Le calendrier musulman unifié fondé sur les calculs annonce un mois de jeûne étalé sur 30 jours avec :
• le début du mois de Ramadan 2018 – 1438 fixé au mercredi 16 mai 2018
• la fin du mois de Ramadan 2018 – 1438 fixée au jeudi 14 juin 2018La fête de l’Aïd al-Fitr, correspondant au premier jour du Chawwal, est prévue pour le vendredi 15 juin 2018.
Mise à jour : Ces dates ont été confirmées le 10 avril par le Conseil théologique musulman de France (CTMF), qui explique ici sa décision.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) annoncera les dates du début et de fin du jeûne lors de traditionnelles Nuits du doute à la Grande Mosquée de Paris.
Dialogue interreligieux
« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Dates du Ramadan 2018
France: dates du Ramadan 1438 (2018)
Journée mariale islamo-chrétienne
Compte-rendu de la 3e journée mariale
islamo-chrétienne à Notre-Dame d’Afrique (5 mai ’18)
En 2016 le jeune recteur de la Basilique Notre-Dame d’Afrique, le P. Anselme Tarpaga, du Burkina Faso, lance un projet osé et risqué: organiser une journée mariale islamo-chrétienne. Convaincu de l’importance de créer des espaces de convivialité et de réflexion, il veut vivre pleinement le charisme des Pères Blancs sans être ni dans l’attentisme ni dans la figuration : il veut avec tous ses confrères devenir un acteur engagé et d’autre à d’autres le goût du dialogue.
Et en 2018 cette initiative des Pères Blancs s’est déjà confirmée comme un rendez-vous amical et ouvert à tous ceux qui, en Algérie, souhaitent favoriser l’amitié entre chrétiens et musulmans. À Alger la Basilique de Notre-Dame d’Afrique, avec son cadre exceptionnel et sa renommée de lieu de paix et de spiritualité ouverte est le lieu idéal. Merci aux autorités civiles et religieuses qui se sont associées d’une manière ou d’une autre à la réussite de la journée.
Le «marché d’artisanat» prévu sur l’esplanade n’a pas eu lieu pour des raisons de calendrier, mais c’est peut être une chance car le fort vent et la pluie intermittente auraient dispersés les acheteurs… et même les produits !
L’information avait été diffusée par des affiches et dépliants, par les réseaux sociaux modernes, par nos listes d’amis et bienfaiteurs, par la presse locale (merci à nos amis ayant fait jouer leurs contacts et attiré l’attention des journalistes nationaux et étrangers ainsi que des diverses chaînes de télévision) : au total plus de 300 cartes d’accès avaient été sollicitées à travers notre site web. D’autres personnes sont arrivées avec l’espoir de trouver «une petite place vide» car le sujet du vivre ensemble les intéressait grandement.
Lorsque le P. Michael O’Sullivan, recteur de la Basilique, adresse le mot de bienvenue aux assistants, la nef de la basilique est pleine comme un œuf grâce à la présence des simples citoyens, des représentants des autorités civiles (wali-préfet, maire) des membres du corps diplomatique, du représentant du ministère des affaires religieuses et des waqf, des associations, des chercheurs, quelques « has been » et une bonne partie de la communauté catholique d’Alger dans sa diversité. L’archevêque d’Alger Mgr Paul Desfarges et l’imam Cheikh Hamdan Sahalli (de la mosquée « Al-Oumma » dans notre quartier) ont également pris la parole pour dire l’importance de la journée et du thème.
À 10h40 commençait la table ronde tant espérée. Voici, rapidement des intervenantes car toutes les prises de parole, sauf une, ont été assurées par des femmes :
- Mme Malika LAFER (co-animatrice du programme « Connaître l’Islam » sur Alger chaîne 3) : Éduquer à travers la radio.
- Mme Samira Mekhaldi (« mourchida » ou guide religieuse): Expérience féminine de transmission de la foi.
- Mme Fazia Belaidi : La Revue Hayat (coéditée par le croissant Rouge d’Alger et Caritas Algérie): une expérience islamo-chrétienne en faveur des femmes.
