Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

[Tribune] Travail forcé et exploitation sexuelle : face à la traite humaine,
unissons nos moyens

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Par

Directeur exécutif de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC)

Un crime presque parfait. Pour les trafiquants, la traite des êtres humains signifie de gros bénéfices et peu de risques d’être pris. Elle exploite la vulnérabilité des victimes, qui sont privées de leur voix, de leurs droits et d’accès à la justice. Comment pouvons-nous accepter que la traite des personnes existe encore au XXIe siècle ?

Le 30 juillet, déclaré en 2013 par l’ONU Journée mondiale de la lutte contre la traite des êtres humains, braque les projecteurs sur ce fléau, très difficile à évaluer. Le chiffre de 225 000 victimes recensées entre 2003 et 2016 serait en réalité sous-évalué. Il est cependant établi que près des trois quarts d’entre elles sont des femmes et des filles, et que l’exploitation sexuelle est la plus grande motivation de ce trafic, suivie de près par le travail forcé.

Travail forcé et traite des migrants

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En Afrique subsaharienne, il peut s’agir d’esclavagisme moderne – travail forcé dans l’agriculture, la pêche ou sur les marchés –, de la traite par des réseaux organisés, et enfin de celle qui prend pour cible des migrants en route vers l’Europe.

Les enfants – 55 % – y constituent la majorité des victimes. Surtout, contrairement à ce que l’on imagine parfois en Europe, les flux de la traite y sont pour la plupart internes aux pays ou intrarégionaux.

Face à de tels défis, comment la communauté internationale peut-elle agir pour que les trafiquants soient traduits en justice et les victimes identifiées, protégées, soutenues ? L’instrument de droit international visant la traite humaine est le Protocole additionnel à la Convention de Palerme, qui entend prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants. Depuis son entrée en vigueur il y a quinze ans, des progrès sont à relever.

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Un migrant subsaharien dans une geôle libyenne, en 2013. © Manu Brabo/AP/SIPA

Si le nombre de victimes enregistrées a grimpé de 40 % entre 2011 et 2016, c’est aussi parce que les autorités nationales ont amélioré leur aptitude à les identifier. Disposer de données par âge, sexe et forme d’exploitation permet de les sortir de l’ombre, comme aux Pays-Bas, qui ont découvert que les victimes les plus dissimulées dans le pays étaient des mineures de nationalité néerlandaise, exploitées sexuellement. Cela a ouvert un débat sur la nécessité de politiques de prévention ciblant cette population, à travers des campagnes de sensibilisation dans les écoles.

Il existe une corrélation indiscutable entre l’ancienneté d’une législation visant à lutter contre ce crime, les capacités nationales à le détecter et le nombre de condamnations en justice. Les pays qui ne signalent aucune condamnation pour traite humaine sont de moins en moins nombreux.

En Afrique subsaharienne, les tribunaux de ceux qui se sont récemment dotés d’une législation ont prononcé leurs premières condamnations au cours des quatre dernières années.

Les défis communs requièrent des solutions communes

L’existence d’une coopération internationale permet de faire la différence. Des formations pour procureurs, juges et officiers de police judiciaire de pays ouest-africains, dispensées par l’ONUDC, permettent de sensibiliser aux outils de la coopération en matière criminelle et de partager les bonnes pratiques dans leur mise en œuvre.

Un récent exemple de coopération judiciaire transcontinentale est l’implantation de juges nigérians en Espagne et en Italie visant à faire le lien entre pays d’origine et pays de destination de traite humaine à des fins d’exploitation sexuelle, à démanteler les réseaux et à mieux soutenir les victimes.

Les défis communs requièrent des solutions communes. La communauté internationale – pays d’origine, de transit, de destination – doit serrer les rangs dans la lutte contre ce fléau. En cette Journée mondiale de la lutte contre la traite d’êtres humains, nous devons appeler nos gouvernements à agir, à accélérer les progrès dans la mise en place du Protocole et à renforcer la coopération à travers les frontières et entre les services compétents. Il en va de notre responsabilité de permettre aux victimes d’être identifiées et d’avoir accès aux services et à la protection dont elles ont besoin.

[Tribune] Regardons l’histoire de l’Afrique en face

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Par

Écrivain ivoirien, auteur de L'Afrique à désintoxiquer (éd. Dualpha).

