Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Hajj 2020 : les musulmans de France appelés à reporter leur pèlerinage à 2021|SaphirNews

L’Arabie Saoudite n’a toujours pas communiqué sa décision concernant l’organisation du hajj mais, face aux trop nombreuses incertitudes générées par la crise sanitaire du Covid-19, le report du grand pèlerinage à La Mecque pour 2021 est inéluctable pour un très grand nombre de pèlerins. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) lance un appel en ce sens.


Les autorités saoudiennes ne se sont jusque-là pas prononcées sur le sort du grand pélérinage à La Mecque mais plusieurs pays musulmans à l’image de l’Indonésie, qui envoie chaque année le plus gros contingent de pèlerins, ont décidé d’annuler l’organisation du hajj dont l’édition 2020 est prévue pour fin juillet.

Face à la pandémie de Covid-19, source d’une crise sanitaire mondiale sans précédent, et aux incertitudes entourant les conditions d’organisation du pèlerinage cette année, le Conseil français du culte musulman (CFCM) recommande vivement, jeudi 11 juin, aux personnes désireuses d’accomplir le hajj de « différer leur projet de pèlerinage à l’année prochaine ».

En outre, l’instance appelle les musulmans « à l’extrême vigilance et leur conseille fortement de ne pas s’engager auprès d’un opérateur ou d’un quelconque intermédiaire qui exige le versement d’un acompte ». Elle appelle également les opérateurs du hajj, « dont la responsabilité morale et juridique est immense, à renoncer cette année à l’organisation du pèlerinage afin de préserver la vie de leurs candidats qui sont souvent d’un âge avancé et donc davantage vulnérables au Covid-19 ».

Lire la suite: Hajj 2020 : les musulmans de France appelés à reporter leur pèlerinage à 2021, SaphirNews, Hanan Ben Rhouma, 11.06.20.

 
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Nostra Aetate: et le Concile ouvrit la voie au dialogue entre religions |Vatican News

 

Les années passées, l’on se confrontait sur l’interprétations des textes. Aujourd’hui sont mis en discussion les textes mêmes de Vatican II. Rappelons comment est née la déclaration conciliaire qui a marqué l’histoire de l’Église.

Andrea Tornielli – Cité du Vatican

La déclaration conciliaire Nostra Aetate approuvée par les pères du Concile Vatican II et promulguée par Paul VI le 28 octobre 1965 a marqué un tournant irréversible dans les relations entre l’Église catholique et le judaïsme à la suite des mesures prises par Jean XXIII. Elle a modifié de manière significative l’approche du catholicisme à l’égard des religions non chrétiennes. Elle est considérée comme un texte fondateur pour le dialogue avec les autres confessions religieuses, fruit d’un long travail rédactionnel.

Lire la suite: Nostra Aetate: et le Concile ouvrit la voie au dialogue entre religions, Andrea Tornielli, Vatican News, 16.06.20

 
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relais1RELAIS  MAGHREB

Bulletin d’information des Pères Blancs de l’Afrique du Nord

N°36/An 2020

Table des matières

Faut-il retourner à la normale … ? 1

« Nos voisins, tous musulmans, vivent la même chose que nous… » 4

CORONAVIRUS, UNE EPIDEMIE QUI MET EN CAUSE TOUT LE GENRE HUMAIN 6

« fi bioutikoum » … dans vos maisons ! 8

Notre-Dame ne s’est pas coupée du monde ! 9

Deux nouveaux saints missionnaires … 11

Le Coran des historiens (dir. Mohamed Ali AMIR-MOEZZI et Guillaume DYE), Paris, Cerf, 2019, 2 t., 1014 + 2386 p. 14

Le rôle du Fichier de Documentation Berbère dans le recueil et l’établissement des corpus dans la région de Mekla (Kabylie) , Hamdis Malika 18

« Seul l’amour est digne de foi » 20

Hommage de Samir Gharbi in Leaders(Tunis) 22

Figure du dialogue islamo-chrétien 27

Hommage de Mustapha Cherif, ancien premier coprésident et cofondateur du GAIC avec le père Michel Lelong 27

Le père Michel Lelong, figure emblématique du dialogue islamo-chrétien, en ce vendredi saint 10 Avril, symbole touchant, a rejoint le Seigneur en paix. Que Dieu l’accueille en son vaste paradis selon l'Espérance de sa vie. Que les partisans de l’amitié islamo-chrétienne continuent à s’inspirer de son souffle. Michel se voulait « Prêtre de Jésus-Christ parmi les musulmans ». Il a consacré avec ferveur plus de soixante-dix années de sa vie à cette amitié. 27

Editorial

Faut-il retourner à la normale … ?

Au début du mois de mai dernier, plusieurs journaux avaient relayé dans leurs tribunes l’appel solennel d’un groupe d’artistes qui refusaient « un retour à la normale » après la pandémie du coronavirus. A première vue, je suis persuadé que leur appel trouvera très peu d’écho ! Dans le monde en ce moment, nous sommes nombreux en attente de pouvoir nous serrer encore les mains, nous reprendre dans les bras et ressentir vraiment qu’on est là, l’un pour l’autre ou l’un avec l’autre. Nous sommes nombreux en attente de pouvoir sortir de nos petits espaces d’habitations pour profiter de l’espace public, jardins, bords de la mer ou simples trottoirs avec ses bancs publics comme on le voit dans notre quartier ici sur l’avenue Belouizdad. Nous sommes nombreux à vivre cette attente de pouvoir nous retrouver dans nos églises et lieux de prières respectifs pour sentir cette communion physique des fidèles réunis pour la prière et l’adoration.

Oui, nous avons été privés de beaucoup de choses que nous aimerions bien retrouver. Si ce retour à la normale est tant désiré et souhaité par tous, nous sommes d’accord, cette crise sanitaire nous a permis de retrouver un certain sens de la vie que la routine quotidienne et le consumérisme mondain nous avaient fait oublier. Je suis encore dans l’admiration devant une de nos communautés où, pendant ce temps de crise, les confrères se sont organisés de telle sorte qu’ils ont du temps pour prier ensemble les offices et dire la messe (comme d’habitude), un temps d’adoration, de chapelet et d’eucharistie par jour, plus un temps pour jouer au football ou au basket avec la petite communauté voisine. On a vu aussi les familles se réorganiser : des parents ont appris à être plus présents à leurs enfants ; des familles ont appris à faire ensemble la cuisine, le jardin, le ménage et des jeux de sociétés. Chaque maison est devenue une église, ou une mosquée d’où se lèvent nos prières et louanges vers le Dieu créateur et providence. Des prêtres ont appris à se centrer sur l’essentiel de la foi, et ont continué à dire une messe sur le monde avec ou sans foule. Comme Theillard de Chardin, seuls face à ce Tout Eucharistique (pain et vin), ils ont offert le monde à Dieu et prié pour notre humanité. Ça, certains le vivaient déjà. Mais pour beaucoup, quelle belle découverte !

Considérant ces acquis, je suis d’accord avec ces artistes pour dire : « Non ! je ne veux pas que le monde soit comme avant » ! Je ne souhaite plus qu’on coure sans cesse, sans savoir d’ailleurs parfois pourquoi on court et pour qui on court. Comme eux je refuse moi aussi cette normalité de « je n’ai pas le temps … je dois … je dois … il faut …. Il faut … » ! Je refuse cette normalité où on était avec les autres sans vraiment être avec eux ! Pendant cette crise quand je monte sur la terrasse pour mettre mes habits sur le séchoir, je regarde la ville d’Alger sans cette fumée épaisse de la circulation. Quelle belle ville ! Du matin au soir j’entends partout dans la cours des gazouillements d’oiseaux offrant un beau concert gratuit qui m’aurait coûté très cher à avoir avant la crise. Je ne veux pas que tout cela disparaisse après la crise !

Enfin, comment ne pas lier cette crise à ce qui est le fondement de la foi chrétienne : le mystère pascal ! Le début de la pandémie a coïncidé avec le début du temps de carême, un temps que nous chrétiens prenons pour chercher davantage Dieu dans le silence, la prière, le jeûne et la conversion du cœur. Au bout de ce temps de carême nous célébrons la passion du Christ et la fête pascale où la Vie en abondance nous est donnée par la résurrection du Christ et l’effusion de l’Esprit Saint. Si au bout du carême, nous retournons à la normale, c’est que nous n’avons pas vraiment vécu le mystère pascal avec le Christ. En nous imposant les exercices spirituels du temps de carême nous voulons sortir renouvelés et vivants avec le Christ. Cette pandémie, n’a-t-elle pas été aussi une occasion pour notre monde de sortir vivant et transformé de son grand carême ? Comme le disait le Pape François dans sa prière sur le grand espace vide de la place Saint Pierre : Seigneur, "Ce n'est pas le temps de ton jugement, mais de notre jugement : le temps de choisir ce qui compte et ce qui passe, de séparer ce qui est nécessaire de ce qui ne l'est pas. C'est le moment de rectifier le cours de la vie vers Toi, Seigneur, et vers les autres".

