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Mali : Jean-Yves Le Drian convoqué par la justice malienne pour « atteinte aux biens publics »

Les faits 

Le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est accusé d’avoir facilité l’attribution de passeports maliens à une entreprise française alors qu’il était ministre de la défense en 2015. Cet épisode intervient dans un contexte de dégradation des relations entre la France et la junte malienne.

  • La Croix (avec AFP), 
Mali : Jean-Yves Le Drian convoqué par la justice malienne pour « atteinte aux biens publics »
 
Le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, au palais de l'Élysée lors de la visite du président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita à Paris le 21 octobre 2015. ©FRANCOIS LAFITE/WOSTOK PRESS/WOSTOK PRESS/MAXPPP

Les relations entre la France et le Mali continuent de se dégrader. Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian est convoqué par la justice malienne dans le cadre d’une enquête portant sur une « atteinte aux biens publics et autres infractions ».

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Le juge d’instruction du pôle économique et financier de Bamako « invite Monsieur Jean-Yves Le Drian à se présenter à son cabinet le lundi 20 juin 2022 pour affaire le concernant », précise la convocation de justice.

Soupçon de conflit d’intérêts

Une source judiciaire malienne a précisé que cette enquête faisait à la suite de la plainte d’une plateforme de plusieurs associations de la société civile malienne, dénommée « Maliko » (« La cause du Mali »). En cause : la possible attribution d’un marché de fabrication de passeports maliens à une société française à laquelle le fils du ministre français serait lié.

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Selon un document officiel, l’affaire date de 2015, lorsque Ibrahim Boubacar Keita est président du Mali. À cette époque, une société française - Oberthur Technologie - a obtenu pour une dizaine d’années le marché de fabrication des passeports biométriques maliens.

« Le Drian était à l’époque ministre de la défense. A-t-il appuyé le dossier pour défendre une entreprise française ou ses intérêts ? Voilà en gros ce que la justice malienne cherche à comprendre », a déclaré une autre source judiciaire malienne précisant qu’une enquête était en cours.

« Aucun fondement juridique »

Commentant le dossier, une magistrate malienne a indiqué que « cette convocation » du ministre français en l’état n’a « aucun fondement juridique ». Une source diplomatique à Bamako a également affirmé mercredi « qu’à ce jour, aucune plainte n’est parvenue à l’ambassade de France à Bamako ».

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De son côté, l’association Maliko (proche de la junte actuellement au pouvoir au Mali), défend sa plainte : « Les procédures et règles instituées par la législation malienne, en particulier le décret n° 2015 - 06040 du 25 septembre portant code des marchés publics ont été allègrement violées à l’occasion de l’attribution du marché susmentionné », affirme le document qui accompagne celle-ci.

Contexte de tensions

Les rapports entre Bamako et Paris ne cessent de se dégrader ces derniers mois, en particulier depuis l’arrivée au Mali de paramilitaires du groupe russe Wagner. Les autorités maliennes - dominées par les militaires arrivés au pouvoir par la force en août 2020 - ont annoncé début mai mettre fin au traité de coopération de 2014 avec la France, ainsi qu’aux accords de 2013 et 2020 fixant le cadre juridique de la présence de Barkhane et du regroupement de forces spéciales européennes Takuba, initié par la France.

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Le Mali est le théâtre depuis 2012 d’opérations de groupes djihadistes liés à Al-Qaida et à l’organisation État islamique, ainsi qu’à des violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Ces violences, parties du nord en 2012, se sont propagées au centre, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. Elles ont fait des milliers de morts civils et militaires ainsi que des centaines de milliers de déplacés, malgré le déploiement de forces onusiennes, françaises et africaines.

Burkina: un mort et au moins 60 prisonniers libérés dans l'attaque d'une prison

 

Des hommes armés ont lancé un assaut contre la prison de la ville de Nouna, au nord-ouest du pays, dans la nuit du 7 au 8 mai. Un chasseur traditionnel Dozo, supplétif civil des forces de sécurité, a été tué et 65 prisonniers libérés. 

