Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

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Côte d’Ivoire, Ghana : réveillez-vous ! La Chine exporte du cacao vers la Belgique

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Mis à jour le 19 août 2021 à 18h46
 


Par  Kelvin Ayebaefie Emmanuel

Kelvin Ayebaefie Emmanuel est le co-fondateur et le DG de Dairy Hills

Séchage des fèves de cacao au Ghana
Séchage des fèves de cacao au Ghana © Nyani QUARMYNE/PANOS-REA

Premiers fournisseurs mondiaux, les exportateurs africains de cacao ne touchent que 5 % des revenus de l’industrie du chocolat, sur un total annuel mondial de 130 milliards de dollars. Ils doivent maintenant faire face à l’arrivée de la Chine sur le marché.

En 2013, Mondelez, la société mère de Cadbury Australia, avait annoncé qu’elle allait investir 59 millions de dollars dans des essais de culture de cacaotiers le long de son usine de Hobart, en Tasmanie, au nord de l’Australie. Le but était d’augmenter la production annuelle de fèves. 

Cela aurait dû être un premier signal d’alarme pour les producteurs africains. C’est désormais la Chine qui se lance dans la production de cacao, avec des projets expérimentaux qui ont déjà permis l’exportation de fèves vers la Belgique.

L’Afrique subsaharienne fournit aujourd’hui 86 % de la production mondiale de fèves de cacao, les 14 % restants étant apportés par le Brésil (12 %) et Trinidad-et-Tobago (2 %), mais elle ne touche que 5,35 % des revenus générés par l’ensemble de l’industrie (de la fève brute aux tablettes de chocolat).

 

Pourquoi ? Pour certains, cela tient au fait que l’Afrique consomme elle-même peu de ses produits dérivés, avec seulement 1 % de la consommation mondiale.

D’autres estiment que l’Afrique, contrairement à l’Europe, n’a pas encore la capacité technique de construire des modèles intégrés pour transformer la matière première en produits finis et gérer la chaîne d’approvisionnement.

D’aucuns mettent en avant le manque d’investisseurs industriels, dû à des conditions d’emprunt difficiles (taux trop élevés, garanties exigées trop strictes), d’une préférence pour la liquidité et plus globalement d’un manque de confiance dans l’économie.

Une vision trop réduite des choses

Ces trois arguments sont tout à fait recevables. Mais si nous ne parvenons pas à capter plus de la valeur de la chaîne d’approvisionnement c’est parce que nos petits exploitants agricoles, nos coopératives, nos organismes de réglementation et les gouvernements en place ne voient pas assez grand.

Ils laissent l’ensemble de l’industrie locale planter les fèves, les récolter et les vendre à des courtiers internationaux à des prix inférieurs à ceux acceptés sur les marchés internationaux des matières premières.

La chaîne de valeur est donc biaisée, au détriment des pays qui dépendent de la production primaire. En effet, l’agriculture comprend quatre socles : la production primaire, le stockage, la transformation et la distribution, mais ces différents niveaux ne sont pas rémunérés de la même manière. Plus on avance dans la chaîne d’approvisionnement, plus on gagne.

Menace chinoise

C’est dans ce contexte inquiétant qu’il faut placer l’arrivée de la Chine sur le marché du cacao. L’Académie chinoise des sciences agricoles tropicales (CATAS) a travaillé à la culture du cacao dans la province de Haina et a récemment exporté 500 kg de fèves de cacao vers la Belgique, pour une valeur dérisoire de 3 044 euros (pour l’instant).

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NOUS DEVONS CHANGER AU PLUS VITE LA FAÇON DONT NOUS PRODUISONS LE CACAO

Alors que le Cocobod du Ghana (l’organisme paraétatique qui organise la production de cacao du pays) a assuré que cette exportation chinoise n’avait rien d’inquiétant, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs agricoles du Ghana, Edward Kareweh, s’est montré lui beaucoup plus préoccupé. « Nous devons changer au plus vite la façon dont nous produisons le cacao dans ce pays. Nous utilisons des pioches et des couteaux dans nos exploitations depuis plus de 100 ans », a-t-il déclaré.

