Dialogue interreligieux
« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)
« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)
« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)
Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.
Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.
Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.
Questions des jeunes sur l'Islam
H. Abdel Gawad: Les questions que posent les jeunes sur l’Islam. Itinéraire d’un prof (Recension)
Hicham Abdel Gawad: Les questions que posent les jeunes sur l’Islam. Itinéraire d’un prof. La Boîte à Pandor 2016 – 322 pages – 18.90€ – ISBN 978-2-87557-255-4 (Recension par Gilles Mathorel)Hicham Abdel Gawad n’est pas encore très connu. Mais si l’on considère ce premier livre que voici, il ne le restera pas longtemps. Aujourd’hui, déjà, il est déjà bien en place sur les réseaux internet. Ce livre d’une part retrace l’itinéraire personnel de son auteur et d’autre part, il nous introduit dans l’univers des jeunes qu’il côtoie comme enseignant de religion dans les écoles, selon le programme officiel.
Dans sa première partie, il se livre donc en mettant en évidence toutes les étapes qu’il dût franchir pour arriver à une foi plus réelle, mature et éclairée, grâce à une approche scientifique et anthropologique de l’Islam et du Coran son livre sacré. Toutes les vérités traditionnelles doivent être réévaluées en fonction des avancées de la science moderne. Et si cela pourra secouer sa Foi, cela ne la détruira pas. Bien au contraire. Cela démontrera que « rien pas même une religion ne descend ‘toute cuite’ du ciel. » (p.317) C’est pourquoi, il continue à affirmer sa Foi en Dieu et en Muhammad en précisant : « Aucune étude historico critique, justement parce que scientifique, n’a touché à ce fondement de foi. » (p.75). Ce cheminement peut devenir alors un défi à proposer aux jeunes dont il s’occupe : « Je mise sur la capacité des gens à recomposer intelligemment leur foi à partir des contraintes des données scientifiques. » (p.273)
Dans la deuxième partie de son livre, il se propose de retranscrire les réponses qu’il a données à différentes questions que ses jeunes lui ont adressées. Cela concernera tout autant la science (La terre est-elle fixe ?) que les questions de société comme le statut de la femme, les violences et horreurs au nom de la religion, les familles islamo-chrétiennes. La théologie entre aussi dans le jeu avec les preuves de l’existence de Dieu, le paradis et l’enfer, la fixité ou les changements dans le texte du Coran. Dans tous ces débats, nous entrevoyons les lignes pédagogiques et le respect de l’auteur pour les jeunes qu’il a devant lui pendant un temps malgré tout bien limité si l’on considère tout ce que les jeunes peuvent lire et apprendre par les médias publiques. Quoi qu’il en soit, son optique reste la même : « moderniser les modalités du croire en donnant les clefs d’une foi en questionnement. » (p.311)
Tout ceci est, on s’en doute, une entreprise hardie qui n’est pas sans danger. Elle peut nous rappeler la démarche semblable d’un théologien catholique qui pouvait conclure à l’âge de 90 ans : « N’allez pas croire que je vis dans une foi tremblotante : questionnante oui ; mais lucide et décidée. Car la foi est essentiellement acte et engagement, et confiance. » (Joseph Moingt – « Croire quand même » p.242)
On pourra apprécier la conclusion de Hicham Abdel Gawad. Elle peut devenir une ligne directrice dans toute recherche de sciences des religions : « Là où la science produit du savoir et la philosophie du sens, la religion doit produire une promesse. » (p.322) Preuve nouvelle, s’il en est, que les rencontres inter-religieuses ou islamo-chrétiennes, faites en vérité et dans le respect de l’autre, sont toujours possibles.
Gilles Mathorel
Spiritualités comparées
Le Père Guido Verbist, qui a travaillé en Afrique de l'Ouest et se trouve maintenant en Belgique, a publié l'article suivant sur le site de l'ARCRE (Action pour la Rencontre des Cultures et Religions en Europe)
Spiritualités comparées (Dossier compilé par le P. Guido Verbist)
La mondialisation est également religieuse et spirituelle. On assiste à une quête renouvelée de sens et de spiritualité, favorisant l’approfondissement de ses propres convictions et l’intérêt pour des formes de spiritualité jusqu’alors inconnues.
