Vu au Sud - Vu du Sud

Aujourd’hui, revenons sur le parcours sinueux de Marcel Amon-Tanoh. Après avoir été longtemps un proche collaborateur d’Alassane Ouattara, cet ancien directeur de cabinet à la présidence et ministre des Affaires étrangères s’est montré virulent contre le chef de l'État durant la campagne électorale. A l'heure actuelle pourtant, il garde ses distances avec l’opposition, convaincu que "l'on ne combat pas l’illégalité par l’illégalité".

Entre ses anciens camarades de la mouvance présidentielle, qui le taxent d’ingratitude et d'incohérence, et une opposition qui l'accuse de manquer de courage, saura-t-il trouver sa place sur l’échiquier politique au lendemain de la réélection d’ADO ?
 
AFRIQUE SUBSAHARIENNE
Côte d’Ivoire : Marcel Amon-Tanoh à la recherche d’une troisième voie
Par Benjamin Roger
Il a été tour à tour ministre puis opposant, virulent puis soudain discret, candidat déclaré puis retoqué... Malgré les revers, Amon-Tanoh entend continuer à creuser son sillon et cultive sa « différence » au sein de l'opposition.
Son discours en avait frappé plus d’un. Ce 10 octobre, la plateforme d’opposition au troisième mandat d’Alassane Ouattara a convié ses partisans à un "giga-meeting" au stade Félix Houphouët-Boigny, à Abidjan. À la tribune, les principaux opposants au président sortant se succèdent pour dénoncer une "forfaiture" et une candidature "illégale et anticonstitutionnelle". Vient le tour de Marcel Amon-Tanoh. Comme beaucoup d’autres, celui qui fut longtemps le directeur de cabinet puis le ministre des Affaires étrangères du chef de l’État a vu sa candidature à la présidentielle rejetée par le Conseil constitutionnel mi-septembre. En chemisette blanche, index levé, il étrille son ancien patron.

"Nous sommes prêts à mourir pour notre pays. Nous sommes prêts à mourir pour libérer notre pays de la dictature d’Alassane Ouattara. Nous ne reculerons plus devant rien. Nous sommes debout. Nous en avons marre. Dites-lui de libérer notre pays et de nous le rendre !", lance-t-il sous les acclamations de la foule.

"Tu dois la fermer !"

Des propos très durs qu’ont évidemment peu appréciés le chef de l’État et son entourage. Deux jours plus tard, Adama Bictogo, le secrétaire exécutif du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), réplique d’ailleurs violemment lors d’un meeting du camp présidentiel. "Nous n’accepterons pas qu’il fasse preuve d’ingratitude. Nous disons à Amon-Tanoh : ''Tu dois la fermer ! On ne peut pas être ingrat jusqu’au bout [...] Comment toi, Amon-Tanoh, peux-tu te permettre, avec tout ce que tu as reçu, tout ce qui t’a lié au président Alassane Ouattara ?''

Le 31 octobre, le président sortant est, sans surprise, réélu pour un troisième mandat à l’issue d’un scrutin boycotté par ses opposants et émaillé de violences (elles ont fait plus de 80 morts depuis le mois d’août). Ses principaux opposants, Henri Konan Bédié en tête, annoncent la création d’un Conseil national de transition (CNT). La riposte est immédiate : la résidence abidjanaise de Bédié est encerclée par les forces de l’ordre et plusieurs figures de l’opposition sont arrêtées pour "sédition".

Marcel Amon-Tanoh, lui, reste silencieux. C’est par un communiqué, publié le 9 novembre sur ses réseaux sociaux, qu’il prend enfin position. "Je déplore la création du Conseil national de transition qui n’a aucun fondement légal et qui ravive les tensions et les risques d’affrontements. Je souhaiterais néanmoins qu’en signe d’apaisement, les personnes incarcérées soient libérées." Depuis, plus rien, hormis une publication le 11 novembre pour se "réjouir" de la reprise, le jour même, du dialogue entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié à l’hôtel du Golf.

Incompréhension

Dans les rangs de l’opposition, beaucoup ne comprennent pas son mutisme depuis son discours enflammé au stade Félix Houphouët Boigny, et encore moins son désaveu public du CNT. Cette prise de position lui a d’ailleurs valu des remarques acides sur son manque de courage présumé face aux autorités ivoiriennes. "Je ne parle que lorsque j’ai quelque chose à dire, rétorque Marcel Amon-Tanoh. Je me suis opposé au CNT car on ne combat pas l’illégalité par l’illégalité et on ne répond pas à un acte anticonstitutionnel en posant un autre acte anticonstitutionnel."

