Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Les droits de l’homme rendent-ils idiots ? | Revue Esprit

Incriminer le « droit-de-l’hommisme » est désormais une posture assumée par un grand nombre de responsables politiques aussi bien à droite qu’à gauche. Dans leur dernier livre1, Justine Lacroix et Jean-Yves Pranchère prennent la défense des droits de l’homme contre les attaques dont ils sont la cible dans le champ intellectuel.

Pour les pourfendeurs de la « bien-pensance », les droits de l’homme seraient indissociables du nouvel ordre néolibéral, puis d’une culture du narcissisme provoquant la montée des incivilités, et enfin, ils signeraient la fin du politique. Les droits humains contemporains ne seraient plus que les droits des individus privés, de simples revendications à un confort personnel détaché de toute délibération collective.

Lire la suite et écouter l’entretien: Les droits de l’homme rendent-ils idiots ? | Revue Esprit, Jean-Yves Pranchère, janvier 2020.

Burkina Faso: à Kaya, les écoles s'adaptent à la crise des déplacés

Une rue de Kaya, au Burkina Faso (image d'illustration).
 
Une rue de Kaya, au Burkina Faso (image d'illustration). RFI/Pierre Pinto

Le Burkina Faso compte près de 615 000 déplacés, dont le nombre ne cesse de croître en raison des attaques jihadistes que les armées de la région ne parviennent pas à enrayer. À Kaya, dans le nord, des dizaines de milliers d'entre eux sont disséminés dans toute la ville avec, parmi eux, des enfants qui doivent être scolarisés. Face à l’afflux de nouveaux élèves, des écoles de cette ville moyenne qui comptait 70 000 habitants avant la crise ont dû s’organiser.

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Avec notre envoyé spécial à Kaya, Pierre Pinto

Avec l’appui d’organisations comme l’Unicef ou l’ONG Plan international, des salles de classe supplémentaires ont été construites en urgence dans de nombreuses écoles de Kaya, au nord du Burkina Faso, pour faire face à l’afflux continu d’enfants déplacés, qui viennent grossir les rangs de classes comptant souvent près de 100 élèves.

« On a commencé ce partenariat avec Plan international pour augmenter la capacité d’accueil dans ces écoles-hôtes parce que les enfants déplacés ont droit à l’éducation, explique Gilbert Muyisa, spécialiste Éducation en situation d’urgence à l’Unicef. Ils doivent aller à l’école. Et on n’a pas besoin de créer de nouvelles écoles en fait. Ces enfants doivent rejoindre les écoles résidentes où nous, on doit augmenter la capacité d’accueil ».

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L'école, une cible des jihadistes

Dans une école, la capacité d’accueil devrait avoir doublé dans quelques jours. « Ces classes supplémentaires sont venues résorber le flux des effectifs, explique son directeur. Ces salles de classe ont été réalisées en un temps record, un mois maximum, pour pouvoir pallier rapidement à la situation ».

Au Burkina, l’école est clairement une cible des jihadistes. Mais ce fonctionnaire de l’éducation relativise. « L’état d’esprit n’est pas totalement différent de celui des autres enseignants des autres localités, estime-t-il. Il y a une certaine résilience qu’ils ont pu développer. Puis le travail se passe assez normalement ». La peur reste présente malgré cette résilience. Ici, chacun se souvient de l’assassinat par les jihadistes en avril 2019 de cinq enseignants dans une cour d’école de la région du Centre-Est.

► Burkina Faso: à Kaya, les difficiles conditions de vie des déplacés internes

Faire taire les armes en 2020: l’ambitieux pari de l’Union africaine

Le 33e sommet de l'Union africaine est placé sous le signe de la fin des conflits armés.

Le 33e sommet de l'Union africaine est placé sous le signe de la fin des conflits armés. RFI/Paulina Zidi

Le 33e sommet des chefs d’État de l’Union africaine s’ouvre ce dimanche 9 février. Plusieurs dizaines de chefs d’État et de gouvernement sont attendus dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, qui abrite le siège permanent de l’organisation. Parmi les temps forts de ce rendez-vous, l'appel à plus de solidarité africaine pour un objectif exigeant : faire taire les armes.

