Dialogue interreligieux

« Lorsque nous travaillons pour les âmes, nous ne pouvons user que de persuasion et d'amour... Nous ne pouvons rien faire tant que nous n'avons pas persuadé les gens autour de nous qu'ils sont aimés... » (Cardinal Lavigerie, 1885)

« Nous croyons qu'en toute religion il y a une secrète présence de Dieu, des semences du Verbe qui reflètent un rayon de sa lumière... » (Chapitre 1967)

« Nous célébrons et partageons cette vie avec Dieu lorsque nous allons à la rencontre des cultures et des religions... nous réjouissant de la foi vivante de ces croyants et les rejoignant dans leur quête de la Vérité, cette Vérité qui nous rend tous libres. » (Chapitre 1998)

Missionnaires, nous sommes appelés à faire les premiers pas pour rencontrer les personnes, qu'elles que soient leurs convictions, leur religion.

Au Burkina Faso, cette réalité se traduit surtout dans la rencontre respectueuse et évangélique avec les adeptes des religions traditionnelles et avec les musulmans.

Dans cette rubrique, nous étudierons divers aspects de ces religions, particulièrement de l'islam.

Répartition mondiale des musulmans

 

« L’islam fédère 1,6 milliard de croyants, soit 23 % de la population mondiale ; une majorité d’entre eux se trouvent en Asie.

« Comment se répartissent sur le globe les musulmans, qui sont aujourd’hui au nombre d’1,6 milliard d’âmes, soit 23 % de la population mondiale ? La majorité d’entre eux (près de 62 %) vivent au Sud et au Sud-Est de l’Asie. Ils se trouvent ainsi à l’opposé de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Berceaux de la civilisation islamique du 7e au 10e siècle, ces régions ne regroupent aujourd’hui que quelque 20 % des fidèles d’Allah, soit guère plus que l’Afrique subsaharienne qui en compte 15,5 %. »

Lire la suite: Marc Gaborieau: « Où sont les musulmans ? » sur scienceshumaines.com, 23/11/16

 

Où sont les musulmans ?   

Mis à jour le

 

 

L’islam fédère 1,6 milliard de croyants, soit 23 % de la population mondiale ; une majorité d’entre eux se trouvent en Asie.

Comment se répartissent sur le globe les musulmans, qui sont aujourd’hui au nombre d’1,6 milliard d’âmes, soit 23 % de la population mondiale ? La majorité d’entre eux (près de 62 %) vivent au Sud et au Sud-Est de l’Asie. Ils se trouvent ainsi à l’opposé de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et de l’Asie centrale. Berceaux de la civilisation islamique du 7e au 10e siècle, ces régions ne regroupent aujourd’hui que quelque 20 % des fidèles d’Allah, soit guère plus que l’Afrique subsaharienne qui en compte 15,5 %.

La seconde expansion de l’islam

Cette répartition sur le globe est le résultat de la seconde expansion de l’islam, à partir du 11e siècle, dans deux directions. Vers l’Orient d’abord. Par la conquête jusqu’à l’Inde, puis par les réseaux de commerce, dans des régions qui étaient parmi les plus peuplées et les plus riches du globe : le sous-continent indien et l’Asie du Sud-Est insulaire (actuelles Malaisie et Indonésie). Puis vers le sud, dans l’Afrique subsaharienne qui était moins peuplée : l’islamisation a progressé dans le Sahel, de l’Atlantique à l’océan Indien, puis le long de la côte orientale.

À l’issue de cette seconde expansion, le monde musulman, c’est-à-dire les pays où les musulmans sont en proportion significative, constitue un ensemble d’un seul tenant limité à l’Ancien Monde et en forme de croix : son axe majeur, d’ouest en est, va du Maroc et du Sénégal à l’Indonésie ; son axe perpendiculaire va du Kazakhstan et du Xinjiang (Chine), en Asie centrale, au Mozambique, au sud-est de l’Afrique. En revanche, les terres situées en dehors de cet ensemble ont été largement ignorées par l’islam : il est quasi absent des Amériques, de l’Afrique équatoriale et australe, de l’Europe (sauf les avancées arabes en Espagne et turque dans les Balkans), et de l’Asie boréale et orientale. Dans toutes ces zones, il est apparu au compte-gouttes à travers les réseaux de commerce et par les migrations. Ces dernières ont été forcées (esclavage, puis main-d’œuvre sous contrat) ou volontaires, ces dernières s’étant amplifiées après la Seconde Guerre mondiale.