L’Église nous appelle aujourd’hui à un dialogue interreligieux indispensable à un véritable vivre-ensemble.
Dans ce dossier nous comparons la spiritualité chrétienne avec d’autres spiritualités: (1) juive (2) islamique (3) hindoue (4) bouddhiste (5) animiste.
Les textes viennent de la revue hebdomadaire DIMANCHE pour les paroisses francophones de Belgique.
(1) Le Judaïsme, mémoire de l’Alliance
Les autorités religieuses juives considèrent le plus souvent le christianisme comme une branche du judaïsme, qui s’est détaché de l’arbre, se muant en une foi nouvelle.
Au cœur du judaïsme : l’Alliance avec Dieu
Dieu, dans sa liberté souveraine, a élu un peuple parmi toutes les nations, pour en faire son Peuple. Exode 19,5.
Cette Alliance implique une fidélité du Peuple qui passe concrètement par une écoute et une obéissance à la Loi que Dieu a donné par la médiation de Moïse. Cette Loi révélée par Dieu, sera inscrite dans la Torah (cinq premiers livres de l’Ancien Testament).
Dans le christianisme, c’est la juste foi qui sauve, et qui se traduit dans des actions bonnes ; dans le judaïsme, c’est la bonne pratique de la Loi qui permet de demeurer dans la foi. Deutéronome 6, 4-5.
Dans le judaïsme, c’est l’écoute fondamentale de Dieu qui se réalise à travers une spiritualité concrète, qui passe par des rites concrets et par un comportement éthique concret.
Le Dieu unique
On ne peut enfermer, saisir Dieu d’aucune manière. On ne peut le connaître ni le maîtriser, d’où interdiction de le représenter (on le réduirait à une idole…) On ne peut que l’écouter.
Alliance universelle
Son objectif dernier est de permettre une Alliance entre Dieu et toutes les nations, ce qui s’accomplira par la venue du Messie.
Pour les chrétiens ce Messie est déjà venu et a accompli cette Alliance universelle.
(C.HERINCKX – Dimanche 4.09.16.)
Nos relations avec le Judaïsme
Evangelii Gaudium du pape François N° 247,248,249.
- Un regard très spécial s’adresse au peuple juif… L’Église, qui partage avec le Judaïsme une part importante des Saintes Écritures, considère le peuple de l’Alliance et sa foi comme une racine sacrée de sa propre identité Du côté chrétien… Nous croyons ensemble en l’unique Dieu qui agit dans l’histoire, et nous accueillons avec eux la commune Parole révélée.
- Le dialogue et l’amitié avec les fils d’Israël font partie de la vie des disciples de Jésus…
- Dieu continue à oeuvrer dans le peuple de la première Alliance et fait naître des trésors de sagesse qui jaillissent de sa rencontre avec la Parole divine. Pour cela, l’Église aussi s’enrichit lorsqu’elle recueille les valeurs du Judaïsme… Il existe une riche complémentarité qui nous permet de lire ensemble les textes de la Bible hébraïque et de nous aider mutuellement à approfondir les richesses de la Parole, de même qu’à partager beaucoup de convictions éthiques ainsi que la commune préoccupation pour la justice et le développement des peuples.
(2) L’Islam du coeur
A côté des idéologies djihadistes, il existe d’autres courants au sein du monde musulman. Le soufisme est l’un de ces courants. Il propose une voie d’union mystique à Dieu.
Le soufisme constitue une tradition au sein de l’islam, qui se présente comme initiatique, voire ésotérique, subsistant au cours des siècles à travers une lignée ininterrompue de maîtres transmettant leur savoir et leur expérience à des générations de disciples. Le soufisme propose une lecture spirituelle du Coran, cherchant à discerner l’esprit de la lettre. La voie soufie présuppose la foi musulmane orthodoxe qui voit dans le Coran la révélation définitive de Dieu aux hommes, transmise par Allah à Mohammed. Comme tout musulman, les soufis pratiquent les cinq piliers de l’islam (la profession de foi, les cinq prières, le jeûne, l’aumône, le pèlerinage à la Mecque). Le soufi va être initié au sens profond de ces pratiques, en vue d’accéder à l’union à Dieu, compris comme Amour miséricordieux.
