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Mali: une quarantaine de soldats portés disparus après une embuscade près de Diabaly

Un militaire des Forces armées maliennes (photo d'illustration).
Un militaire des Forces armées maliennes (photo d'illustration). Agnes COUDURIER / AFP

Ces militaires sont tombés, ce dimanche, dans une embuscade dans la région de Diabaly, au nord de Bamako, près de la frontière mauritanienne. Une information confirmée de source officielle et par des sources locales.

L’embuscade a eu lieu ce dimanche après-midi, elle a visé une douzaine de pick-up des Forces armées maliennes qui étaient en patrouille.

De source officielle, seuls quatre véhicules avec une vingtaine d’hommes à bord auraient réussi à s’extraire de l’embuscade. Trois voitures sont rentrées au camp de Goma Coura, situé à 70 kilomètres de la frontière mauritanienne, la quatrième, embourbée, aurait été abandonnée par les militaires maliens.

Mais l’inquiétude concerne huit véhicules qui n’ont pas été retrouvés. À bord, s’y trouvaient une quarantaine de militaires qui sont donc portés disparus. Depuis hier soir, l’armée de l’air effectue des recherches.

Pour l’instant, il n’y a aucun bilan officiel, même provisoire, et aucune information non plus sur le déroulé des faits. Dans cette région, les militaires maliens ont déjà essuyé de lourdes pertes. La dernière attaque d’envergure date du 26 janvier. Ce jour-là, le camp de gendarmes de Sokolo avait été visé par une attaque qui avait fait 20 morts et plusieurs blessés.

 
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Côte d’Ivoire : les défis du nouveau recensement électoral

| Par - à Abidjan
Un électeur signe devant des assesseurs, en 2010 (imagine d'illustration).

Durant deux semaines, les électeurs ivoiriens sont appelés à s’inscrire dans les centres d’enrôlement en vue de la présidentielle d’octobre 2020.

« La CEI compte, c’est toi qui donnes ta voix », « La CEI organise, c’est vous qui choisissez le vainqueur ». Sur de principales artères de la ville d’Abidjan et de certaines villes de l’intérieur du pays, les grands panneaux publicitaires de la Commission électorale indépendante (CEI) passent des messages de sensibilisation. Objectif : inciter les potentiels électeurs à s’inscrire sur la liste électorale et à créer la confiance entre les populations et les acteurs intervenant dans le processus électoral.

L’enjeu est de taille. Pour Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, président de la CEI, l’opération vise près de cinq millions de nouveaux électeurs, ce qui devrait porter la population électorale à 11,5 millions, sur une population générale estimée à 25 millions d’habitants. À cet effet, 10 848 centres d’enrôlement devraient être ouverts, dans l’ensemble des 33 régions, 108 départements et 509 sous-préfectures. 35 000 agents recenseurs sont également annoncés. Innovation majeure : l’électeur déjà inscrit peut directement consulter sa présence sur la liste électorale sur le site internet de la CEI.

Opération « indispensable » pour l’opposition

L’un des enjeux sera l’afflux des populations. Lors de la dernière opération en vue des élections locales de 2018, la CEI avait essuyé un important revers. Au terme de deux semaines de recensement, seules 428 000 personnes s’étaient inscrites, alors que 4 millions étaient attendues, pour un budget de 4,6 milliards francs CFA (7,3 millions d’euros).

Les observateurs espèrent une meilleure affluence cette année. L’opposition dans son ensemble, emmenée par le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié) et les deux tendances du Front populaire ivoirien (FPI de Pascal Affi N’Guessan et de Laurent Gbagbo), a appelé ses partisans à « envahir » les centres d’enrôlement.

Depuis 2011, à la suite du transfèrement de Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale (CPI), les partisans de ce dernier boycottaient systématiquement toutes les élections. La libération conditionnelle de ce dernier et l’espoir d’un retour (hypothétique) avant la présidentielle d’octobre 2020 galvanisent ses troupes en Côte d’Ivoire. « Cette opération est indispensable pour nous assurer d’une victoire certaine à la prochaine élection », assure l’ancienne ministre Danièle Boni-Claverie, présidente de l’Union pour la République et la démocratie (URD, proche de Gbagbo).

