Avec sa nouvelle marque Supéco, le colosse de la distribution accélère son « réajustement stratégique ».
Contrôlé par le japonais Toyota Tsusho Corporation (TTC), CFAO avait revu à la baisse son plan de déploiement de supermarchés Carrefour et parie maintenant sur la marque Supéco, qui offre « une proximité immédiate avec les clients, des produits nécessaires à la vie quotidienne aux prix les plus bas du marché ».
En un an, trois magasins ont ouvert à Dakar, le dernier en octobre 2019. À la fin de janvier, le premier Supéco d’Abidjan a été inauguré dans la commune populaire de Yopougon. Un deuxième Carrefour Market avait toutefois été ouvert, à la fin d’octobre, au Cameroun.
Parallèlement, le siège de CFAO Technology & Energy a été délocalisé au Sénégal pour « se déployer au plus près de ses clients en Afrique ». Présent également dans la pharmacie et l’automobile, le groupe aux 4,2 milliards d’euros de revenus (80 % de ses ventes sont réalisées sur le continent) s’est lancé en octobre 2019 dans l’assemblage de pick-up Toyota Hilux au Kenya et a racheté, à la fin de novembre, le concessionnaire automobile sud-africain Unitrans Motors Group au conglomérat Steinhoff.
Arachides au Sénégal
Arachide : au Sénégal, l’exportation met les huiliers en danger
La demande chinoise ayant absorbé la majeure partie de la production, l’arachide sénégalaise se fait rare chez les transformateurs locaux. Malgré un gel des exportations décidé le 21 janvier, l’huilerie Copéol a dû cesser ses activités, faute de matière première.
Avec un prix au kilogramme pouvant aller jusqu’à 325 francs CFA, les négociants chinois qui sillonnent les champs dès l’ouverture de la campagne de commercialisation de l’arachide (décembre 2019-mai 2020) n’ont eu aucun mal à accaparer l’essentiel de la récolte. En face, le prix plancher officiel a été fixé à 210 F CFA par le gouvernement, en accord avec le Comité national interprofessionnel de l’arachide (Cnia).
« La distorsion est insurmontable », tranche Nicolas Brugvin, directeur général de Copéol Holding, une co-entreprise franco-sénégalaise entre Avril, Castel et AKF, anciennement connue sous le nom de Novasen, qui a dû cesser ses activités fin janvier, faute de graines, et pourrait fermer définitivement. Sur un objectif d’approvisionnement de 70 000 tonnes, elle n’a en effet, pour le moment, pu obtenir que 2500 tonnes. « Un volume insuffisant pour redémarrer notre usine que nous allons fermer », explique Nicolas Brugvin. 500 travailleurs ont pour l’instant cessé toute activité. Guère mieux loti, l’autre grand acteur public, la Sonacos, s’est, elle aussi, séparée d’une partie de ses travailleurs saisonniers.
Producteurs versus transformateurs
Moussa Baldé, le ministre de l’Agriculture et de l’Équipement rural, pense que ces huileries pourront tenter de combler leur déficit d’approvisionnement en graines à la faveur du gel des exportations, décidé le 21 janvier. Une mesure trop tardive, jugent les transformateurs nationaux (Sonacos, Copéol, West African Oil, Complexe agro-industriel de Touba (Cait)).
Pour Nicolas Brugvin, l’industrie huilière locale est condamnée. « La Chine et le Sénégal ont signé un accord qui permet l’exportation de l’arachide d’huilerie sans aucune taxe, alors que l’huile est lourdement taxée et le tourteau, son coproduit, interdit à l’importation en Chine. Comme les prix internationaux sont déterminés par le marché chinois, les acheteurs chinois ont donc tout intérêt à préférer la graine à l’huile », explique-t-il.
Les producteurs, eux, affichent leur satisfaction. Malgré la colère des transformateurs, Moussa Baldé, qui met en balance un million de producteurs d’un côté et 1 500 emplois fragilisés de l’autre, est convaincu que Dakar a fait le bon choix : « Je ne peux pas dire, en tant que ministre de l’Agriculture, que la campagne est un échec », assure-t-il.