Avec notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani

C’est vers minuit, la nuit dernière, qu’un groupe d’hommes armés a lancé un assaut contre la ville de Nouna, située dans la boucle du Mouhoun, au nord-ouest du pays. « Toute la ville était encerclée par les hommes armés qui tiraient aux armes lourdes », rapporte un témoin. La maison d’arrêt et de correction était la principale cible de ces hommes armés. Elle a été « presque entièrement détruite », souligne une source sécuritaire.

Venus à bord de plusieurs véhicules et sur des motocyclettes, les assaillants ont ouvert le feu sur la prison à l’aide de mitrailleuses 12.7 et PKMS, et de fusils kalachnikov. Ils ont laissé derrière eux des murs criblés de balles, des portes défoncées, des véhicules, bureaux saccagés ou incendiés. Une soixantaine de prisonniers ont été libérés et du matériel emporté. 

Les forces de sécurité et leurs supplétifs civils ont tenté une riposte. Et les combats ont duré plusieurs heures, selon des témoins sur place. « Il y a eu des tirs jusqu'à 5h », souligne un habitant. « La situation est très déplorable » poursuit notre source.

Selon des témoins, des membres de groupes armés terroristes avaient effectué plusieurs incursions sporadiques dans la ville de Nouna avant cet assaut contre la prison.

 

Côte d’Ivoire : Amadou Soumahoro, un fidèle parmi les fidèles d’Alassane Ouattara, est décédé

Le président de l’Assemblée nationale est mort ce samedi 7 mai, à 68 ans. Membre fondateur du parti du président ivoirien, ancien ministre, il était au perchoir depuis 2019.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 7 mai 2022 à 23:41
 

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Alassane Ouattara et Amadou Soumahoro, le président de l’Assemblée nationale ivoirienne, à Abidjan le 1er avril 2019. © REUTERS/Thierry Gouegnon

 

Après Amadou Gon Coulibaly en juillet 2020, puis Hamed Bakayoko en mars 2021, Alassane Ouattara perd une nouvelle fois l’un des hommes politiques dont il était le plus proche. Par un communiqué lu à la télévision nationale ce samedi 7 mai au soir, la présidence ivoirienne a annoncé le décès d’Amadou Soumahoro, âgé de 68 ans. Depuis 2019, ce baron du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) était le président de l’Assemblée nationale.

À Abidjan, ce n’était plus un secret que Soumahoro était malade. Son cancer de la prostate l’avait d’ailleurs éloigné du perchoir, un poste qu’il avait pourtant convoité. Soigné en France puis en Turquie depuis un peu plus d’un an, il avait été contraint à faire des aller-retours au cours de l’année 2021.

Après son dernier séjour médical, il était rentré en Côte d’Ivoire en avril dernier, dans l’espoir de pouvoir présider la nouvelle session parlementaire. Son état de santé ne lui a finalement pas permis de le faire.

Un « sage » au fort caractère

Ces derniers mois, en son absence, l’intérim à la tête de l’Assemblée nationale a été confié à Adama Bictogo – ce qui va être à nouveau le cas, jusqu’à ce qu’un nouveau président de la Chambre soit élu. Un remplacement qui avait donné lieu à un redoutable bras-de-fer entre caciques du RHDP, comme les aimait tant Soumahoro. Tchoumba (« le sage », en malinké), ne l’était pas tant que ça.

Surtout connu pour son fort caractère et son intransigeance, Amadou Soumahoro n’avait jamais eu peur de s’opposer à d’autres cadres du parti présidentiel. Avant Adama Bictogo, il n’avait pas hésité à ferrailler avec Hamed Bakayoko, Ibrahim Cissé Bacongo ou encore Guillaume Soro.