La Chine a compris qu’elle pouvait tirer parti de la fragilité du modèle africain en produisant suffisamment de fèves pour le vendre à l’Europe, dans le but de réduire sa balance commerciale due à l’importation de chocolat.

Elle songe même à développer ses propres industries pour fabriquer des barres de chocolat et d’autres produits dérivés qui serviront à nourrir 1,4 milliard de Chinois. La fève de cacao est riche, et peut être utilisée dans les barres de chocolat donc, mais aussi dans les préparations pour gâteaux, les aliments pour le petit-déjeuner, les boissons, la crème glacée.

Des solutions malgré tout

Pour tenter de s’emparer d’une plus grande partie de la chaîne de valeur le Ghana et la Côte d’Ivoire ont créé un « Chocopec », avec un prix plancher en dessous duquel les agriculteurs ne peuvent pas vendre leurs matières premières.

Mais la décision du Cocobod au Ghana et du gouvernement ivoirien de fixer un prix plancher pour la fève est en réalité contre-productive. Car si l’Afrique subsaharienne contrôle 86 % de la chaîne d’approvisionnement mondiale en intrants primaires, elle ne contrôle pas la division « achat » des produits dérivés, ni les sections secondaire (autrement dit la fabrication) et tertiaire (la logistique et la distribution) de la chaîne de valeur ajoutée.

La réponse se situe en partie dans l’intégration en amont, c’est-à-dire par la substitution des importations.

Certains pays comme la Côte d’Ivoire ont déjà entamé ce processus. Mais la plupart des additifs primaires nécessaires à la transformation du beurre de cacao en chocolat, comme le lait et le sucre, sont encore importés d’Europe.


Cacao © Flickr/Licence CC

Pour que la Côte d’Ivoire puisse tirer pleinement profit de sa production primaire de fèves de cacao, elle doit en outre trouver des marchés dans son pays et sur le continent, car elle ne peut pas construire une chaîne d’approvisionnement sans acheteurs.

Une solution envisageable serait de veiller à ce que le Nigeria développe son plan national de transformation de l’élevage (NLTP) dans le cadre de son programme de développement laitier. Cela lui permettrait de fournir à ses voisins les matières premières et les additifs nécessaires à la transformation du cacao, sans avoir à aller les chercher en Amérique du Sud.

Autre possibilité, la construction au Ghana de fermes d’élevage entièrement mécanisées pour la production de lait, ou encore la mise en place de modèles verticalement intégrés pour pouvoir transformer la canne à sucre.

Ces projets doivent être débattus au niveau régional, par exemple lors des sommets économiques organisés par les dirigeants politiques du continent.

L’Institut de recherche sur le cacao du Ghana (CRIG) a de son côté produit des échantillons de produits issus de ses recherches sur les utilisations futures du cacao. Les usages futurs sont nombreux : cosmétiques, produits de toilette, engrais, boissons, biocarburants etc. La commercialisation des résultats de cette étude pourrait être très intéressante, à condition toutefois de trouver un financement privé.

Repenser le modèle de financement

Or les projets qui émergent ont en effet souvent du mal à se financer.

Aujourd’hui les entrepreneurs ne peuvent pas obtenir un prêt sans fournir aux banques des actifs physiques en garantie car il n’existe pas de système conçu pour analyser la solvabilité des emprunteurs. Autrement dit, il est impossible d’avoir accès au capital de long terme avec des garanties moins exigeantes.

Le cas d’Edmond Poky l’illustre bien. Cet homme d’affaires ghanéen, qui a obtenu un MBA à Columbia, a décidé de quitter son emploi chez Goldman Sachs pour créer son entreprise. Mais au moment du lancement de son projet, il n’a pu lever au Ghana que 2 millions de dollars sur les 40 qu’il espérait obtenir et a finalement dû se financer sur les marchés américains. Son entreprise, Niche Cocoa Processing Limited, a engrangé l’an dernier 120 millions de dollars de revenu.

