Justice et Paix

" Je suis homme, l'injustice envers d'autres hommes révolte mon coeur. Je suis homme, l'oppression indigne ma nature. Je suis homme, les cruautés contre un si grand nombre de mes semblables ne m'inspirent que de l'horreur. Je suis homme et ce que je voudrais que l'on fit pour me rendre la liberté, l'honneur, les liens sacrés de la famille, je veux le faire pour rendre aux fils de ces peuples l'honneur, la liberté, la dignité. " (Cardinal Lavigerie, Conférence sur l'esclavage africain, Rome, église du Gesù)

 

NOS ENGAGEMENTS POUR LA JUSTICE T LA PAIX
S'EXPRIMENT DE DIFFÉRENTES MANIÈRES :

En vivant proches des pauvres, partageant leur vie.
Dans les lieux de fractures sociales où la dignité n'est pas respectée.
Dans les communautés de base où chaque personne est responsable et travaille pour le bien commun.
Dans les forums internationaux pour que les décisions prises ne laissent personne en marge.

Dans cette rubrique, nous aborderons différents engagements des Missionnaires d'Afrique, en particulier notre présence auprès des enfants de la rue à Ouagadougou et la défense du monde paysan.

 

Burkina Faso : des jihadistes dans les camps de réfugiés du Nord ?

| Par Jeune Afrique

C'est la thèse des services de renseignements burkinabè. Le HCR affirme de son côté n'avoir reçu aucune preuve de ces allégations.

Les services de renseignement burkinabè estiment que certains jihadistes se servent des camps de réfugiés du Nord comme refuges temporaires.  Ils se fondent notamment sur l’analyse des téléphones (appels, données GPS, photos…) de suspects surveillés ou interpellés.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui gère ces camps, se dit « informé » de ces « accusations » sans toutefois en avoir reçu aucune preuve. Une réunion de ses représentants avec le ministre de la Sécurité doit avoir lieu à la fin de juin.

En avril dernier, les mêmes services burkinabè, se fondant là encore sur des écoutes téléphoniques, avaient alerté leurs voisins du Bénin, du Togo et du Ghana de leurs suspicions sur le fait que certains jihadistes se seraient réfugiés, parfois avec leurs proches, dans ces pays.

Le pays recense plus de 25 000 réfugiés et près de 5 000 demandeurs d’asile, selon le Premier ministre Christophe Marie-Joseph Dabiré, qui a également fait état, mi-juin devant le parlement, d’environ 150 000 déplacés internes en raison de l’insécurité et des conflits communautaires.

Migrants: l'ONG Mediterranea défie à son tour Matteo Salvini

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Alessandro Metz, de l'ONG Mediterranea, lors d'une conférence de presse à

Rome, le 3 juillet 2019.
Tiziana FABI / AFP

Une semaine après le Sea-Watch 3, un bateau de sauvetage de migrants a mis ce jeudi 4 juillet le cap vers l'île de Lampedusa pour y débarquer les rescapés, bravant l'interdiction du ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Le Nir

Va-t-on assister à un nouveau bras fer entre Matteo Salvini et une ONG de sauvetage de migrants ? De retour en mer depuis plusieurs jours avec un voilier de 18 mètres de long, l’ONG italienne Mediterranea a secouru ce jeudi 54 personnes, dont trois femmes enceintes et quatre bébés, au large de la Libye.

« Les 54 survivants ont tous été sauvés et sont maintenant à bord. Parmi eux, 11 femmes (trois enceintes) et 4 enfants... », a écrit dans un tweet l'ONG.

L’équipage a contacté le siège des gardes-côtes italiens pour l’informer de son opération de sauvetage. Mais le capitaine a refusé de laisser les migrants entre les mains des gardes-côtes libyens comme il lui était demandé. Au lieu de cela, l'Alex a décidé de mettre le cap sur l’île sicilienne de Lampedusa.

Déjà passablement irrité par la décision de la juge qui a rendu sa liberté à la commandante du Sea-Watch 3, Carola Rackete, le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a déclaré que les migrants devaient être débarqués « dans un port tunisien », « la Tunisie étant plus proche que Lampedusa », et que si l’ONG s’entêtait, il mettrait en oeuvre « toutes les procédures pour empêcher l’arrivée du bateau dans un port italien ». Mais Salvini n’est pas à l’abri d’un nouveau camouflet.