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De notre envoyée spéciale à Addis-Abeba,

« Absolument, je suis optimiste », sans détour le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, confie son état d’esprit face au thème ambitieux de ce sommet : faire taire les armes. Une thématique loin d’être nouvelle au sein de l’organisation panafricaine qui en avait fait, il y a plusieurs années déjà, son objectif à l’échéance 2020.

Et pourtant sur le papier le constat est sans concession comme l’a signalé dans son discours, ce jeudi, à la tribune de l’Union africaine, la Camerounaise Vera Songwe, secrétaire exécutive de la commission économique pour l’Afrique des Nations unies. « Comparé à 2005 quand il n’y avait que six pays engagés dans un conflit sur le continent, quinze ans plus tard, nous avons contre-performé. Le nombre de conflits armés est passé, entre 2005 et 2018, de 7 à 21, selon le Peace Research Institute d’Oslo (PRIO). »

Une liste de conflits armés que le président de l’UA a tenu à rappeler : « Le conflit en Libye, les menaces jihadistes shebabs en Somalie, et au Mozambique, dans la région du Sahel et dans le pourtour du bassin du lac Tchad, la montée du populisme marquée par les replis nationalistes et ethno-identitaires, l’extrémisme et le radicalisme, pour ne citer que ceux-là. »

Diminution des conflits inter-États

Au sortir de son discours à la tribune, Moussa Faki Mahamat souligne tout de même quelques avancées. « Nous n’avons presque plus de conflit inter-États sur le continent. » Désormais, la principale menace, c’est le défi du terrorisme pour le président de la Commission de l’UA. Il faut trouver d’autres moyens, « construire la paix autrement, en mettant en œuvre des solutions innovantes qui relativisent la solution militaire et le tout dans la solidarité ».

Pour un haut diplomate de l’Union africaine, il faut en effet plus d’engagement des États sur la question sécuritaire. « Au Sahel, ce n’est plus un conflit, c’est une guerre et des pays sont menacés d’effondrement » et, selon lui, les autres États du continent ont un rôle à jouer. « Il faut qu’il y ait plus de solidarité », insiste-il ajoutant que seul le Rwanda a versé un million de dollars pour le G5 Sahel et qu’aucune des grandes nations militaires du continent ne participe encore, sur le terrain, à l’effort de guerre.

C'est bien que l'Afrique prenne toute sa place, joue tout son rôle dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ce qui se joue au Sahel n'est pas l'affaire du seul Sahel, c'est l'affaire de l'Afrique toute entière.

« Ce qui se joue au Sahel, n’est pas l’affaire du seul Sahel, estime Tiébilé Dramé, le ministre des Affaires étrangères du Mali. C’est l’affaire de l’Afrique tout entière, et de la communauté internationale. Le monde entier doit prendre la mesure de ce qui se passe et monsieur Moussa Faki est dans son rôle quand il appelle à plus de solidarité africaine. Et de poursuivre : J’espère qu’à partir de ce sommet, nous aurons davantage d’indications sur le rôle que l’Afrique entend jouer dans ce combat contre le terrorisme. »

Nouvelle dynamique

Le haut diplomate de l'Union africaine, après une présidence égyptienne assez passive, compte désormais sur une présidence sud-africaine plus dynamique pour faire entendre la voix de l’Afrique sur les gros dossiers et notamment sur la Libye. Et de plaider pour sortir d’une médiation centrée sur deux protagonistes, le maréchal Haftar et le Premier ministre reconnu par la communauté internationale Fayez al-Sarraj, mais plutôt d’impliquer d’autres acteurs comme les khadafistes ou encore la société civile.

Un message qu’il faudra absolument faire passer lors de ces deux jours de sommet pour que le thème choisi devienne une réalité. « C’est ambitieux, ajoute Tiébilé Dramé, et toute l’Afrique est derrière cet objectif ambitieux. » « Je compte sur vous pour aboutir à des résultats pour travailler à un monde meilleur pour nos populations », a lancé devant ses pairs le chef de la diplomatie égyptienne, Sameh Hassan Shoukry. Le ton est donné, presque comme un défi, mais la tâche s’annonce énorme.