Ce numéro du Relai Maghreb, n’est pas consacré à la crise sanitaire que nous vivons. Il est né dans cette crise, mais il garde un regard d’espérance et d’optimisme que traduisent les différents articles que certains confrères ont bien voulu nous partager : apprendre à lire le Coran, travail manuel en communauté, pastorale en ligne, écoute attentive du changement dans la pratique religieuse de l’autre font partie des évènements qui ont marqué nos périodes de confinement. Mais les nouvelles de la canonisation et de la béatification de deux missionnaires (chacun ou chacune à sa façon) nous donnent l’espoir et aident à ne pas oublier nos perspectives missionnaires : Duc in altuum !

Anselme Tarpaga, pb

 Témoignages

« Nos voisins, tous musulmans, vivent la même chose que nous… »

Dans un pays où des fidèles passent des mois sans célébrer la Sainte Messe en raison d'une pénurie de prêtres, l'Église en Algérie connaît très peu de perturbations en raison de la propagation de COVID-19 qui a obligé les fidèles dans de nombreuses régions du monde à manquer la Messe.

relais3Dans une interview accordée à ACI Africa le mercredi 1er avril, Mgr John MacWilliam du diocèse de Laghouat-Ghardaïa en Algérie a déclaré que de nombreuses communautés ecclésiales du diocèse, situé dans la partie Sud du pays d'Afrique du Nord, avaient l'habitude de conduire des services de prière en l'absence d'un prêtre.

"Dans la plupart des endroits où nous avons des communautés, il n'y a pas de prêtre, donc les sœurs et les frères prient de manière non sacramentelle, bien que certains d'entre eux trouvent maintenant plus de temps pour des retraites en ligne, des lectures spirituelles et d'autres moyens sans contact de suivre le Christ", a déclaré Mgr MacWilliam.

Il a ajouté : "Pour certains d'entre eux (les membres de l'église), c'est presque la vie normale, puisqu'ils n'ont la messe que deux fois par mois environ en temps normal".

Dans une interview accordée à ACI Africa en février l'évêque a déclaré que le diocèse de Laghouat-Ghardaïa ne compte que 12 prêtres desservant une grande partie du sud de l'Algérie. Avec un peu plus de 2 millions de kilomètres carrés, le diocèse est le plus grand d'Afrique et sans doute l'un des plus grands du monde, rivalisant seulement avec le diocèse catholique d'Irkoutsk en Russie, qui mesure 9,96 millions de kilomètres carrés. "Nous avons environ 50 missionnaires, 12 prêtres et un petit nombre de frères et le reste sont des religieuses vivant dans différentes communautés religieuses avec un ou deux individus", a déclaré Mgr MacWilliam, membre de la Société des Missionnaires d'Afrique, à ACI Afrique dans l'interview de février, ajoutant que tous les missionnaires servant dans le diocèse sont issus de 20 pays différents et qu'aucun n'est originaire de l’Algérie. La plupart des missionnaires de son diocèse, a révélé l'évêque de 71 ans, "sont issus de congrégations telles que les Missionnaires d'Afrique, les Sœurs Missionnaires de Notre- Dame d'Afrique, les Franciscaines Missionnaires de Marie, et les Petites Sœurs et Petits Frères de Jésus". Selon Mgr MacWilliam, qui est évêque depuis mai 2017, la majorité des catholiques en Algérie sont soit des étudiants qui viennent étudier dans les universités du pays d’Afrique du Nord, soit des immigrants qui cherchent un emploi ou qui fuient la violence dans leur pays d'origine.

Il indique que par rapport au nord de l'Algérie qui a été le plus durement touché avec la plupart des cas de COVID-19 (716 cas au 1er avril), les cas dans le sud de l'Algérie sont un peu plus d'une douzaine. "Dans le sud où je suis, il n'y a que 14 cas au total dans six des onze départements, mais ce chiffre pourrait bien augmenter à l'avenir", déclare Mgr MacWilliam. Pour tenter de contenir la propagation du virus, l'administration du pays a ordonné un couvre-feu de minuit dans certains endroits et un verrouillage total dans d'autres, provoquant une perturbation de l'apostolat de l'Église dans le pays, selon le prélat anglais. "Dans onze des quarante-huit départements, il y a un couvre-feu pour la nuit et dans un département, un verrouillage total", dit-il.

relais4Faisant allusion à la situation générale en Algérie, alors que le pays met en œuvre des mesures pour freiner la propagation de COVID-19, Mgr MacWilliam déclare : "On demande aux gens de rester chez eux autant que possible, et de prendre toutes les précautions nécessaires telles que la distanciation sociale, le lavage des mains. Toutes les écoles et universités sont fermées et il n'y a pas de transports publics. La plupart des magasins sont fermés et même les marchés alimentaires sont limités aux produits de première nécessité et au service à la porte plutôt qu'à l'entrée". Il ajoute : "En ce qui concerne l'Église, toutes nos activités caritatives avec les écoliers et les enfants handicapés ainsi que nos bibliothèques ont dû cesser et notre cinquantaine de missionnaires appliquent les règles en fonction de l'endroit où ils se trouvent". Bien que des activités telles que la fabrication d'aides pour les enfants handicapés puisse se faire à la maison, l'évêque dit que d'autres activités de proximité ont été immensément affectées en raison des difficultés existantes en matière de contact physique.

Le prélat anglais prévoit une situation où "la semaine sainte sera beaucoup plus discrète que d'habitude. ” Il ajoute : "C'est la présence du Christ qui est la plus importante, même si elle ne peut être célébrée liturgiquement comme nous le souhaiterions". Il n'y a pas que l'Église en Algérie qui a été touchée dans ce pays où les chrétiens vivent pacifiquement avec les musulmans depuis des siècles. (…). "Nos voisins, tous musulmans, vivent la même chose que nous et doivent prier à la maison plutôt qu'ensemble dans les mosquées", observe Mgr MacWilliam. Dans quatre semaines, les musulmans commenceront le mois sacré du Ramadhan qui, selon l'évêque, "sera beaucoup moins joyeux pour eux que d'habitude puisque leurs rassemblements du soir seront impossibles après leur journée de jeûne". Nous serons avec eux par nos prières et notre soutien dans la mesure du possible. ”

Don Bosco Onyalla

 

 

CORONAVIRUS, UNE EPIDEMIE QUI MET EN CAUSE TOUT LE GENRE HUMAIN

 

En Tunisie, jusque-là, le pays tire un bilan positif. Ici il n’y a pas eu beaucoup de cas de Covid-19, et le pays n’a pas connu le même sort qu’en Europe et ailleurs. Semble-t-il, c’est en grande partie due aux autorités qui ont mis en place très tôt les mesures sanitaires, la fermeture des frontières (maritimes, aériennes et terrestres) alors qu’elle comptait seulement 24 cas ; et des procédures de confinement très strictes. Voilà ce qui a favorisé, si l’on peut dire ainsi, la bonne gestion de la pandémie.

relais5Le 14 mars 2020, il était aux environs de onze heures, lorsque la Prélature de Tunis nous a annoncé la suspension de toutes les activités paroissiales : messes, réunions ou rencontres en groupe, etc., jusqu’à nouvel ordre. Le jour suivant, au petit matin, les autorités tunisiennes, mesurant les dangers qui pourraient advenir, ont jugé bon de mettre à l’arrêt toute activité non nécessaire, que les gens évitent de se rassembler comme à l’ordinaire. Quelques jours après, ces mesures étant insuffisantes, et surtout afin d’empêcher le pire, déjà observé en Chine et en Italie, il était urgent que tout le pays soit confiné. Là, nous pouvons avouer que c’était le début d’une nouvelle vie. Est-ce la fin du monde ? Un avertissement, une pause à la vie ? Un changement de nos modes de vie ? Enfin, que ressemblera-t-il notre monde d’après cette pandémie ? On ne pouvait que se poser autant de questions !

En dépit de la situation, il fallait vivre, continuer d’espérer. Chose drôle, personne ne savait à quand le virus s’arrêtera de se propager, la durée du confinement également. Du jour au lendemain, les nouveaux cas à Sfax comme dans l’ensemble du pays, ne cessaient d’augmenter progressivement. C’est une des raisons pour lesquelles les autorités du pays ne faisaient que prolonger le confinement.