Parcours initiatique
Le disciple va être rattaché à un maître, gardien de la tradition initiatique. Le maître a lui-même été désigné par les sages de la confrérie.
Il s’agit d’un cheminement spirituel qui a pour objectif de purifier le ‘moi ‘ de ses illusions, de ses passions, des différentes contraintes. Le disciple va se rendre de plus en plus disponible à la Lumière divine, jusqu’à se réaliser pleinement dans une union d’amour avec Dieu.
Différence avec la mystique chrétienne
La mystique musulmane, affirmant l’Unicité absolue de Dieu, semble peiner à rendre compte de l’union entre l’homme et le Dieu Un.
Dans la mystique chrétienne, ce Dieu Un est également Trinité. Dès lors, il y a en Dieu Lui-même une place pour l’altérité, une place en Dieu pour l’homme, qui devient un avec Lui, en devenant enfant du Père dans le Fils.
Différentes écoles au Moyen-Orient, au Maghreb, en Afrique subsaharienne
La confrérie Alawiya, en Algérie. La confrérie d’origine marocaine Qadirriyya Boutchichiyya. La confrérie de la Tidjaniya, avec des milliers d’adeptes en Afrique de l’Ouest, en particulier au Sénégal. L’un des maîtres très connu est Tierno Bokar (1875 – 1939), ainsi que son sucesseur Amadou Hampaté Bâ, Malien (1901 – 1991)
La confrérie des Mourites d’Amadou Bamba (1850 – 1927) au Sénégal.
D’autres grands soufis : Ibn Arabi (1165 – 1240) Al-Ghazâli (1058 – 1111) et Rumi (1207 – 1273), tous deux Persans.
(C.Herinckx – DIMANCHE 11.09.16)
La relation avec les croyants de l’Islam
Evangelii Gaudium n° 252, 253.
- La relation avec les croyants de l’Islam acquiert à notre époque une grande importance. Ils sont aujourd’hui particulièrement présents en de nombreux pays de tradition chrétienne, où ils peuvent célébrer librement leur culte et vivre intégrés dans la société. Il ne faut jamais oublier qu’ils « professent avoir la foi d’Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux, futur juge des hommes au dernier jour ».
- …. Nous chrétiens, nous devrions accueillir avec affection et respect les immigrés de l’Islam qui arrivent dans nos pays, de la même manière que nous espérons et nous demandons à être accueillis et respectés dans les pays de tradition islamique…. L’affection envers les vrais croyants de l’Islam doit nous porter à éviter d’odieuses généralisations, parce que le véritable Islam et une adéquate interprétation du Coran s’opposent à toute violence.
(3) L’hindouisme, entre rites et renoncement
Troisième en termes de nombre de fidèles (un milliard), l’hindouisme est l’une des plus anciennes religions du monde.
Les Vedas, textes sacrés
L’apparition, vers 1500 avant J-Chr, des textes sacrés, les ‘Vedas’.
Considérés comme révélés, les Vedas contiennent des chants et des prières adressés à différentes divinités, et la description de nombreux rites et sacrifices qui sont des éléments essentiels de la religion hindoue.
Une spiritualité de l’harmonie cosmique
La notion de ‘ dharma ‘ est au coeur de l’hindouisme. C’est la Loi cosmique, l’ordre harmonieux du monde. Cette vision est liée au système des castes.
Au sommet de la société, on trouve les prêtres (brahmanes).
La spiritualité consiste à remplir ses devoirs envers les dieux et la société, en vue de perpétuer et de renforcer l’ordre des choses. Les dieux sont alors perçus comme faisant partie de ce tout.
Le ‘karma’ et les réincarnations
Ce mot renvoie au fait que, en posant des actes, j’entretiens le désir et mon attachement aux biens de ce monde. Et cet attachement m’entraîne dans une succession infernale de réincarnations, plus ou moins favorables en fonction du poids accumulé du karma, qui est comme une sorte de carburant que je n’arrive jamais à épuiser. Les dieux eux-mêmes sont soumis à ce cycle…
Une spiritualité du renoncement
En-deça de l’ego et de ses désirs illusoires, il existe un autre ‘MOI’, le véritable Moi, qui est esprit (atman), éternel, et non soumis à l’impermanence des choses, à la naissance et à la mort. Il s’agit dès lors, par la méditation, par l’ascèse, par le renoncement à tout désir, de se replonger dans cet esprit éternel, qui n’est pas différent de l’Absolu. Ce faisant, l’homme échappe au cycle des réincarnations, et rejoint l’Absolu. En rejoignant l’Absolu, le Moi prend conscience qu’il n’est pas différent de l’Absolu.