Restitution des œuvres pillées : pourquoi la France traîne les pieds

Par Olivier Marbot



Visiteurs du Petit musée de la Récade, à Abomey-Calavi (Bénin).
© Prosper Dagnitche/AFP

Le 17 janvier, vingt-huit sceptres du XIXe siècle ont quitté la France pour le Bénin. Ils seront désormais exposés au Petit Musée de la Récade, à Abomey-Calavi, près de Cotonou. Comme beaucoup d’autres, ces récades viennent de l’ancien royaume d’Abomey, conquis et pillé par les troupes du général français Alfred Dodds en 1892.

Plus de un an après la remise au président français, Emmanuel Macron, le 23 novembre 2018, du rapport dans lequel Bénédicte Savoy et Felwine Sarr préconisaient la restitution d’une grande partie des œuvres et des objets d’origine africaine exposés ou entreposés dans les musées français, le processus aurait-il enfin débuté ? Pas du tout.

Amateurisme et mauvaise volonté

Les vingt-huit sceptres remis au Bénin l’ont été par un collectif d’antiquaires et de collectionneurs d’art parisiens agissant à titre privé. Ce cas précis n’a donc rien à voir avec les engagements pris par Emmanuel Macron à Ouagadougou en novembre 2017 puis réaffirmés en 2018. Ni avec la promesse formulée en décembre 2019 par le ministre de la Culture, Franck Riester, lors d’un voyage à Cotonou, de restituer au plus tard en 2021 vingt-six objets issus, eux aussi, du pillage d’Abomey.

Un imbroglio difficile à démêler pour les non-spécialistes mais qui rappelle surtout que, plus de un an après la publication du rapport Sarr-Savoy, le sujet des restitutions à l’Afrique des œuvres et des objets exposés en France a très peu avancé.

L’affaire du sabre d’Omar Saïdou Tall, remis en novembre 2019 au président sénégalais dans le cadre d’une visite du Premier ministre français, a suscité plus de critiques que de satisfaction lorsqu’on a remarqué qu’il ne s’agissait que d’un prêt de cinq ans et, surtout, que l’objet restitué n’était peut-être pas celui qu’on pensait.

À LIRE - Œuvres d’art africain : restitution et réparation sont indissociables

De son côté, le Bénin a annoncé durant l’été 2019 qu’il n’était pas prêt à accueillir les vingt-six objets pourtant demandés à la France, ce qui n’a pu que réjouir les opposants aux restitutions, en particulier ceux qui assurent que l’Afrique n’est pas prête à exposer les œuvres dans des conditions satisfaisantes.

Bref, depuis novembre 2018, l’amateurisme semble le disputer à la mauvaise volonté. Sans compter que le contexte français n’est pas forcément favorable, analyse l’avocat Emmanuel Pierrat, auteur d’un livre sur le sujet : « Emmanuel Macron a fait de grandes promesses au Bénin, et puis le week-end suivant il y a eu le début des “gilets jaunes” et on est passé à autre chose. À mon avis, l’actualité lui a permis de se sortir de l’ornière dans laquelle il s’était mis. »

« Tout rentre mais rien ne sort »

Le processus est-il enlisé, le rapport Sarr-Savoy condamné à finir aux oubliettes ? L’universitaire Louis-Georges Tin, président du Conseil représentatif des associations noires de France et ardent partisan des restitutions, pense le contraire : « Il est vrai qu’en France cela traîne un peu, mais ailleurs les choses avancent. Nous sommes en contact avec de nombreuses associations et personnalités américaines qui veulent s’organiser pour promouvoir le retour des nombreux objets africains exposés dans les grands musées des États-Unis.

Et, surtout, même si la presse française en a peu parlé, il y a eu, le 26 mars 2019, une résolution du Parlement européen prenant position en faveur des restitutions. » Dans le texte en question, relatif aux « Droits fondamentaux des personnes d’ascendance africaine », les députés « invitent » les États à offrir « des réparations sous la forme d’excuses publiques ou d’une restitution d’objets volés à leurs pays d’origine ». Reste à savoir dans quel délai et sous quelle forme cette préconisation sera transposée en droit national.

Le cas de la France reste très particulier, dans la mesure où c’est elle qui a, en quelque sorte, lancé le mouvement. Le débat entre pro- et anti-restitution y reste toujours aussi vif, le rapport de Bénédicte Savoy et de Felwine Sarr continue d’être très sévèrement critiqué et, faute de volonté politique, n’a pour l’instant rien débloqué.