Quelles initiatives adaptées à la pandémie dans notre Communauté de Sfax

En communauté, très tôt, nous nous sommes réunis vue l’urgence, de revoir quelques points pratiques face à la pandémie. Primo, nous avons décidé de suspendre le travail de la femme de ménage. Secundo, nous avons élaboré et réadapté notre programme de prière et les autres activités communautaires. Et tertio, les initiatives des uns et des autres étaient au rendez-vous.

Les premiers jours de confinement semblaient pesés ! Nous n’observions que trois moments routiniers : se lever le matin pour la prière, faire de la cuisine et se reposer. Mais que faire de plus ? C’était un moment pendant lequel chacun devait faire preuve d’initiatives, d’inventer autres choses que d’habitude. Pour une deuxième fois, réunis en communauté, nous avons eu à prendre d’autres décisions venues de chacun. Etant donné que deux confrères de la communauté ont appris de l’arabe littéraire, il y a quelques années, il était une bonne opportunité d’apprendre autant qu’on pouvait, deux jours la semaine l’arabe liturgique. Ce qui ne nous a pas empêchés de le mettre aussi en pratique dans nos célébrations eucharistiques.

Autre changement : afin de rendre habitable et beau notre maison, tous les membres de la communauté ont mis pied pour ne ménager aucun effort à l’entretien de l’environnement de la maison. De surcroît, un petit jardin a été aménagé pendant cette même période. De l’extérieur et intérieur de la maison, certains endroits où il ne faisait plus beau, un confrère n’a pas hésité de nous révéler son talent caché de peintre. Au niveau paroissial, dans le but d’être en communion avec nos chrétiens, deux groupes des réseaux sociaux : WhatsApp et Zoom-vidéo, ont été créé, afin de permettre de nous échanger les nouvelles de temps en temps, nous nourrir spirituellement par le partage de la parole de Dieu malgré nos distances. Aussi, pendant le Triduum, excepté le Dimanche de la résurrection, nous avons assuré les messes dans notre paroisse avec les deux communautés religieuses (les Filles de la charité et la communauté Salem) et l’ensemble de fidèles suivaient en ligne la célébration.

En concision, de façon ramassée, ce sont là, quelques activités qu’on a pu faire pendant ce temps si difficile et important que nous venons de traverser. Ce moment inédit où tout devait se faire autrement, il était si bon et beau dans notre communauté, de partager nos richesses, nos talents, de vivre et témoigner de notre fraternité, d’être en communion avec ceux qui sont loin de nous, de nous tourner davantage vers celui qui est maître et origine de toute chose, lui qui sait consoler quand nous sommes blessés et éprouvés par les vicissitudes de la vie, parce que sans son aide, nous ne pouvons rien faire. C’est vrai « il est difficile de comprendre dans pareille situation, l’attitude de Jésus » (selon l’expression de l’homélie du pape François lors de la bénédiction « Urbi et Orbi » exceptionnelle du 27 mars 2020 à la place saint Pierre) devant tous ces bouleversements inattendus, ces décès chaque jour annoncés par les médias sociaux, les chaînes des télévisions, mais grâce à la prière nous luttons contre la peur qui peut nous paralyser. Comme ses disciples, chaque jour, nous expérimentons avec lui, à nos côtés, son amour, sa présence. A ceux qui ont et continuent de succomber à ce violent virus, nous implorons la Miséricorde de Dieu, grâce à son Esprit qui nous donne le goût de sa gloire. Qu’ils se reposent auprès de lui et connaissent l’éternelle joie.

Jérôme Bernard UTCHUDI, stagiaire à Sfax

 

« fi bioutikoum » … dans vos maisons !

 

relais6Ville morte à partir de 13h00 devant la rue des fusillés, Alger

Cette année, ce fut ma 51ème Aïd El Fitr, célébrée en Algérie, complètement différente, des 50 précédentes ! Bien sûr, après plus de deux mois de confinement avec des angoisses et du repli sur soi-même, les décisions très strictes des autorités de rester chez soi, m’y avaient un peu préparé. La veille, jusqu’à tard dans la nuit, les gens du quartier avaient nettoyé la petite placette devant leur portail et notre portail, donnant ainsi de l’importance à la fête du lendemain.

Et voilà, tôt le mrelais8atin, je fus réveillé, comme les années précédentes, par les beaux chants de louanges à Dieu, transmis par les hauts parleurs de la mosquée, sans doute enregistrés avant. Ces louanges me mettent toujours dans un sentiment de bien – être et de paix. Par la suite, d’habitude les rues se remplissent à la fin de cette prière, d’hommes vêtus de blancs s’embrassant et se souhaitant bonne fête « Aidkoum Moubarak ». Cette année ce ne fut pas le cas malheureusement, les fidèles musulmans ont été obligés de prier chez eux (fi bioutikoum [dans vos maisons], chante l’iman 5 fois par jour), du coup les rues sont restées vides, un peu triste à voir

Tous les jours du mois de ramadan, le voisin nous a apporté le ftour, préparé avec soins et avec amour ! C’était en premier lieu à l’intention de mon auxiliaire de vie, musulman, mais certes, en m’y associant à chaque rupture du jeûne et chaque fois nous nous sommes dits : « ghaffrou baadakoum », « pardonnez – vous les uns les autres ».

Et voilà, vers 10h30 le matin du premier jour de l’Aïd, la sonnette sonna joyeusement et notre voisin, le chef de la famille, dans sa plus belle gandoura, était là pour nous apporter les gâteaux de la fête que les femmes de la maison avaient préparés, souvent en chantant, tout en nous souhaitant, musulmans et chrétiens, « bonne fête », « Aïd Moubarak ». Pendant ce temps le téléphone mobile n’arrêta pas de sonner non plus, les amis musulmans du travail ou anciens élèves, nous envoyèrent, à leur tour, par sms, les vœux de bonheur et de paix.

Ce sont des moments heureux et de vrai partage. Il nous manqua pourtant, cette année, ces enfants dans leurs beaux petits costumes se promenant dans les rues faisant la fierté de leurs parents. L’étrange silence, régnant dans la ville, nous faisait ressentir, malgré la joie de la fête et la beauté des gestes, la gravité de la pandémie vécue avec ses cortèges des malades, des morts et des chômeurs.

Oui, le monde entier, est actuellement, vraiment, sur un croisé de chemins : à choisir la route à suivre, sans trop savoir, où elle nous mènera. Que l’Esprit de Dieu puisse être notre guide à tous !

Frère Jan Heuft, pb

 

Notre-Dame ne s’est pas coupée du monde !

 relais9Le 16 mars nous avions fermé la basilique aux visiteurs. Le lendemain une lettre du Ministère des Affaires Religieuses et des Waqfs nous signalait que les mesures de prévention et les restrictions concernant les mosquées nous étaient aussi appliquées : heureusement nous avions pris les devants !

Mais ce temps des portes fermées n’est pas un temps mort ! Il est mis à profit, d’abord, pour préparer la réouverture : réaménagement de la boutique, préparation d’un diaporama pour accueillir les visiteurs, rédaction des rapports et comptabilité mise à jour, impression des livrets avec la nouvelle version liturgique… Nous continuons de travailler sur le projet d’imperméabilisation des coupoles de la basilique et sur l’orientation à donner aux locaux dits « du cardinal Duval ». Et nous avons même dû faire face à une panne de l’éclairage extérieur la première nuit de ramadan !

Nous restons attentifs à nos paroissiens devenus, par la force des choses, des « cyber-paroissiens » à qui nous envoyons des textes, des méditations, des commentaires bibliques, etc. Il est évident que dans notre prière quotidienne (laudes, messe, vêpres…) les personnes concernées par cette crise sont présentées au Bon Dieu. Les moyens de communications nous aident à rester disponibles à ceux qui souhaitent nous parler ou pour rejoindre ceux qui sont plus isolés.

En lien avec d’autres sanctuaires du monde, nous proposons une neuvaine (https://notre-dame-afrique.org/une-basilique-de-croyants/prieres-mariales/) pour contribuer spirituellement à la lutte contre la pandémie. Avec la retransmission en directe de l’office de la Passion le Vendredi Saint (dont la préparation nous a pris du temps) nous avions touché des personnes qui ne viennent pas habituellement à la basilique. Cela nous a encouragé et nous avons par la suite enregistré et diffusé une série de courtes vidéos chacune avec une intention particulière (les malades, les autorités, les soignants, l’espoir). Regardez notre page Facebook « Basilique Notre-Dame d’Afrique ».