Le contraste entre le monde musulman et les zones faiblement islamisées n’est nulle part aussi frappant que de part et d’autre de l’Himalaya, qui sépare les deux régions les plus peuplées de la planète, dépassant chacune le milliard d’individus. Au sud, le sous-continent indien est le centre de gravité démographique de l’islam : il abrite près du tiers des musulmans du monde, pas loin de 500 millions de personnes (soit plus de deux fois et demi la population de l’Indonésie, qui s’enorgueillit pourtant d’être le plus grand pays musulman du monde). Au nord, dans l’immense Chine tout aussi peuplée, les musulmans sont une faible minorité : autour de 25 millions de personnes (1,8 % de la population), moins qu’au Maroc où l’on compte 32 millions de musulmans.

Le monde musulman, terre de contraste

À l’échelle des grandes régions, la proportion de la population passée à l’islam connaît de larges variations. Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont islamisés à 93 % ; mais dès l’Afrique subsaharienne, on descend à 30 %, pour passer à 24,5 % en Asie, à 6 % en Europe, à 1 % en Amérique du Nord et 0,1 % en Amérique du Sud. Si l’on prend en considération la densité démographique, une surprise nous attend : dans le sous-continent indien, centre de gravité démographique du monde musulman, les fidèles d’Allah sont paradoxalement en minorité : à peine un tiers de la population totale. Ils sont répartis à peu près également entre l’Inde, le Pakistan et le Bangladesh ; mais, alors que le premier pays contient moins de 15 % de musulmans, les deux autres en comptent plus de 90 %, faisant mieux même que l’Indonésie (87 %).

Pour avoir une idée plus précise de la répartition des masses musulmanes sur la planète, on peut aussi classer les pays selon le nombre de fidèles qu’ils abritent, en ordre décroissant. Les quatre grands pays musulmans d’Asie du Sud et du Sud-Est déjà cités (Indonésie, Inde, Pakistan, Bangladesh) comptent chacun plus de 100 millions d’adhérents à l’islam, voire le double pour le premier. On redescend ensuite entre 80 et 70 millions avec le Nigeria, l’Égypte, la Turquie et l’Iran pour aboutir aux États les moins peuplés, qu’ils soient riches, comme l’Arabie Saoudite et le Koweït, ou parmi les plus déshérités, comme la Somalie – plus grande que la France, elle ne compte qu’une dizaine de millions d’habitants.

Soulignons enfin que le monde musulman renferme les plus grandes zones arides de la planète avec le Sahara, la péninsule arabique et les déserts d’Iran et d’Asie centrale. Par contraste, les terres d’Islam comportent aussi des espaces parmi les plus densément peuplées du globe. Sans compter la bande de Gaza qui représente un regroupement artificiel, la densité au kilomètre carré est de l’ordre de 1 000 habitants dans la vallée du Nil, au Bangladesh et sur l’île de Java en Indonésie.

Le monde musulman est donc une terre de contraste, entre les régions les plus désertiques et les plus densément peuplées de la planète. 

Les sikhs, entre islam et hindouisme

Les sikhs se reconnaissent à leur barbe, leur turban et leur nom de famille « Singh », « Lion ». Ils sont les disciples (sikh) de Gurû Nânak (1469-1529), poète de la province du Panjab (divisée en 1947 entre l’Inde et le Pakistan). L’Inde médiévale abondait de poésie mystique, œuvre de bardes en marge de la société, qui méprisaient les frontières entre les religions. Certains ne furent que poètes. D’autres fondèrent des sectes. Nânak établit une religion nouvelle, distincte de l’hindouisme et de l’islam, le sikhisme.

Les sikhs fondèrent leur propre État au Panjab avec Ranjit Singh (≈ 1799-1839). Annexés par les Britanniques en 1849, ils devinrent des piliers de l’armée et de l’administration ; ils modernisèrent leur religion. En 1947, lors de la Partition, ils furent chassés du Pakistan. Réfugiés dans le Panjab indien, ils s’y taillèrent leur propre division administrative, à défaut d’un État indépendant. Leur exil et leurs démêlés avec les gouvernements de l’Inde furent compensés par le rôle important – sans rapport avec leur nombre (20 millions, 2 % de la population) – qu’ils jouent dans l’armée, l’administration et l’économie de l’Inde, et dans les diasporas.

