite de leur conversion au christianisme.

Il ressort de cette enquête qu’une écrasante majorité de personnes quittant l’islam pour rejoindre le christianisme subit une persécution familiale et communautaire. Que le converti soit un homme ou une femme, jeune ou âgé, célibataire ou marié, l’atteinte à la liberté religieuse est patente dans la totalité des cas. Ces chrétiens sont empêchés de vivre librement leur foi, vivent dans le secret et dans la peur, menant bien souvent une double vie.

Source : La persécution des chrétiens ex-musulmans en France, ECLJ, 30.03.21