Quand Dakar lorgne le marché turc
Cette année, poursuit le ministre, « les exportateurs ont injecté dans le monde rural plus de 100 milliards de F CFA sans que l’État du Sénégal ne débourse aucun franc ». Et le gouvernement sénégalais ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin. Après un premier appel en 2018, le président Macky Sall a, de nouveau, exhorté en janvier dernier à Dakar son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, d’ouvrir son marché aux oléagineux sénégalais.
L’ouverture du marché sénégalais remonte à 2010. Alors que les paysans peinaient à écouler leurs récoltes, le président de l’époque, Abdoulaye Wade, avait décidé de libéraliser l’exportation des graines d’arachide, une activité jusqu’ici exclusivement dévolue à la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos, ex-Suneor). Grande consommatrice d’arachides mais souvent confrontée à de mauvaises récoltes, la Chine avait, dans la foulée, scellé un accord avec Dakar pour pouvoir s’approvisionner auprès du marché sénégalais.
Naguère fleuron de l’industrie agroalimentaire du pays, l’entreprise publique Sonacos doit impérativement opérer sa mue et s’adapter à la nouvelle donne, estime Ababacar Diouf, cadre du ministère de l’Agriculture et de l’Équipement rural.
Sauvée in extremis de la faillite puis renationalisée fin 2015, elle est renflouée par le gouvernement à coups de centaines de milliards de F CFA. « Les difficultés de la Sonacos ont, en partie, coïncidé avec la dissolution en 2001 de sa filiale Sonagraine, spécialisée dans l’approvisionnement et la multiplication de graines. Aujourd’hui, il faut qu’elle étende sa présence sur l’ensemble de la chaîne de valeur », explique notre interlocuteur.
Dans le cadre de son plan stratégique 2020-2024 censé amorcer sa relance en attendant l’arrivée de nouveaux investisseurs, la Soncaos prévoit diversifier son offre. Outre l’achat de graines, l’exportation d’huile brute d’arachide et de tourteaux, la soiciété compte, selon ses dirigeants, se lancer dans l’importation d’huile brute de soja et de palme et la vente de graines décortiquées aux exportateurs.
Armée malienne à Kidal
À Kidal, l'armée malienne reconstituée a pris ses quartiers
L'armée malienne reconstituée, arrivée jeudi dernier à Kidal, a passé son premier week-end dans cette localité aux mains des ex-rebelles. Elle est dans le camp militaire qu'elle occupait traditionnellement avant la crise. Composée de militaires et d'ex-combattants, le contingent est en période de rodage.
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Avec notre correspondant à Bamako,Serge Daniel
À Kidal, le bataillon de l'armée malienne reconstituée s'habitue à son nouvel environnement. Le camp qu'il occupe a été refait, la sécurité a été renforcée essentiellement grâce à la mission de l’ONU. Les soldats maliens ont pris leur quartier. Le capitaine Mamadou Keïta qui dirige les troupes a désormais un petit bureau. Des visites de bienvenue, celle par exemple du député Hamada Ag Bibi.
« Vous êtes chez vous ici, en territoire malien » a notamment déclaré l'ex-rebelle. Quelques dizaines de personnes ont manifesté pacifiquement devant le camp de l’armée. On avait compris qu’ils étaient contre l’arrivée de l’armée. Mais très rapidement un responsable de l’ex-rébellion a déclaré que c’était une manifestation de soutien, avec des doléances
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L’armée de retour ? Quand sera-t-elle sur le terrain dans les rues de Kidal, dans la région de Kidal pour des patrouilles ? Nos interlocuteurs sont formels : il faut attendre l’arrivée du matériel militaire adéquat. Combien de temps faut-il attendre ? Quelques semaines répondent les mêmes sources. En attendant, dans le camp, certains sont pressés de voir flotter le drapeau malien.
Président de la branche du Front populaire ivoirien (FPI) reconnue par la justice, Pascal Affi N’Guessan a rencontré le vice-président Daniel Kablan Duncan le 13 février. Parmi les sujets évoqués : le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Interview.
À peine rentré à Abidjan, l’ex-Premier ministre a été reçu, jeudi 13 février, par le vice-président Daniel Kablan Duncan, le ministre d’État chargé de la Défense, Hamed Bakayoko, le ministre de l’Administration du territoire, Sidiki Diakité, et le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi.