Selon la télévision publique Rai, 55 autres migrants en péril au large de Lampedusa ont été récupérés ce jeudi en fin de soirée par des vedettes de la police de la douane et des garde-côtes italiens, puis débarqués dans le port de la petite île sicilienne

 
 

Gambie: marche contre la multiplication des viols

Vue de Banjul, capitale de la Gambie.
© Getty Images/Ariadne Van Zandbergen

Une semaine après les révélations de Human Rights Watch sur la prédation sexuelle de l'ancien président Yahya Jammeh, la société civile gambienne se mobilise. Toufah Jallow, qui accuse publiquement de viol l'ancien dictateur, est la figure de proue de ce mouvement, #IamToufah, lancé conjointement avec l'association gambienne des droits de l'homme TANGO. Plus d'une centaine de personnes ont défilé ce jeudi 4 juillet sur Kairaba avenue, avant de se réunir pour des prises de parole.

Une foule mixte, de tous âges et à l'unisson pour dénoncer les agressions sexuelles en Gambie. « Non, c'est non », « Notre corps, notre choix », ou « Plus jamais de viol », tels étaient les slogans entonnées par des manifestants déterminés à se faire entendre. Jerreh Badjie, cofondateur du mouvement #IamToufah, est satisfait de la mobilisation.

« Je ne m'attendais pas à voir beaucoup de personnes aujourd'hui, confie Jerreh Badjie. Mais là, on voit que les gens sont sortis. Il y a plusieurs personnes qui sont venues dénoncer ce qui se passe en Gambie. Il y a des activistes et des victimes parmi les manifestants. »

Toufah Jallow, qui accuse Yahya Jammeh de viol, est devenue le visage de la lutte contre les violences sexuelles. Un combat qu'elle veut mener ici malgré sa nouvelle vie à l'étranger. « Je voulais que le débat commence ici, explique-t-elle. C'est important car il faut briser le mur du silence. Beaucoup de femmes souffrent »

Pour Madi Jobarteh, coorganisateur de l'événement, la parole peut enfin se libérer : « Nous assistons à une révolution, quelque chose d'inédit en Gambie. »

Le mouvement contre les violences sexuelles a reçu le soutien du gouvernement. En témoigne l'autorisation de manifester - chose rare - et les communiqués du ministre de la Justice qui encouragent les victimes à s'exprimer.

Algérie: nouvelles manifestations prévues
pour la fête de l'indépendance

Manifestation contre le régime et pour la libération des «détenus politiques», à Alger le 2 juillet 2019.
© RYAD KRAMDI / AFP

Ce 5 juillet marque le 20e vendredi de manifestations pour un changement de régime en Algérie. Il coïncide aussi avec la fête nationale, anniversaire de l’indépendance du pays. Les appels à manifester sont très nombreux, car l’enjeu est de peser dans la balance de la transition.

Mardi prochain, le 9 juillet, le mandat du président par intérim prendra fin en Algérie. Et il faudra inventer une solution, puisque la Constitution n’en prévoit pas. Cette solution, les manifestants veulent en faire partie. Ils considèrent que seul le nombre de personnes dans la rue ce vendredi 5 juillet leur permettra d’obtenir plus de concessions de la part des autorités.

Plus de quatre mois après le début du mouvement, la transition dont tout le monde parle ne met personne d’accord. L’armée veut une élection présidentielle le plus rapidement possible. Des groupes de partis politiques d’opposition ont bien commencé à se réunir avec certains regroupements de la société civile, mais ils sont divisés sur la marche à suivre. Faut-il modifier la Constitution d’abord ? Faut-il préparer en priorité des élections libres et transparentes ? Et combien de temps cela doit-il durer ?

Le problème majeur reste que ces initiatives ont du mal à obtenir la confiance des manifestants. Mais surtout, en parallèle, ces deux dernières semaines ont été marquées par un durcissement sécuritaire. Dans la capitale, trente-quatre manifestants ont été placés en détention provisoire pour avoir porté un drapeau berbère.

La Cimade <Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.>
Date: jeu. 27 juin 2019 à 16:04
Subject: Situation explosive en rétention. Interpellez Christophe Castaner.