- Mme Felicia Volpicella (catéchiste de la communauté italophone) : Les adolescents et leur éducation dans un contexte de minorité religieuse et linguistique.
- Dr Mustafa CHERIF (ancien ministre et ambassadeur algérien) : La Sainte Vierge Marie vénérée par les musulmans, conformément au Coran et à la Tradition prophétique.
Deux entractes musicaux, magistralement interprétés, par le maestro Djamel Ghazi ont permis à l’assistance de préparer les questions destinées aux intervenants lors de deux tours de questions.
Les assistants ont interpellés tel ou tel intervenant, en arabe ou en français, mais aussi les autorités responsables de la préservation du patrimoine et de la diversité culturelle et religieuse de l’Algérie. On sentait dans les questions du public, inhabitué aux grandes discussions philosophiques, un réel désir de vivre en paix et harmonie.
À 13h une longue et bruyante « procession » sortait de la basilique pour se diriger vers la cour paroissiale ou un généreux repas était servi. Mais il faut dire que pour beaucoup la déception fut grande de ne pas trouver le traditionnel « couscous marial » dont la recette intrigue tous ceux qui l’avaient vu affiché dans le programme. Mais ce fut une occasion de multiplier les contacts, de se faire photographier, d’échanger les adresses, de parler de projets communs… le tout avant que la pluie menaçante commence à tomber doucement sur nous. Heureusement c’était l’heure de rouvrir la basilique pour accueillir tous ceux qui désiraient assister au concert de clôture à 15h.
Grâce à la sollicitude de l’ambassadeur d’Italie, le groupe de polyphonie à capella Prima Prattica Ensemble, composé de neuf membres, a pu délecter le public par la qualité de sa prestation. Un silence «religieux» accompagnait des chants, du XVème au XXème siècle, à la Vierge Marie. Un pur cadeau du ciel…
L’équipe de trois pères blancs (Michael qui est Irlandais, Benoît Mwana Nyembo, Congolais et moi, Espagnol), après avoir fermé les portes de la basilique et nous être assurés que tout avait été bien rangé, nous nous sommes laissé tomber dans le sofa de la maison en nous exclamant : « Une belle journée, nous devons remercier Dieu! Nous avons bien fait de l’organiser ! » Et, autour d’un apéritif, nous avons passé en revue les nombreuses anecdotes drôles de la journée, et même si personne ne le disait, nous avions une seule idée en tête : la 4ème journée mariale islamo-chrétienne en 2019 ! Qui veut nous aider à la rendre réalité ?
José María Cantal Rivas pb.
Rencontre interreligieuse perturbée
France: Des intégristes troublent une rencontre interreligieuse entre musulmans et chrétiens
Quelques centaines de personnes, musulmanes et chrétiennes, étaient rassemblées samedi 5 mai à la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, à Paris, pour participer à une rencontre sous l’égide du mouvement « Ensemble avec Marie ». Mais ce rassemblement a très rapidement tourné en une confrontation éprouvante.
À peine dix minutes après le début de la rencontre, un premier individu s’est levé pour contester cette initiative interreligieuse, la qualifiant de « blasphème ». Un groupe d’une trentaine de jeunes s’est mis à entonner des « Je vous salue Marie ».
L’assemblée, prise de court dans un premier temps, est parvenue à reléguer les perturbateurs aux rangs du fond, mais ceux-ci ont poursuivi leurs litanies tout au long de la rencontre et distribué des tracts aux personnes présentes.
« C’était très perturbant », raconte Gérard Testard, président de l’association Efesia à l’initiative de ces rassemblements. « Ils ont passé une heure et demie à essayer d’empêcher la rencontre. » Il regrette surtout le message que portaient ces jeunes, âgés de 15 à 25 ans selon lui, qui prétendent posséder la « vérité objective ». « Pour eux, toute personne qui souhaite dialoguer est relativiste. Les musulmans, il faut les convertir, point », soupire-t-il.
[… Lire la suite: [France]Des intégristes troublent une rencontre interreligieuse entre musulmans et chrétiens>, Joséphine Kloeckner, La Croix-Africa, 05/05/18.