« Emmanuel Macron a dit des choses intéressantes sur la colonisation, commente l’avocat Emmanuel Pierrat, mais, lors du discours de Ouagadougou, je crois qu’il est tombé dans la démagogie. Il était survolté, et je pense que le conseiller qui a écrit son discours s’était senti pousser des ailes. »

À Paris, les annonces présidentielles se sont heurtées à la résistance farouche de nombreux conservateurs de musées qui, commente un connaisseur, « ne connaissent qu’une logique : tout rentre, rien ne sort ». Logique qui semble avoir trouvé un écho au ministère de la Culture, confirme Louis-Georges Tin avec amertume : « Le ministre est un homme qui vient de la droite, assez conservateur. Il parle de “circulation” plutôt que de “restitution”. Il ne peut pas se permettre de contredire le président, mais je pense qu’il est opposé aux restitutions. »

Beaucoup de ceux qui rechignent à voir des objets retourner en Afrique mettent par ailleurs en avant le contexte juridique français, expliquant que le dispositif législatif proposé dans le rapport Sarr-Savoy est fantaisiste et inapplicable. Faut-il une loi générale revenant sur le caractère inaliénable des objets exposés dans les musées ? Des lois ad hoc répondant à chaque demande ?

L’annonce de la prochaine disparition de la Commission scientifique des collections nationales, censée donner son avis sur le déclassement des biens exposés – étape nécessaire à leur éventuelle restitution –, a aussi créé une polémique dans la polémique.

À LIRE : Pourquoi l’Afrique doit s’unir pour demander la restitution des œuvres d’art pillées

La sénatrice Catherine Morin-Desailly, qui fut à l’origine de sa création et prépare un rapport sur le sujet, se montre sévère : « Le but de cette instance était d’établir des critères sérieux de déclassification, mais elle n’a jamais eu les moyens de travailler. Ses membres n’étaient pas défrayés pour leurs déplacements, les décrets d’application ont mis des années à sortir. Les pouvoirs publics ne se sont jamais donné les moyens de forcer les musées à restituer les œuvres si des décisions en ce sens étaient prises… On s’est heurté à la résistance des conservateurs, mais aussi à celle du ministère de la Culture. »

En ce début d’année 2020, il semble donc que tout reste à faire, et on ignore dans quel cadre légal les objets promis au Bénin vont pouvoir quitter les collections des musées nationaux. « De toute façon, ce n’est pas du droit, c’est de la politique, tranche Louis-Georges Tin. Quand la France a voulu rendre des objets à la Chine ou à l’Algérie, elle ne s’est pas embarrassée de ces questions. C’est purement une affaire de rapport des forces. »

Et si ce rapport des forces n’est pas favorable, d’autres voies sont possibles, comme le souligne l’avocat français Richard Sédillot, qui a plusieurs fois plaidé des affaires concernant des objets d’art africains pour des clients privés : « Certains États préfèrent passer par la voie transactionnelle et trouver un moyen de transiger, de demander des restitutions au cas par cas. À mon avis, c’est la meilleure solution. »

Une année particulière

Au Musée des civilisations de Côte d’Ivoire,à Abidjan, après sa récente rénovation.
© Issouf Sanogo/AFP

Plusieurs pays ont lancé des actions pouvant aboutir à des retours d’objets en Afrique. Au Royaume-Uni, le Musée de Manchester a annoncé qu’il entendait rendre certaines pièces, mais souhaitait pour cela identifier les héritiers des personnes à qui elles ont été dérobées.

La Côte d’Ivoire a, elle, adressé à la France une liste d’objets qu’elle souhaite récupérer, dont le célèbre Djidji Ayokwe, le tambour parleur du peuple ébrié.

D’autres pays, s’inspirant de l’opération lancée par le Ghana en 2019, réfléchissent à s’appuyer sur le soixantième anniversaire des indépendances pour faire de 2020 « l’année du retour » en Afrique. Retour des personnes, mais aussi retour des objets et œuvres d’art.

