Le gouvernement égyptien n’a pas l’intention de modifier ou d’abroger la loi punissant l’outrage à la religion, disposition pénale utilisée, y compris récemment, pour monter des procès et condamner à des peines dans le cas d’affaires controversées, qui ont divisé l’opinion publique nationale. Le conseiller et représentant du Ministère de la justice, Ayman al Rafah, répondant aux questions du Comité parlementaire compétent à propos de la présentation d’un projet de loi d’abrogation de l’article du Code pénal concerné, a indiqué que ce qu’il est convenu d’appeler loi anti-blasphème protège des aspects de la vie des différentes communautés religieuses qui ne sont pas pris en considération par d’autres articles du Code pénal, qu’il ne met pas en danger la liberté de pensée et représente dans tous les cas une garantie par rapport à des phénomènes et à des actes pouvant déchaîner la haine sectaire. La question – indiquent des sources égyptiennes consultées par l’Agence Fides – continuera à être prise en considération par les organes parlementaires compétents, qui solliciteront probablement également l’Université islamique d’al-Azhar et le Patriarcat copte orthodoxe afin qu’ils expriment leurs évaluations en ce qui concerne la disposition contestée. L’article 98 § e du Code pénal, qui punit l’outrage à la religion a été utilisé, y compris récemment, pour débuter des procès contre des personnages publics tels que l’écrivain Fatima Naoot et le présentateur Islam el Beheiry. Cependant, au nom de cette même disposition, ont également été condamnés quatre élèves coptes accusés d’outrage à la religion islamique pour avoir diffusé au printemps 2015 un vidéoclip de quelques secondes, réalisée à l’aide d’un téléphone portable, dans lequel ils mimaient l’égorgement d’un musulman en prière, à l’imitation des mises à mort horribles perpétrées par les djihadistes du prétendu « Etat islamique » (voir Fides 08/03/2016). (GV) (Agence Fides 13/06/2016)
Dialogue interreligieux
« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Aïd el Fitr, fin du Ramadan
Voeux de Mgr Claude Rault pour la fin du Ramadan
Le 6 Juillet 2016
Père Claude RAULT
évêque du Sahara
VŒUX DE L’AID EL FITR 2016/ 1437 H.
VŒUX DE L’AID EL FITR 2016 / 1437 H.
AUX MUSULMANS ET MUSULMANES
AMIS DE NOTRE EGLISE CATHOLIQUE DU SUD DE L’ALGERIE
Bien chers Amis, Frères et Soeurs musulmans.
Vous avez passé des journées parfois éprouvantes de jeûne et de privation,
mais aussi de prière et de joies familiales.
Vous allez dans la joie fêter l’Aïd el Fitr et reprendre la vie ordinaire :
Que Dieu vous bénisse, et qu’Il bénisse vos familles et vos proches.
Notre monde a encore été atteint
par des violences aveugles et intolérables
Un grand nombre d’innocents : musulmans, musulmanes,
hommes et de femmes de confessions diverses ont été aussi frappés.
Nous partageons la tristesse des victimes et des familles
quelle que soit leur appartenance :
nous sommes tous égaux devant l’épreuve comme devant la mort.
Mais cette tristesse est accompagnée de profondes joies.
A travers le monde, des maisons se sont ouvertes
pour inviter des étrangers à la table du ftour.
Des mosquées ont accueilli des chrétiens,
des églises ont ouvert leurs portes à des musulmans
en signe de partage et d’amitié.
La solidarité s’est manifestée, les cœurs se sont ouverts.
Ces gestes font reculer la méfiance qui peut détruire le respect mutuel.
Ils sont des signes d’espérance dans notre monde en souffrance.
Ensemble, construisons la paix
par les armes de l’amitié, de la convivialité et de la confiance mutuelle
Au nom de la Communauté Chrétienne du Sud Algérien,
je vous exprime mes vœux de paix, de santé et de fraternité.
Que Dieu vous bénisse, vous tous, chers amis du Sud Algérien.
P. Claude Rault
Evêque catholique de Laghouat-Ghardaia (Sud Algérie)
Quel dialogue est possible ?
Etant donné les sujets développés dans les trois articles ci-dessous, on peut se demander dans quel mesure le dialogue pourra véritablement exister entre les éléments concernés.