A-t-il subi, comme le pensent certains, des pressions du pouvoir dans la foulée des menaces formulées par Adama Bictogo ? Il assure que non. "Je ne suis pas un homme peureux. Certains ont pensé que je ne me présenterai pas contre le président Ouattara par peur. Mais je n’ai aucune raison d’avoir peur. Je refuse qu'on me dicte ma conduite et j'assume mes choix", répond-t-il.

Avec le président, la rupture remonte au début de l’année. Le 19 mars dernier, une semaine après la désignation d’Amadou Gon Coulibaly comme candidat du RHDP à la présidentielle, le chef de la diplomatie ivoirienne annonce sa démission du gouvernement. Évoquant des "divergences de fond" avec Alassane Ouattara, il est surtout opposé au choix de Gon Coulibaly comme dauphin - lui était favorable à l’organisation de primaires. "Marcel n’a jamais digéré que le président lui préfère Amadou pour être le candidat du RHDP", lâche un ministre. L’intéressé rétorque qu’il n’en est rien et qu’il a toujours eu de bons rapports avec le Premier ministre, décédé le 8 juillet. "Certains ont essayé de personnaliser le débat autour du choix du candidat, mais cela faisait un moment que j’exprimais ma différence en interne", assure-t-il.

En retrait au sein de l'opposition

Sa "différence", le nouveau venu en politique n’hésite pas à la cultiver au sein de l’opposition. Avant de se démarquer sur la formation du CNT, il s’était aussi montré prudent sur "l’appel à la désobéissance civile" lancé par Bédié et les principaux opposants. Lors d’un entretien chez lui, à Abidjan, fin septembre, il ne cachait pas ses réticences à appeler les Ivoiriens à descendre dans la rue alors que les manifestations étaient interdites et réprimées. "Je suis un homme responsable. Je ne suis pas prêt à les envoyer mourir donc je ne les appelle pas à marcher", expliquait-il. "Il a toujours été un peu en retrait au sein de la plateforme d’opposition et ne participait pas à toutes les réunions", se rappelle une figure du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).

Ses divergences de vue avec les autres opposants, Marcel Amon-Tanoh les assume. "Il faut que la démocratie que nous réclamons s’applique à tout le monde. J’ai le droit de penser autre chose que les autres membres de l’opposition", estime-t-il. Pas question, pour autant, de rompre les liens avec les autres forces de l’échiquier politique. Le 12 novembre, au lendemain de l’entretien entre Ouattara et Bédié, il a rencontré longuement le "Sphinx de Daoukro", qu’il a encouragé à enterrer le projet de CNT et exhorté à reprendre le dialogue avec le pouvoir.

"Je suis un opposant qui construit. Quand je m’oppose, je dis pourquoi et je propose une solution alternative", affirme-t-il. Assurant rester "fidèle à sa ligne", il continue à plaider pour un "dialogue inclusif" entre le régime et tous les acteurs politiques. Et appelle le président, maintenant qu’il est réélu, à "faire des signes d’apaisement", notamment en libérant les personnalités de l’opposition arrêtées après la présidentielle.

Sur le fond, l’ex-directeur de cabinet de Ouattara continue à dénoncer la situation sociopolitique actuelle en Côte d’Ivoire. "La présidentielle n’a rien changé. Le président a été réélu, le RHDP est content, mais il n’y a pas plus de démocratie dans notre pays. Le problème des libertés est toujours d’actualité. Il suffit de regarder le sort récemment réservé aux artistes Yodé et Siro [condamnés à un an de prison avec sursis pour avoir accusé la justice de partialité] pour le constater."

"Il n’est pas crédible, tacle un ministre. Il a été aux côtés du président pendant des années et a été un de ses plus proches lieutenants. Sa démarche est incohérente et illisible."

Malgré l’invalidation de sa candidature à la présidentielle, Amon-Tanoh entend continuer à creuser son sillon, en développant le mouvement qu’il a lancé durant la dernière campagne électorale. "Je compte rester dans le paysage, en faisant de la politique à ma manière", clame-t-il.

Sera-t-il candidat aux prochaines élections législatives, censées se tenir au cours du premier semestre 2021 ? Jamais élu député, ce fils d’une grande famille influente d’Aboisso n’écarte pas l’hypothèse, ni celle de soutenir d’autres candidats. En attendant, il continue à guetter l’évolution des pourparlers avec Ouattara. "Si le président décide d’ouvrir le gouvernement à l’opposition, on écoutera et on observera. Si je peux servir son pays, je ne dis pas non."

[Édito] Après Ouattara, Bédié, Gbagbo… 2025, c’est déjà demain

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Par  Marwane Ben Yahmed

Directeur de publication de Jeune Afrique.