Mais il y a aussi les services pratiques rendus tout en respectant les consignes officielles : aider à chercher un médicament introuvable, faire un mandat postal pour une famille dans le besoin, servir de chauffeur, visiter une personne isolée, ouvrir la porte à ceux qui sonnent…

Ainsi bien que les portes de la basilique restent fermées, Marie n’est pas absente du monde que son fils Jésus a tant aimé ! D’une manière mystérieuse et mystique, toute la population d’Alger était déjà dans son cœur lorsqu’elle avait dit : « L’amour du Puissant s’étend d’âge en âge en faveur d’Abraham et sa race à jamais » (cf. Lc 2). Et nous répondons avec l’invocation traditionnelle : « Notre-Dame d’Afrique, priez pour nous et pour les musulmans ».

Peter et José
Pères blancs à Notre-Dame d’Afrique

 

 

relais10PRIERE A NOTRE-DAME D'AFRIQUE

Notre-Dame d'Afrique, Vierge Marie, Mère de

Jésus, Dieu t'a choisie et bénie entre toutes les

femmes. Tu es sainte et sans tache. Ton Cœur

maternel est plein d'amour et de miséricorde.

Apprends nous à connaitre Dieu, à l'aimer, à

le servir.

Aide nous à faire le bien et à éviter le mal,

à travailler pour la paix dans la vérité, la

justice, la liberté et la charité.

Viens au secours de ceux qui vivent dans

l'épreuve, la souffrance ou le danger.

Prends sous ta protection notre Pays, soutiens

ses travailleurs, rends heureuse notre jeunesse,

garde l'union de nos familles. Regarde

avec bienveillance tous les habitants de l'Afrique.

Toi qui es notre Mère et notre protectrice

présente notre prière à Dieu Tout-Puissant.

(On peut exprimer ici la grâce demandée par

l'intercession de Notre-Dame d'Afrique.)

Que l'Afrique entière chante tes louanges, Ô

Marie, et qu'elle vive dans la paix et la fidélité
                                                                                     
                                                                                             A l’'Esprit de Dieu.

Spiritualité

Deux nouveaux saints missionnaires …

Déjà l’Esprit Saint ouvre nos cœurs à l’accueil de nouveau Saints et Bienheureux. Deux d’entre eux peuvent nous être particulièrement chers : Saint Charles de Foucauld et la Bienheureuse Pauline Jaricot.

Saint Charles de Foucauld :

Le deuxième miracle qui a été attribué au Bienheureux Charles de Foucauld s’est déroulé en 2016 – année du centenaire de Charles de Foucauld – à Saumur, dans la région de la Loire (France). Il s’agit de la survie inexplicable d’un ouvrier qui, travaillant dans les combles d’une chapelle, se trouvait «au-dessus de la voûte ». Il est tombé sur des obstacles, les pierres sont tombées, il s’est empalé sur des morceaux de bois, mais il s’est relevé sain et sauf, raconte p. Vincent Artarit, curé de la paroisse Charles de Foucauld à Saumur au micro de RCF: « L’ouvrier indemne, a été examiné par les médecins en France et en Italie … Ils ont tous conclu à l’inexplicable de la vie de cet homme… C’est lié au centenaire, dans la paroisse Charles de Foucauld, avec une corrélation entre la prière, la vie spirituelle et le lien entre la paroisse et Charles de Foucauld. »

La méthode de Charles de Foucauld, c’est l’apostolat de la bonté. « Je veux habituer tous les habitants à me regarder comme leur frère, le frère universel », écrit-il.

« Charles de Foucauld, à travers ombres et lumières, nous a ouvert au sens de la fraternité universelle, écrit Mgr Rault. Cette dimension de toute vie évangélique est une urgence pour notre temps. Il nous invite à sortir de nos frilosités et de nos enfermements et à poursuivre le chemin tracé. »

Le pape Benoit XVI disait, le 13 novembre 2005, à propos de la béatification : « Charles de Foucauld, qui vient d’être béatifié, nous invite à suivre spirituellement le chemin de Nazareth et le silence qu’il vécut au désert. En effet, c’est de là, avec Marie, que nous pouvons découvrir le mystère du Christ, qui s’est fait humble et pauvre pour nous sauver, pour faire de nous des fils d’un même Père et des frères en humanité. Comme le Frère Charles, puisons dans le mystère eucharistique et dans la contemplation la force pour l’existence et pour le témoignage par lequel nous contribuons à l’évangélisation. »

 

Bienheureuse Pauline Jaricot

Saint Jean-Paul II avait déjà reconnu la sainteté de Pauline Jaricot dans une lettre à l’archevêque de Lyon, le futur cardinal Billé, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de Pauline-Marie Jaricot, célébré en septembre 1999, à Lyon et à Paris. Il souligne notamment sa spiritualité « eucharistique ».  « Très tôt, écrit-il, elle manifesta son désir de devenir une « Eucharistie vivante ». « C’est dans une profonde et intense vie spirituelle qu’elle trouvait son énergie pour la mission. Sa grande initiative de prière, le « Rosaire vivant », révèle son amour pour la Vierge Marie, qui l’a poussée à venir habiter à l’ombre de la basilique Notre-Dame de Fourvière. Sa vie quotidienne était illuminée par l’Eucharistie et par l’adoration du Saint-Sacrement. Très tôt, elle manifesta son désir de devenir une « Eucharistie vivante », d’être remplie de la vie du Christ et de s’unir profondément à son sacrifice, vivant ainsi deux dimensions inséparables du mystère de l’Eucharistie:  l’action de grâce et la réparation. C’est ce qui a fait dire au Curé d’Ars: « Je connais quelqu’un qui a beaucoup de croix et de très lourdes, et qui les porte avec un grand amour, c’est Mademoiselle Jaricot ». Sa spiritualité est marquée par son désir d’imiter le Christ en toutes choses. »

La Bienheureuse Pauline Jaricot a fondé l’œuvre de la Propagation de la foi qui deviendra les Œuvres Pontificales missionnaires.

Nous confions notre mission à l’intercession de l’un et de l’autre.

Bien en communion pour s’ouvrir au Grand Souffle de Pentecôte.

+ Père Paul, archevêque d’Alger, Lettre de pentecôte 2020

 

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Ou

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  2. Claude VENNE, économe provincial :Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

Lu pour vous

 

Le Coran des historiens (dir. Mohamed Ali AMIR-MOEZZI et Guillaume DYE), Paris, Cerf, 2019, 2 t., 1014 + 2386 p.

 A1Par Jean Fontaine

 

 

Une cinquantaine de collaborateurs ont participé à l’élaboration de cette somme. Ils se sont délibérément situés en dehors de la foi et de la révélation. Ils étudient le texte comme on le fait pour n’importe quelle production écrite. Leurs outils d’analyse sont la critique historique et littéraire basées sur l’état actuel de la science.

Le volume 3 comprend la bibliographie des études sur le Coran. Le volume 2 contient le commentaire et l’analyse verset par verset. Le volume 1 est une introduction sur le contexte et la genèse du texte coranique. Il comprend trois grandes parties : Le Coran et les débuts de l’islam, contexte historique et géographique (Arabie préislamique, Arabes et Iraniens, Vies de Muhammad) ; Le Coran au carrefour des traditions religieuses de l’antiquité tardive (judaïsme, communautés religieuses dans l’Empire byzantin, Chrétiens en Iran sassanide, christianisme éthiopien, manichéisme, écrits apocryphes juifs, apocalypses syriaques, apocalyptique iranienne, environnement légal) ; Le corpus coranique (étude des manuscrits en Occident, manuscrits anciens, Coran des pierres, contexte et composition du corpus coranique, canonisation du corpus, chiisme et Coran). […]

Je ne suivrai pas le déroulement de ces chapitres pour éviter les répétitions. J’essaierai en revanche de présenter les points sur lesquels l’ensemble des auteurs sont d’accord.

Le Coran est la réunion de textes hétérogènes dont les divergences soulèvent un problème synoptique. Il a plusieurs strates, il est composite et composé. L’analyse rédactionnelle s’efforce de reconstruire un ou des états antérieurs du texte, d’étudier les rédactions successives qui ont donné au texte sa forme finale et de déterminer la chronologie des passages interdépendants, de préciser le profil de l’auteur de tel ou tel passage. Mais elle est incapable de reconstruire toutes les étapes du développement du texte.

Dans quels contextes socioculturels les passages, originellement épars, étaient-ils utilisés ? Les genres littéraires présents sont la prière, parfois communautaire dans un cadre liturgique, introduite par une invocation envers Dieu (supplication, louange, hymne et doxologie, profession de foi) ; les récits ou narrations exhortatifs (histoires du châtiment divin) ; le sermon ; la proclamation ; la malédiction : polémique, controverse, discours de guerre. Sans oublier les grands thèmes spirituels.