Difficultés

Outre la faible mobilisation des potentiels électeurs, il faut craindre que les tracasseries administratives ne soient un frein à l’opération. Au nombre de celles-ci, la lenteur dans la délivrance des cartes nationales d’identité ou des entraves orchestrées par des fonctionnaires.

L’opération de renouvellement des Cartes nationales d’identité (CNI) a en effet connu plusieurs ratés. Les premières pièces d’identité promises pour la première quinzaine d’avril par Sitionni Gnénin Kafana, directeur général de l’Office nationale de l’état civil et de l’identification (Oneci), n’ont toujours pas été livrées. Conscient de cette entrave, le gouvernement a donc pris des mesures, en réduisant le coût du timbre sur les certificats de nationalité et de résidence.

Les moyens ont été dégagés et la machine est rodée depuis plus de dix ans

De son côté, le président de la CEI met en garde « certains agents de l’administration (qui), sans avoir l’ordre de leur hiérarchie, s’autorisent, comme à l’accoutumée, de subordonner la délivrance de ces documents au paiement d’une certaine somme. Cela est interdit ». Pour ce qui est du déploiement des équipes, la crise du coronavirus et les mesures barrières ne devraient pas être un réel frein. « Les moyens ont été dégagés et la machine est rodée depuis plus de dix ans», soutient une source proche de la CEI.

Boycott du scrutin ?

Coût global du processus électoral, comprenant la présidentielle de 2020 et les législatives de 2021 : 87,9 milliards FCFA (134 millions d’euros), dont 79 milliards FCFA (120 millions d’euros) supportés par le budget de l’État. 8,1 milliards FCFA (12,2 millions d’euros) sont apportés par les partenaires financiers du Système des Nations unies, dont le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

À quatre mois de la présidentielle, alors que certains acteurs politiques, notamment de l’opposition, appellent à un report du scrutin, la CEI met les bouchées doubles en vue de tenir dans le délai constitutionnel. La crise postélectorale de 2010, qui a débuté par un manque de consensus au sein du bureau central de la CEI, alors présidé par Youssouf Bakayoko, est toujours dans tous les esprits. Quant à Coulibaly-Kuibiert, il reste fixé sur « la promotion de la maturité démocratique de notre pays ».

 
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L’industrie aurifère burkinabè, championne de la résilience

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Le gisement détenu par Endeavour Mining à Houndé (Ouest) est entré en production en décembre/2017.

Ébranlées par l’insécurité et la crise sanitaire, les producteurs d’or ont ralenti leur activité dans le pays. Pourtant, les perspectives restent positives grâce à la bonne tenue des cours mondiaux.

Ces cinq dernières années, le Burkina Faso a considérablement augmenté sa production d’or, qui est passée de 35 tonnes (t), en 2015, à 52,6 t, en 2018, puis à 50,3 t, en 2019, hissant le pays au quatrième rang des producteurs d’or du continent. Les miniers sont cependant inquiets.

« Les activités d’exploration subissent de plein fouet les conséquences de l’insécurité et du Covid-19 », explique le président de la Chambre des mines du Burkina (CMB), Tidiane Barry. La plupart des opérations d’exploration, qui sont essentielles au renouvellement du potentiel minier, sont ralenties, voire totalement gelées. Le développement de la mine de la junior canadienne Orezone Gold à Bomboré (Centre) est également freiné par la crise sanitaire, l’opérateur ayant réduit ses effectifs sur le site de 700 personnes à 30.

Avec quatorze mines industrielles exploitées, le Burkina table sur une production de 60 tonnes en 2020

Quant à la production de la mine de la Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest (Semafo) à Boungou (Est), elle a été suspendue pendant plusieurs mois. Le 6 novembre 2019, une embuscade contre un convoi de cinq cars transportant du personnel vers la mine, et pourtant escorté par l’armée, a causé la mort de 38 personnes.