Cette vision des choses entraîne encore aujourd’hui certaines personnes en Inde à se couper radicalement de la société, à vivre en ermite ou en vagabond, dans un renoncement et un dénuement extrêmes.
Une spiritualité de l’union à Dieu
Le renoncement total étant pratiquement impossible, il s’agit de remplir tous ses devoirs dans le monde, mais avec détachement, sans être mû par le désir qui nous enchaîne aux réincarnations.
Pour parvenir à cet objectif, il s’agit de s’unir à Dieu, conçu comme Absolu personnel, avec lequel l’homme peut donc entrer en relation. Il s’agit d’une relation d’amour, dans laquelle on entre par la faveur de Dieu, et par des pratiques de dévotion.
Différence avec la spiritualité chrétienne
Là où la philosophie hindoue considère l’Absolu comme impersonnel; là où le moi de l’homme doit se fondre dans cet Absolu, la différence est évidente.
Pour entrer en relation avec Dieu, le chrétien s’unit à Jésus-Christ.
( C. HERINCKX. Dimanche 18/09/16 )
La relation avec les non chrétiens
Evangelii Gaudium n° 254.
- Les non chrétiens, par initiative divine gratuite, et fidèles à leur conscience, peuvent vivre “justifiés par la grâce de Dieu », et ainsi “être associés au mystère pascal de Jésus Christ ».
Mais, en raison de la dimension sacramentelle de la grâce sanctifiante, l’action divine en eux tend à produire des signes, des rites, des expressions sacrées qui à leur tour rapprochent d’autres personnes d’une expérience communautaire de cheminement vers Dieu. Ils n’ont pas la signification ni l’efficacité des Sacrements institués par le Christ, mais ils peuvent être la voie que l’Esprit lui-même suscite pour libérer les non chrétriens de l’immanentisme athée ou d’expériences religieuses purement individuelles.
Le même Esprit suscite de toutes parts diverses formes de sagesse pratique qui aident à supporter les manques de l’existence et à vivre avec plus de paix et d’harmonie.
Nous chrétiens, nous pouvons aussi profiter de cette richesse consolidée au cours des siècles, qui peut nous aider à mieux vivre nos propres convictions.
(4) Le bouddhisme
Le bouddhisme, qui se décline en de nombreux courants et écoles, est à la fois une philosophie, une sagesse et une spiritualité, d’une grande profondeur.
Le Bouddha, l’éveillé
Jeune prince du Nord de l’Inde, vivant dans un palais, découvre le monde extérieur à l’âge de 14 ans. Il est confronté, pour la première fois de sa vie, à la vieilesse, la maladie et la mort. Il découvre la condition humaine.
Il finit par atteindre l’éveil au terme d’une longue pratique de méditation.
Une nuit il accéda à la claire conscience que nous les êtres vivants sont prisonniers d’un cycle incessant de réincarnation. Cette nuit là il devint le Bouddha, ‘ l’éveillé ‘. Il connut également le moyen de se libérer de ce cycle.
Ces découvertes se traduisirent par les ‘quatre nobles vérités ‘ , qui forment le coeur de l’enseignement (dharma) du Bouddha.
Les quatre ‘nobles vérités’
Première vérité: tout est souffrance. L’existence est faite de souffrance, car rien n’est permanent dans ce monde.
Deuxième vérité: la cause de la souffrance, c’est le désir, l’attachement aux choses. Cet attachement va en outre provoquer, indéfiniment, des réincarnations successives. C’est la loi du karma: chaque action motivée par le désir fait que je demeure, de vie en vie, attaché à cette réalité illusoire.
Troisième vérité: l’extinction de la souffrance est possible. Cette extinction (qui est le sens premier du terme ‘nirvana’) consistera justement à éteindre le désir, à renoncer à tout attachement. A ce moment, je sortirai du cycle des réincarnations.
La quatrième vérité: la pratique que le Bouddha a enseigné, qui est une voie pour parvenir à l’extinction du désir.
