« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Pakistanaises converties de force
Informer pour sauver les jeunes pakistanaises enlevées et converties de force |VaticanNews
L’antenne française d’Aide à l’Église en détresse (AED) sensibilise au sort de Maira Shabbaz, une jeune Pakistanaise de 14 ans enlevée en avril puis convertie à l’islam et apparemment prostituée par son ravisseur, serait parvenue à s’échapper.
Entretien réalisé par Marie Duhamel – Cité du Vatican
Chaque année, environ un millier de jeunes filles chrétiennes, mais aussi sikhs et hindous, sont enlevées puis converties à l’islam et mariées de force, selon la commission Justice et Paix de la conférence épiscopale pakistanaise. À Paris, l’AED sensibilise au sort de ces mineures âgées de six à quatorze ans, afin qu’elles ne disparaissent pas dans l’oubli.
Détenus radicalisés, déradicalisation, prévention de la radicalisation, mais aussi « gilets jaunes » radicalisés, radicalisation de la CGT ou des anti-masques… Rares sont les notions qui, à l’instar de celle de radicalisation, ont réussi à se hisser en peu de temps au rang de best-seller politico-médiatique.
Tandis que s’ouvre ce mercredi 2 septembre le procès des auteurs de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo (janvier 2015), il semble pertinent de revenir sur les termes « radicalisation » et « radicalisés », qui ont transcendé les lignes éditoriales et les oppositions politiques et connu une véritable explosion depuis 2015.
En 1999, seuls 184 articles de presse mentionnaient le terme radicalisation. En 2016, ils étaient plus de 10 000.
Une notion qui recouvre des groupes hétérogènes
Cette notion a été très utilisée en 2015 dans un contexte post-attentats et son déclin relatif à partir de 2017, ne l’empêche pas d’être mentionné encore dans un nombre d’articles particulièrement élevé. En moyenne, en 2019, pas moins de 17 articles évoquaient le terme chaque jour.
Que recoupe une notion utilisée pour désigner des individus aussi hétérogènes que des manifestants anticapitalistes, des auteurs d’attentats, des responsables syndicaux ou des musulmans soupçonnés de rigorisme ?
Si elle a pu se développer au point de faire figure d’évidence, c’est que la radicalisation remplit certaines fonctions. En tout état de cause, celles-ci ne résident guère dans sa faculté à éclairer le réel.
Pour répondre à cette question, sans doute est-il utile de déplacer légèrement la focale et de s’intéresser aux usages du terme « déradicalisation ». Le champ médiatique, qui a largement contribué à son essor, fournit à cet égard un formidable matériau d’analyse. L’étude d’un corpus d’un millier d’articles de presse, d’émissions de télévision et de déclarations politiques ayant mentionné le terme entre 2009 et 2019 permet de relever quelques-uns des soubassements de la notion.
Le radicalisé : musulman, jeune, aliéné
Certes, radicalisation et déradicalisation ne sont pas identiques. En réalité, ces termes ne sont pas même antonymes. Le premier en effet repose sur l’idée d’une trajectoire, et implique le passage d’un état à un autre.
Or, c’est précisément parce qu’il synthétise le mieux les ambitions étatiques d’extraction de la radicalisation que l’étude de ce terme permet de distinguer, au sein de l’immense masse des discours consacrés à la radicalisation, les publics que l’on ambitionne de corriger et de discipliner. En effet, la notion masque en son sein deux archétypes distincts.
À l’ancienne figure du radical, utilisée pour désigner les opposants politiques traditionnels, s’est désormais ajoutée celle du radicalisé. Celle-ci partage trois caractéristiques principales : elle est généralement présentée comme musulmane, jeune et aliénée.
Le champ lexical de la jeunesse
Sur les 211 sujets télévisés ayant titré sur la déradicalisation entre 2009 et 2019, 210 sont spécifiquement consacrés à l’islam. Ce chiffre éloquent atteste du fait que derrière la relative polysémie des discours dénonçant la radicalisation de groupes ou d’individus hétéroclites, les publics faisant l’objet d’une ambition de traitement sont quant à eux considérablement plus restreints.
Pour autant, ces ambitions de réhabilitation ne ciblent pas uniquement les auteurs d’attaques revendiquées par des organisations djihadistes. Elles visent également les individus soupçonnés d’être attirés par ces mouvances.