Le corpus est encadré par une prière d’un côté, et une profession de foi et des prières de l’autre. En plus de l’ordre décroissant, les sourates obéissent à la proximité thématique. Qui est responsable du travail rédactionnel et quand a-t-il eu lieu ? On peut émettre l’hypothèse d’un groupe de rédacteurs érudits qui travaillent sur des matériaux préexistants et qu’ils connaissent, avec un esprit d’archivistes appliqués, mais pas nécessairement un esprit théologique. […]

Maintenant, quelques remarques personnelles !

Plusieurs fois, les auteurs signalent les nombreuses répétitions du texte et mentionnent le problème des circonstances de la révélation (asbâb al-nuzûl). Or ni dans le premier ni dans le second cas, ils ne citent une référence décisive sur ces deux sujets : Al-Mushaf wa qirâ’âtu-hu (dir. al-Charfî `Abd al-Majîd), Rabat, Mu’minûn bi-lâ hudûd, 2016, 5 tomes, 2330 pages, 20 x 28 cm. Peut-être n’ont-ils pas eu le temps d’en tenir compte étant donné sa date récente et sa diffusion restreinte ? Mais peut-être pas…

Autre omission concernant l’inimitabilité du Coran (al-i`jâz). Aucune mention de l’étude décisive de Hammâdî Sammûd dans al-Majalla l-`arabiyya li-l-thaqâfa, n° 24, mars 1993, p.5-43. Il y compare les critères de l‘inimitabilité définis par les commentateurs musulmans du Coran avec les critères des critiques littéraires sur la bonne poésie. Or ce sont les mêmes. Alors…

Les auteurs affirment, à plusieurs reprises, que leur commentaire est historique et philologique. Or, du second point de vue, bien que je ne sois pas spécialiste du Coran, j’ai trouvé, quatre fois, qu’ils avaient oublié une explication qui me paraît pourtant nécessaire.

Dans la Fâtiha, sirât vient du latin strata, la route pavée, la grande voie romaine via strata lapida. La Strata Diocletiana partait au nord de Wâdî l-qurâ, le long de la frontière du désert de l'est, le limes Arabicus de l'Empire romain, vers la Syrie, Damas et Palmyre, pour arriver à Rousafa sur le fleuve Euphrate. Elle était la mieux construite de l'empire romain.

Dans le Coran, Jésus est prénommé `Îsâ à 25 reprises. Or les commentateurs ne disent jamais comment on est passé de Yachoua hébreu à `Îsâ dans le Coran, alors que les chrétiens arabes ont maintenu Yasû`.

Dans Âl `Imrân 3, 19, on trouve que « La religion, aux yeux de Dieu, est l’islam », selon la Vulgate du Caire. Or, dans le manuscrit d’Ibn Mas`ûd, cousin du Prophète qui n’a pas voulu donner son texte au moment où le calife `Uthmân aurait fait brûler les copies non conformes, on trouve « La religion, aux yeux de Dieu, est le hanéfisme », c’est-à-dire la religion naturelle d’Abraham.

Plus loin, Âl `Imrân 3, 110, il est écrit que « Vous êtes la meilleure communauté (umma) qu’on ait fait surgir pour les hommes », selon la Vulgate du Caire. Or ce verset, rapporté par les chiites, venant du petit-fils de Muhammad, Abû `Abdallah al-Husayn b. `Alî, dit « Vous êtes les meilleurs des imams (a’imma) qu’on ait fait surgir pour les hommes ».

Cet ouvrage monumental fait le point sur les conséquences des dernières découvertes scientifiques pour une meilleure connaissance des circonstances qui ont présidé à la constitution du texte du Coran tel qu’on peut le lire aujourd’hui. Dans l’introduction, les éditeurs affirment qu’ils ont voulu publier un livre pour le grand public. La difficulté de certains chapitres, parfois la lourdeur des parenthèses dans le texte et l’abondance des notes infrapaginales, le volume et son prix (même diminué grâce à l’apport de deux fondations étatsuniennes), tout cela en rend la consultation difficile. L’ensemble reste destiné à un public spécialisé.

Jean Fontaine, Père Blanc, Tunis

 

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L’Algérie des origines (De la préhistoire à l’avènement de l’Islam) de Gilbert Meynier (Barzakh)

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Ludo Lucet

Les Algériens d’aujourd’hui sont les héritiers d’une riche histoire millénaire, qui ne se réduit pas aux siècles écoulés depuis l’avènement de l’Islam et aux cent trente-deux ans de la domination coloniale française. Les ancêtres des algériens, alors non musulmans et non arabes ont vécu dans des sociétés et Etats en relations (économiques, commerciales culturelles artistiques et religieuses) avec des pays du Proche Orient et bordant la Méditerranée : Phénicie, Carthage, Grèce, Rome Lybie…C’est ce que nous retrace le livre de Gilbert Meynier : L’Algérie des origines (de la préhistoire à l’avènement de l’Islam), aux Editions Barzakh. Cet ouvrage comprend 3 parties : 1) De la Préhistoire à l’Antiquité : … royaumes maures et Numidie… 2) Sous la domination romaine : Les Romano-Africains… 3) La fin de l’Antiquité. Du christianisme à l’Islam : St Augustin, le Donatisme, les Vandales, Byzance. A la fin de sa recherche très fouillée, l’auteur pose la question du comment des arabes musulmans venus eux, de l’intérieur du pays et non par la mer comme les autres envahisseurs ont pu investir le pays et imposer l’Islam. Terminons avec la dernière phrase de ce livre : En Algérie, « le triomphe de l’Islam ce fut aussi une revanche de l’intérieur du Maghreb. ... »

 

            Ludo Lucet, pb, Alger

 

Le rôle du Fichier de Documentation Berbère dans le recueil et l’établissement des corpus dans la région de Mekla (Kabylie) , Hamdis Malika

 

A13C’était le 6 Février 2020 avant que la pandémie du COVID-19 nous englobe tous. Le soleil rayonnait brillamment ce jeudi après-midi et toutes les routes semblaient conduire à l'Université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou. Située à environ 3 kms de chez nous, cette faculté offre un cadre opportun entre autres aux étudiants en langue Amazighes. Une semaine plus tôt, Malika, l'une des étudiantes inscrites dans notre bibliothèque, nous avait gentiment invités à sa soutenance après avoir soigneusement choisi un jour où elle s'était assurée que nous serions présents. Elle avait dû changer le jour au moins deux fois pour obtenir ce jeudi après-midi où au moins l'un de nous serait présent. La présence des Pères Blancs à cette occasion était une condition sine qua non pour elle et son professeur qui l'avait encadré pour son mémoire de Master en langue et culture Amazighes. Tous deux, abonnés à notre bibliothèque, ne voulaient pas que nous manquions cette occasion inoubliable.

Les Pères Blancs implantés dans la région depuis 1873 et avec notre communauté ici depuis 1874, ont fait un excellent travail en ce qui concerne la langue et la culture berbère. Non seulement nos prédécesseurs ont transformé la langue orale en langue écrite, mais ils ont également formé plusieurs cadres. Une des figures de renommé émanant de cette formation est Mouloud Mammeri dont le nom est attribué à l'Université et au Centre culturel de notre ville. Derrière la formation de telles figures de la région se trouvaient de grands noms de Pères Blancs et Sœurs Blanches tels que Dallet, Lanfry, Genevois, Brousse…. Ils ont œuvré pour former des générations ….Ils ont aussi écrit beaucoup de littératures et d'autres documents indispensables concernant la langue et la culture ; notamment le Fond de la Documentation Berbère (FDB). Notre bibliothèque dans la ré

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gion est la seule possédant un patrimoine aussi riche et vaste dans ce domaine-là. Alors ce n’est pas étonnant que Malika et son professeur aient voulu que nous ne manquions pas ce rendez-vous inédit. Ayant gentiment ouvert nos portes et généreusement accompagnée l'étudiante dans ses recherches, ce rendez-vous nous tenait aussi à cœur.

Intitulé « Le rôle du Fichier de Documentation Berbère dans le recueil et l’établissement des corpus dans la région de Mekla (Kabylie) », cette thèse qui nous fait honneur retracele passage historique des Pères Blancs et des Sœurs Blanches dans cette région de la Kabylie. Pour nous, c'était une coïncidence sans précédent, car aucune recherche de ce genre n'avait été faite et présentée officiellement à cette faculté. En outre, elle a coïncidé avec notre jubilé de 150 ans de notre fondation dont la célébration a commencé le 8 décembre 2018 et venait de se terminer le 08 décembre 2019 à Kampala. Donc, cela a été l’un de fruit cueillit du jubilé et une des grâces innombrables suite à la béatification de nos 4 confrères parmi les 19 bienheureux Martyrs d’Algérie. Tandis qu’elle défendait sa thèse la photo de nos 4 bienheureux flottait sur l’écran en quelque sorte pour affirmer leur intercession continuelle en ce moment même de la soutenance mémorable.