Afrique subsaharienne : éducation arabo-islamique
L’éducation arabo-islamique en Afrique subsaharienne :
dépasser les idées reçues pour construire l’avenir
(The Conversation)
Des enfants d’une école coranique à Mombasa, au Kenya.
Michał Huniewicz/Flickr, CC BY
Rohen d’Aiglepierre, AFD (Agence française de développement); Clothilde Hugon, Sciences Po Bordeaux, and Hamidou Dia, Institut de recherche pour le développement (IRD)
Article republié en anglais sur le même site le 15/04/18 sous le titre: Arab-Islamic education in Sub-Saharan Africa: going beyond clichés to build the future
L’éducation arabo-islamique en général, et les écoles coraniques en particulier, reste la grande oubliée des programmes prônant l’éducation pour tous en Afrique.
Pourtant, cette éducation concerne un nombre très important d’enfants, dont une bonne partie est considérée comme se situant hors du système éducatif par les autorités publiques.
Reconnaître l’existence de l’éducation arabo-islamique, son importance et sa diversité est donc un préalable pour construire un cadre de concertation et un dialogue entre tous en Afrique subsaharienne. Mais pour cela, il faut commencer par dépasser certaines idées reçues.
Idée reçue 1 : l’éducation arabo-islamique est un phénomène récent en Afrique
L’éducation arabo-islamique est apparue au XIe siècle en Afrique subsaharienne au moment de la diffusion de l’Islam. C’est la première forme d’éducation collective formalisée. Initiée d’abord par des commerçants arabo-berbères en Afrique de l’Ouest, puis propagée par des confréries religieuses à partir du XIXe siècle, elle a d’abord pris la forme des écoles coraniques de type soufi. On y enseigne alors essentiellement la mémorisation du Coran.
Pour concurrencer les écoles coraniques et attirer les élèves musulmans dans l’espace francophone colonial, l’administration française a ensuite créé des médersas coloniales sur un modèle bilingue franco-arabe.
À partir des années 1940, un marché de l’éducation arabo-islamique a progressivement émergé grâce à l’initiative d’entrepreneurs de l’éducation, appuyés et soutenus par des financements extérieurs en provenance du Maghreb et plus récemment des pays du Moyen-Orient.
Depuis 2000, en voulant les intégrer dans le système éducatif formel, certains États ont développé de nouvelles structures éducatives intégrées (écoles coraniques intégrées ou modernisées et écoles franco-arabes publiques) dans les systèmes éducatifs nationaux.
Idée reçue 2 : l’éducation arabo-islamique, c’est l’apprentissage du Coran
L’éducation arabo-islamique regroupe une très grande diversité d’institutions variant selon les contextes géographiques, mais présentes dans presque tous les pays d’Afrique, qu’ils soient à majorité ou à minorité musulmane. En raison de l’absence de données, cette catégorie de structure éducative reste encore peu prise en compte par les chercheurs et les planificateurs des systèmes éducatifs.
Il est possible de distinguer les établissements selon leur niveau de reconnaissance par les États : les établissements formels (nommés médersas/madrasahs, écoles coraniques intégrées ou franco-arabes) et les établissements informels (nommées daara, maktab ou kuttāb).
L’éducation formelle est celle qui dispense le curriculum scolaire national dans un cadre officiel, reconnu par les institutions du pays. Elle est prise en charge par le système éducatif national, selon une pédagogie, des règles de fonctionnement, un processus de validation et un calendrier fixé par l’État.
À l’inverse, l’éducation non-formelle se situe hors du cadre officiel de l’État, elle ne forme pas aux compétences attendues dans le curriculum scolaire national ou aux examens et ne donne pas lieu à des évaluations ni à la certification des acquis.
Tableau : Différences entre établissements éducatifs arabo-islamiques pour les enfants en âge d’être dans le cycle primaire
Idée reçue 3 : l’éducation arabo-islamique est un épiphénomène
Quantifier le nombre d’enfants pris en charge par des structures éducatives arabo-islamiques est un véritable défi puisque la grande majorité des pays africains ne collecte pas d’informations sur ce sujet. En effet, les données administratives collectées se concentrent sur les établissements considérés comme formels, dans la mesure ou ils sont les seuls à être considérés comme relevant de la responsabilité du ministère de l’Éducation.