Burkina Faso : tollé général après l’annonce des nouveaux tarifs d’Orange

| Par - à Ouagadougou
Orange Burkina Faso

Arguant d’une fiscalité désavantageuse, Orange Burkina a indiqué son intention d’appliquer de nouveaux tarifs à compter du 17 février. Une annonce qui a provoqué l’ire du gouvernement et des associations de consommateurs.

C’est une colère populaire dont l’opérateur français, présent au Burkina depuis 2016, se serait bien passé. Le géant des télécoms qui a conquis en 2017 la première place au Burkina, fait en effet face à un tir groupé depuis l’annonce de ses nouveaux tarifs.

Dans un communiqué publié le 30 janvier sur les réseaux, la filiale locale du groupe français informait ses clients qu’à compter du 17 février, Orange Burkina Faso procéderait à un réajustement général de ses tarifs de communication et de service internet. « Ce réajustement tarifaire fait suite à l’entrée en vigueur de la loi de Finances pour l’exécution du budget de l’État, exercice 2020, qui augmente le taux de la taxe spécifique sur les entreprises de télécommunications à 7 % du chiffre d’affaires réalisé par chaque entreprise », explique dans un courrier à ses clients Ben Cheick Haidara, directeur général de Orange Burkina Faso.

Concrètement, c’est une augmentation « de l’ordre de 2,04 % » sur l’ensemble des offres et services qu’a annoncée l’opérateur, provoquant une vague d’indignation.

Colère de la Primature

« Le communiqué d’Orange relatif à l’augmentation de ses tarifs est inacceptable, » a ainsi protesté, sur Twitter, le chef de l’exécutif, Christophe Dabiré. « Les responsables de cette société avaient adressé une correspondance à Son Excellence Monsieur le Premier ministre dans laquelle, ils ont exprimé leur inquiétude par rapport à l’augmentation de la taxe spécifique et demandé au gouvernement, d’examiner la question de la pression fiscale sur les opérateurs du secteur. Il est inacceptable que, sans attendre la réaction du chef du gouvernement, les responsables de Orange annoncent la mise en application de la décision. En l’absence d’une étude qui va prouver que la pression fiscale sur le secteur des télécommunications est insupportable, le gouvernement n’acceptera aucune augmentation liée à l’adoption de cette loi de finances. En clair, les prix pratiqués devront être maintenus jusqu’à ce que d’autres arguments plus plausibles indiquent le contraire », complète la Primature dans un communiqué.

Pour sa part, la Ligue des consommateurs du Burkina, dirigée par Dasmané Traoré, menace d’appeler au boycott des produits de l’opérateur si cette hausse venait à entrer en vigueur. « Cette augmentation n’a pas lieu d’être et constitue pour nous un mépris du consommateur. On ne peut pas demander au client de supporter l’effort à la place de l’opérateur téléphonique, d’autant plus que nous subissons de désagréments due à la qualité médiocre des réseaux », fustige M. Traoré.

Contexte morose

Instaurée pour la première fois en 2014, la taxe incriminée est assise sur le chiffre d’affaires annuel hors taxe des opérateurs télécoms opérant dans le pays. Son taux était jusque-là de 5 %. « Le gouvernement a augmenté le taux de la taxe à 7 % cette année de façon unilatérale, pour dit-il financer le sport et la formation. Avec les autres opérateurs du secteur, nous devrions nous réunir aujourd’hui sur la question, » glisse sous couvert de l’anonymat un dirigeant de société de téléphonie qui a été un peu échaudé par la sortie du Premier ministre. « Nous attendons de voir…», poursuit-il.

Alors que le secteur des télécoms connaissant ces dernières années une croissance régulière de l’ordre de 20 % par an, il a enregistré l’an dernier une baisse de l’ordre de  12 à 15 % en raison de la situation sécuritaire, selon nos informations. Une augmentation des taxes dans ce contexte « va grignoter la rentabilité des sociétés télécoms si le gouvernement refuse qu’elles la répercutent sur les consommateurs », explique notre source.

Dans la téléphonie mobile, Orange détient 45 % des parts, talonné par Telmob, la filiale mobile d’Onatel, à 40 %, avec ses 7, 2 millions de clients, suivi de Telecel Faso, du groupe Planor Afrique du tycoon local Apollinaire Compaoré, qui revendique 15 % du marché.