Nous remercions Malika et ses professeurs pour cet hommage qui non seulement nous fait honneur comme instituts mais aussi elle fait honneur à tous les académiciens qui se donnent inlassablement dans ce domaine. Nos remerciements infinis à nos prédécesseurs dont nous suivons les traces, pour avoir laissé un héritage immense en ce qui concerne la langue et la culture de ce lieu qu’ils ont servi et tant aimé.

Par Vincent Kyererezi, pb, Tizi-Ouzou

« Seul l’amour est digne de foi »

Un recueil de poèmes écrits par notre stagiaire à l’IBLA(disponible en vente à l’IBLA)

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D’origine Burkinabè, l’auteur est de la région du centre-ouest/Koudougou. Il est né le 23 Juillet 1994 à Réo, chef-lieu de la province du Sanguié, dans le pays Gourounsi. Il fait les études de l’éducation de base à côté des parents, dont il obtient la chaleur de ce qu’est l’amour d’un père et celui d’une mère. Il fait ses études secondaires au lycée provincial de Réo, puis au lycée municipal de la même ville, où il obtient le Baccalauréat.


Dans la recherche de sa vocation, il rencontre la Société des Missionnaires d’Afrique.
C’est au séminaire philosophique des Pères Blancs qu’il poursuit sa formation holistique pendant trois années académiques. Il obtient, au bout de trois ans d’études, la licence en philosophie. Il poursuit sa formation spirituelle en Zambie, au sein du Noviciat des Pères Blancs, où il apprend la spiritualité ignacienne. Après sa formation spirituelle, il poursuit sa formation holistique en Tunisie. Il fait ainsi l’expérience du dialogue avec les croyants de l’islam, avec qui il est au quotidien. Son expérience de formation lui a offert la chance d’apprendre les cultures et les langues de certains peuples chez qui il a vécu.

Ces différents parcours académiques, et aussi bien humains que spirituels, ont contribué à la réalisation de cet essai de recueil poétique dont le titre est : « Seul l’amour est digne de foi. » Dans ce recueil, il partage la quête inlassable de Dieu par l’homme ; il interroge l’existence de l’énigmatique souci de l’homme, la souffrance. Il s’agit de l’expérience de la souffrance engendrée par l’homme pour l’homme. Afin de contribuer à la lutte pour l’éveil de la conscience à la réalité de la souffrance, et de pouvoir inviter les hommes et les femmes de bonne volonté, il rêve dans ce recueil d’un monde où la paix serait la maladie de tous. Ainsi, il propose des chemins vers la recherche de la paix et de l’unité parmi les hommes.

 

In memoriam … Père Michel Lelong 

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Hommage de Samir Gharbi in Leaders(Tunis)

News, 15.04.2020

Il a été ordonné prêtre en Tunisie, à Carthage, en 1948, à l’âge de 23 ans;

Il est devenu, de sa propre volonté, l’ami fidèle des musulmans où qu’ils soient;

Il a défendu sans faille la cause palestinienne;

Il a écrit une quinzaine de livres sur le dialogue entre religieux, sur le Christianisme et l’Islam;

Il a prononcé des centaines de conférences;

Il a rencontré des Maghrébins, des Arabes, des Iraniens, des Européens, des Asiatiques, des Américains, des Océaniens, des Africains…

Il a puisé dans ses dernières forces pour écrire son dernier ouvrage, son ultime appel aux «nécessaires dialogues», en juillet 2019 : «Tout au long des siècles – l’Histoire en témoigne – les différences de convictions et d’options dans les domaines politique et religieux ont suscité des conflits, des violences et beaucoup de souffrances humaines. De nos jours, les moyens de communication se sont développés de façon remarquable, mais dans chaque pays, entre les États, entre les croyants, entre croyants et incroyants, le dialogue reste souvent difficile. Il est pourtant plus nécessaire que jamais.»

Il s’est éteint le 10 avril à l’hôpital Lariboisière à Paris, atteint par le covid-19.

Il avait 95 ans et deux mois.

De rares juifs tarés ont dit «bon débarras». Ils ne savent pas ce qu’ils disent!

Des propos inaudibles parmi les dizaines d’hommages qui lui ont été rendus par des Chrétiens, des Musulmans, des athées, des juifs éclairés…


Michel Lelong est né le 25 février à Angers (France). Il s’engage en religion et prête serment en 1947 à Thibar (Tunisie). Il est ordonné prêtre un an après à Carthage (Tunisie). Il se passionne pour la langue arabe, qu’il apprend, pour les Lettres (licence à Alger), pour les pratiques de la religion musulmane… Il garde sa foi, convaincu qu’il était de la nécessité de comprendre «l’autre». Il passera près de vingt ans de sa vie en Tunisie, au sein de l’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA)… Au sein de ce lieu d’échanges et d’apprentissage, ouvert à tous, il semait les graines de son dialogue philosophique, religieux, culturel, artistique, qui feront autant de «pousses» dans l’amitié entre les gens, dans le désir de se connaître, de s’apprécier, sans jamais que l’un ou l’autre impose sa «foi», ses convictions… Ce n’était nullement du prosélytisme, loin, loin de l’esprit et de l’action de Michel Lelong, au Maghreb, comme A9en Afrique sub-saharienne, en Asie comme au Proche-Orient. Sa sincérité était telle que le dialogue qu’il prônait n’était pas seulement une affaire entre «musulmans et chrétiens», mais entre tous les êtres, entre chrétiens eux-mêmes, entre palestiniens, entre asiatiques... N’a-t-il pas fait ses premiers pas en Tunisie, terre de brassage inter-civilisations:berbère, punique, romaine, arabe, ottomane, française…

Prêtre catholique, Michel Lelong n’a jamais considéré l’islam comme un péril pour l’Europe ni une menace pour l’Eglise chrétienne. C’est pour cela qu’il était craint, détesté par les extrémistes de tous bords.

En 1975, l’épiscopat français l’appelle à diriger le tout nouveau Service pour les relations avec l’islam. Consulteur du futur Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, il participe aussi en 1993 à la création du Groupe d’amitié islamo-chrétienne (Gaic) qu’il présidera pendant dix ans avec l’universitaire algérien Mustapha Chérif. Il crée, dans les années 2000, un Groupe de réflexion entre catholiques (Grec)… Il ne s’était heurté qu’à une seule obstination, celle des Juifs extrémistes.

Durant la guerre au Liban, en 1982, le père Lelong prend fait et cause pour les Palestiniens. Mal lui en prit. Il est traité de tous les noms d’oiseaux par les sionistes qui l’attaquent en justice pour «antisémitisme». Il obtient gain de cause: critiquer la politique de l’Etat hébreu n’est pas, en droit, être antisémite…

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Sa foi inébranlable était guidée par Dieu, l’unique, pour tous les croyants, au-delà de toute étiquette ou récupération. N’est-ce pas la volonté de Dieu d’avoir créé «plusieurs communautés», et pas une seule? Dieu n’a-t-Il pas fait ce choix pour que justement ses diverses créatures s’entremêlent et se connaissent au lieu de s’autodétruire ? Aimez-vous, dit le Christ. Soyez tolérants, dit le Coran, qui reconnait les trois religions monothéistes. Le Djihad d’aujourd’hui, comme les Croisades d’hier, comme le sionisme depuis un siècle, ne sont-ils pas des tentations du Diable? Eliminer l’autre par pure idéologie était contraire à l’esprit des textes saints, aux convictions de Michel Lelong, que Dieu, Allah, Yahvé, lui accorde son entière miséricorde.

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Quelques-unes parmi les œuvres de Michel Lelong

 

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  • • J'ai rencontré l'Islam, 1976
    • La tradition islamique, 1979
    • L'Islam et l’Occident, 1982
    • Guerre ou Paix à Jérusalem ?, 1983
    • L'Église nous parle de l'Islam, 1984
    • Si Dieu l’avait voulu, 1986
    • De la prière du Christ au message du Coran, 1986
    • L'Église catholique et l’Islam, 1993
    • La vérité rend libre, 1999
    • Jean-Paul II et l'Islam, 2003
    • Chrétiens et Musulmans : adversaires ou partenaires ?, 2007
    • Prêtre de Jésus-Christ parmi les musulmans (Mémoires), 2007
    • Les papes et l'islam, 2009
    • Les nécessaires dialogues, 2019

Samir Gharbi

Figure du dialogue islamo-chrétien

 

Hommage de Mustapha Cherif, ancien premier coprésident et cofondateur du GAIC avec le père Michel Lelong

A12 Le père Michel Lelong, figure emblématique du dialogue islamo-chrétien, en ce vendredi saint 10 Avril, symbole touchant, a rejoint le Seigneur en paix. Que Dieu l'accueille en son vaste paradis selon l'Espérance de sa vie. Que les partisans de l’amitié islamo-chrétienne continuent à s’inspirer de son souffle. Michel se voulait « Prêtre de Jésus-Christ parmi les musulmans ». Il a consacré avec ferveur plus de soixante-dix années de sa vie à cette amitié.