Le livre de Denis Matringe est illustré de traductions qui restituent la saveur des récits hagiographiques et des poèmes mystiques, consignés notamment dans l’Âdi granth, le livre sacré des sikhs. Nânak était un mystique soucieux de libérer ses fidèles des rites et règles des religions instituées pour atteindre directement la divinité unique et sans qualités. Il était pourtant plus proche de l’hindouisme que de l’islam. À ce dernier, il n’a guère emprunté que des poèmes soufis et le langar, réfectoire où tous mangent ensemble sans distinction de caste et de religion. De l’hindouisme, il a conservé la croyance fondamentale en la réincarnation, incompatible avec l’islam ; classés comme hindous, les sikhs ont dû opter pour l’Inde lors de la Partition Inde/Pakistan, en 1947. 

À lire

• Les Sikhs. Histoire et tradition des « Lions du Penjab »
Denis Matringe, Albin Michel, 2008.

Marc Gaborieau

Anthropologue, auteur notamment de Un autre islam. Inde, Pakistan, Bangladesh, Albin Michel, 2007.

L’affirmation du nom «musulman» est instrumentalisée par les islamistes, qui veulent lier les questions sociales aux questions religieuses

logo_elwatanInterview de Didier Leschi, haut fonctionnaire qui a été l’un des acteurs des relations entre l’État français et l’islam depuis une vingtaine d’années, à propos de son livre: « Misère(s) de l’islam de France », publié au Cerf.

Quelques questions auxquelles il répond:

– Que pensez-vous de la dernière tentative, celle de la Fondation de l’islam, présidée par Chevènement ? Sera-t-elle vouée à l’échec comme les précédentes ?

– Vous tirez un fil sur la terminologie et notamment sur le glissement sémantique qui a fait du travailleur arabe ou maghrébin un jeune musulman ou un musulman. Pouvez-vous nous en dire plus ?

– Si vous avancez ainsi cette notion de l’essentialisation des gens d’origine musulmane, vous revenez aussi à rebours sur la qualité de certains intellectuels musulmans qu’on peut mettre en doute. Pourquoi ?

Lire l’interview de Didier Leschi par Walid Mebarek: « «L’action de l’État a atteint ses limites» » sur elwatan.com, 14/02/17

Évêques européens:  " promouvoir une solution qui prévoit deux États ", Palestine et Israël

Dans le cadre de la coordination pour la Terre Sainte, qui s’est tenue du 14 au 19 janvier, le Conseil des Conférences Episcopales d’Europe – CCEE a publié le communiqué suivant, aussi disponible en  arabe, allemand, anglais et italien :

« Depuis 50 ans la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza subissent une occupation qui viole la dignité humaine aussi bien celle des Palestiniens que des Israéliens. C’est un scandale auquel nous ne pourrons jamais nous habituer.  

Chaque année depuis 1998, notre Coordination appelle à la justice et à la paix ! Et la souffrance continue. Notre appel doit être encore plus fort. Evêques, no

us implorons les chrétiens de nos pays de reconnaître notre responsabilité de nous informer, de prier et d’agir.  

Ils sont nombreux ceux qui, en Terre sainte, ont passé toute leur vie sous une occupation qui accentue la ségrégation sociale, mais qui gardent l’espoir et luttent pour la réconciliation. Aujourd’hui plus que jamais, ils méritent notre solidarité.  

Nous avons tous la responsabilité de nous opposer à la construction de colonies. Cette annexion de fait des terres compromet non seulement les droits des Palestiniens dans des territoires comme Hébron et Jérusalem-Est, mais, comme l’ONU l’a récemment reconnu, met également en péril les chances de paix.  

Nous avons tous la responsabilité d’aider le peuple de Gaza, qui vit plongé dans une véritable catastrophe humanitaire que l’homme lui-même a provoquée. Ses habitants ont maintenant passé une décennie sous le « blocus », aggravé par une impasse politique alimentée par la mauvaise volonté qui sévit de tous les côtés.  

Nous avons tous la responsabilité d’encourager la résistance non violente qui, comme le rappelle le pape François, a permis de grands changements dans le monde. Cela est particulièrement nécessaire face à des injustices telles que la construction persistante du mur de séparation sur les terres palestiniennes, notamment dans la vallée de Crémisan.  

Nous avons tous la responsabilité de promouvoir une solution qui prévoit deux États. Le Saint-Siège a souligné que «si Israël et la Palestine ne s’entendent pas pour exister côte à côte, réconciliés et souverains dans des frontières mutuellement convenues et internationalement reconnues, la paix restera un rêve éloigné et la sécurité une illusion».  