Dans quelques pays, les données d’enquêtes permettent de donner un ordre d’idée de la proportion d’enfants qui sont pris en charge par des écoles coraniques exclusivement (éduction arabo-islamique non-formelle). Leur part représente une proportion assez faible en Côte d’Ivoire (1,5 %), au Nigéria (3,5 %), mais est beaucoup plus importante au Tchad (6,8 %), aux Comores (15,4 %), en Mauritanie (23,1 %) et en Somalie (33,5 %).
Les élèves des écoles coraniques représentent ainsi une très grande partie des enfants considérés comme étant « hors l’école », la plupart des pays ne les distinguant pas des enfants véritablement en dehors de toute structure éducative.
Du côté de l’éducation arabo-islamique formelle, celle-ci prend en charge une partie assez faible des enfants en Mauritanie (0,4 %), au Nigéria (0,5 %), en Côte d’Ivoire (1,7 %), au Burkina Faso (1,8 %), au Sénégal (3,4 %), et est importante en Gambie (10,9 %).
Graphique : Pourcentage des enfants en âge d’être au primaire selon la situation éducative
Idée reçue 4 : l’éducation arabo-islamique, c’est pour les garçons et pour les pauvres
Si une grande partie des ménages musulmans cumulent un enseignement formel (public ou privé) avec une école coranique, une partie non négligeable des ménages se contente d’une école coranique.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les écoles coraniques ne sont pas réservées aux garçons et aux ménages les plus pauvres. Un grand nombre de filles sont également prises en charge et, dans des pays comme la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Somalie et le Sénégal, l’éducation arabo-islamique peut même être parfois plus favorable aux filles que les autres structures éducatives formelles.
Les écoles coraniques concernent une catégorie intermédiaire de la population. Celle-ci se situe entre les ménages les plus urbains et les plus riches (qui placent leurs enfants dans l’éducation formelle), et les ménages les plus pauvres et les plus ruraux (qui ne mettent leurs enfants dans aucune structure éducative). Quant à l’éducation arabo-islamique formelle, elle concerne plutôt les garçons et les ménages disposant d’un niveau de revenu intermédiaire à aisé.
Comment construire un compromis entre les États et l’éducation arabo-islamique ?
De fait, il existe un double système éducatif dans la plupart des pays africains à majorité ou à composante musulmane. L’un est d’inspiration occidentale (les écoles publiques ou privées non arabo-islamiques) et l’autre est issu de la culture arabo-islamique et de son acculturation en Afrique depuis des siècles (les écoles coraniques).
Des initiatives sont menées par des courants religieux (d’abord réformistes, puis confrériques) et des États (parfois accompagnés par des organisations internationales et non gouvernementales), afin de donner corps à ce qu’on pourrait appeler une troisième voie. Celle-ci tente de réconcilier une demande d’éducation religieuse et un impératif de mise aux standards internationaux.
Certains États progressent ainsi vers un système « hybride », où, dès le cycle primaire, l’enseignement religieux (ainsi que l’enseignement de la langue arabe) est couplé à un enseignement « profane ». Celui-ci permet l’acquisition d’une éducation de base (en langue française ou anglaise), notamment des compétences en lecture, écriture, et mathématiques.
Ces écoles (par exemple, les écoles franco-arabes au Sénégal) sont toujours en voie d’expérimentation (programmes scolaires, taux horaires, enseignement des langues, enseignement du religieux à l’école, formation des enseignants). Des efforts sont ainsi à consentir par toutes les parties prenantes pour dépasser les incompréhensions mutuelles et construire le projet éducatif commun dont l’Afrique subsaharienne a besoin.
Rohen d’Aiglepierre, PhD, chargé de recherche « Capital humain », AFD (Agence française de développement); Clothilde Hugon, Docteur en science politique, Sciences Po Bordeaux, and Hamidou Dia, Socio-anthropologue et chargé de recherche, Institut de recherche pour le développement (IRD)
This article was originally published on The Conversation. Read the original article.