En 1962, en pleine euphorie des indépendances, René Dumont affirmait « l’Afrique noire est mal partie », déclenchant l’ire et la censure des élites politiques et intellectuelles d’Afrique francophone. Pourtant, près de soixante ans plus tard, le constat ne contredit pas l’agronome français : l’Afrique noire n’arrive pas à produire un bien-être durable pour ses populations.

Crises politiques, économiques, sociales et sanitaires rythment la vie des Subsahariens, causant un grand malheur pour des populations désespérées, comme en témoigne le vaste mouvement de migration vers l’Europe.

Les causes essentielles de ces crises, dont l’absence de sens de l’intérêt général des gouvernants, sont minimisées par la majorité des intellectuels africains jouissant d’une notoriété médiatique internationale. Ces derniers préfèrent la voie de l’accusation.

L’Occident serait responsable de toutes les misères du monde noir, pour ses méfaits de traite négrière, de colonisation, de néocolonialisme, d’égoïsme capitaliste, d’ingérence ou d’impérialisme arrogant. Mais ils oublient de s’intéresser aux raisons de la misère dans laquelle est plongé le continent : corruption globalisée, absence d’État de droit, manipulations ethniques et manque de cohésion nationale, non-respect de la dignité humaine, etc.

Cette élite intellectuelle souscrit ainsi à un discours dans lequel l’Afrique n’est pas maîtresse de son destin et est donc infantilisée et déresponsabilisée. En plus d’être en grande partie basé sur des mensonges, celui-ci n’est pas propice au développement. Il installe les Subsahariens dans un complexe d’infériorité qui les empêche de prendre conscience de leurs forces. Ainsi, les masses africaines ont-elles besoin d’être désintoxiquées de la fausse histoire qui leur est servie depuis la décennie 1940.

Conscience noire

Désintoxiquer signifie avant tout donner les clés historiques qui permettent d’accéder à une connaissance dépassionnée du passé. C’est en se réappropriant leur histoire, en acceptant leurs responsabilités dans le commerce avec l’Occident, que les Africains pourront s’extraire de la léthargie intellectuelle. L’adage veut que « ceux qui ne se souviennent pas du passé [soient] condamnés à le revivre ».

Depuis plus de soixante-dix ans, les peuples africain et européen ont été abreuvés de contre-­vérités professées par les stratèges du communisme international triomphant d’après-guerre, au point d’être finalement coupés des réalités politiques africaines du XVe siècle à nos jours. Les partisans de Staline ont distillé les « mencomafnoire40 » (mensonges communistes sur l’Afrique noire dans les années 1940), avec pour seul objectif de discréditer les grandes puissances et de prendre leur place. Ainsi, l’expérience coloniale qui unissait Européens et Africains depuis seulement quelques décennies s’est soudain retrouvée qualifiée d’exploitation avide de faibles Africains incapables de se défendre. Cruel destin, qui a voulu que le continent subisse ce que personne d’autre n’a affronté ! Pourtant, l’Afrique n’est pas condamnée au statut de spectatrice impuissante de sa propre histoire.

Le récit qui n’attribue à l’Europe qu’un rôle néfaste, nous coupe de la réalité de son passé

Il est nécessaire qu’émerge une « conscience noire » débarrassée de ces mensonges inoculés. Connaître son histoire, c’est savoir autant apprécier ses belles épopées que condamner ses heures sombres. C’est être en mesure de célébrer ses héros et de condamner ses rois fainéants, ses barons pillards ou ses élites trompeuses. Le récit univoque, où l’Europe doit être constamment présente dans le rôle néfaste, coupe l’Afrique de la réalité de son passé.

Oui, l’Afrique a été et est toujours l’objet de convoitises. Oui, ses peuples ont été méprisés et réduits en esclavage. Oui, le continent a dû faire face aux appétits aiguisés des puissances européennes. Mais non, l’Afrique n’a pas été la seule à affronter ces « attaques ». Non, les Européens n’ont pas l’unique et l’entière responsabilité des crimes esclavagistes et du commerce d’êtres humains.

Non, les peuples du continent ne sont pas ignorants en matière de conquête territoriale, de lutte acharnée pour le contrôle de terres et de richesses, de vassalisation ou d’exploitation coloniale, qui n’ont pas que des effets néfastes. L’histoire passionnante des grandes entités politiques comme le Ghana, le Manding, le Songhaï, le Kongo ou le Zoulou en témoigne largement.