(@marwaneBY)

Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo

Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo © Montage Jacques Torregano/CEO FORUM/JA ; Vincent FOURNIER/JA ; Vincent Fournier/JA

 

C’est désormais une certitude, le temps des éléphants de la politique ivoirienne, Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo, sera révolu en 2025. Mais leur délicate succession ne sera pas une sinécure…

Abidjan, début décembre. Le temps fait son œuvre. Le pays « à feu et à sang » décrit par de nombreux médias occidentaux, bernés par les communicants de l’opposition ou trop paresseux pour décrypter une situation bien plus complexe que celle décrite par les disciples de Mani, a repris le cours de sa vie d’avant. La tempête, née de la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat, est passée. Sa réélection a été validée par le Conseil constitutionnel et reconnue par la communauté internationale, la Cedeao en tête. Il est plus que jamais le maître du jeu.

« La crise a finalement été une bonne chose, nous a confié un membre éminent de sa garde rapprochée. Tout le monde a eu peur, on a décrit de l’extérieur une situation apocalyptique et annoncé une guerre civile, en s’appuyant sur les rodomontades de l’opposition, en particulier de Guillaume Soro. Mais tout le monde a vu que la catastrophe prédite n’a pas eu lieu. 87 morts, c’est déjà trop, mais cela aurait pu être bien pire. Nous avons tenu, les militaires n’ont pas bougé et les quelques feux sporadiques qui ont pris n’ont concerné que certains bastions de l’opposition, comme par hasard. »

Reste l’essentiel, et peut-être le plus difficile : tirer toutes les conclusions de cette séquence des plus pénibles. Se poser les bonnes questions, faire son autocritique et, surtout, préparer l’avenir. En 2025, c’est désormais une certitude, prendra fin le temps des trois éléphants que sont Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo. Tous sont donc confrontés au même exercice, organiser leur succession.

Aux antipodes du précédent mandat

Du côté d’Alassane Ouattara et du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la réflexion est déjà bien avancée. Et la stratégie on ne peut plus claire : ce troisième mandat doit être aux antipodes du précédent, parasité par les querelles politiques, les tractations, les ambitions, les trahisons. Retour aux fondamentaux, donc, à la gestion et au développement du pays, confiés au Premier ministre, Hamed Bakayoko, et au secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, qui forment un binôme désormais soudé et particulièrement complémentaire.

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IL FAUT OUVRIR LE RHDP, ÉLARGIR LA BASE ET FAIRE ÉMERGER UNE NOUVELLE GÉNÉRATION

Une équipe gouvernementale remaniée est attendue d’ici à la mi-décembre. Les cadres du parti, eux, sont priés d’avoir la victoire modeste. Il faut ouvrir le RHDP, élargir la base, notamment géographiquement et, surtout, faire émerger une nouvelle génération qui, si elle existe, doit monter en grade et prendre ses responsabilités.

Plus délicat, il faut trouver un patron à cette équipe, en remplacement de feu Amadou Gon Coulibaly, décédé en juillet. Un homme travailleur, rassembleur, qui devra passer beaucoup de temps sur le terrain, à la rencontre des troupes sur le plan local. Ce ne pourra, selon toute vraisemblance, être Hamed Bakayoko, qui n’aura guère de temps à accorder à cette mission tant celle qui l’attend au gouvernement s’annonce ardue. Reste donc pour Alassane Ouattara à trouver l’oiseau rare. Et que ce dernier ne se prenne pas à rêver d’un destin présidentiel…

Car 2025 est déjà dans toutes les têtes. Si le chef de l’État a laissé entendre que la compétition était totalement ouverte et que, cette fois, il ne désignera officiellement personne, tout le monde sait que deux de ses plus proches lieutenants, Bakayoko et Achi, partent avec plusieurs longueurs d’avance. Le premier devrait conserver la Primature, où il donne entière satisfaction à son patron, et y poursuivre son ascension tout en se forgeant une expérience de numéro 2, en étant confronté à des dossiers plus complexes qu’à l’Intérieur ou à la Défense (maroquin qu’il a conservé), en se frottant aux sujets économiques comme, fin novembre, lors de l’émission à succès d’un eurobond d’un milliard d’euros. Le poste de vice-président, lui, restera vacant, en tout cas dans l’immédiat.

Remplacer les « fidèles  » disparus

Ce mandat ne sera pas une sinécure, c’est évident. Les plaies de la crise électorale sont encore vives. Ouattara lui-même, dont l’image a été écornée par son choix de concourir, même s’il s’en est expliqué et n’avait guère d’autre possibilité, a été particulièrement éprouvé, notamment par le décès de son « fils », Amadou Gon Coulibaly. Au-delà du drame que cela a représenté et de l’affliction qui l’a étreint, il est aujourd’hui privé de son plus fidèle collaborateur, qui gérait par délégation tant de dossiers épineux qu’il est aujourd’hui irremplaçable.