La principale conquête de daech est celle du territoire des esprits
Samedi soir 21 mai, dans un message audio d’une trentaine de minutes, l’organisation Etat islamique [EI] a appelé à des attaques contre les Etats-Unis et l’Europe durant le mois de ramadan, qui commence début juin. Attribué au porte-parole de l’EI, Abou Mohammed Al-Adnani, cet appel intervient à un moment difficile pour cette organisation, puisque la coalition antidjihadistes dirigée par les Etats-Unis est en voie de reconquérir toute une partie du territoire contrôlé par les partisans du « califat » d’Abou Bakr Al-Baghdadi.
Le message a pour vocation de remonter le moral de ces derniers. Il dit notamment ceci : « Serionsnous défaits si nous perdions Mossoul, ou Syrte, ou Rakka, ou toutes les villes pour retourner là où nous étions auparavant ? Non, car la défaite, c’est perdre le désir et la volonté de se battre. »
Les succès militaires de la coalition anti-Daech [acronyme arabe de l’EI] ne sont pas négligeables. L’organisation « Etat islamique en Irak et dans le Cham » [une des appellations de Daech] est devenue une réalité importante car elle a su se donner un territoire et, plus encore, un territoire administré comme un Etat, ce que n’avait jamais réalisé Al-Qaida, même dans ses sanctuaires afghans. La perte d’une large part de ses conquêtes territoriales est donc, pour Daech, un sérieux revers.
Il y a néanmoins une limite à cette reconquête territoriale : en Irak, les tribus sunnites veulent pouvoir exister dans un pays maintenant majoritairement chiite, où le pouvoir qu’elles ont longtemps détenu leur est désormais refusé. Daech, certes, s’est largement imposé par la terreur mais, en même temps, il a répondu et continue de répondre à l’aspiration d’une sorte de « Sunnistan » que personne d’autre n’avait autorisé, depuis la chute du régime de Saddam Hussein. Le recul de Daech ne signifie donc pas automatiquement le retour de la paix dans ces régions jetées dans le chaosdepuis la deuxième guerre du Golfe.
Mais, surtout, il serait faux de croire que nous assistons au crépuscule de Daech. Car l’Etat islamique n’est pas d’abord un territoire : c’est une idéologie. Et la principale conquête territoriale qu’il a déjà réussie, c’est la conquête du territoire des esprits de centaines de milliers, peut-être de millions de personnes à travers le monde. Daech c’est une vision en cours de réalisation, un rêve en train de se concrétiser, une promesse de réel bouleversement du monde, qui « parle » – au moins partiellement – à des centaines de milliers, voire des millions de personnes aux quatre coins de laplanète. (Source: LE MONDE | 07.06.2016 | Par Rachid Benzine (Islamologue)
Egypte – rejet des campagnes en vue de l’abrogation de la loi anti-blasphème de la part du gouvernement
Du mythe du califat au totalitarisme
Même si nombre d’Occidentaux ont découvert ce terme avec la proclamation du nouveau Califat islamique en juin 2014 par Da’ech, le thème du califat est central au sein de l’ensemble de la mouvance de l’islamisme radicale depuis la création de la Confrérie des Frères musulmans, en 1928, par Hassan al-Banna, qui envisageait le rétablissement du Califat après son abolition par “l’apostat” Atätürk en 1924. La nécessité de rétablir, à terme, le Califat est, avec la charia, un point de convergence idéologique fondamental entre les islamistes du monde entier, qu’il s’agisse de la tendance jihadiste d’Al-Qaïda, de l’Etat islamique aujourd’hui ou encore de la tendance de l’islam politique plus “modérée” et acceptant le jeu démocratique représentée par les différents partis inspirés de l’idéologie des Frères musulmans (Ennahda en Tunisie, Parti de la Justice et de la Liberté en Egypte-PJL; parti de la Justice et du développement au Maroc – PJD) lesquels s’inspirent aussi de l’expérience démocratique et gouvernementale du Parti de la Justice et du Développement turc (AKP) de Recep Taiyyp Erdogan, qui se verrait bien lui aussi Calife et qui est déjà devenu de facto un néo-Sultan après avoir détruit la laïcité kémaliste en Turquie et en essayant de se comporter en parrain des pays sunnites du Proche-Orient et du Maghreb. (Source : Atlántico/13.06.16)
Ramadan, dialogue, Coran
Trois articles publiés sur le site de l'ARCRE
Comprendre le coran
Selon la tradition musulmane, le mois de Ramadan qui vient de s’ouvrir serait celui au cours duquel le Coran a été transmis à Mohammed. Le mot Coran viendrait du terme syriaque queryâna, désignant la lecture faite au cours d’un office religieux. « Il contient à la fois les notions de lecture, récitation, proclamation, prêche, annonce et même connaissance et mémorisation », note l’islamologue Ghaleb Bencheikh (Le Coran, Éd. Eyrolles, 2009). Pour les musulmans, il est « le Livre », copie d’un archétype consigné au ciel – « Umm al Kitab », la mère du Livre – sur « une table gardée » (sourate 85, verset 21). Il est surtout le dernier rappel qui clôt la révélation entamée avec Abraham.