Pétition Rétention

Lettre ouverte

Monsieur Castaner, votre politique d’enfermement en rétention a franchi la ligne rouge

Taux d’occupation des centres en très forte hausse, automutilations, émeutes, suicides, pratiques illégales des préfectures, politique punitive pouvant aller jusqu’à trois mois derrière les barbelés, enfermement systématique, enfants privés de liberté… Depuis l’existence des centres de rétention administrative, la situation n’a jamais été aussi alarmante qu’aujourd’hui. Vingt-deux associations dont le Gisti se sont donc adressées le 24 juin à Christophe Castaner pour lui demander de faire cesser cette politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance des personnes étrangères.

Monsieur Castaner,

Des hommes et des femmes s’automutilent ou tentent de se suicider dans les centres de rétention administrative (CRA). Au cours de ces quinze derniers mois, deux hommes se sont donné la mort dans ces lieux où l’administration enferme des personnes pour les expulser du territoire français. D’autres se révoltent ou expriment leur désespoir à travers des lettres publiques, des grèves de la faim, des émeutes ou des tentatives d’incendie. Ces actes qui se multiplient à une fréquence inédite sont le résultat d’une politique inacceptable qui a conduit à une situation extrêmement alarmante.

Le gouvernement fait le choix d’utiliser l’enfermement en rétention comme outil d’une politique d’expulsion, banalisant la privation de liberté des personnes étrangères à travers des instructions aux préfet·e·s qui viennent aggraver celles de vos prédécesseurs. La disproportion des moyens utilisés au service de cette politique de plus en plus carcérale est inédite.

Le nombre de places en rétention a ainsi augmenté de 25 % depuis début 2018 (+ 480 places) et vous prévoyez la construction de nouveaux CRA. Un tel développement de l’enfermement administratif ne s’était pas produit depuis la politique sécuritaire mise en œuvre par Nicolas Sarkozy il y a plus d’une décennie.

La dernière loi Asile et Immigration de septembre 2018 a doublé la durée maximale de rétention et permet désormais d’enfermer toutes les personnes visées durant trois mois, ce qu’aucun gouvernement français n’avait jamais jusqu’à lors proposé. Or, les statistiques sont formelles : enfermer plus longtemps ne permet pas d’expulser plus. En revanche, être privé·e de liberté derrière des barbelés pendant 90 jours, c’est subir une machine à enfermer qui brise des vies, dans un environnement carcéral oppressant. Des enfants sont traumatisés par cette expérience, des personnes perdent leur emploi ou leur logement, des familles sont séparées, des malades voient leur prise en charge sanitaire interrompue ou amoindrie.

Cette orientation conduit l’administration à maintenir fréquemment des personnes enfermées alors qu’il n’existe aucune perspective d’exécuter la mesure d’éloignement qui les frappe. Cela relève dès lors d’une politique punitive.

Les taux d’occupation des centres de rétention administrative ont explosé, générant une promiscuité et des tensions insupportables, notamment pour les personnes les plus vulnérables. Ces dernières sont de plus en plus nombreuses derrière les grillages de ces lieux de privation de liberté : des jeunes majeur·e·s, des personnes victimes de la traite des êtres humains, ou plus largement marquées par un parcours migratoire de plus en plus dangereux, en raison notamment des barrières érigées par la France et l’Union européenne. Également des personnes fragilisées par une grande précarité vécue en France parfois durant de longues années, directement liée aux restrictions des politiques publiques apportées au droit d’asile et au droit au séjour, ainsi qu’aux insuffisances du dispositif d’accueil.

Dans ces lieux de privation de liberté, le nombre de familles avec enfants a fortement augmenté. En 2018, 1 221 enfants ont subi ce traumatisme à Mayotte. En métropole, 208 enfants ont été enfermés, soit 8 fois plus qu’en 2013 (24 % avaient moins de 2 ans, 36 % de 2 à 6 ans et 26 % de 7 à 12 ans). Ce nombre a déjà été dépassé sur les 4 premiers mois de 2019.

Quel que soit leur âge, tous et toutes subissent la violence de l’enfermement et de la rupture soudaine avec leur quotidien, leur école et leurs proches, et sont durablement traumatisé·e·s Rien ne peut justifier une telle pratique largement condamnée par le Défenseur des droits, le Comité des droits de l’enfant des Nations unies et la Cour européenne des droits de l’homme, à travers six décisions sanctionnant, ces dernières années, les pratiques des autorités françaises.