Jeune Afrique : Pour quelles raisons avez-vous souhaité rencontrer le vice-président Daniel Kablan Duncan et d’autres membres du gouvernement ?
Pascal Affi N’Guessan : C’est d’abord le chef de l’État que je voulais rencontrer. Je lui ai adressé un courrier pour aborder la situation préoccupante dans laquelle se trouve notre pays, à quelques mois de l’échéance présidentielle. Sur le plan technique, les choses piétinent. Que ce soit pour l’obtention d’un consensus sur la Commission électorale indépendante (CEI), la définition du cadre général des élections, ou sur le code électoral.
Sur le plan politique, des nuages s’amoncellent du fait, d’abord, que nous n’avons pas encore résorbé les séquelles de la crise de 2010-2011, puisqu’il y a encore des prisonniers politiques. À cette situation, s’ajoutent les problèmes liés aux tensions au sein du RHDP et aux poursuites judiciaires contre Guillaume Soro.
Il y a actuellement des discussions entre le gouvernement et l’opposition sur la question du code électoral. Où en sont-elles ?
Le cadre de discussions a révélé de graves insuffisances, dans la mesure où les ministres qui négocient n’ont aucun pouvoir de décision, aucune autorité. Tout dépend du chef de l’État. C’est ce qui motive la demande que je lui ai adressée. C’est lui seul qui peut débloquer la situation.
Il n’y a donc aucun point de consensus avec le gouvernement concernant le futur code électoral ?
Très peu. Certes, le gouvernement n’est pas fermé à un appui financier en faveur des candidats retenus pour la présidentielle. Mais sur les questions essentielles, comme la CEI, il y a des désaccords importants.
À l’heure actuelle, avec 98 % des commissions locales entre les mains du RHDP, aucune élection crédible ne peut être envisagée. Nous avions aussi proposé l’organisation d’un scrutin régional à la proportionnelle, pour une meilleure représentativité, mais cela a été rejeté.
Est-il vrai qu’un troisième « round » de négociations sur l’environnement politique des élections doit être organisé ?
C’est ce que nous avons proposé, et le gouvernement n’a pas marqué d’opposition. Je suppose que la rencontre avec le vice-président s’inscrit dans cette nouvelle étape, ou en est le prélude.
Quelles ont été les réactions de Duncan à vos préoccupations ?
Il n’a été mandaté que pour nous recevoir, nous écouter, et avoir des précisions sur certaines questions. Nous espérons qu’il fera le point avec le chef de l’État et que nous aurons des réponses à nos préoccupations.
Une sorte de complicité est en train de s’établir avec Laurent Gbagbo
Vous avez aussi plaidé pour un retour de Laurent Gbagbo. Les autorités ont-elles émis un avis sur cette éventualité ?
Les réactions n’ont pas été négatives. Nos interlocuteurs ont compris le bien-fondé de cette question et la nécessité de travailler de concert pour trouver une solution. Rien ne peut être réglé sans la participation des partisans du président Gbagbo. Chaque camp doit apporter des assurances, prouver sa bonne volonté.
Les avocats de la Côte d’Ivoire ont bien rappelé à La Haye que la question du président Gbagbo est politique. Il faut trouver des solutions pour rassurer les autorités, qui pensent que son retour peut être source de difficultés. Le but de notre démarche est de montrer que nous sommes ouverts à la négociation et à la résolution pacifique des différends qui opposent le gouvernement et l’opposition.
Laurent Gbagbo vous a-t-il mandaté directement pour négocier son retour à Abidjan, ou est-ce une initiative personnelle ?
Il ne me l’a pas demandé, mais il n’est pas opposé à ce qui peut mener à l’apaisement, à la réconciliation. Il pense pouvoir y jouer un rôle important.
Vous l’avez récemment vu à Bruxelles. Quel a été l’objet de votre rencontre ?
J’ai assisté à l’audience du 6 février. Je ne pouvais pas être à La Haye et ne pas le rencontrer. Il n’y avait pas d’ordre du jour précis. Nous avons échangé sur les situations nationale et internationale, sur le processus qui doit nous conduire à la réunification du FPI.