La tradition musulmane rapporte que, vers l’âge de 40 ans (soit en 610 ap. J.-C.), Mohammed, qui avait pris l’habitude de se retirer chaque année dans une grotte au sommet du mont Hirâ, près de La Mecque, en reçut la révélation apportée par l’ange Gabriel. Pour certains, la « descente » (tanzîl en arabe) du Coran se serait faite en une seule fois, pendant la nuit du destin. « Le Coran a été révélé durant le mois de Ramadan. C’est une direction pour les hommes ; une manifestation claire de la direction et de la loi », indique le verset 185 de la sourate II (trad. Denise Masson). Pour d’autres, cette révélation s’est faite par bribes, entre 612 et 632, se mêlant donc à l’histoire du prophète Mohammed et à celle de sa communauté.
En tout état de cause, la grande majorité des musulmans considère que le Coran est « incréé ». Pour mieux signifier qu’il ne peut en être l’auteur, Mohammed est volontiers présenté comme illettré. En raison de son origine divine et miraculeuse pour les musulmans, ce livre est aussi réputé « inimitable », « intraduisible », et avoir été transmis dans une « langue arabe claire ».(Source :10.06.16/ Anne-Bénédicte Hoffner)
Message du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux à l’occasion du Ramadan
Le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a envoyé un message de vœux à l’occasion du mois de ramadan que les musulmans du monde entier fêtent ces jours-ci. Intitulé « chrétiens et musulmans, bénéficiaires de la miséricorde divine », ce message, signé par le cardinal Jean-Louis Tauran, président du dicastère et Mgr Ayuso Guixot, secrétaire, rappelle les liens spirituels qui unissent les croyants des deux religions. « Aussi bien le christianisme que l’islam, nous le savons tous, croient en un Dieu Miséricordieux qui montre Sa miséricorde et Sa compassion envers toutes ses créatures, en particulier envers la famille humaine » écrit le cardinal Tauran. Il souligne aussi que le pèlerinage effectués aux lieux saints de l’islam est « sûrement une occasion privilégiée de faire l’expérience de cette miséricorde de Dieu. »
Chrétiens comme musulmans sont appelés à faire de notre mieux pour imiter Dieu, poursuit le message, qui met en avant le grand espoir de voir que des musulmans et des chrétiens travaillent main dans la main pour aider les nécessiteux. Manifester la miséricorde de Dieu dans nos communautés respectives nous offre en tant qu’individus et en tant que communautés, un témoignage plus crédible de nos convictions, peut-on encore lire dans ce message. « Que Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux nous aide à toujours marcher sur le chemin de la bonté et de la compassion !» s’achève ce message, qui précise que le Pape François implore d’abondantes bénédictions pour tous les musulmans en cette période sacrée. (Source : Radio Vaticana/17.06.16)
Pour lire le message cliquer ici:
De religions différentes, ils ont fait un tour du monde de la foi
Ariane 28 ans est athée, Léa, 21 ans juive, Lucie 20 ans catholique et Samir 28 ans musulman. Pendant 10 mois, ils ont fait un tour du monde de la foi, par avion, train ou voiture selon les destinations.