Dès lors, ces discours ne s’intéressent pas uniquement à la perpétration d’actes violents, mais également aux formes que prend l’islam dans l’espace public – ce qui est généralement qualifié péjorativement de communautarisme. Les questions du passage à l’acte terroriste et de la pratique d’un islam jugé déviant ont ainsi largement fusionné, la radicalisation servant de passerelle analytique permettant de lier l’un à l’autre.
Sans doute moins intuitif, les discours consacrés à la déradicalisation ont également en commun d’utiliser massivement le champ lexical de la jeunesse.
De fait, les qualificatifs « jeune » et « radicalisé » se superposent et sont souvent interchangeables. Or, cette surreprésentation du lexique de la jeunesse dépasse la seule question de l’âge ; elle vise surtout à signifier l’immaturité des publics visés. Le jeune en effet est celui qui est placé en situation d’irresponsabilité et dont la tutelle dépend d’une figure d’autorité.
Jeunes musulmans soupçonnés influençables, les cibles de ces discours sont également présentées comme mues par des forces les dépassant largement.
Envisager sérieusement la réhabilitation psychique d’un individu repose en effet sur une conception de ce dernier comme un être aliéné et incapable de discernement. En témoigne la forte présence du champ lexical de l’emprise sectaire et de l’embrigadement.
Radicalisé, du participe passé au nom commun
C’est ainsi que l’on a pu voir le terme « radicalisé » partager sa qualité de participe passé, puis d’adjectif, avec celle de nom commun. Il existe désormais, dans le langage politico-médiatique, des radicalisés, définis à la forme passive, par leur seul état d’aliénation supposé.
Ces discours, qui pointent des jeunes désorientés, soumis à une influence néfaste et souvent exogène, ont deux effets majeurs. D’abord, ils permettent d’éloigner le mal hors des frontières nationales, puisque les jeunes Français, aux propriétés « naturellement saines » mais conjoncturellement déviants, seraient pervertis par le fruit d’une propagande orchestrée de l’extérieur.
Lors d’une conférence tenue en décembre 2014, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve livre un exemple archétypal de cette rhétorique lorsqu’il déclare :
« Aujourd’hui, le terrorisme est, en quelque sorte, en accès libre. La stratégie suivie par nos ennemis vise en effet à rendre la terreur accessible au plus grand nombre. Tirant parti des nouvelles technologies de l’information, ces organisations criminelles cherchent à inoculer le virus du terrorisme dans les esprits, à manipuler certains de nos concitoyens, souvent les plus jeunes et les plus fragiles. »
Dès lors, une telle rhétorique rend souhaitable une opération de réhabilitation qu’il appartient à l’autorité tutélaire de l’État de mener.
Si l’adjectif « radicaux » sert à désigner les groupes militants engagés contre l’État, que l’on réprouve parfois, mais dont on ne conteste que rarement la capacité de discernement, celui de « radicalisé », à la forme passive, a quant à lui été conçu pour désigner une jeunesse musulmane suspectée de s’engager dans le djihadisme.
De cette dichotomie découle une gestion différenciée : si les radicaux, considérés comme engagés dans la violence politique de leur plein gré, peuvent faire l’objet d’un traitement strictement pénal, les radicalisés sont soumis, en plus de cet arsenal répressif, à une ambition de réhabilitation psychique, sociale et morale.
La figure du radicalisé s’est solidement implantée dans le lexique médiatique afin de désigner les jeunes aspirants djihadistes français – ou ceux dont on estime qu’ils pourraient le devenir.
Un moyen commode de disqualifier les opposants
Toutefois, parce qu’il s’agit d’un moyen commode de disqualifier toute opposition suspectée d’agir hors des balises démocratiques, le terme connaît un certain succès et tend à déborder de ses cibles habituelles.
En janvier 2020, le délégué général de La République en marche Stanislas Guerini dénonçait par exemple l’intrusion du siège de son parti par des « manifestants radicalisés ».
Pour autant, ces usages opportunistes et ponctuels ne doivent pas masquer le fait que les importants moyens mis en place par l’État pour juguler la radicalisation ciblent dans leur immense majorité de jeunes citoyens musulmans.
Clément Beunas effectue son doctorat en sociologie sous la direction de Dietmar Loch et Grégory Salle.
La jurisprudence musulmane ne contient aucune objection légale à la possibilité de construire des églises avec de l’argent appartenant à des musulmans. Le Cheikh Shawki Ibrahim Abdel-Karim Allam, actuel Grand Mufti d’Égypte, a donné cette indication importante pour la coexistence religieuse dans le cadre d’une émission de télévision.