Effet pervers

Les récits qui font des Africains précoloniaux des oies blanches subjuguées par l’envahisseur tout-puissant ont un double effet pervers. Ils placent ces peuples hors de l’histoire de l’humanité en niant leur souveraineté longtemps conservée et leur capacité à concevoir puis à défendre leurs intérêts particuliers. Et ils les privent d’une grille de lecture sociétale et géopolitique des événements passés. Les Africains doivent retrouver la réalité qui inscrit leur histoire dans la grande chronologie universelle en vue de comprendre qu’ils n’ont pas l’exclusivité de la souffrance, et qui met à nu les parallèles évidents avec celles d’autres peuples. La vision de l’universalité des épreuves traversées par les uns ou les autres aidera le monde noir à « sortir » de l’émotion suscitée par l’empathie naturelle qu’il a pour les souffrances des siens.

Le lien est évident entre l’apprentissage d’une vision dépassionnée de l’histoire et le pragmatisme dont nous devons faire preuve aujourd’hui. Mais prenons garde aux fables enjolivées des historiens militants « afrocentristes », présentées comme l’histoire cachée que l’Africain doit se réapproprier.

Des chefs d’Etat africains pleurent Notre-Dame mais restent
insensibles aux malheurs de leur pays

Cameroun, Sénégal, Mali, Mozambique : des citoyens se sont agacés de la compassion de leurs dirigeants
alors que le continent ne manque pas de drames humains.

Par , , , , et Lilia Blaise
Publié le 18 avril 2019 à 11h27 - Mis à jour le 18 avril 2019 à 20h52


Notre-Dame de Paris au matin du 17 avril 2019, après le terrible incendie qui a ravagé la cathédrale dans la nuit du 15 avril.
Notre-Dame de Paris au matin du 17 avril 2019, après le terrible incendie qui a ravagé la cathédrale
dans la nuit du 15 avril. Philippe Wojazer/REUTERS

Les images ont franchi les mers. Celle d’une flèche qui tombe sous les flammes, celle des nuages de fumées qui flottent au-dessus d’un édifice huit fois centenaire. L’incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris, lundi 15 avril, continue de créer une onde de choc, en Afrique aussi.

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Au Mali, ce sujet est même arrivé en première position dans le discours à la nation, prononcé mardi soir par le président Ibrahim Bouboucar Keïta (IBK). « Avant d’aller plus en avant, j’aimerais inviter tous nos compatriotes à se joindre à la douleur de la communauté chrétienne qui pleure Notre-Dame de Paris », a déclaré le chef de l’Etat de ce pays où plus 95 % de la population est musulmane. « Le joyau ravagé par le feu avait su traverser le temps, ouvrir les bras au monde entier. Aujourd’hui, il n’appartient plus à une confession. Il est un trésor mondial, un patrimoine de l’humanité et l’humanité saura le restaurer, comme elle le fit hier avec les monuments de Tombouctou, démolis dans un passé récent par la folie destructrice de ceux-là qui ne rendirent pas ce faisant un quelconque service à notre islam vénéré », a-t-il précisé. Et ses mots forts font écho à d’autres, ailleurs, en Afrique francophone.

« Génie créateur »

Au Burkina Faso, le président Roch Marc Christian Kaboré s’était vite déclaré « de tout cœur avec Emmanuel Macron, Anne Hidalgo et la population parisienne ». Comme le président Macky Sall qui a lui aussi rapidement fait entendre sa voix dans le concert des condoléances sur Twitter. « Au nom du Sénégal, j’exprime toute notre solidarité à la France et à toute la communauté chrétienne à travers le monde », avait-il observé dans un premier temps avant d’enchaîner avec un message au président Macron et un communiqué exprimant « au peuple français et à l’ensemble de la communauté catholique ses sentiments de sympathie et de solidarité ». Le tout additionné de « la conviction que le peuple français trouvera dans son génie créateur les moyens de restaurer cette grandiose œuvre spirituelle et architecturale. » Ce qui a suscité la réaction de nombreux internautes regrettant que leur président ne soit pas aussi prompt à l’hommage et à la solidarité lorsqu’il s’agit d’un drame africain.