Compagnon de route du président

Il avait pour cela un légitimité : en 1994, Amadou Soumahoro avait fait partie des huit fondateurs du Rassemblement des républicains (RDR), l’ex-parti d’Alassane Ouattara. Un compagnonnage qui ne s’était depuis jamais démenti. Maire de Séguela de 1996 à 2013, puis député de la circonscription de cette ville du Nord, il fut ministre du Commerce extérieur en 2002, puis du Commerce de 2003 à 2005.

En 2011, lorsqu’Alassane Ouattara arrive à la tête de l’État, c’est à son vieil ami qu’il confie les clés du parti en le nommant secrétaire général par intérim jusqu’en 2017. Parallèlement, Soumahoro occupe le poste de conseiller du président de la République, avant d’être nommé ministre des Affaires politiques jusqu’à son arrivée à la tête de l’Assemblée.

Cet « authentique », comme on le qualifiait au sein du parti présidentiel, était souvent un partisan de la ligne dure. Pour Alassane Ouattara, c’était surtout un fidèle depuis trois décennies.

Burkina: «20 jours après, on a toujours espoir de retrouver nos collègues» dans la mine souterraine

 

Les huit mineurs coincés depuis 20 jours au fond de la mine de zinc de Perkoa, dans le centre-ouest du Burkina Faso, sont toujours prisonniers des eaux et l'on ne sait toujours pas s'ils sont encore en vie. Les autorités et la direction de la mine burkinabé s'étaient engagés à tout faire pour accéder d'ici à ce jeudi matin 5 mai à la chambre de sauvetage souterraine, où se sont peut-être réfugiés les mineurs. Pourquoi le calendrier n'a pas été respecté ? C'est la question que nous avons posée à Moussa Palenfo Ditil, le directeur de Nantou mining à Perkoa, la filiale burkinabé de l'opérateur canadien, Trevali Mining.

RFI : Les autorités burkinabè et la direction de la mine s’étaient engagées la semaine dernière à tout faire pour que la chambre souterraine, où sont peut-être réfugiés les mineurs, soit accessible avant ce jeudi 5 mai. Force est de constater que le sauvetage n’a pas encore pu avoir lieu, 20 jours après l’inondation. Qu’est-ce qui explique ce retard ?

Moussa Palenfo Ditil : Depuis le 16 avril, nous sommes éprouvés par cette inondation qui a gardé huit personnes en captivité dans la mine souterraine. Depuis lors, nous avons travaillé avec plusieurs acteurs, avec l’autorité gouvernementale… pour mettre en place les moyens qui vont nous permettre d’apporter secours à ces huit personnes.

À ce jour, nous sommes en train de pomper l’eau à un débit de 70 litres par secondes, ce qui est un accroissement de la capacité de pompage par rapport à celle que nous avions au début. Malheureusement, nous avons rencontré des difficultés avec le dispositif technique. Le système de pompage, c’est une série de pompes, qui peut compter entre 5 et 7 pompes. Nous sommes en milieu souterrain et on ne peut pas avoir une seule pompe qui pompe l’eau du fond de la mine vers la surface, donc il faut mettre en place des séries de pompes. Dans ce dispositif, il y a en a qui fonctionnent à l’électricité et là, il n’y a pas de problème. Mais les pompes au diesel sont difficiles à calibrer, à agencer avec les autres pompes. Or quand une pompe tombe en panne, il faut arrêter toute la série. C’est ce qui a fait que malheureusement à ce jour on n’a pas pu atteindre la chambre de refuge. Mais nous sommes en train de redoubler les efforts. Nous avons commandé de nouvelles pompes à partir du Ghana, il y a aussi des pompes qui viennent d’Afrique du Sud. Nous allons en recevoir livraison dans le courant de cette journée.

Nous sommes également en contact avec les familles pour continuer à leur apporter tout notre soutien. Nous sommes en contact avec les autorités. Les ministres vont repasser sur le site aujourd’hui (jeudi 5 mai). Et nous espérons que nous aurons une séance de travail avec eux qui va nous permettre de mutualiser davantage nos efforts, rassembler les moyens pour pouvoir accélérer l’opération de sauvetage des huit personnes qui sont coincées dans la mine souterraine.