Le Grand Mufti égyptien, dans son intervention télévisée, a indiqué que l’Égypte était le pays à majorité musulmane dans lequel le plus grand nombre de ressources publiques sont utilisées pour la construction de lieux de culte chrétiens, indiquant que c’est une manifestation de la forte cohésion sociale nationale….
À en juger par la façon dont les candidats démocrates à la présidence ont afflué dans les églises afro-américaines pour courtiser le vote des Noirs en Caroline du Sud, la réponse à la question posée dans le titre semble être oui. Et ce, malgré une désaffection croissante des Américains pour la religion.
Joe Biden, Pete Buttigieg, Elizabeth Warren et même Bernie Sanders, sans doute le candidat le moins religieux, se sont tous exprimés dans des églises noires lors de services dominicaux. Rien de très suprenant : les Noirs, largement démocrates, constituent le groupe le plus religieux : 83 % croient en Dieu (contre 61 % des Blancs), et ils sont aussi plus nombreux à fréquenter l’église et à prier.
Mais, au-delà même de cette communauté, c’est le peuple américain dans son ensemble qui continue de se singulariser par sa religiosité :
55 % disent prier régulièrement (contre environ 10 % en France et 6 % au Royaume-Uni) ;
Les sociologues ont d’autres explications exprimées ici, ici et ici). La séparation historique de l’Église et de l’État aurait entraîné un pluralisme religieux qui aurait créé un marché de la religion. Ce « marché » répondrait donc aux désirs des individus, favorisant ainsi la participation religieuse. Cela expliquerait que les églises soient devenues non seulement des lieux de culte dynamiques, mais aussi des lieux de formation, d’échanges, de protection sociale et culturelle, y compris pour les immigrants et les minorités.
Une hypothèse alternative – mais non contradictoire – à cette « théorie religieuse du marché » serait que la religiosité exceptionnellement élevée aux États-Unis aurait été motivée par « la vulnérabilité de la société, l’insécurité, le risque et les inégalités économiques » malgré une prospérité générale indéniable. En d’autres termes, les églises offriraient des filets de sécurité que l’État ne fournit pas.
La religion au Congrès et à la Maison Blanche
Cette religiosité se retrouve tout naturellement dans la sphère politique. Prenons le Congrès américain depuis 2018 : il est, effectivement, plus diversifié sur le plan religieux, mais reste très majoritairement chrétien (88 % contre 71 % de la population adulte américaine).
La religiosité est encore plus visible à la Maison Blanche. Les présidents américains n’ont cessé d’invoquer la foi et Dieu depuis que George Washington a exprimé ses « ferventes supplications à cet Être tout-puissant qui règne sur l’univers » dans son discours inaugural, le 30 avril 1789. De plus, les spécialistes observent que l’utilisation d’un langage religieux et de références explicites à Dieu a augmenté dans la rhétorique présidentielle depuis les années 1980. Par exemple, les itérations de la formule « Dieu bénisse l’Amérique », la déclaration la plus explicite reliant Dieu et le pays, sont désormais attendues dans tout discours important, bien qu’elles aient été presque totalement absentes avant Ronald Reagan.
Selon une étude récente cette tendance semble même s’être accentuée avec Donald Trump.
Bien qu’il affirme être un protestant presbytérien, de nombreux indices laissent à penser que l’actuel locataire de la Maison Blanche est le président le moins religieux de l’ère moderne, tout en étant celui qui invoque le plus la religion.
On note enfin qu’aucune personne de confession juive n’a reçu de nomination présidentielle d’un grand parti (Joseph Lieberman n’a reçu que celle de la vice-présidence démocrate en 2000), et l’identité religieuse mormone de Mitt Romney, le candidat républicain en 2008, n’a pas été sans susciter des controverses.
Un paysage religieux en mutation
La présence toujours plus grande de la rhétorique religieuse dans le discours politique est à la fois la raison et la conséquence de la politisation de la religion, en particulier des évangéliques blancs, depuis les années 1970. Cette politisation a mis en lumière la fracture raciale qui existe aux États-Unis. Selon le PRRI(Public Religion Research Institute), organisation à but non lucratif et non partisane, « aucun groupe religieux n’est plus étroitement lié au Parti républicain que les protestants évangéliques blancs ».
l’expiation des péchés par la mort de Jésus sur la croix ;
la conversion personnelle incluant le salut (le fameux born again, « né de nouveau ») ;
et, bien entendu, le partage de l’évangile, d’où ce mouvement tire son nom.