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Au Cameroun, les mêmes mots ont produit les mêmes effets. L’opinion publique camerounaise s’est même largement agacée sur les réseaux sociaux que son président, Paul Biya, soit davantage attendri par l’incendie de Notre-Dame de Paris que par les malheurs auxquels la population du pays est confrontée. « Je ne suis pas la cathédrale Notre-Dame ! Je suis NOSO [Nord-Ouest et Sud-Ouest, régions anglophones]. Des milliers de villages brûlés. Des enfants qui naissent et meurent en brousse. La jeunesse non scolarisée. Ceci vaut mille fois plus que cet incendie », assure Mireille, sur Twitter. Nchare, sur Twitter aussi, préfère, lui, faire quelques recommandations et conseille de dire « à ce Monsieur qu’il ne doit pas se contenter de la courtoisie diplomatique. Nous attendons aussi des actes de compassion officielle de sa part quand le Cameroun subit des drames. Il y a aussi des incendies et le sang qui coule au NOSO ». Dans ce pays miné par une grave crise dans les zones anglophones, le message est clair.

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Comme en Afrique du Sud, où certains se sont étonnés que l’on prête plus d’attention à cette perte matérielle qu’aux pertes humaines provoquées par le cyclone Idai qui a ravagé l’Afrique australe mi-mars, faisant plus de 1 000 morts. « Si les Européens arrivent à se rassembler et à se regrouper pour la cathédrale Notre-Dame, je me demande, pourquoi, nous les Africains ne sommes-nous pas capables d’aider les Mozambicains. Les Européens s’unissent dès que l’un d’eux à un problème. Pourquoi les nations africaines n’en sont-elles pas capables ? », a déclaré ce mercredi Gustaf, un auditeur, sur la radio 702, l’une des plus écoutées d’Afrique du Sud. « Il semblerait que les gens se préoccupent plus d’un bâtiment que d’êtres humains », a renchéri Chad, un autre auditeur. Pour rappel, les Nations unies ont lancé un appel pour lever près de 300 millions de dollars (266,6 millions d’euros) afin de porter assistance aux victimes du cyclone Idai. Pour l’instant, un quart de la somme seulement, soit 70 millions de dollars, a été récolté.

« Parabole de la reconstruction »

Par-delà ces polémiques, la communauté religieuse s’est elle aussi saisie du sujet et a multiplié les réactions. Un hommage a été rendu, mercredi 17 avril, lors de la messe chrismale à la cathédrale Saint-Vincent-de-Paul de Tunis. « Nous avons tous été sous le choc en voyant ces images, a déclaré le père Silvio Moreno, le vicaire de la cathédrale de Tunis. Moi-même je suis allé à plusieurs messes dans Notre-Dame, elle représente beaucoup. Espérons que sa reconstruction matérielle soit aussi une parabole pour la reconstruction de la foi chrétienne en France », a-t-il ajouté.

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Au Sénégal, où les catholiques représentent moins de 5 % de la population du pays, l’abbé Jacques Seck a rappelé au micro d’iRadio que « cette nouvelle a fait mal à tous les chrétiens. Parce que l’Eglise est une. C’est un malheur, pour moi qui adore, que la maison de Dieu soit brûlée, à Hongkong, Djakarta ou Paris. Même si c’est une chapelle qui brûle, ça me fait mal ».

D’autres ont décidé, à l’instar du roi de Krindjabo, capitale du royaume du Sanwi, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire, de faire un don pour la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, où avait été baptisé par Bossuet dans les années 1700, Louis Aniaba, un prince du royaume.

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Parolin: le Pape demande à Assad des initiatives concrètes
pour la population | Vatican News

 

Alors que les actions de guerre et les bombardements à l’encontre des civils sans défense continuent et que des dizaines de structures sanitaires ont été détruites ou fermées à Idleb, François a fait remettre par le cardinal Turkson une lettre au président syrien.

Andrea Tornielli – Cité du Vatican

[ndlr: trad. par Vatican News de l’article original paru dans l’Osservatore Romano, 23.07.19, p.1.]

Le nouveau directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, a annoncé dans une déclaration que ce lundi matin à Damas, le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, accompagné par le sous-secrétaire de ce dicastère, le père Nicola Riccardi, et par le cardinal Mario Zenari, nonce apostolique en Syrie, a rencontré le président Bachar el-Assad. Durant la rencontre, le cardinal Turkson a remis au chef de l’État une lettre qui lui a été adressée par le Pape François.

La protection de la vie des civils, l’arrêt de la catastrophe humanitaire dans la région d’Idleb, des initiatives concrètes pour un retour des réfugiés en sécurité, la libération des détenus et l’accès pour les familles aux informations sur leurs proches, des conditions d’humanité pour les détenus politiques : ce sont les préoccupations et les demandes concrètes contenues dans ce message que le Pape François a voulu faire transmettre au président syrien.