Depuis, le producteur d’or canadien a été racheté par son compatriote Endeavour Mining pour 640 millions de dollars (585 millions d’euros). Au début de février, il a repris ses activités à Boungou, mais a minima, se contentant de traiter les stocks de minerai déjà extraits sur le site, pour une production d’environ 1 t par trimestre. En raison du transport par hélicoptère des équipes sur le site depuis la ville de Fada et de la construction d’une piste d’atterrissage, les coûts d’exploitation de la compagnie ont été multipliés par six.

Vitalité du secteur

Malgré ce climat d’insécurité persistant, le secteur minier burkinabè maintient sa vitalité. Il bénéficie notamment de la très bonne tenue des cours mondiaux de l’or, qui ne s’est pas démentie depuis le début de l’année. « Notre secteur minier demeure résilient. Pour 2020, nous pensons voir une hausse globale de notre production d’or, estime Toussaint Bamouni, directeur exécutif de la CMB. Celle-ci devrait atteindre environ 60 t, avec l’entrée en production des mines de Sanbrado (de l’australien West African Resources) et de Niankorodougou. »

Ce dernier site – détenu à 90 % par le canadien Teranga Gold Corp., via sa filiale Wahgnion Gold Operations, et à 10 % par l’État – a nécessité un investissement de 244 millions de dollars. Sa production s’élève à 3,6 t par an.

« Nous assistons à des développements importants le long des ceintures aurifères les plus prolifiques du Burkina Faso, où les sociétés ont connu de grands succès dans l’exploration, explique Adama Barry, directeur national de Teranga Gold. C’est le cas en particulier dans la ceinture de roches vertes de Houndé, où nous enregistrons de bons résultats et espérons construire notre troisième mine. »

À la fin de 2019, le secteur a atteint un chiffre d’affaires cumulé de 1 540 milliards de F CFA (plus de 2,3 milliards d’euros). Le Burkina compte désormais quatorze mines d’or industrielles en phase d’exploitation, dont les plus emblématiques sont celles des canadiens Iamgold, à Essakane, et Semafo-Endeavour, à Mana.

 
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Mauritanie : Ghazouani reprend la main sur l’armée

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Le président mauritanien Ghazouani lors de la célébration de l'Indépendance, à Akjoujt, le 28 novembre 2019

Près d’un an après son élection, le président Ghazouani a procédé à d’importantes nominations au sein de l’armée. En écartant les hommes de son prédécesseur, Mohamed Ould Abdelaziz, il achève de consolider son pouvoir

Discret, prudent, mesuré, Mohamed Ould Ghazouani ne fait rien dans la précipitation. En remaniant son armée, le 8 juin, la seule institution à laquelle il n’avait pas touché, le président mauritanien s’est définitivement imposé comme le véritable chef. Il a pris soin d’écarter des postes les plus influents les proches de Mohamed Ould Abdelaziz, avec qui il a rompu en novembre 2019, afin d’y placer ses propres hommes.

En désignant Mohamed Ould Meguett chef d’état-major général des armées, une fonction qu’il a lui-même occupée pendant dix ans, « Ghazouani » a promu l’un de ses amis, à qui il voue une confiance totale.  Ce général – le plus gradé de l’armée – succède à Mohamed Cheikh Ould Mohamed Lemine, nommé chef d’état-major de la Garde nationale.

Un lot de consolation pour ce dernier, qui perd ainsi beaucoup en influence. Ghazouani apprécie peu ce général de division, qui était son adjoint et qui lui avait succédé en 2018, lorsqu’il avait été nommé ministre de la Défense.

Jusqu’ici directeur général de la Sûreté nationale, Ould Meguett a cédé la place à un autre général de division, Misgharou Ould Sidi, qui prend du galon après avoir dirigé la Garde nationale.