Les préfectures assument désormais de prononcer massivement des décisions d’enfermement et d’expulsion illégales. Au-delà de la situation des enfants, la possibilité pour les personnes enfermées de saisir la justice et de défendre leurs droits est limitée par l’urgence et par des garanties amoindries, plus encore en outre-mer en raison d’un régime dérogatoire. Malgré ce droit au rabais, les juridictions métropolitaines annulent plus de 40 % des procédures judiciaires ou des décisions administratives, ce qui traduit l’ampleur des violations des droits perpétrées et le caractère abusif de nombre de ces enfermements.

A tout ceci s’ajoutent des atteintes graves au droit à la santé dénoncées par la Contrôleure Générale des Lieux de Privation de Liberté dans son avis du 17 décembre 2018 et par le Défenseur des droits dans son rapport du 13 mai 2019. Le financement et le pilotage des unités médicales dans les CRA sont insuffisants pour garantir l’accès aux soins et leur continuité. La protection légale contre l’expulsion des personnes les plus gravement malades n’est pas garantie.

La prise en charge des troubles psychiques ne peut être assurée dans ces lieux qui, au contraire, les aggravent. Des personnes malades ou qui ont tenté de se suicider sont ainsi enfermées dans des « chambres de mise à l’écart » qui constituent un traitement inhumain et dégradant.

Dans ce contexte alarmant, l’ensemble des acteurs intervenant dans les CRA y rencontre désormais des personnes bipolaires, schizophrènes, paranoïaques, dépressives, mutiques, prises de crises de délire, d’angoisse, de jour comme de nuit. Des personnes aux facultés très altérées sont enfermées alors que leurs pathologies sont parfaitement identifiées en amont par le secteur de la psychiatrie qui les avait prises en charge.

La politique menée à l’égard des personnes étrangères est ainsi marquée par des discriminations de plus en plus violentes. Contrôles au faciès, accès dégradé à la justice, privation de liberté disproportionnée voire systématisée, accès aux soins défaillant, protection des plus vulnérables reléguée au second plan. Cette politique marque le renoncement au respect de droits fondamentaux et porte atteinte à la dignité des personnes. Ces personnes enfermées que les associations accompagnent dans les CRA se trouvent dans une situation de détresse et face à une violence institutionnelle démesurée qui nie leur humanité.

Monsieur le ministre, nous vous demandons solennellement de :

  • Faire cesser cette politique du tout enfermement qui conduit à la maltraitance de personnes étrangères ;
  • Proscrire tout enfermement d’enfants en rétention ;
  • Assurer la protection des personnes les plus vulnérables, parmi lesquelles les personnes malades ;
  • Mettre un terme aux pratiques illégales de l’administration.

Nous vous prions de croire, Monsieur le ministre, en l’assurance de nos respectueuses salutations.

Le 26 juin 2019

Signataires :

Christophe Deltombe, Président, La Cimade, Philippe de Botton, Président, Médecins du Monde, Louis Gallois, Président, Fédération des acteurs de la solidarité (FAS), Cécile Coudriou, Présidente, Amnesty International France, Vanina Rochiccioli, Présidente, GISTI, Sylvie Bukhari-de Pontual, Présidente, CCFD-Terre Solidaire, Hubert Trapet, Président, Emmaüs France, Laurence Roques, Présidente, Syndicat des avocats de France (SAF), Malik Salemkour, Président, Ligue des droits de l’Homme, Didier Fassin, Président, Comède, Rachid Lahlou, Président, Secours islamique, Flor Tercero, Présidente, ADDE, Jean-François Quantin, Co-président, MRAP, Bernadette Forhan, Présidente, ACAT, Katia Dubreuil, Présidente, Syndicat de la magistrature, Véronique Fayet, Présidente, Secours Catholique – Caritas France, Patrick Doutreligne, Président, Uniopss, Prudence RIFF, Co-présidente, Fasti, Géraldine Franck, Présidente, Le Collectif des morts de la rue, Bruno Morel, Directeur, Emmaüs Solidarité, Alexandre Moreau, Président, Anafé, Antoine Ermakoff, Président, Observatoire Citoyen du CRA de Palaiseau.