Vatican News a interrogé le Secrétaire d’État, le cardinal Pietro Parolin, premier collaborateur du Pape, sur le contenu et les objectifs de la lettre.… Lire la suite: Parolin: le Pape demande à Assad des initiatives concrètes pour la population – Vatican News, Andrea Tornielli, 22.07.19.

Attaques racistes : Trump persiste et signe | eurotopics.net

bandeau eurotopics

Donald Trump s’en est pris à nouveau aux quatre députées démocrates qu’il avait conspuées sur Twitter. Ses partisans ont repris en chœur le slogan “Renvoyez-la chez elle”, adressé à celle des quatre députées n’étant pas née aux Etats-Unis. Si le Congrès avait condamné l’attaque, quatre républicains seulement y avaient apporté leurs voix. Les chroniqueurs y voient une stratégie électorale.

Le vote de l’homme blanc

L’attaque portée par Trump contre les quatre députées augure une campagne raciste, assure l’historien Massimo Teodori sur Huffington Post Italia :

«En 2016 était élu pour la première fois un candidat considéré comme un ‘président blanc’ par les pans de la population pour lesquels la couleur de la peau compte plus que tout autre indicateur socio-économique. C’est la raison pour laquelle Trump fera campagne pour sa réélection en tenant un discours chauviniste, raciste et ethnocentrique, afin de recueillir un ‘vote blanc’ encore plus massif que celui obtenu en 2016. Sa sortie contre les quatre députées, axée sur leur nature ‘non-américaine’, est un avant-goût de ce à quoi on risque d’assister dans les prochains mois.»

Une stratégie payante

Tout cela ne peut que profiter à Trump, juge Delo :

«Il pense que la plupart des électeurs redoutent une évolution d’extrême gauche, comme l’incarnent selon-lui les quatre députées démocrates. Il estime par ailleurs qu’elles propageront le ‘communisme, l’antisémitisme et l’anti-américanisme’ à l’ensemble du parti démocrate. Et que les électeurs, dès lors, accorderont encore plus de crédit à ses affirmations, à savoir que les Américains n’ont jamais été aussi bien lotis qu’au cours de son mandat. Trump consolide ainsi sa position – personnelle et politique – avant les présidentielles de l’année prochaine.»

Il ne faut pas que cela devienne la norme

Les cris entendus dans les meetings de Trump s’inscrivent dans le cadre d’une funeste stratégie, commente De Morgen :

«Trump et le Parti républicain, qui ne condamnent pas ces agissements, ou bien du bout des lèvres seulement, jouent un jeu dangereux. En attisant l’hystérie des masses contre les minorités, il risque de fournir de nouvelles munitions aux crimes haineux, lesquels ont déjà fortement augmenté dans tout le pays au cours de sa présidence. … Les Américains s’y habituent, et nous aussi. Cet état de fait ne peut devenir la norme dans un pays où ‘la vie, la liberté et la recherche du bonheur’ sont ancrés au cœur même de la déclaration d’indépendance.»

Les démocrates auront besoin d’autre chose

S’indigner des commentaires racistes du président Trump ne sera pas d’un grand secours pour les démocrates, croit savoir Kristeligt Dagblad :

«Même si les démocrates bénéficiaient d’une vague de sympathie avec l’habituelle indignation générée par le président Trump, ils sont confrontés à un problème plus profond, dont Trump est tout à fait conscient. Ils n’arrivent pas à parler positivement des Etats-Unis. … Ils peuvent s’en prendre à Trump, à son mur, à ses actes et à ce qui fait sa personnalité, mais ils sont plus ou moins incapables de détailler leur programme pour les Etats-Unis. Qu’ont-ils à offrir aux travailleurs américains ? Quel rôle les Etats-Unis doivent-ils jouer dans le monde ? Ce n’est pas un hasard si la sortie de Trump contre les députées démocrates s’en prend justement à leur tendance à parler négativement des Etats-Unis.»

Johannes Henriksen – Accéder à l’article original

Des intimidations sexistes

D’après une étude réalisée par l’Institute for Strategic Dialogue et la BBC, les critiques exprimées sur les réseaux sociaux sont souvent sexistes. Upsala Nya Tidning appelle la société à réagir :

«Sur Twitter, Trump a appelé des députées démocrates qui venaient de critiquer son administration à ‘retourner dans leurs pays’. Sur un sujet politique – des critiques formulées à l’encontre du gouvernement – le président répond par des attaques personnelles, tout aussi sexistes que racistes. Il prive ainsi ces politiques de la possibilité de réagir aux critiques sur une base factuelle. … La société doit nommer clairement ceux qui propagent une telle haine, et soutenir ceux qui en sont victimes. C’est la seule façon de garantir que les politiques puissent évoluer dans un environnement sûr et avec les mêmes règles du jeu.»

