La Croix L’Hebdo :Professeur enseignant à l’université de Georgetown, à Washington, vous venez de publier L’Économie à venir (1). Qu’est-ce qui vous passionne dans l’économie ?
Gaël Giraud : J’ai d’abord fait une thèse en mathématiques avant de comprendre que je ne serais pas heureux si je ne trouvais pas des applications concrètes à mon travail. Et comme il y a une partie de l’économie mainstream très mathématisée, j’ai commencé à m’intéresser à cette matière avec, au départ, la volonté plutôt bienveillante d’essayer de comprendre ce qu’elle avait à nous dire. Jusqu’à ce que la crise financière de 2007 à 2009 me fasse basculer.
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En 2003, avant de devenir jésuite, je suis chercheur au CNRS et ingénieur quantitatif sur les marchés financiers. Mon travail consiste à analyser les risques de certains produits pour des banques de marché. À cette époque, j’étudie les fameux subprimes, ces actifs qui, quelques années plus tard, vont conduire le monde dans une crise que personne n’avait anticipée avant 2006, époque où je me préparais à devenir jésuite. En 2003, j’avais alerté la banque sur la dangerosité de certains produits subprimes ; on me répondait alors : « On gagne tellement d’argent ! Ne veux-tu pas danser avec nous ? »
En y réfléchissant, j’ai l’impression d’avoir été sur le pont du Titanic où les riches continuent de s’amuser pendant que le paquebot fonce vers l’iceberg. On me reproche parfois de m’attaquer aux banques, mais c’est parce qu’elles ont un rôle très important dans nos vies. Je ne veux pas supprimer les banques, juste qu’elles fassent correctement leur boulot.
Dans cet ouvrage, vous dénoncez « l’imposture » de l’économie néoclassique dominante. Pourquoi cette virulence ?
G. G. : Pour une raison de fond qui tient à l’évolution de la théorie économique. Certains auteurs de la fin du XIXe siècle, dont le Français Léon Walras, affirmaient que ce qui prime en économie, c’est l’utilité que l’individu tire de sa consommation. Dans leur système, tout se passe comme si chacun tentait, sans arrêt, de maximiser cette utilité. Ce qui pose un double problème.
D’abord, comment définir et mesurer l’utilité ? Impossible. Je vous mets au défi de me dire quelle utilité vous retirez d’un plat végan ! Ensuite, soutenir que les individus ne sont reliés entre eux que par un système de prix donné par le marché contredit tout ce que les autres sciences sociales nous disent sur l’humanité, et s’oppose à l’anthropologie chrétienne. Enfin, ces modèles contredisent la physique et la biologie. Bref, l’édifice de cette prétendue science économique est bâti sur du sable.
Vous fustigez également la propriété privée, ce qui peut choquer certains…
G. G. : Au XVIIIe siècle, avec les Lumières, trois idées fortes vont structurer la modernité européenne. D’abord, la désacralisation du pouvoir politique. Ce n’est plus ni à Dieu ni à la tradition de dire comment il faut s’organiser politiquement, cela relève du débat démocratique. Ensuite, le droit devient une instance censée protéger tout le monde, notamment contre la tyrannie de l’État. Enfin, la propriété privée est érigée en droit inviolable par les révolutionnaires qui sont, on a tendance à l’oublier, des bourgeois.
Or, depuis une quarantaine d’années, l’Occident a rompu avec ce programme pour rentrer dans le temps du post-libéralisme : on « re-sacralise » le pouvoir en confiant nos destins aux marchés financiers ; on tord le droit, qu’on assujettit à la défense des intérêts privés d’une toute petite minorité. Enfin, on étend la propriété privée à tous les domaines, y compris le corps humain. Prenez les discussions autour de la gestation pour autrui. De quoi s’agit-il sinon de considérer le corps de la femme comme un objet marchand ? La privatisation du monde détruit le lien social.
À cette vision comptable qui définit le capitalisme, vous opposez les communs. Que recouvre cette notion ?