Le nirvana, extinction du désir
Pour le bouddhisme le ‘moi’ est une illusion de plus, car il n’existe aucun sujet, aucun ‘je’ permanent.
Quant au nirvana, il ne s’agit pas d’un lieu, ni d’un objet, ni de Dieu.
En fait, on ne peut le nommer, car tous les mots sont liés à la réalité ‘impermanente ‘. Pour y accéder on ne peut compter que sur ses propres efforts, de détachement, de méditation.
Grand véhicule
Un certain assouplissement va voir le jour à partir du début de notre ère : le bouddhisme du “grand véhicule ‘, qui sera le plus répandu dans le monde.
Dans ce courant majoritaire, on va insister sur l’importance de la compassion.
Une nouvelle notion apparaît alors : un Bouddha librement réincarné va pouvoir attribuer ses mérites à ceux qui sont encore sur le chemin de la délivrance. Désormais, la libération par dévotion à un Bouddha va être possible. Ce sont les Boddhisattvas. Ainsi, l’actuel Dalaï-Lama est considéré comme une émanation du Boddhisattva.
Aussi, les Bouddhas vont être considérés comme des manifestations d’un Absolu, compris non pas comme un Être suprême, mais comme l’éveil en lui-même, cet état que tous les êtres doivent atteindre.
Relations bouddhisme-christianisme
La spiritualité bouddhiste et la spiritualité chrétienne cherchent la même chose: le salut.
Pour le bouddhisme: le monde n’est pas l’oeuvre d’un Dieu d’amour, mais une pseudo-réalité négative, sans commencement ni fin, dont il faut parvenir à s’extraire.
Le salut pour l’homme consiste à entrer dans une autre dimension, qui n’est ni réalité, ni néant.
Pour le christianisme: le monde et l’homme ont été voulus par Dieu. Ils sont bons en soi.
Un dialogue entre bouddhistes et chrétiens peut cependant être bénéfique pour les uns et les autres. Le bouddhiste pourra rappeler au chrétien que la Réalité ultime demeure toujours au-delà des mots.
Quant au chrétien, il pourra indiquer au bouddhiste que cette Réalité ultime est un ‘Tu’, qui se tourne vers le ‘je’ que je suis.
(C. HERINCKX. Dimanche n°34. 2/10/16)
(5) Au commencement, l’animisme
Les croyances et les pratiques animistes sont les témoins les plus anciens de la religiosité humaine.
Clémentine Nzuji, professeure émérite de cultures d’Afrique à l’ UCLouvain-la-Neuve, nous l’explique.
Ce qui anime les êtres
Le mot ‘animisme ‘ exprime bien ce qui est en jeu dans les croyances et les pratiques des religions traditionnelles, telles qu’on les trouve encore aujourd’hui en Afrique, mais qui sont ou ont été vécues également sur les autres continents, dont l’Europe, avant l’arrivée du christianisme. La notion d’animisme renvoie à l’ âme, ce qui anime les êtres, et donc aussi à la chose animée.
Monothéisme
Ses pratiques religieuses sont fondées sur la croyance en un seul Dieu, et cette croyance se retrouve chez tous ceux qu’on appelle ‘animistes ‘.
Dans la religion animiste, quand on est devant une statue, celle-ci n’est pas considérée comme Dieu, mais comme le symbole de Dieu.
Et quand on se met à genoux, le matin, pour accueillir le soleil, la face diurne de Dieu, ou quand on danse sous la lune, la face nocturne de Dieu, ce sont des symboles, on n’est pas en train d’adorer le soleil ou la lune.
Le croyant animiste croit bel et bien en un Être suprême, seul Créateur, qui a créé tout ce qui existe.
Relation et énergie – les rites
Dans la vision animiste du monde, il existe une grande cohérence. Dieu a créé tout ce qui existe, et dans tout ce qui existe, il y a une parcelle du Créateur.
De ce fait, tous les êtres sont en relation, et chaque être est en relation avec l’Être suprême.
Cette cohérence se traduit dans la culture, et induit un grand respect des choses naturelles qui posèdent toutes une étincelle divine.
Chaque être est inséré dans un tissu de relations,dans lequel les uns tirent les autres, selon la force de chacun. C’est une relation de ‘force ‘, d’énergie, et cette énergie n’est pas la même en tout être, de même que le niveau de conscience.