Vous disiez que vous étiez en contact avec les familles. Elles ont porté plainte contre X et se plaignent de ne pas pouvoir percevoir le salaire des mineurs.

Depuis le 17 avril, nous sommes en contact régulièrement avec les représentants des familles des travailleurs qui sont bloqués dans la mine souterraine. Nous avons eu des séances d’information. Nous les avons reçus vendredi dernier sur le site pour une visite. Ils sont allés en mine souterraine pour voir la complexité de la situation, les conditions dans lesquelles nous travaillons et les moyens que nous avons mis en œuvre. Et à côté, nous essayons de leur apporter un soutien psychologique, un soutien matériel et financier.

Je précise que les salaires ont été virés sur les comptes bancaires des travailleurs. Mais en parallèle, la mine a décidé de leur accorder un soutien financier. Mais pour l’instant, les familles ont dit non, elles ont besoin d’un cadre de réflexion, elles n’entendent pas prendre de soutien financier de la mine pour l’instant. Quant à la banque, elle a ses exigences, nous ne maîtrisons pas dans quelles conditions les gens peuvent aller toucher les salaires qui ont été virés sur les comptes des travailleurs qui ne sont pas présents. Mais certainement la banque dira ce qu’il faut faire pour débloquer cela.

Nous, l’engagement que nous avons pris, c’est d’accompagner les familles en leur donnant un soutien financier et on avait annoncé aussi qu’on les accompagnerait en leur donnant des vivres. On se dit qu’en ce moment ils ont peut-être besoin de payer le reliquat des frais de scolarité, des frais de soins… Il y a des parents de victimes qui dépendent des travailleurs qui ne sont pas là en ce moment. Donc, on se dit qu’il faut avoir un regard sur leur famille, le temps que l’on finisse les opérations de sauvetage. Mais pour l’heure, ils n’ont pas accepté ce soutien. On comprend, la situation est difficile.

 

La maison-mère canadienne Trevali Mining a-t-elle fait acheminer du matériel spécialisé jusqu’au Burkina Faso pour essayer de libérer ces mineurs piégés par les eaux ?

La maison-mère s’est mobilisée tout de suite, parce que le PDG du groupe Ricus Grimbeek et le directeur des opérations Derek du Preez sont venus, de même que d’autres personnels comme le directeur HSE environnement. Ils sont venus nous apporter leur soutien et ils sont venus avec des experts « rescue emergency team », l’équipe de mesures d’urgence. Donc, ils sont là, on travaille au quotidien. Mais nous n’avons pas reçu de matériel en tant que tel. Comme je l’ai dit, la complexité de la situation, nous la découvrons au fil du temps. Et je pense que le groupe aussi se mobilise à nous apporter davantage de ressources.

Ce que nous voulons, c’est recevoir toutes les aides qui nous permettent d’aller plus vite dans cette opération de sauvetage. Au passage, je remercie l’industrie minière qui s’est déployée, qui a envoyé dès les premières heures de cet accident des pompes, de la tuyauterie et même du personnel pour nous soutenir. Mais l’ampleur de la situation, nous n’en avions pas la pleine mesure dès le départ. Et maintenant on se rend compte que c’est beaucoup plus compliqué. On attend de l’aide du secteur minier. Il y a les sapeurs-pompiers de la brigade nationale basée à Koudougou. Le génie militaire nous a déjà aidés, mais s’il veut encore faire autre chose pour nous accompagner, c’est avec plaisir que nous accepterons son aide.

Est-ce que vous gardez l’espoir de retrouver les mineurs vivants ?

Oui, on a déjà vu à travers le monde des accidents arriver dans les mines, cela a pris du temps et dans ces conditions, des personnes ont pu être sauvées, même après un mois. Nous, notre espoir, c’est vraiment la chambre de refuge. On se dit que si nos collègues ont pu accéder à la chambre de refuge, on a vraiment l’espoir de pouvoir les retrouver, même si aujourd’hui nous sommes au 20ᵉ jour.