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ALASSANE OUATTARA DOIT REBÂTIR SON SYSTÈME DE FOND EN COMBLE, LE RÉGÉNÉRER

Une telle proximité, tissée pendant plus de trois décennies, est impossible à retrouver. Pis, d’autres cadres sont également portés disparus, et non des moindres : des « fidèles » de très longue date qui n’ont guère supporté le choix de Gon Coulibaly comme dauphin, tels l’ancien vice-président Daniel Kablan Duncan ou l’ex-ministre des Affaires étrangères Marcel Amon Tanoh. Sans compter Mamadi Diané, ancien conseiller spécial, et Sidiki Diakité, ex-ministre de l’Intérieur, qui tous deux sont décédés.

Alassane Ouattara doit donc rebâtir son système de fond en comble, le régénérer, trouver de nouvelles têtes susceptibles d’apporter leur écot. Mais pour un homme tel que lui, qui n’accorde guère aisément sa confiance et peut se montrer particulièrement exigeant, ce sera tout sauf simple. A-t-il seulement le choix ? Seule certitude, il devra apprendre à fonctionner différemment et à ne pas attendre des nouveaux arrivants qu’il se coule dans le moule des deux premiers mandats. Information d’importance, le chef de l’État a demandé d’ériger la lutte contre la corruption au rang de priorité. Voilà qui annonce quelques secousses !

Bédié en solitaire

Du côté de Bédié et du PDCI, la situation est tout autre. Désormais convaincu qu’il s’est fait rouler dans la farine par son bras droit, Maurice Gakou Guikahué, et par Guillaume Soro, qui lui promettaient l’embrasement, la chute de Ouattara et la perspective de reprendre une présidence dont il fut éjecté un soir de Noël 1999, le « Sphinx de Daoukro » est désormais contesté au sein de son parti, même si pour l’instant personne n’ose élever la voix. Notamment par la jeune garde, qui n’a guère goûté la stratégie adoptée par le chef, d’autant que personne ne les a consultés, et qui n’entend pas regarder passer les trains – celui des législatives prévues en mars prochain et celui de la présidentielle de 2025.

Peu probable cependant qu’il se décide à passer la main. Question d’ego mais aussi de culture. Bédié navigue en solitaire, choisissant les vents à prendre et les caps à suivre en fonction de ses seuls intérêts. Il mènera dans son coin les négociations avec Ouattara – les deux hommes s’appellent désormais régulièrement et échangent en toute franchise.

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ATTENTION À NE PAS SOUS-ESTIMER L’ANIMAL POLITIQUE QUE BÉDIÉ N’A JAMAIS CESSÉ D’ÊTRE

S’il doit composer avec les exigences de ses partenaires de l’opposition et donner l’impression qu’il demeure intransigeant, il se montre en privé et lors des discussions avec le pouvoir bien plus conciliant… Sa principale préoccupation ? Gagner du temps, comme il l’a toujours fait, en ne disant rien de ses intentions réelles. Rester le chef jusqu’au bout, l’interlocuteur privilégié et incontournable, objet de toutes les attentions. Y parviendra-t-il ? Seul l’avenir le dira, mais attention à ne pas sous-estimer l’animal politique qu’il n’a jamais cessé d’être.

Quel retour pour Gbagbo ?

Laurent Gbagbo, enfin. Le cas le plus complexe parmi nos trois ténors. Durant la crise, il est celui qui a pris le plus de hauteur, ménageant la chèvre (la plateforme de l’opposition) et le chou (Alassane Ouattara), se posant en homme de dialogue et en artisan de la paix. C’est un secret de polichinelle, il souhaite ardemment rentrer dans son pays.

Depuis fin mai, l’ancien président est autorisé à quitter la Belgique si un pays accepte de l’accueillir sur son territoire. Une requête avait été déposée auprès de la Côte d’Ivoire, le 10 juin, par le greffe de la CPI. Le 4 décembre, RFI annonçait qu’il avait pu récupérer ses passeports (ordinaire et diplomatique). Mais, condamné en janvier 2018 à vingt ans de prison en Côte d’Ivoire dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », il est toujours sous la menace de la justice ivoirienne.