Celui qui possède une énergie forte va essayer de la préserver, mais aussi s’approprier l’énergie de l’autre pour la renforcer, et ainsi se protéger contre celui qui est plus fort que lui, et qui veut également renforcer son énergie.
Ainsi les rites sont partie constituante des religions animistes, car ils permettent d’équilibrer les situations en un continuel mouvement.
Voilà pourquoi on a besoin de sorciers, de forces maléfiques, de force positive, pour se protéger ou pour nuire aux autres, pour prendre leur force.
Intermédiaires
Dieu est unique et transcendant. Il est considéré comme éloigné. On ne va pas constamment s’adresser à lui, on ne va pas l’importuner.
Ce sont les ancêtres et les autres intermédiaires qui font le lien avec lui.
Il y a les esprits et les ancêtres, certains ont un rôle protecteur, d’autres sont malveillants.
Il y a aussi des êtres sacrés, qui sont comme des intermédiaires, parce qu’ils ont reçu de l’Etre suprême, une sorte de mission pour aider leurs semblables.
Les devins sont considérés comme de véritables canaux par lesquels passe le contact avec Dieu.
Dieu agit par des médiations. Ainsi, les thérapies traditionnelles sont presque toutes des thérapies initiatiques, qui nous font passer par un rite.
Quand un malheur ou une maladie arrive, la première pensée qui passe par la tête, c’est qu’il y a eu un manquement, une transgression, le non-respect de l’ordre des choses ou la non-observance d’une coutume ou d’un interdit.
D’où l’importance de la fonction réparatrice des rites.
(C. HERINCKX – Dimanche 9.10.16.)
G.V. 10.10.2016.
Mgr B.Auza à l'ONU
« Les religions doivent s’unir pour faire face à toutes les formes de fanatisme religieux » Mgr B. AUZA à l’ ONU
Dans le cadre du Dialogue inter-religieux et la résolution des conflits dans le monde, Mgr Bernardito Auza, assure si bien la mission du Saint-Siège à L’ONU.
Dans sa déclaration du 5 Oct. 2016, il présente les approches de solution au terrorisme, montre le rôle éducatif mondial de l’Eglise Catholique et lance un appel aux leaders religieux du monde en ces termes :
"les chefs religieux doivent prendre l’initiative en rejetant les récits et les idéologies qui engendrent la radicalisation, la haine et l’extrémisme. Les religions doivent s’unir pour faire face à toutes les formes de fanatisme religieux, aux stéréotypes et au manque de respect pour ce que les gens considèrent comme sacré. C’est donc un devoir primordial des chefs religieux de réfuter et de dénoncer les idéologies tendancieuses de... "
Bernardito "Barney" Cléopas Auza est un archevêque catholique Philippin qui est l' Observateur permanent du Saint - Siège auprès des Nations Unies . Après la mort de l' archevêque Joseph Serge Miot à la suite du tremblement de terre de 2010 en Haïti , Auza a également été l’ administrateur apostolique des catholiques romains Archidiocèse de Port-au-prince pour une année.
Le Père Norbert Mwishabongo sur KTO
Le Père Norbert Mwishabongo est originaire de la République Démocratique du Congo. Il y est né en 1976, et a été ordonné prêtre dans la socété des Missionnaires d'Afrique le 8 août 2009, dans son diocèse d'origine, et dans sa paroisse de Sola, par Mgr Oscar Ngoy, évêque du diocèse de Kongolo.
Il a été envoyé en mission en Algérie, mais a dû quitter ce pays pour raisons de santé et se trouve maintenant à Paris, où il est chargé de l'animation missionnaire et vocationnelle.
Il vient de participer à une émission sur la chaîne KTO, en commpagnie de Pierre Diarra, anthropologue des religions africaines et théologien, et nous a envoyé le lien qui permet de visionner cette émission sur ordinateur.
Le thème de l'émission est "Le culte des ancêtres" (lire la suite)
Un conte Bambara
Le Père Charles Bailleul, qui aura 90 ans en 2017,se trouve présentement dans la communauté de Bry-sur-Marne en France. Il a passé de très nombreuses années au Mali, et nous propose ce conte Bambara : "Monsieur Réussit-pas" (lire la suite)