G. G. : J’ai vécu deux années au Tchad. Au village, la terre n’appartient à personne. Elle est un commun partagé en fonction de critères définis par la communauté, et personne n’aurait l’idée de dire qu’il est le propriétaire de son champ. Les communs sont à la fois ce qu’il y a de plus ancien dans l’humanité, et ce qu’il y a de plus neuf et de plus moderne pour relever les défis du XXIe siècle.
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La pandémie, par exemple, permet de comprendre que la santé est un commun mondial. Si on privatise totalement les vaccins, il y aura un coût pour y accéder, trop lourd pour les pays les plus pauvres. De ce fait, le virus continuera de circuler, au risque de muter et de rendre les vaccins existants inutiles. Cela montre qu’il y a des situations où la propriété privée doit être limitée au nom de l’intérêt public.
Derrière cette notion de communs, il y a une certaine vision de l’homme. En quoi est-ce une vision chrétienne ?
G. G. : C’est ainsi que s’organise la première Église selon les Actes des Apôtres. « Ils mettaient tout en commun », écrit Luc, son auteur, en Actes 2,44, puis en Actes 4,32. Luc dresse l’image d’une Église qui s’oppose à deux périls. D’abord, la privatisation subreptice. Souvenez-vous : deux lascars (Ananias et Saphira) cachent une partie de leur patrimoine et sont immédiatement tués. On peut dire que c’est une image mais elle souligne la sévérité du problème. Puis, en Actes 12, 20-23, le souverain Hérode se fait acclamer comme s’il était Dieu ; lui aussi est aussitôt réduit en cendres. L’État absolutiste fondé sur une théocratie n’a rien à voir avec ce que propose le christianisme.
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Dans ma thèse de théologie, Composer un monde en commun (2), j’essaie de remonter au mystère central dont fait partie la Cène. « Ceci est mon corps, partagé entre vous » : le Christ met en commun son corps pour que nous communiions tous ensemble et non chacun de notre côté. Le christianisme est cette ligne de crête où l’on apprend ce difficile travail de la mise en commun. Pour relever l’énorme défi du désastre écologique dans lequel nous sommes engagés, il nous faut apprendre à prendre soin de nos communs : le climat, la biodiversité, la santé, la culture… et, pour cela, il faut aller puiser dans des ressources spirituelles. Notamment celles qu’offre le christianisme. D’autres traditions religieuses ou philosophiques proposent également des expériences de mise en commun. Mais les chrétiens ont une voix singulière à faire entendre.
En 2004, vous décidez d’entrer dans la Compagnie de Jésus. Pourquoi ?
G. G. : Pour la mission. Les jésuites sont un ordre missionnaire. Fondamentalement, un jésuite est « envoyé » aux extrémités sociales, culturelles, géographiques – aux frontières, comme dit le pape François – pour l’accueil du règne de Dieu. C’est cela qui m’a attiré.
Pendant deux ans, au Tchad, avant de prononcer mes vœux, j’ai été rattaché à une mission jésuite pour travailler dans une prison aux côtés de ceux qui œuvraient à préserver les femmes détenues des violences des hommes. Puis, j’ai créé un centre pour enfants de la rue qui existe toujours aujourd’hui, à Balimba. J’ai vécu là des choses extraordinaires qui expliquent en partie ma décision. Une deuxième raison tient au fait que beaucoup de grands théologiens catholiques du XXe siècle sont jésuites. À 19 ans, j’ai découvert Karl Rahner qui reste, avec Kant, l’illumination spéculative de ma jeunesse. La spiritualité joue aussi un rôle majeur. Depuis que j’ai 20 ans, un accompagnateur jésuite m’apprend à prier, m’initie à la richesse des Exercices spirituels de notre fondateur, Ignace de Loyola.
Que signifie « être missionnaire » pour vous ?
G. G. : Ce qui est premier dans notre existence de jésuite est d’accomplir la mission qui nous a été confiée. Tout jésuite reçoit sa mission d’un autre jésuite. C’est le sens profond du vœu d’obéissance : je consens à ce que ce qui va faire le cœur de ma vie me soit donné par un autre. Pour moi, le plus difficile, c’est de ne pas remplir cette mission comme James Bond, qui se croit tout permis. (Rires.) Il y a là quelque chose de libérateur : je ne suis pas ma propre origine. Et bien sûr, quelque chose de difficile : il faut une vie pour y consentir vraiment.