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LAURENT GBAGBO BÉNÉFICIERA PROBABLEMENT D’UNE MESURE DE GRÂCE

« Laurent Gbagbo va rentrer. Il a été acquitté en première instance par la CPI, mais il y a une procédure d’appel et, dès qu’elle sera terminée, je prendrai les dispositions pour qu’il puisse rentrer, déclarait Alassane Ouattara au Monde le 27 octobre. Mais il a été condamné pour le pillage de la BCEAO et il y a des victimes qui ont ouvert une procédure ici pour les tueries perpétrées pendant sa présidence. Si je ne fais pas quelque chose, il ira directement en prison. Je ne compte pas l’amnistier, mais prendre une décision qui facilite son retour. » Une mesure de grâce, probablement.

Que fera-t-il une fois chez lui ? Au Front populaire ivoirien (FPI) se pose la question de l’avenir du parti, des prochaines législatives et, surtout, de l’après-Gbagbo. Cruel dilemme pour l’ancien chef de l’État : Pascal Affi Nguessan, qui avait mis la main sur une partie de son « bébé », l’a fait à la hussarde, sans l’assentiment de son ex-mentor. Si leurs relations se sont réchauffées, ce n’est en tout cas pas le choix du cœur de l’ancien président.

Son épouse Simone ? C’est pire : « Camarade » Laurent ne veut pas en attendre parler et mettra tout en œuvre pour l’empêcher de lui succéder. Assoa Adou ? Le bras droit de Gbagbo a tenu la baraque, celle de la branche dissidente du parti, opposée à Affi Nguessan, durant l’incarcération du chef à La Haye. A-t-il l’envergure pour en prendre la tête et peser lors de la présidentielle ? Difficile de l’imaginer. Gbagbo devra en tout cas trancher ce nœud gordien. Sauf à considérer qu’après lui, le déluge…

La période qui s’ouvre en Côte d’Ivoire est à la fois riche d’enseignements et pleine d’incertitudes. Après trois décennies de lutte pour le pouvoir, se joue le dernier chapitre de la sarabande infernale des trois éléphants. « Ne pas faire son temps et vouloir faire celui de ses enfants », dit le proverbe. Préparer l’après : voilà certainement le plus grand défi qu’ils auront eu à relever.

Ruée vers l’or africain (5/5) : qui sont les producteurs de demain­ ?

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Mis à jour le 30 novembre 2020 à 10h16
Mineur d'or à Kidal, au nord du Mali

Mineur d'or à Kidal, au nord du Mali © Baba Ahmed/AP/SIPA

Alors que les cours s’envolent et que la production sud-africaine s’effondre, le Ghana, le Soudan, le Burkina Faso ou encore la RDC s’imposent comme des producteurs avec lesquels il faut compter. Trois infographies pour comprendre.

Malgré l’envolée des cours, l’industrie aurifère s’est effondrée en Afrique du Sud, qui possède pourtant une part importante des réserves mondiales.

« Le secteur de l’or est en train de changer, beaucoup de grandes entreprises modifient leurs stratégies », explique Richard Morgan, responsable des relations gouvernementales du géant minier Anglo American.

« Nous avons beaucoup moins d’activité en Afrique, et n’avons pas du tout d’exploitations d’or. L’Afrique du Sud possède peut-être encore d’énormes réserves d’or, mais pour une grande entreprise, tout est question de rentabilité », précise-t-il.

Mais si la production sud-africaine s’est effondrée, d’autres ont pris le relais : Ghana, Soudan, mais aussi Burkina Faso et RDC s’imposent ainsi comme des producteurs avec lesquels il faut compter. Même si l’extraction y est encore souvent artisanale.

Production d'or africaine et cours de l'or
Production d'or africaine et cours de l'or © Jeune Afrique

 

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Alpha Condé – Cellou Dalein Diallo : quelles voies pour une sortie de crise ?

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Alpha Condé, le 24 octobre 2020 au palais Sékhoutouréya, lorsqu'il avait lancé un appel "à la paix et à la concorde" après avoir été déclaré vainqueur de la présidentielle.

Alpha Condé, le 24 octobre 2020 au palais Sékhoutouréya, lorsqu'il avait lancé un appel "à la paix et à la concorde"
après avoir été déclaré vainqueur de la présidentielle. © DR / Présidence guinéenne

 

Alors que pouvoir et opposition campent sur leurs positions, les appels au dialogue se multiplient, notamment de la part de la société civile guinéenne.

Les tensions restent encore vives en Guinée, plus d’un mois après le scrutin présidentiel à l’issue duquel Alpha Condé a été réélu pour un troisième mandat.

S’il a été loin de réunir les foules qui ont participé aux marches organisées en amont de l’élection, l’appel à manifester de mercredi 25 novembre a tout de même été suivi, timidement, dans plusieurs bastions de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), notamment à Labé, fief de Cellou Dalein Diallo, et dans la commune de Ratoma, à Conakry.