Sur ce chemin nous nous sommes rencontrés, il y a cinquante ans à Toulouse. Il y a vingt-sept ans, en 1993, nous avons ensemble fondé et coprésidé à Paris le Groupe d’Amitié Islamo-Chrétienne, GAIC, un phare, pour contribuer au vivre ensemble, à la sauvegarde des valeurs spirituelles et humanistes communes et semer les graines de la paix. Le monde avait besoin de ce type de prêtre, qui, comme le précise le Coran : « ne s’enfle pas d’orgueil » (5-82). Sa rencontre avec les musulmans était ancienne et féconde.

La rencontre avec l’islam
En 1951, lors de la rentrée à l'Université d'Alger, Michel, participait à la première rencontre islamo-chrétienne entre étudiants. Les musulmans étaient représentés par feu Ali Merad, un grand islamologue. Selon ses mémoires, auparavant Michel avait été impressionné par le film sur la vie de Charles de Foucauld en Algérie, "L'Appel du Silence". Sa décision fut prise : il sera prêtre pour vivre parmi les musulmans.

Seul prêtre à préparer une licence d'Arabe dans le monde étudiant, il lie des relations avec les Algériens de toutes origines. Un groupe de rencontre se forme où chacun apprend à se connaître et à se parler. Pas de prosélytisme, disait-il : « le cœur de chacun est un mystère dans son cheminement vers Dieu ». En outre, il était sensible à la cause du peuple Algérien et attentif aux œuvres intellectuelles et aux engagements de Louis Massignon et de Jacques Berque.

Diplômé de l'Université d'Alger, Michel se rend ensuite à Tunis, à l'Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA). Il a étudié la culture musulmane. Il cultivait le sens de la tolérance, la soif de s’entre-connaitre, de se respecter dans le cheminement humain et spirituel de chacun. Il sera encouragé par l’événement historique de Vatican II.

 Vatican II
En 1965 l'Église porte un nouveau regard sur l’islam. Le temps des préjugés, était révolu; sous la conduite de Jean XXIII puis de Paul VI, et des évêques arabes et non arabes en terre musulmane, l'Église tourne une page et favorise le dialogue.

Michel va nouer des liens profonds avec les élites musulmanes en France et dans tout le monde Arabe. Michel me présenta, dans les années soixante-dix, Eva de Vitray Meyrovitch, brillante universitaire française, auteure convertie à l’islam, spécialiste du soufisme, le théologien musulman indo-turc Mohammed Hamidullah et l’islamologue et historien Mohamed Arkoun, durant une époque riche en débats et en rencontres.

Le Secrétariat des relations avec l'Islam.
Comme dans d'autres pays, l'Église de France crée le " Secrétariat pour les Relations avec l'Islam" (S.R.I.). Michel Lelong fut appelé à le diriger après avoir travaillé à sa création à la demande de Mgr A. Collini, archevêque de Toulouse, ouvert au dialogue. Michel fut parmi les précurseurs du dialogue moderne islamo-chrétiens interpellé par la présence des migrants et les questions que posaient les musulmans à la société occidentale désenchantée. Michel choisi d’œuvrer pour la fraternité et l’hospitalité.

Dans la région de Toulouse, nous avons organisé de passionnantes rencontres islamo-chrétiennes, notamment à l’Abbaye d’Encalcat, des bénédictins, Dourgne. A Cordoue en 1975, il m’a invité à participer à la première grande et mémorable rencontre internationale islamo-chrétienne.

Par cette vocation Michel rappelait à tous que c'est le même « Dieu » qui nous appelle. Il mettait l’accent sur les convergences, sans omettre les divergences. Il précisait qu’il s'agit de rapprocher les peuples, d’approfondir la foi paisible de chacun, animé du désir de Le rencontrer en vérité et de vivre ensemble. Lors des controverses au sujet de l’islam, il affirmait : « je ne peux pas accepter qu'au nom de la liberté de la presse -que je respecte- on puisse attaquer les religions. » 

Il a écrit une dizaine de livres édifiants, comme : J'ai rencontré l’Islam, Le Don qu'il vous a fait, Deux fidélités, une espéranceLa tradition islamique, L’Islam et l’Occident, Guerre ou Paix à Jérusalem ? L'Église nous parle de l'Islam: du Concile à Jean-Paul II, Si Dieu l’avait voulu, De la prière du Christ au message du Coran, L’Église catholique et l’Islam,  La vérité rend libre,  Jean-Paul II et l'IslamChrétiens et Musulmans : adversaires ou partenaires ?

Mis à l’épreuve

Michel savait que l’extrémisme n’a pas de visage, ni de religion, ni de nationalité. Durant les dernières années de sa vie, Il nous demandait de continuer à œuvrer ensemble fraternellement pour interroger et interpréter nos sources, éduquer les nouvelles générations et informer le monde. Pas seulement pour dénoncer l’injustifiable, mais pour énoncer une voie d’avenir, celle de la justice et de la paix. Michel croyait profondément à l’amitié islamo-chrétienne, signe de la volonté divine.

 Au sujet de la question politique palestinienne et du Moyen-Orient, il était clair : « certains évêques et pasteurs semblant se préoccuper uniquement du sort des chrétiens, certains rabbins de celui des juifs et certains imams de celui des musulmans ? Il est, certes, légitime qu’une solidarité particulière existe entre les membres d’une même communauté de foi. Mais si les croyants veulent être vraiment fidèles au message des prophètes bibliques, à celui du Christ et à celui du Coran, ils doivent être attentifs à l’être humain…– et surtout – être, ensemble, particulièrement attentifs à ceux qui souffrent, à ceux qui sont rejetés, oubliés, opprimés. C’est dans cette perspective que face à la situation actuelle au Moyen-Orient, les responsables des Églises chrétiennes, du judaïsme et de l’islam doivent se concerter, unir leurs voix et agir ensemble pour la justice et la paix. » Tes amis musulmans ne t’oublieront jamais. Repose en paix mon cher ami Michel.

 Mustapha Cherif

 

 

 
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Pourquoi le blasphème est-il passible de la peine capitale dans certains pays musulmans?
The Conversation

                            
Des islamistes pakistanais protestent contre la clémence de la Cour suprême à l’égard d’Asia Bibi, une chrétienne pakistanaise accusée de blasphème, à Karachi, le 1er février 2019. Asif Hassan/AFP via Getty Images

Ahmet T. Kuru, San Diego State University

Junaid Hafeez, professeur d’université au Pakistan, était emprisonné depuis six ans quand il a été condamné à mort en décembre 2019 pour blasphème, plus précisément pour avoir « insulté le prophète Mahomet » sur Facebook.

Selon la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale, la législation punissant le blasphème en vigueur au Pakistan est la deuxième la plus stricte au monde après celle de l’Iran.

Hafeez, dont la condamnation à mort fait actuellement l’objet d’un appel, est l’un des quelque 1 500 Pakistanais à avoir été inculpés pour blasphème ou pour « propos sacrilèges » au cours des trois dernières décennies. Jusqu’ici, aucun d’entre eux n’a été exécuté.

Mais depuis 1990, 70 personnes ont été assassinées par des foules ou des justiciers autoproclamés les accusant d’avoir insulté l’islam. Plusieurs de leurs défenseurs ont également été tués, y compris l’un des avocats de Hafeez et deux responsables politiques de haut niveau qui s’étaient publiquement opposés à la condamnation à mort d’Asia Bibi, une chrétienne inculpée pour avoir verbalement insulté le prophète Mahomet. Bien que Bibi ait été acquittée en 2019, elle a dû fuir le Pakistan.

En février 2020, Bibi a été reçue par Emmanuel Macron, qui a annoncé que « la France est prête » à accepter sa demande d’asile. Une décision qui coïncidait avec une autre déclaration du président français – « La loi est claire : nous avons droit au blasphème, à critiquer, à caricaturer les religions » – faite en réponse à la polémique née de l’« affaire Mila ».

Blasphème et apostasie

32 des 71 pays où le blasphème est considéré comme un crime sont majoritairement musulmans. Le degré d’application de ces lois et le niveau des sanctions prévues sont très variables.

Le blasphème est puni de mort en Iran, au Pakistan, en Afghanistan, à Brunei, en Mauritanie et en Arabie saoudite. Pour ce qui concerne les pays non musulmans, c’est en Italie que la loi est le plus sévère : la peine maximale prévue est de trois ans de prison.