Nous avons tous la responsabilité d’aider l’Église locale, ses services, ses bénévoles et ses ONG. Dans les circonstances les plus difficiles, ceux-ci font preuve d’une grande « résilience » et mènent des actions qui sont en mesure de changer la vie des gens. Notre foi en Dieu nous donne l’espérance. Le témoignage des chrétiens en Terre Sainte et surtout des jeunes que nous avons rencontrés nous inspire.  
La Bible nous dit : « Vous ferez de la cinquantième année une année sainte, et vous proclamerez la libération pour tous les habitants du pays » (Lévitique 25,10). Au cours de cette cinquantième année d’occupation, prions pour la liberté de tous en Terre sainte et soutenons concrètement ceux et celles qui œuvrent à la construction d’une paix juste. »

Mgr Declan Lang, Angleterre et Galles, le président de la Coordination pour la Terre sainte
Mgr Riccardo Fontana, Italie
Mgr Stephen Ackermann, Allemagne
Mgr Pierre Bürcher, Conférence Episcopale des Pays du Nord
Mgr Oscar Cantú, USA
Mgr Christopher Chessun, Eglise d’Angleterre
Mgr Michel Dubost, France
Mgr Lionel Gendron, Canada
Mgr Dr. Felix Gmür, Suisse
Mgr Nicholas Hudson, Commission des Episcopats de la Communauté Européenne
Mgr William Kenny, Angleterre et Galles
Mgr William Nolan, Ecosse
Avec le soutien de Mgr Duarte da Cunha, secrétaire général du Conseil des Conférences Episcopales d’Europe
Fr. Peter-John Pearson, Conférence Episcopale d’Afrique du Sud

Algérie: nouvelle dynamique pour le traitement du fait religieux par les médias

 

L’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV),  a lancé dimanche 15 janv. 2017 un rappel des règles du « traitement du fait religieux » dans les médias « dans la perspective de lancer une nouvelle dynamique pour une meilleure prise en charge de la question religieuse par les chaînes de télévision et de radio, tant privées que publiques. » (Voir République algérienne démocratique et populaire – Autorité de Régulation de l’Audiovisuel: 

quelques observations à propos du traitement du fait religieux dans les médias audiovisuels

sur arav.dz, s.d.

L’Arav s’inquiète de voir la progression des émissions donnant la part belle à des exorcistes, et des télécoranistes extrémistes. Celles-ci sont en général diffusées sur des chaînes de télévision privées algériennes tolérées mais non autorisées par les autorités telles que Ennahar et Echorouk.

Pour SaphirNews (19/01/17), le but est clair:

Europe: manque de dialogue interreligieux et de compréhension des différentes religions et visions du monde (Caritas)

Dans son rapport sur les expériences de Caritas pour une Europe inclusive,  publié en décembre 2016, Caritas Europe mentionne l’islam à deux reprises. La première concerne une tendance générale européenne, et la seconde décrit une activité interreligeuse à Burgos (Espagne).

« […] au sein de l’Europe, on constate aussi un manque de dialogue interreligieux et de compréhension des différentes religions et visions du monde.

Cela semble particulièrement évident par rapport à l’Islam. Dans toute l’Europe, on observe une tendance à assimiler l’islam au terrorisme et au fondamentalisme extrémiste, plutôt qu’à une religion pratiquée pacifiquement par des millions de personnes à travers le monde. Le contact entre les migrants et les résidents n’est souvent pas acquis, ce qui offre peu de possibilités de déconstruction de la désinformation et des préjugés. Le manque d’opportunités de rencontre et de lieux où les communautés peuvent se retrouver, avoir des échanges interculturels et interreligieux et tenter de se comprendre mutuellement nuit au développement d’un dialogue entre les communautés et réseaux au niveau local. À son tour, cela contribue à la propagation facile d’un discours polémique. Dans le même temps, il est important que les gouvernements protègent leurs résidents et assurent la sécurité publique. Pour réduire la probabilité que des jeunes et des adultes désabusés rejoignent des groupes fondamentalistes, une des étapes essentielles pourrait consister à garantir et à favoriser l’inclusion sociale de tous et toutes en tant que besoin fondamental. » (p. 9)
Le Grupo de conocimiento y diálogo cristiano-musulmán, décrit à la page 29 du document, est présenté parce qu’il apporte cette « plus-value »:
« […] Dans un contexte majoritairement chrétien, une meilleure connaissance de la religion musulmane et la promotion du dialogue ont démontré qu’elles désarticulent des craintes et des stéréotypes très anciens. »
Lire (ou télécharger le rapport de Caritas Europe: Bienvenue. Une Europe  plus forte grâce aux migrants. Expériences de Caritas pour une Europe inclusive » (fichier pdf de 46 pages)