Interdite par les autorités, qui ont mis en avant les risques liés à la pandémie de coronavirus, la marche a rapidement dégénéré en affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Une vingtaine de personnes ont été blessées.

Manifestations et arrestations

Les forces de l’ordre ont interpellé plusieurs manifestants, qui sont venus rejoindre les quelque 350 personnes arrêtées depuis le scrutin, selon le décompte de l’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (Anad). Plusieurs figures de l’opposition sont écrouées pour « détention et fabrication d’armes légères, association de malfaiteurs, trouble à l’ordre public, pillage et destruction, participation à un attroupement, propos incitant à la violence ».

Parmi elles : Ibrahima Chérif Bah, vice-président de l’UFDG et ancien gouverneur de la Banque centrale de Guinée, Ousmane Gaoual Diallo, directeur de communication et conseiller politique de Cellou Dalein Diallo, ou encore Etienne Soropogui, président du mouvement Nos valeurs communes.

La libération de ces derniers était d’ailleurs l’une des revendications de la manifestation du 25 novembre. Mais la marche avait surtout pour mot d’ordre la contestation de la réélection d’Alpha Condé. Arrivé second lors de la présidentielle du 18 octobre dernier, Cellou Dalein Diallo refuse en effet toujours de reconnaître les résultats donnés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qu’a validés ensuite la Cour constitutionnelle.

« Trouver une solution »

En face, Alpha Condé se dit prêt à travailler « avec tous les Guinéens », sans cependant citer de nom. Dans un tel contexte, une sortie de crise est-elle envisageable ? Et si oui, selon quelles modalités ?

« La Guinée est sous tension », constate de son côté Mamadou Louda Baldé, président du Parti de l’unité et du renouveau (PUR), qui a organisé un « carnaval de la paix » le 21 novembre à Dixinn, l’une des cinq communes de Conakry. « Il s’agissait d’attirer l’attention des communautés nationale et internationale, de sensibiliser aussi bien les opposants que les autorités, afin qu’ils se retrouvent autour d’une même table pour trouver une solution », explique-t-il.

Mais pour lui, la libération des opposants emprisonnés constitue un préalable indispensable : « On ne peut pas dialoguer quand certains Guinéens sont en prison. Il faut d’abord apaiser les tensions pour permettre aux uns et aux autres de saisir la main tendue du président de la République. »

L’option de la dissolution

Siaka Barry, leader du Mouvement populaire démocratique de Guinée (MPDG), se veut également prudent face à cette main tendue. « Nous nous en tenons au discours et attendons les actes. Nous entendons ce son de cloche depuis dix ans. Nous voulons désormais voir le président œuvrer à la pacification du débat politique pour consolider l’État de droit et l’unité nationale. »

Ancien ministre de la Culture, Siaka Barry a démissionné lundi 23 novembre de son mandat de député. « Pour des raisons personnelles », avance-t-il. Désormais opposé à Alpha Condé, qu’il considérait par le passé comme son « père spirituel », Barry prône la dissolution du Parlement issu du double scrutin législatif et référendaire du 22 mars boycotté par une large partie de l’opposition car il le juge « monocolore ».

« Le cadre le plus propice au débat démocratique reste l’hémicycle. Si l’opposition plurielle n’y est pas et ne reconnaît pas [cette institution], c’est un problème qui se pose à notre jeune démocratie, estime le désormais ex-député MPDG. Nous demandons au président de la République la dissolution de cette Assemblée, en respectant la procédure en la matière. Il lui appartient de la faire fonctionner en rendant à l’institution sa diversité politique. »

Si l’idée d’une dissolution a été reprise par certains acteurs politiques et des représentants de la société civile, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-Ciel, au pouvoir), qui y bénéficie d’une large majorité, y est opposé. « Je ne crois pas que l’absence de l’opposition radicale ait créé ce qu’on appelle actuellement une crise », a notamment déclaré devant les députés, mercredi 25 novembre, Amadou Damaro Camara, qui préside l’Assemblée nationale.

« Au contraire, leur absence permet au peuple de Guinée d’avoir de meilleurs résultats », a-t-il ajouté, assurant qu’une éventuelle dissolution relevait des prérogatives du chef de l’État, et qu’une telle option n’était, à l’heure actuelle, « pas à l’agenda [de ce dernier] ».