Et faire de l’économie, c’est aussi évangéliser ?
G. G. : Oui, je suis en mission en tant qu’économiste. On peut dire que cela participe de « l’évangélisation » si l’on considère que cela fait partie du travail de sourcier autour de ce que les théologiens Christoph Theobald et Étienne Grieu appellent la foi élémentaire. La foi chrétienne est d’abord une foi élémentaire, un crédit très simple dans l’existence. C’est pourquoi la Cène n’est pas un grand discours. On mange ensemble. C’est un acte élémentaire de foi dans la vie en commun. Mon humanité repose sur cet acte de foi qui atteste que j’ai reçu la vie gratuitement, qu’elle est belle et qu’elle mérite d’être vécue avec d’autres. C’est ce qui me fait me lever tous les matins.
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La tradition chrétienne entre en scène dès lors que l’on cherche à remonter le fil de la sainteté qui habite discrètement ces témoins, ou ces passeurs, jusqu’au Témoin par excellence qu’est Jésus. La rencontre personnelle avec le Christ peut alors nous faire grandir de cette foi élémentaire vers le don de soi pour autrui : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15, 13). Mais cette foi élémentaire peut être vécue par tout le monde. Je rencontre des athées – c’est une banalité que de dire cela – qui ont une foi élémentaire davantage chevillée au corps que certains chrétiens. Quand je parle d’économie, j’essaie modestement de contribuer à désensabler cette foi élémentaire. Je crois fondamentalement que nos sociétés sont capables de quitter les mythes de l’économie néoclassique, de sortir des illusions sur le marché qui nous empêchent de faire face sérieusement au drame climatique et sanitaire. Il faut pour cela une décision, un acte de courage spirituel collectif.
Entre l’économiste, le citoyen engagé et le prêtre jésuite que vous êtes, il n’y a jamais de conflits ?
G. G. : Le seul qui soit complètement cohérent, qui manifeste une vraie unité stylistique (au sens de Theobald) entre forme et fond, c’est le Christ. Moi, je suis comme tout le monde : engagé sur un chemin d’apprentissage de la sainteté où je me casse régulièrement la figure et où il y a beaucoup à parcourir.
Votre militantisme peut-il parfois vous desservir ?
G. G. : Oui, un danger me guette. Pour prendre une image de l’Exode, durant la traversée de la mer Rouge par les Hébreux, imaginez Moïse disant à l’ange qui est à la tête de la colonne : « Pousse-toi, je prends le commandement. » Je suis engagé dans une espèce de combat militant avec parfois cette tentation de me prendre pour le chef des armées et de croire que je mène mon combat et non plus celui de Dieu.
On sent chez vous une sorte de révolte qui nourrit un discours à la fois prophétique, radical et clivant. D’où cela vient-il ?
G. G. : Il faut faire ma psychanalyse pour le savoir ! (Rires.) Une chose est sûre : ce que j’ai vécu au Tchad m’a profondément marqué. Avant ce volontariat, je sortais de l’École normale supérieure et de l’École polytechnique où j’ai fait ma première thèse.
Revenu en France, j’ai retrouvé mon bureau à l’X. Un jour, un ami tchadien me téléphone et m’annonce, tout joyeux, qu’ils ont enfin trouvé de l’eau dans le terrain du centre pour enfants à Balimba. En raccrochant, j’ai regardé le laboratoire high-tech où j’avais fait ma thèse, et je me suis demandé : « Est-ce le même monde dans lequel nous vivons ? » Si vous avez vécu cela dans votre chair, vous aurez du mal à rester indifférent à ce qui touche 80 % de l’humanité. Cela peut conduire à une forme de radicalité.
Un vote sur Internet vous a désigné dans le trio des personnalités les mieux à même de réunir une gauche émiettée. Pourriez-vous être candidat à la présidentielle en 2022 ?