La moitié des 49 pays à majorité musulmane possèdent également des lois interdisant l’apostasie, ce qui signifie que leurs citoyens peuvent être jugés pour avoir abandonné l’islam. Tous les pays dont la législation comporte des lois réprimant l’apostasie sont à majorité musulmane, à l’exception de l’Inde. L’accusation d’apostasie accompagne souvent celle de blasphème.

Ces lois religieuses sont largement soutenues par la population dans certains pays musulmans. D’après un sondage du Pew Research Center effectué en 2013, près de 75 % des répondants d’Asie du Sud-Est, du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et d’Asie du Sud sont favorables à ce que la charia, c’est-à-dire la loi islamique, soit la loi officielle de leur pays.

Parmi les partisans de la charia, environ 25 % des habitants d’Asie du Sud-Est, 50 % des Moyen-Orientaux et des Nord-Africains et 75 % des habitants d’Asie du Sud souhaitent « l’exécution de ceux qui quittent l’islam » – c’est-à-dire qu’ils soutiennent les lois punissant l’apostasie de mort.

                                      
Usine incendiée par une foule en colère à Jhelum, dans la province du Pendjab, au Pakistan, après qu’un de ses employés ait été accusé d’avoir profané le Coran, 21 novembre 2015. AFP   

Les oulémas et l’État

Mon livre paru en 2019, Islam, Authoritarianism, and Underdevelopment montre que les lois sur le blasphème et l’apostasie dans le monde musulman remontent à une alliance historique entre les érudits islamiques et le gouvernement.

Vers l’année 1050, certains juristes et théologiens sunnites, appelés les « oulémas », ont commencé à travailler en étroite collaboration avec les dirigeants politiques pour combattre ce qu’ils voyaient comme l’influence sacrilège des philosophes musulmans sur la société.

Au cours des trois siècles précédents, des philosophes musulmans avaient apporté des contributions majeures aux mathématiques, à la physique et à la médecine. Ils avaient notamment développé la numération arabe utilisée à ce jour partout en Occident et inventé un précurseur de l’appareil photo d’aujourd’hui.

Les oulémas conservateurs ont estimé que ces philosophes étaient influencés de manière inappropriée par la philosophie grecque et par l’islam chiite, aux dépens de la foi sunnite. Ghazali, un érudit brillant et respecté mort en 1111, est considéré comme le penseur le plus important de cette période de consolidation de l’orthodoxie sunnite.

Dans plusieurs livres ayant eu une grande influence et encore énormément lus de nos jours, Ghazali déclara que deux grands philosophes musulmans alors décédés depuis longtemps, Farabi et Ibn Sina, étaient des apostats du fait de leur vision non orthodoxe de la puissance divine et de la nature de la résurrection. Selon Ghazali, leurs adeptes étaient passibles de mort.

Les historiens contemporains, comme Omid Safi et Frank Griffel, estiment que, à partir du XIIe siècle, les propos de Ghazali ont servi de justification aux sultans musulmans souhaitant persécuter – voire exécuter – des penseurs perçus comme des menaces pour leur règne basé sur le conservatisme religieux.

Cette « alliance entre les oulémas et l’État », comme je l’appelle, est née au milieu du XIe siècle en Asie centrale, en Iran et en Irak, avant de s’étendre un siècle plus tard à la Syrie, à l’Égypte et à l’Afrique du Nord. Dans ces régimes, la remise en question de l’orthodoxie religieuse et de l’autorité politique ne relevait pas seulement de la dissidence mais de l’apostasie.

Dans la mauvaise direction

Certaines parties de l’Europe occidentale étaient dirigées par des alliances similaires entre l’Église catholique et les monarques. Là aussi, la liberté de penser était réprimée. Pendant l’Inquisition en Espagne, du XVIe au XVIIIe siècle, des milliers de personnes furent torturées et mises à mort pour apostasie.

Des lois réprimant le blasphème sont longtemps restées en vigueur dans plusieurs pays d’Europe, bien qu’elles n’étaient que rarement invoquées. Le Danemark, l’Irlande et Malte n’ont abrogé ces lois que tout récemment.

Mais de telles lois existent toujours en de nombreux points du monde musulman.

Au Pakistan, le dictateur Zia ul Haq, qui dirigea le pays de 1978 à 1988, a fait adopter des lois anti-blasphème particulièrement dures. Allié des oulémas, Zia a remis au goût du jour des lois réprimant le blasphème – initialement instaurées par le colonisateur britannique pour éviter les conflits interreligieux – de façon à protéger spécifiquement l’islam sunnite, les personnes reconnues coupables encourant désormais la peine de mort.

Des années 1920 à l’avènement de Zia, ces lois n’avaient été appliquées qu’une dizaine de fois. Depuis, elles sont devenues un outil privilégié par le pouvoir pour s’en prendre à ses adversaires.

Beaucoup de pays musulmans ont connu des processus similaires au cours des quatre dernières décennies, notamment l’Iran et l’Égypte.

Des voix dissidentes au sein de l’islam

Les oulémas conservateurs fondent leurs arguments en faveur des lois réprimant le blasphème et l’apostasie sur quelques paroles du prophète Mahomet (hadiths), principalement : « Celui qui change de religion, tuez-le ».

Mais de nombreux érudits de l’islam et intellectuels musulmans rejettent cette vision des choses, qu’ils jugent radicale. Ils rappellent que Mahomet n’a jamais fait exécuter quiconque pour apostasie et n’a jamais appelé ses partisans à le faire.

De même, la criminalisation du sacrilège ne repose pas sur le texte sacré de l’islam, le Coran, qui contient au contraire 100 versets promouvant la paix, la liberté de conscience et la tolérance religieuse.

Dans le verset 256 de la sourate 2, le Coran proclame : « Il n’y a pas de contrainte en religion ». Le verset 140 de la sourate 4 invite seulement les musulmans à ne pas participer à des conversations blasphématoires : « Lorsque vous entendez qu’on renie les versets d’Allah et qu’on s’en raille, ne vous asseyez point avec ceux-là. »

Pourtant, en utilisant leurs connexions politiques et leur autorité historique en matière d’interprétation de l’islam, les oulémas conservateurs ont marginalisé les voix plus modérées.

Réactions à l’islamophobie dans le monde

Les débats en cours au sein du monde musulman sur les lois punissant le blasphème et l’apostasie sont largement influencés par la situation internationale.

En de nombreux points du monde, les minorités musulmanes, comme les Palestiniens, les Tchétchènes en Russie, les Cachemiris en Inde, les Rohingya au Myanmar et les Ouïghours en Chine, subissent des persécutions. Aucune autre religion n’est aussi largement prise pour cible dans autant de pays différents.

                        
                                       Les Rohingya du Myanmar sont l’une des nombreuses minorités musulmanes persécutées dans le monde. État de Rakhine, Myanmar, 13 janvier 2020. AFP

En outre, il convient également de rappeler l’existence dans les pays occidentaux de certaines lois discriminatoires à l’égard des musulmans, telles que l’interdiction du voile à l’école ou la décision de l’administration Trump de ne pas autoriser les ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane à accéder au territoire américain.

Ces lois et politiques islamophobes peuvent créer l’impression que les musulmans sont assiégés et justifier aux yeux de certains d’entre eux l’idée que réprimer le blasphème serait un acte de protection de la foi.

De mon point de vue, c’est plutôt l’existence de règles religieuses aussi strictes qui nourrit les stéréotypes anti-musulmans. Plusieurs membres turcs de ma famille m’ont même déconseillé de travailler sur cette question, de crainte que cela n’alimente l’islamophobie.

Mais mes recherches montrent que la criminalisation du blasphème et de l’apostasie est de nature politique plus que religieuse. Ce ne sont pas les versets du Coran mais les dirigeants autoritaires qui exigent le châtiment des blasphémateurs.

Ahmet T. Kuru, Professor of Political Science, San Diego State University

This article is republished from The Conversation under a Creative Commons license. Read the original article.

 
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Entre cohérence et confiance, Charles de Foucauld vu par le père Ardura |VaticanNews

[…] Cette figure qui dépasse de loin les frontières de l’Église, dont l’action s’inscrit aussi dans le contexte politique de son époque, celle de la colonisation française de l’Afrique du Nord et d’une grande partie du Sahara, est riche de significations tant sur plan de la spiritualité, du dialogue avec l’islam, de la mission évangélisatrice de l’Église et de la quête personnelle de Dieu.

Le père Bernard Ardura, président du comité pontifical des Sciences historiques, postulateur de la cause en canonisation de Charles de Foucauld revient sur le sens de cette annonce :

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Lire la suite: Entre cohérence et confiance, Charles de Foucauld vu par le père Ardura, Entretien réalisé par Hélène Destombes, Vatican News, 22.05.20.

 
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