De cet Interfaith tour, fondé par l’association interreligieuse Coexister, ils sont rentrés en avril. Après une pause de cinq jours, ils sont repartis, en camping-car cette fois, pour témoigner pendant deux mois à travers la France de ce qu’ils ont vu et vécu. « Nous avons été dans 32 pays, pris 50 fois l’avion depuis notre départ de France en juillet 2015. Partout dans le monde, il y a des tentatives de rapprochement interreligieuses ». (…) « On est allé voir ce qui se faisait de bien dans le monde. On avait chacun notre vision, de par la différence de notre éducation, notre histoire, notre religion. Mon voyage en Israël et en Palestine a été une expérience qui m’a bouleversé, témoigne Samir, musulman. C’était ma première rencontre avec la communauté juive. J’ai jeûné avec un juif, et une famille juive a vécu l’Aïd avec nous. » (Source :Jactiv.Ouest-France/ Publié le lundi 13 juin 2016)
Islam : violence, féminisme, disparition chrétiens
Indonésie: chrétienne fouettée en application de la loi islamique
Pour la première fois en Indonésie, un non musulman a été fouetté selon les prescriptions de la charia – la loi islamique – en vigueur dans la province d’Aceh, au nord de l’île de Sumatra. Ainsi que l’a appris Fides, cela est arrivé à Remita Sinaga, chrétienne protestante de 60 ans, punie de fustigation dans la ville de Takengon, en province d’Aceh. La femme a été reconnue coupable par une Cour islamique d’avoir vendu des boissons alcoolisées, après que la police ait séquestré 50 bouteilles de produits de ce genre dans son magasin. Remita Sinaga a été condamnée pour cela à recevoir 30 coups de fouet. A Aceh, la charia est réservée aux citoyens musulmans, mais les non musulmans peuvent également choisir de s’y soumettre. Ainsi que l’ont expliqué des fonctionnaires locaux, la femme a choisi volontairement la fustigation en pensant que la peine alternative – la détention selon la loi en vigueur – aurait été pire. En effet, en 2015, le gouvernement indonésien a interdit la vente de boissons alcoolisées dans les petits magasins. En 2002, pour apaiser les tensions indépendantistes, le gouvernement central indonésien a concédé à la province d’Aceh, dans laquelle vivent 4,7 millions de personnes en large majorité musulmanes, un régime d’autonomie spéciale. Le nouveau Code pénal islamique a été approuvé dans la province en 2014 pour entrer en vigueur en octobre dernier. Le Code en question punit de fustigation les rapports sexuels en dehors du mariage, la consommation ou la vente d’alcool ainsi que le jeu de hasard. Selon l’ONG indonésienne Kontras, qui défend et promeut les droits fondamentaux, « la fustigation est une pratique inhumaine et une forme de torture qui ne devrait pas être permise en Indonésie ». (PA) (Agence Fides 02/06/2016)
Féminisme islamique versus féminisme laïque
Dans les pays musulmans émerge une nouvelle forme de féminisme. Islamique, il ne s’inscrit pas dans la même logique que le féminisme laïque, mais vise le même objectif : l’égalité homme-femme. Le sujet était débattu le 20 mai à l’Institut du Monde Arabe, à l’occasion du colloque Pouvoirs et religions.
« Quels sont les arguments des féministes islamiques ? En quoi diffèrent-elles des féministes laïques ? Font-elles bouger les lignes ? » Vendredi 20 mai, Virginie Larousse, rédactrice en chef du Monde des Religions, a introduit le débat sur « le féminisme islamique, ou la contestation des pouvoirs par la théologie », lors du colloque Pouvoirs et religions à l’Institut du Monde Arabe à Paris.
« Les féministes islamiques se définissent dans la communauté musulmane, mais n’entendent pas appliquer ses lois religieuses, explique Azadeh Kian, essayiste et professeur de sociologie à l’Université Paris VII-Diderot et directrice du CEDREF, le Centre d’enseignement, de documentation et de recherches sur les études féministes. De plus, il faut parler de féminismes islamiques au pluriel, car leurs idées divergent selon le contexte historique, socioculturel ou régional. Ainsi, les féministes iraniennes n’ont pas les mêmes objectifs que les Turques ou les musulmanes européennes. »
Bien qu’un principe d’égalité existe dans le Coran, beaucoup n’entendent pas en extraire une égalité homme-femme. « De nombreuses femmes se forment ainsi en théologie afin de réinterpréter les lois et la religion. » Déjà, au début du XXe siècle, des Égyptiennes s’étaient prononcées contre les interprétations masculinistes du Coran et de la tradition. « Cependant, à l’époque, on ne les appelait pas féministes islamiques. Les premières à être ainsi qualifiées ont été les Iraniennes, actives dès la révolution islamique de 1979 et surtout visibles depuis les années 1990. » (Source : Le Monde ds religions/ 31/05/2016/ Matthieu Stricot)