Seul un fonds d’investissement dédié aux entreprises aux entreprises ayant des modèles commerciaux et financiers bancables de transformer la fève de cacao en produits finis permettrait de lever ces obstacles au financement.

Les gouvernements, en partenariat avec la Banque africaine de développement, la Banque africaine d’import-export (Afrexim) et la Société financière africaine, ainsi que les banques de dépôt, doivent s’unir pour fournir des capitaux « patients », au coût raisonnable aux entrepreneurs ayant des projets intéressants.

Comme le dit un célèbre proverbe chinois : « Le meilleur moment pour planter un arbre était il y a 20 ans, le deuxième meilleur moment est maintenant ». C’est aujourd’hui l’occasion pour le continent africain de récupérer sa part du gâteau.

Assassinat de Thomas Sankara : un procès sans Blaise Compaoré ?

| Par Jeune Afrique
Le capitaine Thomas Sankara, président du Burkina Faso, le 7 février 1986 à Paris.
Le capitaine Thomas Sankara, président du Burkina Faso, le 7 février 1986 à Paris. © PASCAL GEORGE / AFP

Le procureur militaire a annoncé l’ouverture du procès des assassins présumés de l’ancien président burkinabè et de ses compagnons, tués en octobre 1987. Parmi les accusés figure Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire depuis sa chute.

Depuis le 14 avril, le procès semblait inéluctable. Ce jour-là, la chambre de contrôle de l’instruction avait renvoyé le dossier de l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara et de ses douze compagnons en jugement devant le tribunal militaire de Ouagadougou.

En annonçant, ce mardi 17 août, qu’une date a finalement été retenue, le procureur militaire vient donc confirmer que justice va être rendue dans ce dossier vieux de trente-quatre ans : ce sera le 11 octobre 2021, à partir de 9 heures. « Cette audience de la chambre de jugement, délocalisée dans la salle des banquets de Ouaga 2000, est publique », est-il précisé dans un communiqué. Les Burkinabè sont invités à suivre les audiences dans cette salle des fêtes transformée pour l’occasion en tribunal.

« Attentat à la sûreté de l’État »

Quatorze personnes vont être jugées pour l’assassinat du père de la révolution burkinabè, le 15 octobre 1987 : l’ancien président Blaise Compaoré ; Gilbert Diendéré, qui est déjà sous le coup d’une condamnation à vingt ans de prison pour le putsch manqué de 2015 ; Hyacinthe Kafando ; Bossobè Traoré ; Nabonswendé Ouédraogo ; Idrissa Sawadogo ; Yamba Elysée Ilboudo ; Tibo Ouédraogo ; Albert Pascal Sibidi Belemlilga ; Diakalia Démé ; Mori Aldjouma Jean-Pierre Palm ; Alidou Jean Christophe Diébré ; Hamado Kafando et Ninda Tondé.

Blaise Compaoré et Gilbert Diendéré sont accusés d’« attentat à la sûreté de l’État » et de « complicité d’assassinat ». L’ex-président et celui qui fut son chef d’état-major particulier sont également poursuivis pour « recel de cadavres ». Les charges d’« assassinat », que l’accusation avait initialement réclamées à l’encontre de Diendéré, n’ont finalement pas été retenues, mais il sera poursuivi pour « subornation de témoins ».

Quatre hommes, qui comptaient parmi les gardes du corps de Blaise Compaoré à l’époque des faits, seront pour leur part jugés pour « assassinat ». Il s’agit de Nabonsouindé Ouedraogo, Idrissa Sawadogo, Yamba Élysée Ilboudo et Hyacinthe Kafando.

Ce dossier politico-judiciaire a été relancé après la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014. Si le cas de l’ex-président cristallise l’attention, il y a toutefois peu de chances qu’il assiste à son procès. En exil en Côte d’Ivoire depuis 2014, pays dont il a pris la nationalité, il ne devrait pas être extradé malgré les mandats d’amener délivrés par la justice burkinabè.