Justement, où en est ce processus ?
On peut dire qu’il est achevé à 50 ou 60 %. Le mur qui me séparait du président Gbagbo est brisé. Et c’était le plus important. Il m’a reçu pour la deuxième fois. Une sorte de complicité est en train de s’établir. Il reste aujourd’hui des questions techniques à régler pour aller à l’unification du parti et former une direction commune sans que personne ne soit laissé pour compte.
Cela veut-il dire que Gbagbo a donné son accord à certaines de vos demandes, notamment votre nomination au poste de premier vice-président chargé de l’intérim ?
Il n’y est pas opposé. Sinon, il l’aurait dit. Ce qui l’importe, c’est l’unité, qui doit se faire autour du président Gbagbo et de moi-même. Nous devons former un tandem. Car une réconciliation qui se ferait au détriment de l’un ou de l’autre n’est pas motivante.
Vous a-t-il dit qu’il souhaitait être candidat en 2020 ?
Nous n’en sommes pas encore à ce stade. La priorité est l’unité du FPI. Nous aborderons ensuite la question de l’élection de 2020, à laquelle nous devons nécessairement participer pour mettre fin à la situation dramatique dans laquelle est notre pays.
Mais, n’avez-vous pas demandé à être le colistier de Gbagbo s’il était candidat ?
C’est vrai. Dans l’hypothèse où nous avons réussi à régler tous les problèmes d’ordre judiciaire, à La Haye comme en Côte d’Ivoire, et qu’il peut être candidat, je n’y vois aucune objection, et je serai son colistier. Dans le cas contraire, l’idée est que je sois le candidat du FPI avec un colistier que nous choisirions ensemble.
Simone Gbagbo doit avoir une place de choix dans le processus de réunification
Êtes-vous prêt à tout accepter pour que le FPI retrouve son unité ?
Oui. Mais elle doit se faire sur une base objective, et n’exclure personne. Surtout, elle ne doit pas être l’occasion de sanctionner quelqu’un par rapport à ce qui a pu se passer. Je ne vois pas comment on peut mettre deux camps ensemble en sacrifiant une des têtes.
Avec Gbagbo, la hache de guerre est-elle définitivement enterrée ?
Oui. Lui même m’a affirmé qu’il n’avait jamais demandé à être candidat à la présidence du FPI en 2014, mais qu’il avait accepté devant l’insistance de certaines personnes qui m’accusaient de trahir la lutte.
On lui a donc forcé la main ?
Oui, c’est même ce qu’il a dit devant Assoa Adou. Il a insisté pour cette question soit clarifiée.
Quelles sont vos relations avec Assoa Adou ?
Je n’ai aucun problème avec lui. C’est une nouvelle page que nous ouvrons. Il sait ce que le président Gbagbo attend de nous. Je l’ai vu avant d’aller à La Haye le 6 février. Nous avons convenu de démarrer les discussions techniques la semaine prochaine.
Dans cette réunification, quelle doit être la place de Simone Gbagbo ?
Une place de choix. Elle doit être impliquée dans le processus. C’est l’une des figures du FPI. Notre parti a besoin de tout le monde.
L’avez-vous déjà vue depuis sa sortie de prison ?
Pas encore, mais je le ferai très prochainement. Nous attendions d’abord de savoir quelle serait la position de Gbagbo vis-à-vis de moi.
Macky Sall et l'Occident
[Tribune] L’aventure ambiguë de Macky Sall face à l’Occident
Éditorialiste sénégalais, fondateur du site Tract.sn
Confronté à la mainmise occidentale sur l’économie sénégalaise, le président Macky Sall fait le grand écart entre une opinion demandeuse de gages de souveraineté et des « partenaires » qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la conduite des affaires du pays.
Dans son roman L’Aventure ambiguë, étudié par des générations d’étudiants africains, l’écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane fait dire à son héroïne emblématique, la Grande Royale, que les Africains doivent aller apprendre en Occident « l’art de vaincre sans convaincre ». Cette semaine, Macky Sall aura fait tout l’inverse : il aura manié l’art de convaincre sans vaincre.