G. G. : Non. Comme jésuite et prêtre, je ne le peux pas.
Vous ne serez pas candidat, mais vous entendez peser sur le débat. Vous avez d’ailleurs récemment présenté douze propositions (3).
G. G. : Ces douze propositions ne constituent pas un programme mais plutôt des questions piquantes, pour la gauche comme pour la droite, sur l’hôpital, l’impôt, la protection sociale, le service national. Je les ai formulées avec l’espoir d’animer un débat public qui me semble d’une pauvreté affligeante.
Le prêtre jésuite que vous êtes n’épargne pas ses critiques au président Macron que vous présentez comme un ultralibéral autoritaire. N’y allez-vous pas un peu fort ?
G. G. : Je n’ai évidemment rien contre sa personne. Si j’ai pu donner l’impression que c’était le cas, je le regrette. Je peux bien sûr me tromper, mais le fait est que nous n’avons jamais eu un régime aussi présidentialiste que celui d’Emmanuel Macron. L’autre danger vient de son véritable programme qui consiste à privatiser tout ce qui peut l’être – ce qu’il a fait avec EDF, la SNCF et Aéroports de Paris, et qu’il envisage avec un projet de démantèlement de la Caisse des dépôts qui pourrait être le prochain épisode de la destruction des grands appareils qui ont fait la France. Emmanuel Macron croit-il en l’écologie ou au dialogue social ? Pour moi, il n’est pas un représentant de la droite gaullienne sociale catholique, ni même du réformisme technocratique à la Giscard mais plutôt une version française du post-libéralisme à la Thatcher, dont la politique me paraît dangereuse pour le pays.
Votre plaidoyer pour la transition écologique rejoint le souci du pape pour la « maison commune » formulé dans l’encyclique Laudato si’. Ce pape marque-t-il le retour des chrétiens de gauche ?
G. G. : La pensée de François va bien plus loin que cela ! Pour le comprendre, il faut relire Evangelii gaudium, un grand texte où le pape partage son expérience et appelle l’Église à renouer avec l’attitude pastorale à laquelle invitait Jean XXIII en lançant le concile Vatican II. L’attitude pastorale, c’est de croire que les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont déjà habités par Dieu, que l’Esprit Saint travaille en leur cœur, qu’ils ont quelque chose à dire et à faire pour l’accueil du Règne.
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La tâche de l’Église est de les écouter, de donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Au fond, il s’agit de faciliter, de « sourcer » et de promouvoir la foi des fidèles. Mais l’Église court parfois le risque de se substituer à eux et leur dicter ce qu’ils doivent faire. Avec Laudato si’, notamment, le pape François vit la pastoralité de l’Église en prenant acte que, désormais, la question qui hante l’immense majorité de l’humanité est le défi climatique. Il s’est mis à l’écoute du monde et a dit tout haut ce que tous vivaient tout bas en 2015. D’où l’extraordinaire retentissement de cette encyclique.
Qu’est-ce qui distingue Laudato si’ de l’écologie politique ?
G. G. : L’écologie que propose le pape François n’est pas une série de mesures à appliquer. C’est une écologie intégrale qui repose sur une anthropologie relationnelle développée dans Fratelli tutti, autre encyclique qui complète Laudato si’.
L’idée principale est la suivante : ce qui me constitue comme humain, à l’image de Dieu, ce sont les relations dans lesquelles je suis inscrit avec autrui et le vivant en général. Le pape nous appelle à rompre avec la folie du naturalisme occidental incarné par L’Homme de Vitruve de Léonard de Vinci. Un homme bras et jambes écartés, inscrit dans un cercle et un carré, isolé, sans femme, sans la nature, seul avec la technique. À la place, François nous propose une cosmologie chrétienne, fondée d’abord sur la relation. Et ça, une certaine écologie politique n’est pas encore capable de l’entendre.
Avant de rejoindre l’université de Georgetown, vous avez passé votre « troisième an », étape obligée de réflexion sur votre vocation. Que vous a apporté ce temps de retrait ?