Retour au pays compromis

Depuis quelques mois, des discussions ont lieu entre les autorités des deux pays. Alors que Roch Marc Christian Kaboré a placé son second mandat sous le signe de la réconciliation, les partisans de Blaise Compaoré ont fait de son retour l’une des conditions de leur participation à d’éventuelles discussions. Zéphirin Diabré et Kouadio Konan Bertin, ministres de la Réconciliation respectifs des deux pays, ont d’ailleurs échangé sur la question.

L’annonce de l’ouverture prochaine du procès compromet néanmoins l’hypothèse d’un retour. « Cela serait évidemment mieux que Blaise Compaoré soit là, avait confié en mars dernier à Jeune Afrique Me Guy Hervé Kam, avocat de certaines familles de victimes. Mais il y a suffisamment d’éléments et de témoignages dans le dossier qui permettent de montrer qu’il était le cerveau de cette affaire. »

Mali: plus d'un millier de déplacés après des attaques de jihadistes

Des déplacés fuient des attaques jihadistes dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso).
Des déplacés fuient des attaques jihadistes dans la zone des trois frontières (Mali, Niger, Burkina Faso). OLYMPIA DE MAISMONT AFP/File

Après les attaques du 8 août de plusieurs localités maliennes attribuées aux jihadistes, vers la frontière avec le Niger, qui ont fait 42 civils tués, on compte aujourd’hui de nombreux civils déplacés. Plus d’un millier de personnes ont quitté leurs villages pour se rendre à Labbézanga, tout proche de la frontière du Niger, ou plus à l’intérieur du territoire malien. Des ONG se sont rendues sur place.

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Avec notre correspondant à Bamako, Serge Daniel

Dans la localité malienne de Labbézanga et ses environs, on compte plus d’un millier de déplacés selon les autorités locales. Sur place, les écoles publiques sont réquisitionnées pour servir de lieu d’hébergement. Dans d’autres localités de cette région de Gao, par peur ou sur ordre des jihadistes, des civils démunis ont également abandonnés leur villages

Abdoul Nassir, Président du réseaux des communicateurs pour la paix du cercle de Ansongo, est sur le terrain. « Ces populations arrivent dans la plus grande désolation, dans la plus grande précarité, nous explique-t-il par téléphone. C'est le sauve-qui-peut. C'est du "no comment", ce qui se passe dans cette zone. »

« Psychose »

Selon lui, la situation risque de s’aggraver. « La psychose est en train de gagner d'autres communes. Les gens sont sur le qui-vive, parce que jusqu'à présent, et à l'instant où nous parlons, il n'y a pas de présence militaire dans cette zone. Et cela inquiète beaucoup la population. »

Des ONG locales et étrangères sont sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter assistance aux populations , une semaine après les attaques jihadistes.

► À lire aussi : Niger: nouvelle attaque jihadiste et insécurité grandissante à la frontière avec le Mali

RDC, Côte d’Ivoire, Sénégal… Pourquoi les prix alimentaires flambent en Afrique

| Par 
Mis à jour le 10 août 2021 à 10h42
Supermarché Cash Ivoire – St Michel Adjamé, à Abidjan.
Supermarché Cash Ivoire - St Michel Adjamé, à Abidjan. © Guillaume Binet/MYOP pour JA

 

Pandémie, sécheresse, dépréciation de la monnaie… Les coûts des biens alimentaires augmentent à toute allure en Afrique subsaharienne.

Les prix alimentaires mondiaux ont bondi de +39,7% entre mai 2020 et mai 2021. Tel est le constat réalisé par la FAO, l’organisme onusien dédié à l’alimentation et l’agriculture.

D’une part, cette hausse s’explique par l’envolée des cours des matières premières agricoles. Selon les prévisions 2021 du rapport CyclOpe, qui fait autorité dans le domaine, les prix de l’huile de palme sont attendus en hausse de +26% cette année, ceux du café et du maïs de +20% et les prix du riz de +5%. En cause, la forte demande chinoise et les restrictions liées au Covid-19.