La société civile s’implique

Face à ces blocages politiques, des acteurs de la société civile tentent de proposer des solutions. C’est le sens, notamment, de l’appel au dialogue lancé par un collectif d’intellectuels dans leur texte « Au-delà de la contestation, les Guinéens doivent faire émerger une vraie démocratie », publié par Jeune Afrique. Enjoignant les acteurs politiques à dépasser la remise en question du scrutin du 18 octobre, ils plaident notamment pour « une démarche citoyenne visant à créer les conditions éthiques et politiques qui permettront aux individus et groupes qui composent la Guinée de coexister de la meilleure façon possible ».

« La crise est profonde, et nous venons de loin. La réparation doit remonter à avant la présidentielle afin de trouver des solutions pérennes », juge pour sa part Dorah Aboubacar Koïta, président du mouvement Jeunesse Cedeao Guinée, membre d’une plateforme de quinze organisations de la société civile qui espère enclencher « une large concertation avec les acteurs sociaux pour [proposer] des mécanismes et des stratégies qui permettront d’instaurer un véritable cadre de dialogue, différent des précédents ».

Parmi les propositions de cette plateforme, outre la révision de la Constitution issue du référendum du 22 mars 2020 et la création d’une commission d’enquête sur les violences politiques qui ont endeuillé le pays depuis 2010, « l’arrêt immédiat des arrestations visant des responsables et militants des partis politiques d’opposition et l’arrêt des menaces et autres discours belliqueux [proférés] par certains commis de l’État. »

Côte d’Ivoire : pourquoi Bédié est contesté en son parti

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Les forces de sécurité ivoiriennes entourent la résidence d'Henri Konan Bédié à Abidjan, le 3 novembre 2020

 Les forces de sécurité ivoiriennes entourent la résidence d'Henri Konan Bédié à Abidjan, le 3 novembre 2020 © Luc Gnago/REUTERS

Tenus à l’écart des décisions stratégiques, les jeunes cadres du PDCI ruminent leur amertume à l’égard d’Henri Konan Bédié et se préparent, prudemment mais sûrement, à prendre la relève.

On les a peu entendus quand une vingtaine de personnes ont été arrêtées au domicile abidjanais d’Henri Konan Bédié, le 3 novembre. Pas davantage quand leur aîné de 86 ans, président désigné du Conseil national de transition (CNT) formé après l’annonce de la réélection d’Alassane Ouattara, a tenté d’engager le bras de fer avec le pouvoir. Ni quand il a rencontré le chef de l’État à l’hôtel du Golf, le 11 novembre, en vue d’amorcer un dialogue – officiellement suspendu, mais qui continue en coulisses – pour mettre fin aux tensions postélectorales.

Faut-il voir dans ce silence une forme de désaveu, voire un début de fronde ? Les anciens du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) assurent que non. Que tous seraient soudés et engagés derrière Henri Konan Bédié. « Nous sommes bien organisés et disciplinés, fidèles à la culture de notre maison, assure un des barons du PDCI. Chacun joue un rôle bien précis dans le parti. Untel ne peut pas se lever comme ça et prendre la parole. La ligne est fixée par le président et chacun s’y tient. »

Les « jeunes loups » sur la touche

Et pourtant. Sous couvert de l’anonymat, le discours de leurs cadets est tout autre. En réalité, voilà des mois que plusieurs « jeunes » cadres du parti – comprendre : ceux qui ont entre 40 et 60 ans – ruminent leur aigreur et critiquent la stratégie adoptée par Bédié et son premier cercle. « Comment voulez-vous que l’on défende des choix auxquels nous n’avons jamais été associés ? », résume un député de la nouvelle génération. Le problème, selon eux, est toujours le même : absence de démocratie interne et toute-puissance du « Sphinx de Daoukro » et de son état-major, Maurice Kakou Guikahué (le secrétaire exécutif du PDCI) en tête. 

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NOUS N’AVONS JAMAIS ÉTÉ CONSULTÉS SUR CETTE AFFAIRE DE CNT. BÉDIÉ NE NOUS A RIEN DIT »

La jeune garde du parti se plaint ainsi de ne pas avoir été consultée sur les dernières décisions majeures prises au nom de tous. Ainsi, le 2 novembre, quand l’ancien Premier ministre Pascal Affi N’Guessan annonce que le CNT sera présidé par Bédié, plusieurs cadres du PDCI ont sursauté. « Nous n’étions pas au courant, souffle un membre du bureau politique. Nous n’avons jamais été consultés sur cette affaire de CNT. Bédié ne nous a rien dit et a tout géré avec les responsables de la plateforme de l’opposition. Nous avons découvert ça dans les médias, en même temps que les Ivoiriens. C’est quand même un peu fort ! »

Idem quelques semaines plus tôt, lorsque le président et candidat du PDCI avait lancé son appel à la « désobéissance civile ». Ce 20 septembre, après la validation par le Conseil constitutionnel de la candidature d’Alassane Ouattara à un troisième mandat, Henri Konan Bédié et les principales forces de l’opposition organisent une grande conférence de presse à la maison du parti, à Cocody. Face aux médias, Bédié appelle ses compatriotes à se mobiliser en masse contre la « forfaiture » de Ouattara. Là encore, de nombreux cadres, y compris parmi ceux présents dans la salle, n’en avaient pas été informés au préalable.