L’ombre de Hanena Ould Sidi

Autre personnalité très proche de « Aziz » à avoir fait les frais de ce remaniement : Ahmed Saïd Ben Aouf. Ce Smasside, tout comme l’épouse de l’ex-président, a été remplacé au poste de chef d’état-major de la marine nationale par Mohamed Ould Cheikhna Ould Taleb Moustaph. Ce contre-amiral était jusqu’ici chef d’état-major particulier de Ghazouani. « Aziz », qui ne l’appréciait guère, l’avait précédemment envoyé comme aide de camp à Paris.

Le ministre de la Défense, qui a influé sur les choix du président, monte en puissance

Dans l’ombre de ces nominations, le ministre de la Défense, Hanena Ould Sidi, qui a influé sur ces choix, monte en puissance. L’ex-patron du G5 Sahel avait fait les frais de ses mauvaises relations avec Aziz, qui avait refusé de le promouvoir général de division. Il avait ensuite été nommé adjoint de Ghazouani, alors chef d’état-major des armées, sur insistance de ce dernier.

En novembre 2019, Mohamed Ould Ghazouani avait déjà repris en main deux autres leviers du pouvoir mauritanien, le parti Union pour la République (UPR) et le Basep (Bataillon de la sécurité présidentielle), en limogeant le commandant Mahfoudh Ould Mohamed Hadj, un autre proche d’Aziz, pour le remplacer par l’un de ses hommes, Ahmed Ould Lemleih.

Toujours confiné en famille dans son campement de Bénichab (Inchiri), Mohamed Ould Abdelaziz n’est, de son côté, plus réapparu en public depuis sa conférence de presse organisée en décembre 2019.

 
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Burkina Faso : le CDP de Blaise Compaoré resserre les rangs autour d’Eddie Komboïgo

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Eddie Komboïgo, dans son bureau, à Ouagadougou.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès, de l’ex-président Blaise Compaoré, a choisi son champion et compte bien revenir sur le devant de la scène à l’occasion des scrutins de novembre.

Et pourquoi pas prétendre au palais de Kosyam ? Le 10 mai, c’est à une très large majorité (133 voix contre 21 à Yahaya Zoungrana), que les membres du haut conseil du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), ceux du bureau exécutif national et les secrétaires provinciaux ont désigné Eddie Komboïgo comme candidat à la présidentielle – un choix que doit encore entériner Blaise Compaoré, président d’honneur du CDP, avant la convocation d’un congrès du parti pour investir officiellement le candidat Komboïgo.

L’homme de la situation

« Avec cette désignation, le CDP laisse la tempête derrière lui. Eddie Komboïgo a su maîtriser le parti et apparaît comme l’homme de la situation. Cela ne signifie pas pour autant qu’il saura surmonter les obstacles liés au positionnement du CDP sur la scène politique nationale, notamment sur la question de la réconciliation », avertit l’analyste politique Siaka Coulibaly.

Fini donc les querelles de leadership entre les partisans du président du CDP et ceux de l’ancien Premier ministre, dont le parti estime qu’il aura désormais à jouer sa carte aux législatives. « Selon moi, KDO [Kadré Désiré Ouédraogo] n’est plus une option pour l’ancienne majorité présidentielle, remarque toutefois Siaka Coulibaly. En revanche, il n’est pas exclu qu’un rassemblement général de la famille politique de Blaise Compaoré s’opère d’ici aux élections couplées de novembre. »

Adulé par la jeunesse du parti

L’expert-comptable Eddie Komboïgo, qui ne faisait pas partie des principaux cadres du CDP jusqu’en 2015, est désormais adulé par la jeunesse du parti et semble avoir réussi le pari d’unifier le CDP avant les scrutins cruciaux de cette année.

Nous sommes prêts pour la bataille

Et même s’il ne dévoile pas encore son programme, qui doit être validé par le mouvement, il en livre quelques orientations : « Nous sommes prêts pour la bataille. Dès que les mesures sanitaires en vigueur seront levées, le CDP repartira de plus belle sur le terrain. La réconciliation et la sécurité seront notre priorité. Et comme personne au sein du régime actuel n’a le courage de négocier avec eux, nous allons tendre la main aux terroristes. »

 
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