À cela s’ajoute la dépréciation de la monnaie dans certains pays, notamment au Zimbabwe et en Éthiopie, qui a fait grimper les prix des denrées alimentaires locales, souligne le Programme alimentaire mondiale (PAM).

Enfin, les pays dépendant des importations ou ceux touchés par les chocs climatiques – notamment la sécheresse ou les inondations – ont vu leurs prix alimentaires augmenter.

Délestage et pandémie

Au Burkina Faso, les prix des produits alimentaires ont subi une hausse de +1,9% en 2020 (contre -3,2% en 2019), selon un rapport publié par le FMI en avril 2021. Concernant le Sénégal et la Côte d’Ivoire, il s’agit d’une augmentation de +2,5% (respectivement +1% et +0,8% en 2019), au Cameroun +2,8% (+2,5% en 2019) et au Tchad +3,5 (-1% en 2019).

En Côte d’Ivoire, la hausse du prix des produits alimentaires est passée de 0,8% en 2019 à 2,5% en 2020. Le Premier ministre ivoirien Patrick Achi explique cette tendance par la pandémie du Covid-19 et par les importantes coupures d’électricité du mois de juin qui ont ralenti l’activité économique.

Selon l’Institut national de la statistique en Côte d’Ivoire, le prix des tubercules et des bananes plantains a augmenté de +16,6% entre juin 2020 et juin 2021. Les viandes ont, quant à elles, connu une hausse de +12,6%, les légumes frais de +12,2% et les poissons de +6,6%.

De fait, le gouvernement a mis en place des mesures pour protéger le pouvoir d’achat des Ivoiriens. L’instauration de prix plafonds sur certains produits tels que le riz, l’huile et la farine est à l’étude. Aussi, le Premier ministre a annoncé la reprise des activités du Conseil national contre la vie chère, instauré en 2017 et chargé de lutter contre la hausse des prix alimentaires.

 

Une hausse de +557% au Zimbabwe

Parmi les pays les plus touchés par l’inflation des prix alimentaires en 2020 en Afrique Subsaharienne, on retrouve le Zimbabwe +(557,2%), le Soudan du Sud (+38%), l’Angola (+22,3%), l’Éthiopie (+20,4%) et le Liberia (+17%) selon les données du FMI. La RDC a, quant à elle, vu ses prix augmenter de +11,3% en 2020.

La progression des prix à la consommation au Zimbabwe est passée de +10,6% en 2018 à +557,2% en 2020. Plusieurs facteurs expliquent cette hausse inhabituelle. « La chute de la production est attribuée à l’instabilité économique, à la suppression des subventions sur la farine de maïs, les combustibles et les prix de l’électricité, à la réduction des revenus en devises, et à la création monétaire excessive », a indiqué la Banque africaine de développement.

À cela s’ajoutent la pandémie de Covid-19 et une période de sécheresse prolongée, qui ont engendré une baisse de -10% du PIB en 2020, précise la banque panafricaine.


Marché à Brazzaville. © Baudouin Mouanda pour JA

 

Dévaluation du franc congolais

En RDC, le prix des produits alimentaires a fluctué ces dernières années. Avec une progression moyenne de +10,1% entre 2010 et 2017, la hausse des prix à la consommation est passée de +4,7% en 2019 à +11,3% en 2020 selon les données disponibles.

En cause, la dépréciation rapide du franc congolais. « Le franc congolais s’est déprécié de -12,4% par rapport au dollar américain entre 2019 et 2020 », a indiqué la Banque africaine de développement.

Le pays, qui importe près de 80% de ses produits alimentaires, a également été affecté par la fermeture des frontières. Pour lutter contre la « vie chère », le gouvernement a annoncé fin juin une batterie de mesures pour réduire le prix des produits alimentaires importés, dont la baisse par deux de la TVA sur les billets d’avion.