Un apôtre de la haine à la Maison-Blanche

Le président a un comportement autocratique, juge Die Presse :

«Pas besoin d’être d’accord avec la ‘Brigade’, comme a choisi de se désigner le groupe résolument progressiste autour d’Alexandria Ocasio-Cortez, avec la vision naïve du ‘Green New Deal’ ou encore avec la critique d’Israël et du lobby israélien. Ces députés posent également un défi aux démocrates et à leur cheffe de file, Nancy Pelosi. Mais pour cette dernière, il est néanmoins évident que l’essence de la démocratie réside dans le dialogue, dans la possibilité d’exprimer ses critiques et d’accepter les avis divergents, sans céder aux ripostes grossières. Contrairement à Trump, politique impulsif et instinctif, qui conçoit la démocratie tel un autocrate, et qui préfère museler ses détracteurs ou les qualifier de traîtres à leur patrie.»

Trump cherche à faire monter la pression

La stratégie de Trump fait peu de cas des torts qu’elle peut causer, explique Der Standard :

«Le président se soucie comme d’une queue de cerise que la plupart des élues démocrates qu’il a récemment taxées d’être des étrangères soient nées aux Etats-Unis. Et peu lui chaut que les déportations massives annoncées de manière tonitruante aient réellement lieu ou non. Trump ne cherche en aucune manière à résoudre les problèmes qui découlent de l’immigration clandestine – bien au contraire. Plus les choses escaladent, plus il attise la peur, mieux cela vaut pour lui. Les Américains n’en ont pas fini d’entendre les déclarations ahurissantes que la campagne des élections de 2020 engendrera – nous non plus, du reste.»

Florian Niederndorfer –Accéder à l’article original

Du racisme pur et dur

Qualifier les propos de Trump de “stratégiques” revient à les minimiser, estime Irish Examiner :

«Si certains nourrissaient encore des doutes quant au racisme et au sectarisme du président, ceux-ci auront été définitivement balayés par les tweets rédigés dimanche à l’encontre de la ‘Brigade’ [surnom du groupe des quatre députés progressistes concernés]. … Les tweets rappellent que le président a choisi de diviser et d’exploiter le pays plutôt que de le diriger. La leçon que l’on peut en tirer, c’est que Trump et ses partisans les plus radicaux considèrent que les notions réconfortantes que les Etats-Unis pouvaient avoir en matière de progrès des droits civiques et de lutte contre le racisme n’ont plus cours dans le pays.»

Une biographie gênante

La Vanguardia rappelle que Trump est lui-même le descendant d’immigrés :

«Le paradoxe dans tout ça, c’est que la mère de Trump a émigré d’Ecosse avec 50 dollars en poche pour se construire une nouvelle vie à New York. Son grand-père paternel était un Allemand qui a émigré à l’âge de 16 ans pour participer à la ruée vers l’or avant de finir par créer une chaîne de maisons closes en Alaska. Sans parler de sa femme, Melania, qui est slovène. L’univers personnel de Trump est rempli d’immigrés. Peut-être les persécute-t-il avec autant de hargne parce qu’ils lui rappellent justement des origines qui déprécient sa condition de ‘vainqueur’. Comme une tache dans sa biographie.»

Le point de non-retour

La Repubblica y voit un tournant :

«Il est étonnant de constater que le président des Etats-Unis, démocratiquement élu, puisse recourir à des catégories de pensée fascistes et racistes. Pire encore, qu’il a aussi été élu parce qu’il tient des propos fascistes et racistes. … L’élection de cet individu à la Maison-Blanche est une date historique et un point de non-retour : elle représente la défaite de la culture démocratique occidentale. La défaite d’un certain lexique, d’une façon de penser, de se comporter, de discuter et même de se détester. Il est indéniable que la culture démocratique (sa politique économique, ses choix, ses hypocrisies) est également responsable de cette défaite. Mais cela ne change absolument rien à l’essence du problème.»

Source : Attaques racistes : Trump persiste et signe | eurotopics.net, 19.07.19.