G. G. : Avec d’autres jésuites, nous avons refait les Grands Exercices : une retraite en silence d’un mois. Que dire de cette expérience ? Cela a un lien avec le combat dont je parlais et la tentation de se croire le « chef des armées ». C’est l’occasion de refaire l’expérience que la tendresse de Dieu me précède toujours et partout. Ensuite, j’ai été envoyé au service des réfugiés à Rome. J’ai ainsi fait la cuisine plusieurs mois dans les caves du Gesù, la maison mère des jésuites, celle-là même où saint Ignace a vécu et a dirigé la Compagnie. Nous faisions à manger pour les réfugiés, même au plus fort de la pandémie. L’ambassadrice de France près le Saint-Siège m’a alors invité à discuter, en fin de journée, dans sa résidence.
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Cela résume bien, je crois, notre vie de jésuite : être donnés aux plus démunis, de qui nous recevons l’énergie, le courage et la joie de vivre, puis le restituer à ceux qui sont au haut de l’échelle et qui peuvent agir sur les structures.
Vous insistez beaucoup, dans votre dernier livre sur la notion d’hospitalité inconditionnelle. Qu’entendez-vous par cette formule ?
G. G. : C’est un concept central chez Christoph Theobald, mon directeur de thèse. Le philosophe Jacques Derrida dit de l’hospitalité inconditionnelle qu’elle est à la fois nécessaire et impossible. Nécessaire parce qu’une hospitalité sous conditions, ce n’est plus de l’hospitalité. En France, quand on vous accueille aux urgences, on ne vous demande pas votre carte bancaire comme on le fait aux États-Unis, et c’est heureux. Mais il ne s’agit pas non plus d’ouvrir nos frontières tous azimuts au monde entier ! Au risque de choquer certains, je pense même que, pour l’instant, il ne faut pas ouvrir davantage nos frontières pour pouvoir nous concentrer sur l’accueil de ceux qui arrivent, et leur donner les moyens de s’insérer, tout en lançant un plan Marshall pour le Sahel et le Moyen-Orient.
En réalité, l’hospitalité inconditionnelle est une disposition de cœur collective, qui s’incarne dans des actes. C’est une manière de répondre à la question que pose le Christ avec la parabole du Samaritain : qui est mon prochain ? Celle ou celui dont je me rends proche ? Le contraire de l’hospitalité inconditionnelle, c’est le tribalisme, qui consiste à n’accorder d’intérêt et de valeur qu’à ceux qui appartiennent à ma tribu. Certes, l’hospitalité vraiment inconditionnelle est impossible, sauf pour le Christ. Jésus ne demande pas aux gens s’ils ont une carte bancaire ou un casier vierge pour les rencontrer. Il accueille tout le monde, même les non-Juifs, et se laisse déplacer par eux, allant jusqu’à transformer le programme messianique dont il hérite pour l’ouvrir à la totalité des nations. C’est cette hospitalité messianique qui fait le cœur de la vie de Jésus et que nous, chrétiens, sommes appelés à vivre.
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Gaël Giraud, en aparté
♦ Ses dates
24 janvier 1970 Naissance à Paris.
1989 Après deux années de classes préparatoires au lycée Henri-IV (Paris), il intègre l’École normale supérieure de la rue d’Ulm.
1995-1997 Fonde un centre d’accueil pour les enfants de la rue pendant son service civil au Tchad, alors professeur au lycée jésuite Saint-Charles-Lwanga.
1998 Thèse de doctorat en mathématiques au laboratoire d’économétrie de l’École polytechnique. Puis entre au CNRS comme chargé de recherche en économie.
27 septembre 2004 Entre chez les jésuites. Il est ordonné prêtre le 14 décembre 2013.
2014 Publie Illusion financière. Des subprimes à la transition écologique, Les Éditions de l’Atelier.
Septembre 2020 Soutenance de sa thèse de théologie « Composer un monde en commun. Une théologie politique de l’anthropocène » sous la direction du jésuite Christoph Theobald, au Centre Sèvres.
2020 Fondateur du programme Justice environnementale à l’université américaine de Georgetown.