La situation est rendue davantage compliquée par l’existence d’une petite partie d’évangéliques non blancs (environ un quart) et d’évangéliques blancs progressistes (environ 15 %) qui ont tendance à voter pour les démocrates. Néanmoins, les statistiques montrent une érosion continue du nombre d’Américains qui s’identifient comme protestants évangéliques depuis les années 1990, particulièrement au sein des jeunes générations. De même, le nombre de catholiques a lentement diminué, alors que le nombre de protestants historiques « Mainline », lui, s’est véritablement effondré.
La tendance la plus discutée par les spécialistes (ici, ici, ou ici) est l’augmentation du nombre d’Américains qui ne s’identifient à aucune religion, à savoir les nones (non affiliés à une religion). Ils sont maintenant au moins aussi nombreux que les évangéliques.
Mais comme le note le chercheur Lauric Henneton (ici et ici), l’étiquette nones est trompeuse : ceux-ci ont seulement en commun de ne pas vouloir être comptés comme appartenant à un groupe religieux ou à des traditions établies, ce qui ne dit rien de leurs croyances réelles. Une enquête de 2014 montre que les athées et les agnostiques sont en augmentation, mais représentent toujours moins d’un tiers des nones, le reste s’identifiant comme « rien de particulier ».
Au-delà même d’une religiosité culturelle ou confessionnelle, c’est l’expression spirituelle que semblent vouloir nombre de candidats démocrates à la présidence (à la différence d’Hillary Clinton, qui était en public). Ils ont ainsi tous parlé de , et en ont fait un pont entre les divisions raciales, socio-économiques et culturelles. C’est particulièrement le cas d’Elizabeth Warren et de Pete Buttigieg.
Buttigieg a été le plus offensif sur sa foi, y compris dans le contexte de son mariage avec un autre homme dans son église épiscopale. Aucun candidat depuis Barack Obama n’avait embrassé la religion avec autant de conviction. Il a accusé les Républicains d’hypocrisie religieuse dans leur politique d’immigration, tout en revendiquant la foi pour la gauche : « Dieu n’appartient pas à un parti politique aux États-Unis d’Amérique », a-t-il déclaré, ajoutant que « la foi et la religion » ont un « pouvoir unificateur ».
Joe Biden, quant à lui, a parlé de sa foi non pas en termes politiques mais dans le contexte de la perte de membres de sa famille, notamment de son fils, Beau en 2015 :
Amy Klobuchar, enfin, a établi un lien entre son réveil religieux et l’alcoolisme de son père.
Bernie Sanders et Michael Bloomberg sont probablement les candidats les moins religieux. Tout en affirmant croire en Dieu, Michael Bloomberg est depuis longtemps mal à l’aise dans l’expression de sa foi. Le lien entre sa judaïcité et sa politique semble être essentiellement visible dans son soutien à Israël.
Vers un match entre un socialiste laïque et un catholique centriste ?
À moins que l’approche non conventionnelle de Bloomberg (que personne ne sait analyser) ne créé la surprise, les primaires démocrates semblent se diriger vers un duel entre Joe Biden et Bernie Sanders, un duel qui oppose deux conceptions politiques et religieuses.
Joe Biden, lui, évoque sa foi en termes émotionnels et personnels. Tout en exprimant une peine authentique, il fait de son chagrin et sa douleur des atouts politiques, n’hésitant pas à les mettre en scène dans cette publicité de campagne par exemple, où il reprend presque mot pour mot ce qu’il a dit en interview.
Il est le seul candidat démocrate considéré comme « plutôt religieux » par plus de la moitié des adultes américains (55 %).
En construisant ainsi un lien empathique avec de nombreux électeurs, il évite également les sujets plus polémiques : ses positions fluctuantes et contradictoires sur les questions de l’avortement, ou du mariage homosexuel dans le conflit qui oppose son parti à l’église catholique, ou encore le refus récent d’un prêtre de lui donner la communion au motif de son soutien à l’avortement).
Si Bernie Sanders remportait l’investiture, sans parler de la présidence, il représenterait une nouvelle rupture des normes de la politique américaine moderne : il serait le premier président identifié comme juif, laïque et socialiste.
Son obstacle principal n’est pas sa vision laïque du monde, ou encore son judaïsme, mais plutôt son étiquette socialiste – et là encore, ce n’est pas seulement la fracture raciale ou religieuse qui divise l’électorat, mais aussi le fossé générationnel.