Promesses déçues

Il faut remonter dans le temps pour percevoir les premiers signes de défiance à l’égard de Bédié. En juin, lors du processus de désignation du candidat du PDCI, plusieurs « jeunes loups », comme l’ex-ministre Jean-Louis Billon ou le député Patrice Kouassi Kouamé, n’avaient pas caché leur envie de participer à la compétition en interne. Mais de primaires, il ne fut jamais question, et les prétendants s’étaient finalement effacés devant la candidature de leur aîné – à l’exception de Kouadio Konan Bertin (KKB) qui maintiendra la sienne et sera finalement exclu du parti.

« Comme dans toute formation, certains de nos membres ont des ambitions. Mais comme le président se présentait, ils n’avaient aucune chance et ils le savaient. Ils se sont donc rangés derrière lui », assure une vieille figure du PDCI.

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BÉDIÉ A FAIT SON TEMPS, COMME OUATTARA ET GBAGBO. SA STRATÉGIE N’A PAS ÉTÉ PAYANTE »

À tous, Bédié a fait la même promesse : s’il est élu, il nommera une équipe dans laquelle il fera la part belle aux jeunes pour préparer la relève. Aux journalistes qui soulignent l’âge du capitaine, ses lieutenants répondent avec des éléments de langage choisis avec soin : « Peu importe l’âge, Bédié est surtout à la tête d’un collectif compétent et multigénérationnel ». « Il nous a dit qu’il nous donnerait des responsabilités s’il gagne. En même temps, il est évident qu’il n’aurait pas pu diriger le pays tout seul », ironise un membre de la relève annoncée.

Bien que sa réélection soit contestée par ses opposants, Alassane Ouattara a pour l’instant remporté son pari et obtenu un troisième mandat. Henri Konan Bédié, son éternel rival, fait lui figure de grand perdant et la séquence électorale qui vient de s’achever laisse un goût amer à toute une frange du PDCI.

« Dans tous les secteurs, y compris la haute fonction publique, le départ en retraite se fait vers 65 ans. Pourquoi certains continuent-ils à s’obstiner et restent-ils en politique bien au-delà de cette limite ? », s’agace une de nos sources au sein du parti. « Nous n’étions pas favorable à sa candidature à cause de son âge. Il a fait son temps, comme Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo. Sa stratégie n’a pas été payante. Il est maintenant clair qu’il faut opérer des changements en profondeur et tirer les conséquences de cette débâcle », lâche une autre.

Pousser les « vieux » vers la sortie

Difficile de voir comment Bédié peut conserver la main. À en croire certains membres de son entourage, lui-même en est conscient. Mais dans l’immédiat, il n’envisage aucun changement majeur. La jeune garde le dit elle-même : la priorité est de faire libérer les différents responsables du parti arrêtés le 3 novembre et de contraindre Ouattara à faire des gestes d’ouverture. « Bédié reste un acteur incontournable de la crise politique actuelle. Il a donc son mot à dire tant qu’elle n’est pas réglée », estime Arsène Brice Bado, professeur de sciences politiques et vice-président de l’Université jésuite du centre de recherche et d’action pour la paix (Cerap/UJ) à Abidjan.

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LES JEUNES AMBITIEUX DEVRONT VEILLER À NE PAS SE MONTRER TROP FRONTAUX À L’ÉGARD DE LEURS AÎNÉS

Ensuite, pour les jeunes ambitieux qui souhaiteraient prendre la relève, la partie sera serrée. Ils devront veiller à ne pas se montrer trop frontaux ou irrespectueux à l’égard de leurs aînés, au risque de voir leurs chances de percer s’amenuiser. C’est le cas dans de nombreuses organisations, et le PDCI, plus vieux parti de Côte d’Ivoire, ne fait pas exception. « L’opération est délicate : il faut les pousser poliment vers la sortie, sans les brusquer et tout en obtenant leur bénédiction pour l’avenir », résume un bon connaisseur du marigot politique ivoirien.

Les mois qui viennent promettent donc d’être agités au PDCI, d’autant que les élections législatives doivent se tenir durant le premier semestre 2021. Nul doute que la jeune garde du parti, qui s’est sentie mise à l’écart durant la présidentielle, y verra une occasion de « prendre le contrôle ».