Convaincre son opinion publique. Ou à tout le moins aller dans le sens des convictions profondes de celle-ci. Sans pour autant vaincre le lourd tribut concédé à la mainmise occidentale sur l’économie sénégalaise.
Tout d’abord, Macky Sall, par l’entremise de son ministre des Infrastructures, a fait tenir une lettre de protestation à l’ambassadeur de France. La réalité de cette lettre n’a pas été confirmée officiellement. Toutefois, le quotidien le plus lu du pays, L’Observateur, indique que celle-ci existe. Une source officielle le confirme également.
Bras de fer autour du TER
Le crime de « lèse-Mackyesté » de l’Excellence française ? Il a contredit les autorités sénégalaises, en disant lors d’une émission radiophonique dominicale que le TER, Train Express Régional, ne pourra pas procéder à du transport commercial de passagers dès avril 2019. Or, début novembre, le ministre Abdou Karim Fofana, en charge entres autre de l’Urbanisme, avait indiqué que le TER roulera « dans trois ou quatre mois ».
L’ambassadeur de France à Dakar, Philippe Lalliot, n’a pas mis que ce coup de canif à la sérénité diplomatique habituelle avec le Sénégal. Il a aussi indiqué que son ambassade avait fait savoir à l’État sénégalais que le rétablissement des visas d’entrée au Sénégal n’était pas opportun du point de vue économique, car il avait nui au tourisme, en faisant baisser le nombre d’entrées de visiteurs, lorsqu’il avait été mis en place en 2012.
Si l’ambassadeur a pris le soin d’emmailloter tout cela d’un « Nous ne nous immisçons pas dans les affaires intérieures du Sénégal », ce n’en est pas moins l’inverse qui a été compris par les Sénégalais. La lettre de protestation s’imposait donc, envers cet ambassadeur de l’ex-puissance coloniale qui se comporte en VRP des entreprises françaises installées au Sénégal.
L’incident survient en plein moment de tension entre l’État sénégalais et Senac SA, qui exploite l’autoroute à péage de Dakar (« l’autoroute à pillage », ironisent les activistes), dont le gouvernement sénégalais veut renégocier les tarifs à la baisse. Ce à quoi le directeur de Senac SA s’est publiquement opposé.
Mais dans le même temps, l’opinion publique sénégalaise nourrit de la sympathie pour le combat de Guy-Marius Sagna, actuellement emprisonné, dont le slogan simpliste du mouvement citoyen est tout simplement « France dégage ! ».
Un oxymore face à Justin Trudeau
Macky Sall a fort à faire pour satisfaire une opinion demandeuse de gages de souveraineté. Il aura aussi eu l’occasion de s’y exercer lors de la visite, cette semaine, du Premier ministre canadien Justin Trudeau. Auquel il a opposé que s’il respectait sa défense des droits (des homosexuels), « une gay parade n’était pas possible au Sénégal » en raison « des valeurs » du pays.
Là aussi, Macky Sall a abondé dans le sens de l’opinion majoritaire au Sénégal, qui ne veut pas de ce que la loi qualifie pudiquement d’actes contre-nature. Le président Sall indique qu’« interdire l’homosexualité n’est pas homophobe », même s’il ne s’est pas expliqué plus en avant de cet oxymore.
Sur un autre registre, Macky Sall a déclaré que le Sénégal soutient la candidature du Canada au Conseil de sécurité de l’ONU. Un soutien quelque peu bizarre, quand on sait que quelques semaines plus tôt, le Sénégal accueillait une conférence qui a eu pour conclusion la demande véhémente de trois sièges permanents pour l’Afrique au Conseil de sécurité des Nations unies.
Alors, il faudrait savoir ; car il n’y aura pas de sièges pour tout le monde. Un bon point pour Macky Sall ? Lors du 33ème Sommet de l’Union Africaine, il a proposé au FMI d’autoriser les États africains à laisser filer un point au-dessus du déficit public plafonné à 3%, pour servir à financer une force militaire africaine qui interviendrait notamment au Sahel. La gestion des relations avec l’Occident est un exercice d’équilibriste. Une aventure ambiguë, à laquelle Macky Sall se sera prêté avec un bonheur inégal, cette semaine.